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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

mardi 30 août 2022

2022, l’année électorale de Charlotte (19)

18 – Mise en place du dispositif (1)
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existantes par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
Paul me fait un signe de la main l’air de dire qu’il m’expliquera et qu’il faut que je laisse tomber sur le moment…
Florence se reprend : « En attendant, ça a quand même beaucoup changé en 15 ans. Je n’imaginais pas qu’on puisse construire autant alors qu’on est en zone de montagne et contraint par la loi littoral. Enfin, ce n’est pas tout-à-fait ce que je voulais dire, mais regarde jusqu’où ça va depuis la Citadelle ! »
Qu’on voit parfaitement de là où nous sommes assis.
« Et encore, tu n’as rien vu derrière, du côté de la Revallata ! »
« Ne me dis pas qu’ils ont couvert le littoral de constructions ? Calvi est un site classé au patrimoine mondial… »
« Si tu crois que ça les gêne. Regarde derrière nous : même l’huissier local s’est fait construire une tour de trois étages, plus haut derrière…
Dire que c’est par là que le feu avait déboulé[1] »
Voilà que je commence à comprendre pourquoi cette éruption de villas qui parsèment, comme autant de poubelles visibles, tout le maquis alentour, parce que l’explication est simple : « Très simple à comprendre. Le feu a ravagé tout le coin, sauf les vignes, jusqu’à descendre au bord de la nationale et de la pinède, tout en bas, le long de la plage ».
Je connais : j’y ai fait quelques balades à l’occasion de mon premier passage.
« J’y avais mon atelier », précise Florence.
« Depuis, chacun est obligé de démaquiser sous peine d’amende. Résultat, ils vendent les uns derrière les autres parce que personne n’en a les moyens.
D’où l’arrivée de Guido, qui va résorber ses dettes de cette façon-là, parce que c’est un boulot pénible que les locaux rechignent à faire et de cette façon-là, et en plus il va entretenir ton domaine, ma Chérie ! »
Avec quels moyens ? Les ânes et les moutons ne peuvent pas faire le boulot ?
« Plus personne n’élève des chèvres et des brebis dans le coin : trop de contraintes réglementaires. »
La fondation y pourvoira… « Mais tu le laisseras vendre les citrons et les quelques moutons qu’il va acheter… pour compléter ses fins de mois.
En revanche, si tu peux, tu lui feras ramasser les oranges amères : elles font une excellente marmelade ! »
Rassurée ou non, elle quitte la table de granit épais avec un large sourire, contente de se trouver sur les lieux de ses anciens « exploits ».
C’est l’occasion pour moi de revenir sur l’épisode précédent.
 
« Pour tout vous dire, patron, j’ai quand même été surprise, et Gustave aussi, quand vous avez traité les gars du secrétariat du premier ministre de « naïfs ». Vous vous souvenez ? C’était osé, non ? »
Il finit son verre de vin local.
« Vous trouvez ? »
Oui, je confirme d’un signe de tête.
« Nos « décideurs » sont des types très intelligents, d’une façon générale, infusés, biberonnés, éduqués et formés à l’intérêt général du pays, pas de doute. Mais leur problème, c’est qu’ils n’ont pas le temps de creuser eux-mêmes les dossiers des dessous de la situation internationale et de leurs enjeux. Ce n’est pas leur rôle : ils ont des conseillers pour ça.
Il n’empêche, depuis l’été et le départ précipité des occidentaux d’Afghanistan, les choses ont profondément changé, notamment pour les russes et même pour Pékin. Ces deux-là ont compris que l’Occident n’est plus disposé à payer le prix du sang pour des clopinettes.
Or, Poutine est un brillant tacticien, un grand névrosé peut-être également, et il a imaginé que se présentait une opportunité unique. »
Laquelle ?
 
« C’est un homme vieillissant dont la santé est vacillante ai-je déjà dit. On le voit bien sur les photos d’actualité. Un coup il a le visage enflé, un coup il est tout pâle, un coup il est tout rose et frais. »
Ce qui veut dire ?
« Qu’il est sous traitement de corticoïdes. Et quand c’est mal dosé, ça se voit.
Il doit probablement prendre aussi des trucs pour lui redonner du tonus, qui doivent détraquer d’une façon ou d’une autre le bon fonctionnement de ses organes vieillissants. C’est qu’il n’a plus 20 ans, mais bientôt 70. »
Une rumeur affreuse en dit qu’il prend des bains de sang de rennes, pour se revitaliser…
« De plus, il est entouré d’oligarques tous plus ambitieux les uns que les autres qui n’en ont jamais assez, d’officiers dont il n’est pas certain de leur loyauté à tel point qu’il engage quantité de mercenaires pour faire le sale boulot afin d’éviter toute rébellion dans les rangs.
Et de politicards qu’il tient dans sa pogne tellement ils sont tous plus ou moins corrompus et ont peur de ses réactions brutales et sans appel. D’autant qu’il a étouffé toute opposition : il n’y a pas de relève prête pour le remplacer. Et ils se méfient tous de lui, voire redoutent vraiment ses sautes d’humeur et son usage immodéré des drogues chimiques : Nalvany, Skripal, etc.
Bref, c’est un dirigeant esseulé, mal entouré, déconnecté qui a fait le vide autour de lui.
Or, il a aussi une ambition qui l’occupe depuis un quart de siècle : redonner à son pays sa grandeur passée de seconde puissance mondiale, là où la Chine est en passe de le dépasser.
Et de là est née une haine, une rancœur impitoyable contre l’Occident qu’il envie secrètement.
Lavrov, son stratège et ministre des affaires étrangères, a deux ans de plus que lui et œuvre dans l’ombre vers le même but. À eux deux, ils ont compris que l’Occident est infiniment plus puissant sur le plan économique ― le PIB de la Russie c’est 1.483 milliards de dollars pour 144,1 millions d’habitant, alors que l’Italie c’est déjà 1.886, l’Allemagne 3.800 et la France 2.600.
Quant à la Chine c’est 14.820 milliards et les USA 20.940… »
Impressionnant décalage, effectivement.
« Une puissance régionale qui n’est plus mondiale et encore moins « globale », à qui il reste le bouton nucléaire et une armée que tout le monde considère comme redoutable, parce que rééquipée depuis peu par du matériel moderne.
Surtout l’aviation et un peu moins la marine. »
 
« À leurs yeux, l’Occident a des faiblesses, ce qui est vrai : sa démocratie qui émiette l’opinion publique, ses divisions stratégiques qui poursuivent des intérêts divergents qui ont du mal à converger, alors que l’armée russe, c’est un seul pays appuyé par plus de trois millions d’appelés mobilisables et un budget de 62 milliards de dollars.
En fait Poutine investit dans ses armes qui servent à menacer ses voisins et dans l’or qu’il entasse pour les jours d’après le déluge : de la rente pétrolière et gazière qui devrait aller dans l’économie comme le font les Norvégiens et les pétromonarchies, et qui reste inutilisée, hors l’armée.
Un gros effort, consenti au détriment de ses classes moyennes et laborieuses, qu’il va vouloir rentabiliser en renforçant son cercle sécuritaire de pays soumis à ses frontières qui tous veulent rejoindre l’Otan des occidentaux, l’ennemi désigné, la démocratie honnie qui en devient la proie facile de la démagogie, d’autant qu’il la manœuvre facilement en sous-main !
Les pays baltes, les pays de l’ancien pacte de Varsovie, la Géorgie, l’Arménie et demain l’Ukraine : la Russie n’a plus de glacis pour se défendre d’une agression quelconque. En bon psychopathe, il la considère comme assiégée. »
Ça peut se comprendre, non, surtout quand on regarde une carte où manque des ouvertures sur la mer !…
 
« Alors, depuis l’annexion de la Crimée et la guerre civile soutenue dans le Donbass, il avance dissimulé. Sa doctrine, la « maskirovka », il la pousse à son maximum de cynisme : surtout ne jamais admettre ses véritables intentions, et avoir recours à tous les moyens politiques et militaires possibles pour tromper l’ennemi et garder l’initiative.
Il ment en permanence, fait l’inverse de ce qu’il prétend et s’en tire par des pirouettes en bon ex-officier du KGB.
Les instructeurs russes insistent d’ailleurs beaucoup sur cet outil, sur l’importance de la dissimulation et de la surprise dans la guerre.
La « maskirovka » est d’autant plus systématique que les autorités russes ― et soviétiques avant elles ― n’ont pas à rendre de compte au public. Une différence de taille avec les démocraties et les États-Unis en tête, qui avaient tout de même prétexté la présence d’armes de destruction massive pour envahir l’Irak en 2003 ― un mensonge, bien évidemment.
D’ailleurs, l’annexion de la Crimée par le Kremlin, en 2014, est considérée comme un cas d’école de la « maskirovka ».
Ce territoire ukrainien, où se situe l’une des plus grandes bases de la marine russe, Sébastopol, a été assailli, le 28 février 2014, par des militaires cagoulés sans insignes, surgis de nulle part ― les fameux « petits hommes verts ». »
Je me souviens très bien…
 
« Poutine a dans un premier temps nié qu’il s’agissait de Russes avant de leur remettre des médailles quelques semaines plus tard et d’admettre qu’il s’agissait bien de troupes russes, en l’occurrence des forces spéciales, déployées en Crimée juste après leur participation à la protection des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi.
La création d’incidents servant de prétexte à une intervention militaire fait également partie de la panoplie de la « maskirovka » russe.
On aura beau dénoncer des scénarios de provocations dans le Donbass, ils serviront tôt ou tard d’excuse et de prétexte à une intervention militaire de Moscou.
Des territoires sécessionnistes, où les passeports russes ont été distribués gratuitement ces dernières années et où on annoncera même l’évacuation des civils vers la Russie voisine, en prévision d’une prétendue invasion « néo-nazie » ukrainienne. »
Néo-nazie, l’Ukraine ? Rien que ça !
« Pourtant, Kiev va répéter qu’elle n’avait jamais eu l’intention de mener une quelconque offensive et elle n’en a d’ailleurs pas vraiment les moyens, sans ça, ce serait déjà fait depuis longtemps.
D’autant que c’est important dans le cadre d’une adhésion à l’Otan. L’impétrant doit avoir la maîtrise totale de son territoire et ne pas être en guerre pour voir sa candidature prospérer. C’est dans ses statuts ».
Je ne savais pas ce détail…
 
Il continue : « Cette trame rappelle le précédent de la Géorgie, en 2008. Après des jours d’échanges de tirs entre les forces locales et celles de la région séparatiste d’Ossétie du Sud, Moscou avait pris prétexte d’agressions contre les Casques bleus russes et les résidents Sud-ossètes de nationalité russe pour lancer une offensive aussi rapide que dévastatrice.
Tbilissi, qui réclamait à l’époque de pouvoir adhérer à l’Otan, comme aujourd’hui l’Ukraine, avait dû accepter un cessez-le-feu honteux. Et de renoncer, de facto, à reprendre le contrôle des républiques autoproclamées d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, où le Kremlin a depuis implanté des bases militaires permanentes. »
Il se reverse un peu de vin rosé après m’en avoir proposé.
 
« Ils sont comme ça. Ne pas le voir ni le comprendre, c’est fondamentalement être naïf.
Rien que l’époque soviétique n’était pas en reste lorsqu’il s’agissait de recourir à la « maskirovka ». Vous n’étiez pas née, mais faites un effort et souvenez-vous tout de même, parce que c’est dans les livres d’Histoire, que contre l’armée nazie, durant la Seconde Guerre mondiale, les généraux de Staline ont tout autant eu recours à la ruse qu’à l'effet de nombre.
Toutes les opérations intégraient une part de tromperie. Cela a été le cas lors de l’opération Bagration, à l’été 1944 qui a libéré la Biélorussie, lorsque l’armée russe a dérouté les Allemands et éparpillé leurs forces à coups d’attaques momentanées.
Même du temps de Napoléon, celui-ci s’attendait à batailler contre l’armée du Tsar et ses avant-postes étaient régulièrement accrochés sur la route de Moscou, mais le gros des troupes avait évacué la ville et ils y avaient mis le feu !
Et la désinformation ne concerne pas seulement les mouvements de troupes. En 2014, pour masquer son intervention clandestine dans le Donbass, la Russie n’a pas hésité à mettre en place un convoi humanitaire de plus de 250 camions repeints à la hâte en blanc, partis de Moscou le 12 août. Pendant plusieurs jours, les médias se sont focalisés sur cet événement, relaté à la télévision, pendant que des soldats russes « en vacances » et de l’armement, parfois sophistiqué, traversaient autre part la frontière.
Moins d’un mois plus tôt, le 17 juillet, le vol MH17 de la Malaysia Airlines, reliant Amsterdam à Kuala Lumpur, avait été abattu par un missile sol-air, faisant 298 morts. Le prétexte fabuleux, même si c’est aussi une tout autre histoire[2].
Là encore, en excellent tacticien, le chef du Kremlin aura su en prendre prétexte et tirer la couverture à lui sans même être inquiété.
Pourtant une équipe internationale d’enquêteurs a conclu que le missile tueur n’avait pu être fourni que par l’armée russe, sur ordre de Poutine lui-même.
Mais Moscou a toujours nié son implication. Comme le régime a toujours refusé de reconnaître son soutien militaire aux séparatistes prorusses, fidèle aux préceptes de sa « maskirovka ». »
Ça, je m’en souviens parfaitement : là, j’étais déjà née !
 
On va vers la guerre, alors ? Sous quel prétexte va-t-elle être déclenchée ?
« Poutine va exiger de l’Otan qu’elle se retire des anciens pays du Pacte de Varsovie et l’engagement écrit que l’Ukraine n’y adhérera jamais. »
Comment sait-il ça ?
Et puis ce n’est pas possible !!!
« Effectivement, ce n’est pas possible, ni pour l’une ni pour l’autre de ses exigences. Donc il va faire pression en faisant faire des exercices aux frontières Ukrainiennes depuis son territoire et celui de la Biélorussie vassalisée tout en assurant jusqu’au bout que ce ne sont que des exercices et que ses troupes rentreront dans leur caserne après avoir labouré le terrain.
Ça, plus des navires qui formeront un blocus en Mer Noire sous prétexte de s’exercer à défendre Sébastopol, des tirs d’armes à portée stratégique, dites « invincibles » et quelques « incidents de frontières », ce sera suffisant pour faire monter la tension chez tous les diplomates de la planète qui ne comprendront pas encore.
Et à un moment, quand les JO de Pékin seront clos, il sera alors facile de tenter de « vassaliser » l’Ukraine à son tour, désertée par tous les occidentaux. »
C’est comme ça que ça va se passer ?
« Vous verrez bien. Parce que d’une part, ce sera plus compliqué que ça et qu’ensuite, ça sera au tour de Pékin d’en faire autant autour des îles côtières qui dépendent encore de Taïwan… »
[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Le feu », à paraître aux éditions I3
[2] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles », aux éditions I3

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