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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

vendredi 30 juin 2023

Menaces de chaos (7/54)

6 – Un nouveau tournant de la guerre
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
Bien plus tard, le 23 janvier 2022, Joe Biden, président des États-Unis nouvellement élu, ordonne aux familles de diplomates américains de quitter le territoire ukrainien en raison des fortes tensions avec la Russie, évoquant « la menace persistante d’une opération militaire russe ». Des effets des observations satellitaires…
Le 21 février de cette année-là, le président russe Vladimir Poutine reconnait l’indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk et ordonne à ses troupes de se rendre dans ces parties de l’Est de l’Ukraine dans le cadre de ce que le Kremlin qualifie alors de « mission de maintien de la paix ».
Et le 24 février, la Russie procède à des bombardements par missiles de croisière et balistiques sur plusieurs villes ukrainiennes, dont Kiev, la capitale.
 
Les troupes russes au sol pénètrent alors sur le territoire ukrainien, ce qui constitue le point de départ de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Précédée par l’arrivée sur le sol ukrainien de troupes spéciales chargées de décapiter le pouvoir ukrainien en exécutant ses dirigeants.
Puis les troupes russes déferlent du Nord, de Biélorussie, de l’Est et du Sud depuis la Crimée selon un plan mûrement préparé.
Jusqu’au 30 septembre 2022 où, le président de la fédération de Russie revendiquera l’annexion, non reconnue par l’ONU, des régions ukrainiennes de Louhansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijjia, les côtes occidentales de la mer d’Azov jusqu’en Crimée, au cours d’une cérémonie au Kremlin de Moscou après un référendum organisé en urgence par Moscou dans ces Oblasts. Alors que ses troupes ont reculé autour de Kiev depuis des semaines, et autour de Kharkiv où les ukrainiens lanceront une contre-offensive qui les porteront jusqu’à portée de canon de Donetsk, Louhansk et Kherson, non sans laisser derrière eux des villes et villages dévastés, pillés, détruits et quelques charniers.
Ça, c’est la « grande Histoire », celle des faits.
Mais il en est une autre que seules quelques personnes connaissent.
Et c’est Gustave qui en fait un bref exposé.
 
« Poutine aurait pu envahir définitivement les principales villes d’Ukraine, à l’exception probable de Lviv et couper l’Ukraine de sa façade maritime sur la Mer Noire jusqu’à rejoindre la Transnistrie, une province pro-russe « indépendante » de la Moldavie ; s’il y avait mis les moyens et avait été rapide. En 100 heures ou une semaine, c’était faisable.
Seulement, il n’avait pas prévu, mal renseigné par ses services, la forte résistance patriotique des ukrainiens et, de plus, ses lignes d’intendance n’ont pas suivi.
Car rapidement, les Russes occupent l’oblast de Kherson dans le Sud et une grande partie de l’oblast de Zaporijjia lors d’une offensive réussie, mais sont repoussés lors d’offensives infructueuses contre Kiev et contre Kharkiv.
Si les Russes occupent Marioupol après un long siège, prenant le contrôle de toute la côte de la mer d’Azov, une nouvelle offensive du Donbass fait tomber l’oblast de Louhansk sous le contrôle russe et les russes échouent à contrôler Odessa.
Mais, comme vous le savez, l’invasion provoque une large réaction internationale, menant à un isolement sans précédent de la Russie et à une assistance multiforme à l’Ukraine, par les membres de l’OTAN et de l’Union européenne, qui du coup donne les moyens de contenir et repousser les russes au Nord.
Car, faute d’intendance, l’offensive s’est étouffée toute seule et aura été repoussée grâce à l’aide massive des alliés. »
On peut dire ça comme ça…
 
« Et vous nous dites, Paul, que les ukrainiens vont aller plus loin encore ? »
Ils en ont désormais les moyens « et les russes vont abandonner bien des positions parfois sans combattre.
Pour arrêter l’hémorragie, Poutine sera contraint de changer de général en chef de son « opération spéciale » à plusieurs reprises et de faire appel à la mobilisation partielle de la population. »
On change de dimension…
 
« Oui, mais ça n’aura pas vraiment de conséquences. Il va surtout faire caguer les occidentaux avec ses menaces nucléaires répétées.
Tout en accusant les ukrainiens de préparer une munition nucléaire sale… »
Alors qu’en fait…
« Mais ils n’en ont pas les moyens ! » s’exclame l’amiral.
« Pas plus qu’ils n’avaient les moyens d’utiliser des armes biologiques ou chimiques comme Moscou les accusaient de vouloir le faire. C’est juste un moyen de noyer le poisson dans un verre d’eau au cas où lui devrait faire usage de ce type d’arme. »
Crier « au feu les pompiers » avant de déclencher un incendie…
« Plutôt au loup ! »
Et que va-t-il se passer, questionne Alexis ?
Réponse rituelle de Paul : « Vous le verrez bien ! »
 
Poutine s’est laissé berner par ses services de renseignement, c’est un fait historique. « Début mars 2022, moins de deux semaines après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, plus aucun doute n’était permis : en lieu et place d’une entrée triomphale dans Kiev, sous les vivats de ses habitants, la glorieuse armée de Poutine est mise en déroute, subissant de lourdes pertes. L’ombre de la guerre d’Afghanistan (1979-1989) commence alors à planer sur l’« opération militaire spéciale », les rumeurs allant bon train sur le fait que Vladimir Poutine, « intoxicateur professionnel », avait lui-même été totalement intoxiqué. »
Au vu de l’humiliation, de nombreuses têtes devaient inévitablement tomber. En toute logique, Poutine aurait dû d’abord s’en prendre à Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB, le Service fédéral de sécurité, et à Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de Sécurité qui l’auraient convaincu de privilégier la solution militaire en Ukraine.
Poutine aurait également dû s’en prendre au ministre de la Défense, un intime avec qui il taquine le brochet, Sergueï Choïgou, et au chef de l’état-major, Valeri Guerassimov, qui l’avaient rassuré en lui vantant « la grande expérience » des troupes russes.
 
Les punir pour l’exemple et en public aurait cependant pu s’avérer contre-productif et constituer un aveu d’échec, alors qu’officiellement la Russie n’avait pas dévié d’un iota de son plan en Ukraine. Et puis, Bortnikov, Patrouchev, Choïgou et Guerassimov ont sans doute plaidé « non coupable » en clamant qu’eux aussi avaient été bernés par des rapports, fournis par les services secrets.
Des rapports qui décrivaient l’armée ukrainienne comme non opérationnelle, Volodymyr Zelensky en bouffon sans réelle étoffe de président, et misaient sur un Occident désuni et passif, comme en 2014 après l’annexion de la Crimée. Quant au président américain il était acquis que c’était un sénile de première classe et le premier ministre britannique était pris pour un jobard sans aucune envergure !
 
« Ces services de renseignement, rappelons-le, sont constitués de trois organisations principales : une militaire, connue sous son nom de la GRU (Direction principale du renseignement), placée sous le commandement du ministre de la Défense, mais en réalité de Poutine ; et deux organisations civiles dépendant directement du président de la Fédération de Russie, le SVR, Service de renseignement extérieur, et le FSB, Service fédéral de sécurité, chargé du contre-espionnage, issu du KGB, dans lequel Poutine aura servi en qualité de lieutenant-colonel en poste à Berlin avant d’entrer en politique à Saint-Pétersbourg, sa ville d’origine. »
Contrairement aux services occidentaux, juridiquement encadrés et contrôlés, les services secrets russes forment l’ossature du système poutinien, l’alpha et l’oméga de sa gouvernance, comme du temps de l’Okhrana tsariste.
 
« Leur particularité est de ne pas seulement s’occuper du renseignement, de la collecte et de l’analyse d’informations, mais aussi de remplir des fonctions de police politique, de répression, voire d’élimination, des opposants et des « traîtres », dans la plus pure tradition soviétique.
Les empoisonnements au Novitchok de l’ancien colonel de la GRU Sergueï Skripal, en 2018[1], et de l’opposant Alexeï Navalny, en 2020, sont deux exemples récents d’opérations pour lesquelles l’implication des services secrets russes a été démontrée, deux exemples parmi de nombreux autres.
Leurs cadres, les siloviki, du mot russe sila, « la force », sont une sorte de nouvelle noblesse, expression que l’on doit à Nikolaï Patrouchev, ancien directeur du FSB, désormais secrétaire du Conseil de sécurité, qui est perçu comme le plus grand « faucon » du Kremlin. »
 
Au final, ce ne sont donc ni Choïgou, ni Guerassimov, ni Patrouchev, ni aucune autre personnalité de l’entourage de Poutine qui allait faire les frais du fiasco de la « guerre éclair » russe en Ukraine, mais des « seconds couteaux » issus des services secrets et d’abord du FSB, parmi lesquels un haut gradé, Sergueï Besseda, un général de 68 ans, chef depuis 2008 du Cinquième Service du FSB, le Service des informations opérationnelles et des relations internationales.
Effectivement accusé en mars 2022 de corruption et d’avoir « sciemment désinformé » ses supérieurs, celui-ci sera d’abord placé en résidence surveillée.
Mais vers la mi-avril, dans le contexte du naufrage du croiseur Moskva, quand Poutine fut incapable de contenir sa colère et exigea des coupables, il est transféré dans le plus grand secret à Lefortovo, célèbre prison moscovite, située dans la partie Est de la ville, réservée aux personnalités éminentes.
 
« Effectivement » reprend Gustave, « on sait que même si la GRU et le SVR avaient leurs réseaux en Ukraine, c’est le Cinquième Service qui, de l’avis de plusieurs experts, aurait eu la plus grande influence auprès du Kremlin avant le lancement de l’« opération militaire spéciale ».
De fait, l’unité ukrainienne dont il avait la charge passe de 30 personnes en 2019 à 160 à l’été 2021. Des agents envoyés en Ukraine se voyaient confier l’objectif de recruter des collaborateurs et de neutraliser des adversaires de Moscou. »
Ce serait Besseda qui aurait donc exercé une influence déterminante sur Poutine par ses analyses et l’aurait convaincu de donner son feu vert.
« Comment savez-vous tout ça ? » questionne Julie.
« En feuillant les analyses qui me parviennent encore de la DRM[2]
C’est qu’il n’y a pas que des « mous du neurone », dans nos services. Le contribuable en a pour son argent, croyez-moi… »
Et elle persiste avec une autre question : « Mais, mais… a-t-il « sciemment » désinformé le président russe ? N’était-il pas lui-même convaincu que la conquête de l’Ukraine serait une promenade de santé ? »
 
« Il est vrai qu’on sait aujourd’hui que quelques jours avant l’invasion, les hommes de Besseda avaient envoyé à leurs agents ukrainiens l’ordre de laisser les clés de leurs appartements aux « hommes de Moscou » qui seraient venus organiser l’installation d’un « régime marionnette » digne des meilleures républiques bananières après la victoire de la Russie.
Mais à la décharge de Besseda, il a pu exister au sein du renseignement russe une tendance sinon à désinformer, du moins à croire exagérément dans les chances de succès de cette opération, et ce pour plusieurs raisons. »
En effet, tout le monde suppose que le renseignement militaire avait amorcé une « mue agressive » depuis 2011, avec la nomination, au poste de premier adjoint du directeur, du général Vladimir Alekseïev.
Celui-ci profite du renforcement du rôle de la GRU sous la direction de Choïgou pour devenir le principal collecteur de l’information en provenance d’Ukraine.
Il est possible, qu’à une certaine prudence propre au renseignement militaire aurait succédé, avec cet ancien membre des forces spéciales ― les spetsnaz ―, la volonté de prendre plus de risques, ce qui pourrait expliquer les opérations d’empoisonnement, dont la plus connue fut celle de Sergueï Skripal en Grande-Bretagne[3].
« Ajoutons-y les effets délétères sur l’information de la concurrence entre les renseignements militaire et civil, la GRU et le FSB, qui aurait pu pousser Besseda à vouloir « surenchérir » pour ne pas laisser son adversaire occuper le terrain. »
Et de rajouter : « Personne n’aime les porteurs de mauvaises nouvelles, pas même dans la communauté du renseignement ».
 
Conclusion : « Au fil des ans et des élections truquées, le président a peu à peu perdu le sens des réalités, réduisant son cercle d’amis et de confidents. Les seuls susceptibles d’avoir encore une influence sur lui sont Alexandre Bortnikov, le directeur du FSB, et Sergueï Narychkine, le directeur du SVR, pour le renseignement civil, analyse-t-on dans la communauté du renseignement occidental. Mais on peut se tromper nous aussi.
Or, Poutine, d’une façon générale méprise le renseignement ― pour en être issu ― ainsi Narychkine fut-il publiquement humilié le 21 février 2022, trois jours avant l’invasion, en pleine réunion du Conseil de sécurité et l’amiral Igor Kostioukov, l’actuel patron de la GRU, était affublé de sobriquets désobligeants.
Si les services secrets occupent une place centrale dans le processus décisionnel poutinien, paradoxalement, Poutine ne les tient pas en haute estime. »
Forcément, dans ce contexte, que restait-il aux « seconds couteaux » comme Besseda, sinon de trier soigneusement l’information pour conforter le Maître dans ses illusions ?
 
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !
 

 
Éditions I3
 

[1] Cf. épisode « Alex cherche Charlotte » dans la série des « Enquêtes de Charlotte », aux éditions I3
[2] DRM : Direction du Renseignement Militaire, que l’amiral Gustave Morthe de l’Argentière aura dirigé en fin de carrière.
[3] Cf. épisode « Alex cherche Charlotte » dans la série des « Enquêtes de Charlotte », aux éditions I3

jeudi 29 juin 2023

Menaces de chaos (6/54)

5 – Le récent conflit ukrainien
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
Paul reste intarissable mais finit par conclure son exposé : « Je vais vous étonner, mais on a constaté que les châtaigniers échangent chaque jour de nombreux messages entre eux grâce à une communication hormonale. Un phénomène qui leur permet notamment de se préparer à l’approcher d’une potentielle perturbation.
Jusqu’à 2010, la littérature parlait de communication souterraine, entre les racines, documentée à partir des années 1980. Or, il a pu être mis en évidence une autre forme de communication qui est aérienne et qui se base sur des échanges d’hormones végétaux et sur des interactions entre champs magnétiques ».
Des chercheurs ont constaté que la communication hormonale intervient essentiellement quand l’arbre subit un stress, comme cela est le cas pour n’importe quel autre vivant.
« Ça peut être un stress naturel, lié par exemple à du vent, à une chute ou une augmentation des températures, à un changement brusque de paramètres, ou cela peut être aussi simplement la présence d’un homme qui monte dessus pour couper les bois secs.
Face au stress, le châtaignier émet des hormones et on a pu observer que lorsqu’un arbre est en train d’être élagué, ses congénères alentours réagissent comme s’ils étaient eux même en train de subir une taille en se préparant à cicatriser ! »
 
Extraordinaire : « Donc on voit qu’ils communiquent entre eux, qu’ils se préviennent qu’il y a une perturbation du milieu et qu’ils doivent s’y préparer. Ils préviennent les arbres voisins qui sont parfois assez loin, jusqu’à 400 ou 500 mètres de distance. Et d’autre part, ils envoient aussi une partie de leurs hormones cicatrisantes à l’arbre qui est en train de subir la taille pour l’aider à réagir plus rapidement.
Donc il y a un échange et une véritable entraide ».
Étonnant !
 
Et puis, sans prévenir ni laisser réagir ses invités, Paul revient « aux affaires », sans aucun préavis alors que les convives se régalent du veau aux olives.
« On est à un tournant dans le conflit ukrainien », commence Paul en attaquant son assiette.
Un vrai « coq à l’âne »…
« Un de plus ». Gustave précise sa pensée : « Le premier a déjà eu lieu avec le repli des colonnes de chars marchant sur Kiev, au début de l’offensive depuis la Biélorussie…
Les généraux russes n’avaient pas prévu la belle résistance des ukrainiens, la difficulté du terrain à cette époque de dégel et du coup n’avaient pas du tout anticipé l’intendance nécessaire pour tenir leurs positions.
Les russes ont préféré se retirer et porter leurs efforts autour de la mer d’Azov.
Quoi de plus, Paul, que nous ne savons pas encore ? »
« Que la contre-offensive ukrainienne va porter loin et jusqu’aux abords de Noël.
Mais pas seulement. Et puis il y aura l’estocade, dans quelques mois, quand les hackers ukrainiens et des Anonymous vont rentrer en action en foutant KO les réseaux informatiques de Russie. Mais ce sera discret : le public n’en sera pas informé tout de suite.
Ça plus les éléments de la « cinquième colonne » ukrainienne, le bataillon Bratstvo qui va d’abord saboter les entrepôts et les centres commerciaux avant de perturber grandement les chaînes logistiques, alimentaires et de matériels militaires, voire les installations énergétiques du pays. Plus les résistants en Biélorussie qui feront quelques actions coup-de-poing.
Par ailleurs, le premier Ministre britannique va enfin démissionner. Il va être remplacé par une femme qui fera le mandat le plus court de l’histoire britannique. La reine Elizabeth va mourir et notre vénéré président va ouvrir une nouvelle page de notre histoire nationale… selon lui, naturellement. »
On ne le saura que quelques jours plus tard.
 
Conformément aux prédictions de Paul, Zelensky, le président ukrainien, lancera l’armée régulière de son pays à l’assaut des oblasts occupés par la Russie qui se donne en catastrophe les moyens juridiques d’utiliser des munitions nucléaires tactiques en organisant hâtivement de pseudos référendums de rattachement à la fédération de Russie.
Le patron du Kremlin envisage même deux explosions de munitions nucléaires tactiques, l’une en mer Noire et l’autre en mer de Barentsz, juste pour montrer qu’il ne plaisante pas à vouloir défendre tout le « territoire russe », y compris les parties qui viennent d’être « démocratiquement » annexées, et sidérer ainsi un peu plus le monde face à sa détermination.
Les convives de Paul apprendront plus tard que l’objectif n’est pas seulement celui-là : il s’agit aussi de tester, grandeur nature, les nouvelles armes « indestructibles » de Moscou.
Car curieusement, effet de sabotages ou d’un renoncement, ces explosions n’auront pas lieu et l’Occident apprendra, également plus tard, ces tentatives d’intimidation et ces échecs…
« Ce n’est pas tout-à-fait ça » en dira Paul. Mais ses explications ne viendront pas dans la foulée, ce soir-là.
 
Le président Makarond annoncera effectivement, le 24 août, « la fin de l’abondance et de l’insouciance », évoquant « une série de crises plus graves les unes que les autres » sans savoir encore lesquelles : un « monde nouveau » qui ne changera pas en profondeur celui issu de la crise sanitaire de 2020.
L’Élysée, dans sa version de la « fin de l’abondance et de l’insouciance », prévoira une hausse de son propre budget de 5,2 millions d’euros à 114,43 millions d’euros en 2023 (+ 4,8 % par rapport à 2022).
Une augmentation des crédits qui sera justifiée en partie par « la reprise » de l’activité diplomatique en 2022 et 2023, par l’inflation et par l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires.
Ce sera aussi 16 millions d’euros prévus pour les déplacements présidentiels en 2023 contre 15 millions en 2022, année électorale, coupe du monde obligeant probablement…
500 millions auront été « claqués » pour acheminer l’Airbus présidentiel (le « Carla One ») et l’avion de support et de dépannage, un Falcon, à deux reprises jusqu’à Doha…
Pour l’Assemblée nationale, on pourrait croire à une meilleure exemplarité puisqu’elle prévoit une diminution de 1,5 % de son budget (599,6 millions d’euros pour 2023). Sauf que 2022 fut également une année d’élections législatives comprenant des dépenses exceptionnelles.
S’il faut, dès lors, comparer avec une année d’exercice « normal », on se rend tout de même compte que les dépenses prévues en 2023 seront en hausse de 41,8 millions d’euros, soit + 7,5 %, par rapport à 2021 !
Le Sénat s’en sortira mieux : la hausse des dépenses est évaluée à 1,18 % pour atteindre 366,5 millions d’euros pour 2023. À la chambre haute aussi, on justifie cette augmentation par la revalorisation du point d’indice et l’inflation, mais il semblerait que les sénateurs aient été plus raisonnables que les députés et le Président.
Bref, la sobriété pour les uns, l’accélération du train de vie pour les autres, comme toujours…
 
Ce qui reste « confidentiel » à bord d’Eurydice est ailleurs.
« Résumons un peu la situation : la Russie a envahi l’Ukraine. L’objectif premier du Kremlin était de renverser Kiev et d’y installer un régime pro-russe comme du temps d’avant la Révolution orange. »
Chacun sait l’Histoire tourmentée de ce territoire disputé tout au long des siècles par ses puissants voisins.
Ce n’est que vers 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques permettent aux Ukrainiens de s’organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté. En 1989, le Mouvement national ukrainien, Roukh, est créé. Lors des élections de mars 1990, les partis ukrainiens du bloc démocratique obtiennent alors environ 25 % des sièges au Parlement.
Rappelons que sous l’influence des députés démocrates, le Parlement adopte, le 16 juillet 1990, la Déclaration sur la souveraineté politique de la République d’Ukraine. L’indépendance complète de l’Ukraine est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991 : 92 % des électeurs votent en faveur de l’indépendance.
Un plébiscite !
Le 8 décembre 1991, la dislocation de l’URSS est actée par l’accord de Minsk, signé par les dirigeants russes, ukrainiens et biélorusses.
L’Ukraine devient l’un des membres fondateurs de la Communauté des États Indépendants.
 
Par la suite, le Mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité, signé le 5 décembre 1994, l’Ukraine abandonne son arsenal nucléaire en échange de la garantie par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie de son intégrité territoriale.
Intégrité qui sera tout de même violée par la Russie vingt ans plus tard, dès 2014 en ce qui concerne la Crimée, Russie qui aura pourtant obtenu entre-temps un statut spécial pour la ville et le port, civil et militaire, de Sébastopol restés dans son giron, puis sa violation évidente en février 2022, les armes à la main, les chars devant, les obus derrière…
Un pays qui souillera sa propre signature, en quelle que sorte !
 
La situation de l’Ukraine, entre la Russie et l’Union européenne, devient difficile dès 2004 avec la Révolution Orange, marquant l’opposition entre deux parties de la société, celle majoritairement pro-européenne et occidentale, surtout à l’Ouest du pays, et celle russophile, située plutôt à l’Est du pays. Finalement, un écartèlement entre la Pologne et la Russie…
La difficile élection du candidat pro-européen Viktor Iouchtchenko marque le début de relations tendues avec la Russie qui n’admet pas la prise de distance de l’ancienne république soviétique, jusqu’alors restée alliée de Moscou. Et des tensions relatives aux conflits des transits gaziers russo-ukrainiens éclatent dès 2006.
En 2010 l’autre Viktor, le pro-russe Ianoukovytch est élu président, mais le courant pro-européen et occidental persiste.
À la suite du refus du gouvernement de signer des accords de rapprochement avec l’Union européenne, le renforcement du mouvement Euromaïdan provoque un renversement du pouvoir : un coup d’État « illégal » en diront les russes, télécommandé par la CIA.
Très rapidement, une crise éclate entre les territoires majoritairement russophones du Sud-Est du pays et le nouveau pouvoir central de Kiev.
 
Le 11 mars 2014, la Crimée, appuyée par des troupes russes sous « faux-drapeau », venues de Sotchi, ville « voisine » où elles assuraient la sécurité des jeux olympiques d’hiver, proclame son indépendance, puis à la suite d’un référendum tenu à la hâte et sans campagne ni débat, est rattachée à la fédération de Russie le 18 mars.
Ce référendum et le rattachement qui a suivi ont été condamnés par l’Ukraine et une large partie de la communauté internationale. Ainsi, le 27 mars 2014, l’Assemblée générale de l’ONU a voté la résolution 68/262 sur « l’intégrité territoriale de l’Ukraine », la majorité des pays condamnant le rattachement de la Crimée à la Russie : 100 pays dont les États-Unis et ceux de l’UE.
Mais pas seulement…
 
Une guerre civile, dite guerre du Donbass, éclate alors dans l’Est de l’Ukraine majoritairement russophone, qui entraînera plus de dix mille morts.
L’Ukraine est alors la cible de cyberattaques dont le but est de réduire la légitimité du pouvoir ukrainien et de tester de nouvelles cyberarmes, perturbant également l’économie.
Les cyberattaques ont pu notamment arrêter des centrales nucléaires et empêcher les distributeurs de billets de fonctionner.
Parmi ces attaques, NotPetya, un logiciel malveillant, aurait affecté 70 à 80 % des ordinateurs des grandes entreprises. Bien que NotPetya ait été utilisé par la suite pour créer des attaques mondiales, d’après Microsoft, la première infection a eu lieu en Ukraine.
Lors de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 25 mai 2014, la principale chaine de télévision, victime d’un piratage, a ainsi pu annoncer des résultats totalement erronés.
Rappelons que c’est à cette occasion, pour rajouter à la confusion qu’un Boeing triple Seven de la Malaysia Airlines est abattu, le 17 juillet 2014[1], par un tir de Buk 400, une arme russe, depuis l’oblast de Louhansk, territoire « pro-russe »… « indépendant ».
Sabotant ainsi les pourparlers sur les accords de Minsk débutés en février 2014 et qui seront signés l’année suivante.
Avec si peu d’effets…
 
En 2016, l’OSCE, une organisation chargée notamment d’observer le cessez-le-feu en Ukraine, a été la cible d’une attaque de grande ampleur attribuée à Moscou. L’OSCE est alors le seul acteur indépendant capable de documenter des exactions ou de vérifier si les promesses faites par Kiev, les prorusses ou le Kremlin, sont mises en application.
Alors que le conflit dans la région du Donbass semble se transformer en conflit de « basse intensité », depuis le début des combats près d’un million et demi de personnes ont été déplacées, 850.000 à l’intérieur de l’Ukraine, 600.000 en dehors dont 350.000 vers la Russie et 250.000 vers les pays de l’Union européenne.
Un sommet entre les deux puissances nucléaires US et Russe se tient en juin 2021 en Suisse : il ne fait que cristalliser les positions antagonistes des participants, divergents sur l’avenir de la sécurité en Europe.
En décembre, le russe propose que l’Otan regagne ses frontières de 1990 sous la menace d’une reprise en main « par la force », au nom d’engagements soi-disant pris oralement de ne pas étendre l’organisation vers l’Est au moment de la réunification des deux Allemagne.
 
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !
 

 
Éditions I3
 

[1] Cf. épisode « Mains invisibles » dans la série des « Enquêtes de Charlotte », aux éditions I3

mercredi 28 juin 2023

Menaces de chaos (5/54)

 4 – Aparté sur la civilisation de la châtaigne
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
« Le soleil s’étant couché, je vous propose de rentrer dans le carré pour dîner ! »
Effectivement, l’astre diurne est passé derrière les montagnes et n’éclaire plus de mille feux que celles situées à l’Est du golfe de Calvi où se situent Lumio, Muro, Zilia et Calenzana.
Le spectacle est magnifique avec les ocres qui illuminent le relief, qui passent au rose flashy, puis qui virent au mauve, et au pourpre pour finir en bleu sombre, écrasant les diverses teintes de la végétation qui était encore verte et kaki, mélangées aux couleurs minérales des rochers de granit.
 
« Comment savez-vous tout ça ? » questionne Gustave qui ne se fait toujours pas aux « talents » de Paul.
« Julie pourrait vous expliquer : la méthode hypothético-déductive que vous enseignez dans nos écoles militaires ! »
Julie en a les yeux qui roulent comme des billes, un peu ahurie d’être mise ainsi en première ligne sur un sujet dont elle n’a jamais entendu parler.
Ou alors, il y a longtemps et elle a déjà oublié…
Le carré d’Eurydice est splendide de lambris, vernis dans les tons miel/acajou, ornés de laiton et de bronze. C’est une grande pièce qui traverse de part en part le voilier dans sa plus grande largeur, aussi large que le voilier et profond d’environ 5 à 6 mètres. Le toit du roof est surélevé sur une grande partie et s’ouvre sur des hublots rectangulaires par lesquels on peut observer le pont en lamellés de teck clair vernis et les alentours du voilier jusqu’à l’horizon, y compris vers la poupe.
Vers la proue et le mât de misaine, joliment décorée de natures mortes, une cloison sépare le carré des deux cabines doubles qui entourent un couloir central.
Le plafond est tapissé de poutrelles auxquelles sont accrochés de petits lustres en cristal, des images nautiques sont encadrées sur les parties pleines des bordages et l’éclairage est renforcé par des appliques lumineuses au-dessus des canapés de velours rouge installés sous le pont de manœuvre.
 
Au milieu trône deux demi-tables rectangulaires en bois, impeccablement vernies, chacune entourées de quatre fauteuils fixés au plancher, fauteuils dont l’assise peut coulisser d’avant en arrière et tourner sur leur axe, face aux profonds canapés qui peuvent se transformer en lits double.
L’arrière du carré s’ouvre sur la descente située devant le grand-mât par où tout le monde est entré. Sur les côtés de la descente, de part et d’autre, deux portes donnent l’une sur la cuisine, l’autre sur la table à cartes et les installations de navigation.
Alexis, qui connait le voilier, sait que plus loin, vers l’arrière et sous le pont de manœuvre, les coursives débouchent sur le poste de pilotage, le premier étant sur le pont arrière, partiellement abrité par un petit roof s’ouvrant sur le cockpit de pilotage lui-même où se situe la barre à roue, et plus loin encore sur deux cabines de maître, une sur chaque bord, qui se partagent une salle de toilettage, douche incluse, au-dessus de la quille et un WC.
Les deux annexes du voilier, qui font les liaisons avec la terre, sont situées au-dessus de la mer sur le pont arrière, sous la grand-voile, l’une et l’autre chacune sous leur portique, prêtes à l’appareillage, et les deux jet-skis sont arrimés à la poupe, au-dessus du coffre à pare-battage et autres aussières.
Mais ce soir-là, il manque un canot qui aura transporté l’équipage jusqu’au port.
 
À l’avant du carré, on retrouve le pied de mât de misaine après les deux cabines, plus une porte qui donne sur le poste avant avec deux cabines d’équipage équipées d’ouvertures sur le pont, et la même disposition d’une salle de douche commune au centre, plus un second « trône de Neptune » lui aussi équipé d’un broyeur.
Et encore plus en avant se situe les coffres à voiles et autres aussières qui se terminent, au bout de la proue par le coffre du mouillage et le mât de beauprés sur lequel les deux focs, dont le foc volant, peuvent grimper jusqu’en tête de mât, plus un bômé appelé trinquette, dont le rail d’écoute est fixé sur le pont avant et grimpe jusqu’au deuxième étage des barres de flèche qui tiennent le mât.
Il y a un autre foc bômé, qui peut être hissé par gros temp entre les deux mâts, en lieu et place de la voile de misaine cornée qui est alors parfois accompagnée d’un fischerman quadrangulaire qui grimpe jusqu’en tête des deux mâts.
Quant à la grand-voile, elle est elle-même accompagnée d’une flèche de grand-voile pour compléter le gréement et le tout est actuellement ferlé sur la bôme, au-dessus du pont arrière.
Une très belle unité où les drisses, les haubans, les écoutes, les hale-bas, les rails de poulies de renvoi des écoutes et les bômes s’enchevêtrent avec bonheur pour donner toute leur puissance même par vent léger et l’ensemble, hormis les drisses fixées aux mâts, parcourt les ponts pour être manœuvré autour des winchs animés par deux paires de « moulins à café », une sur chaque bord, deux sur chaque pont, intermédiaire et arrière. Ce qui laisse peu de place pour étaler ses jambes une fois en mer et à la manœuvre.
Car pour l’heure, tout est ferlé avec des garcettes et les écoutes sont bien lovées sur le pont, les drisses également le long des winchs de drisses, les haussières et hale-bas également, sagement au repos.
C’est sans oublier un gros moteur qui est posé sur la quille entre les deux mâts, juste sous le plancher du carré dans un compartiment très bien insonorisé.
Les réservoirs d’eau et de carburant se situent sur les côtés, sous les canapés du carré qui peuvent se transformer en bannettes de couchage et sont bordés par de plein de placards de rangement, ainsi que sous les couchettes des quatre cabines de passager.
On peut vivre à 16 sur ce voilier sans se bousculer, sauf parfois autour des deux « trônes de Neptune » du bord, au moment de soulager de la « grosse commission »…
Une magnifique unité.
 
Évidemment, Paul avait prévu de régaler ses invités avec des mets locaux. Gigantesques assiettes de charcuterie, coppa, prizutu, lonzu, jambon, saucisson, quelques crevettes roses et grises, avant d’attaquer le fameux veau aux olives local, un ragoût parfumé aux herbes de maquis qui fume doucement sur son réchaud, sous un couvercle posé sur la cuisinière à cardan, accompagné de polenta.
Le tout est arrosé au choix, d’un blanc qui sent le maquis, d’un rosé gris des caves du clos Landry, du patronyme d’un ancien sénateur-maire local, et d’un rouge des coteaux d’Alziprato.
Et pour terminer ces agapes, un plateau de fromages, forcément corses, essentiellement du chèvre et de la brebis, qui sera complété par des pâtisseries également locales, fiadone, ambrucciata, panizze, gâteau au fromage, tartes et gâteaux à la farine de châtaigne, au cédrat et quelques figues fraîches, en guise de dessert, en plus des premières clémentines locales accompagnées de grappes de raisin, probablement italien.
C’est rustique et succulent à la fois.
 
Et, en se mettant à table, Paul abandonne ces sujets de préoccupations actuelles pour parler de la « civilisation de la châtaigne ». Ça lui vient comme d’un pet sur une toile cirée !
Mais c’est intéressant.
On y apprend ainsi qu’il y bien sûr la civilisation du blé, la nôtre née de l’Égypte antique, celle du riz en Extrême-Orient, celle du manioc sur le continent africain et celle du maïs sur le Nouveau continent, mais qu’il y a aussi la civilisation insulaire de la châtaigne !
Les invités apprennent ainsi que si sa culture n’a pas toujours été privilégiée sur l’île, « l’arbre à pain » a, au fil des siècles, su faire montre de ses multiples atours. Au point que, séduits par ses milles et une richesses, les Corses ont su l’exploiter sous toutes ses formes, en faisant de la farine, du tanin ou même des meubles et des poutres de charpente.
 
Sa silhouette majestueuse et robuste se dessine aux quatre coins de l’île, en faisant certainement l’un des symboles emblématiques de l’île, depuis des siècles, les Corses ont bien compris la richesse et les multiples usages de celui qui est encore appelé à juste titre « l’arbre à pain ».
Pourtant, la Corse n’a pas toujours été une terre où la castanéiculture avait une place si importante. « C’est d’abord du fait d’obligations de la République de Gênes que de multiples châtaigniers ont été plantés », en précisant que les Génois, constatant que le blé n’avait pas une rentabilité assez importante en Corse, ils ont poussé les insulaires à développer la culture de châtaigniers avec pour objectif de préserver la population des famines, son fruit permettant de surcroit de nourrir les hommes comme les animaux.
« Le blé, il y en avait pourtant partout quand il y avait assez de bras. Les hommes ont même monté des murets jusqu’en haut des montagnes pour se partager les terres fertiles.
Or, les guerres sont passées par là et la châtaigne est devenue fondamentale en Corse depuis au moins le XVIème siècle ».
 
Car réduit en farine, ce fruit prend rapidement une place prépondérante sur les tables corses au point d’être de tous les repas, sous différentes formes, jusqu’au milieu du XXème siècle.
« Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain » aurait déclaré le généralisme Pascal Paoli.
Grâce à cette solide réputation d’ingrédient principal de « pain des pauvres », le châtaignier investit un espace très important sur l’île. « Les chiffres que nous avons entre le Plan Terrier, fin XVIIIème, et le milieu du XIXème siècle montrent qu’il existe alors à peu près 35.000 hectares de châtaigneraies en Corse. C’est le maximum qui a été atteint. La châtaigneraie était principalement concentrée en Castagniccia au XVIIIème siècle, au point qu’elle a donné son nom à cette région, dont elle constitue alors jusqu’à 80 % du terroir. Une quasi monoculture ».
La grande Castagniccia concentrait à ce moment-là 40 % de la population de la Corse.
« Cette culture existe aussi dans quelques autres régions. Mais en Balagne ou dans le Sud c’est une culture qui n’est pas du tout connue fin XVIIIème alors qu’une étude des années 1980-1990, avait recensé près de 47 variétés de châtaignes et de marrons en Corse ».
 
Il continue en assurant qu’outre les bienfaits nutritionnels de son fruit, les Corses se rendent rapidement compte des multiples usages que peut avoir le châtaignier. On commence ainsi à se servir de son bois pour fabriquer du mobilier comme des chaises, notamment du côté de Verdèse et de Nocario, ou même des charpentes, planchers et autres cloisons.
Ses feuilles, quant à elles, deviennent indispensables pour les cuissons au four des falculelle et des migliacci, traditions qui perdurent encore aujourd’hui.
Et même les éclisses, ces jeunes pousses qui grandissent près des arbres, sont utilisées pour de la vannerie dans un petit secteur entre Orezza et Saliceto.  « Le châtaigner a jusqu’au milieu du XIXème siècle un rôle vraiment fondamental en Corse, notamment en Castagniccia ».
Mieux, durant la seconde moitié du siècle, un changement profond de l’économie insulaire intervient : « Les Corses quittent les villages et l’intérieur se vide. Le châtaignier perd alors son rôle majeur dans l’économie.
Toutefois, parallèlement, des inventions dans l’industrie chimique vont rapidement lui donner un nouvel attrait. Du côté de la région lyonnaise, on utilise notamment du tan de châtaignier, appelé aussi acide gallique, pour teindre les soies en noir. »
Un chimiste trouve également le moyen d’utiliser du tan de châtaignier pour fabriquer des cuirs !
« Plus exploités, ces arbres sont en effet tout d’abord peu coûteux. Et puis comme ce sont des arbres qui ont des centaines d’années… Or, après 50 ans, le châtaignier peut avoir jusqu’à 10 % de tanin ».
L’occasion est donc trop belle pour les industriels qui ne tardent pas à s’en saisir.
Cet âge d’or du tanin de châtaignier aura également permis la création d’une tonnellerie artisanale à Folelli ― les tonneaux étant indispensable pour exporter cette matière ―, ainsi que l’ouverture de parqueteries, où seront fabriqués des parquets en bois de châtaignier, tout comme une usine à papier cartonné, conçu à base de copeaux de châtaignier. « Le châtaignier est vraiment décliné sous toutes ses possibilités en Corse. On l’a même utilisé aussi comme charbon pour fabriquer du fer ! ».
Et il continue sur sa lancée…
 
« En l’an 2000 seulement 1.200 hectares de châtaigneraies étaient exploités. À cela s’ajoutent 2.000 à 3.000 hectares packagés par les cochons et encore quelques dizaines d’hectares utilisés pour des cueillettes familiales.
Le cochon parvient à ouvrir le bogue de châtaignier sans se blesser, en deux coups de groin, qui est pourtant la partie la plus sensible fragile de l’animal. »
Et puis, depuis les années 2000 avec l’arrivée en plus du cynips et les sécheresses qui se multiplient, la production de châtaigniers n’est plus qu’autour de 1.000 à 1.500 hectares exploités, ce qui est négligeable par rapport à ce que cela a été.
« Mais pas seulement : grâce à ses arbres pluri-centenaires qui ont déjà survécu à un changement climatique, cette extraordinaire forêt fait l’objet de recherches d’un groupement européen de scientifiques depuis une décennie. Car la Corse abrite probablement la plus ancienne châtaigneraie d’Europe. Voire même l’une des plus vieilles forêts du continent !
Parfois situés loin des routes, ces châtaigniers multi-centenaires ont résisté aux importantes coupes de l’industrie du tanin, et n’ont, sur certaines zones, jamais été exploités par l’homme. On y trouve même des arbres endémiques qui datent d’avant l’époque génoise. Certains ont presque mille ans. C’est unique ! »
Par exemple, la plupart des arbres présents à Pianello ont plus de 600 ans, et auront connu la mini ère glaciaire du Moyen-Âge et l’augmentation des températures à partir de 1850. Donc, ils ont déjà résisté à un certain réchauffement climatique.
« Ce sont des sentinelles incroyables qui ont encore énormément de choses à nous raconter sur la façon dont ils se sont adaptés à ce changement climatique ».
 
C’est tout d’abord un filtre extraordinaire contre la pollution. Le châtaigner a une capacité, même dans des milieux extrêmement perturbés, à conserver une quantité d’humidité étonnante au niveau de ses racines, y compris quand il n’y a pas de précipitations pendant de longues périodes, et même isolé, sans autre végétation autour de lui.
« Mais ce n’est pas tout : ces arbres ont aussi appris à se défendre au fil des siècles. Certains châtaigniers pluri-centenaires ont développé des pièges contre le cynips, ce petit insecte ravageur. Certains arbres dominants ont créé des bourgeons qui font office de défenses naturelles contre le cynips. Ces bourgeons ont changé leur morphologie et sont devenus tellement durs que le cynips évite de pondre ses œufs en son sein. »
 
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !

 
Éditions I3