2 - Tête-à-tête
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existantes par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Va-t-on revivre « normalement » un jour ?
La question qui revient sur toutes les lèvres, en relation avec la sortie de crise sanitaire.
« Bien sûr. Mais pas vraiment comme avant… »
C’est-à-dire ?
« Eh bien entre le Brexit et ses effets pervers, notamment le manque de main-d’œuvre peu qualifiée, et ce sera un peu partout pareil pour avoir fermé toutes les frontières, les difficultés d’approvisionnement sur des pièces clés des industriels et quelques autres qui vont former des bouchons dans les ports, ça va être un peu le bordel.
Là-dessus, la crise de l’énergie à venir qui n’a pas été
anticipée, plus les flots de pognon déversés sur les marchés à l’occasion de la
crise, vous pensez bien que l’inflation va finir par refaire surface, ce qui va
se traduire par des séries de pénuries qui vont suivre.
Une reprise en « W » avec plusieurs « ciseaux ». D’un côté une demande qui tend les prix, de l’autre une offre qui peine à suivre pour des problèmes d’approvisionnement et de main-d’œuvre en phase de redémarrage, d’où tensions sur les prix, sur les sources d’énergie et sur les salaires…
Surtout sur les matières premières dont les prix n’attendent que de s’envoler. Et tout autant sur les produits technologiques de pointe, d’ailleurs.
Ce qui fait que ça va patiner, puis redémarrer par à-coup, de façon dissymétrique, chaotique, avant de s’embourber à nouveau entre pénuries de bras et de matériaux plus l’effet des pics inflationnistes et des invasions de « mutants ».
Rien ne sera plus normal, même après un retour à un rééquilibrage général de l’économie, tant que nous ne serons pas obligés de reconfiner de temps à autre !
La machine économique mondiale va demander un certain temps pour s’auto-réguler et retrouver son rythme « d’avant ». En plus il faudra bien ramasser les « perdants » s’ils sont présentés comme essentiels, alors que les « gagnants », même les « superficiels » vont engranger des fortunes colossales en cash. Qu’ils utiliseront un jour ou l’autre.
Vous verrez, ce sera très marrant à suivre… ! »
Je ne suis pas très certaine que ce soit si drôle que ça, mais je ne suis
pas une experte.
Gustave Morthe de l’Argentière finit par prendre un appel sur son
téléphone portable à clapet, une quasi-antiquité.
On le laisse seul avec sa conversation et je suis Paul dans son bureau à l’étage juste en-dessous : manifestement il veut me parler seul-à-seule !
« Alors, Alexis, cette croisière ? »
Étonnante à plus d’un titre !
« Je suis un peu très déçue de ne pas avoir pu visiter les pays autour desquels nous avons navigué, mais je dois dire que le confort à bord est vraiment très raffiné. Même si à force on s’en lasse. »
Ce n’est pas de ça dont il veut parler…
« Les robots ? Les passagers ? »
Pour les premiers, il faudrait plutôt demander à Aurélie qui a fait une consommation jusqu’à la nausée des « poupées » disponibles du bord.
« Pour les autres « machines », elles sont un peu inquiétantes à la longue : elles savent tout ce que vous désirez avant même que vous n’en formuliez la demande. »
Mais au moins, on sait à qui on s’adresse.
« Pas de doute pour ce qui est des tables de nuits à chenillettes, pas plus d’ailleurs pour les cyborgs.
Même si parfois, on a l’impression de s’adresser à un humain
bien-élevé, qui sait se faire discret et qui aurait un masque pour cacher ses
réactions et ses sentiments.
Ce côté-là est un peu frustrant.
D’autant que parfois, il ne manque pas d’humour. »
Mais pas toujours.
Je me souviens ainsi, parmi une multitude de saynètes, qui seront «
caviardées » dans mon recueil, de la fois où l’un d’entre eux, voyant
l’assiette de boustifaille que je m’étais servie au buffet à en déborder, me
toise et me fait, sur un ton neutre : « Vous allez prendre de l’embonpoint ! ».
De quoi je me mêle, lui réponds-je, même s’il avait probablement raison à ce
moment-là… « Vous devriez dire ça à ma coéquipière ! » Aurélie, qui en avait
pour au moins le double dans chaque main.
« Oh, elle, ça pourrait lui faire du bien… » qu’il me répond sans même un sourire en coin, l’air très sérieux.
Compte tenu de son allure d’anorexique, j’en ai pouffé de rire… à en renverser quelques morceaux sur la moquette du self : « Vous avez ce que vous souhaitiez : je ne m’étoufferai pas cette fois-ci » lui ai-je fais, rigolade et désolée à la fois devant les dégâts.
Et la machine, impassible de répondre : « C’est déjà mieux comme ça. N’hésitez pas à anticiper à l’avenir ! » car déjà une « chenillette » se précipitait pour aspirer et brosser la moquette souillée devant moi.
Ou encore cette fois-là où je retourne aux planches-à-voile dans le hangar
du bord et le cyborg me retient avec ce « mot-doux » : « Une première fois ne
vous a pas suffi pour comprendre que ce n’est pas vraiment une activité
sportive faite pour vous, mademoiselle ? »
Il avait raison et j’ai pouffé de rire.
Je lui ai répondu : « Dans ce cas, je vais aller faire du tricot… ». D’abord j’ai pensé qu’il ne devait pas savoir ce que c’était : il en est resté de marbre, mais il aura rajouté alors que je m’éloignais « c’est plus avisé, en effet… »
Voire la fois où j’essaye prudemment le plongeoir de la piscine du bord.
« Vous allez glisser et tomber à l’eau… » me lance le cyborg de service.
« Justement, c’est tomber à l’eau que je cherche à faire… »
« Essayez donc l’échelle ! »
Je n’en fais qu’à ma tête, je m’avance, je glisse sur le plongeoir et je m’étale maladroitement dans l’eau en faisant un « plat » et plein d’éclaboussures…
« Vous avez été prévenue… Mais décidément, vous autres les humains, vous ne faites que ce que bon vous semble » et il lâche en forme de conclusion : « Vous êtes tellement prévisibles… »
J’en ai ri aux éclats, lui le robot préprogrammé qui raconte ça à une détentrice du libre-arbitre en activité !
Fabuleux.
Mais était-ce de l’humour ?
Et il y en a plein d’autres, notamment les fois où je suis rentrée complètement saoule dans ma cabine et où je refusais l’aide du cyborg qui veillait à ma sécurité à l’occasion de plusieurs chutes qui m’ont fait rire aux éclats mais laissaient de marbre le robot, et encore quelques-unes qui ne me viennent pas à l’esprit ce jour-là avec Paul.
« Les passagers ? » répète-t-il.
« Finalement, peu de contacts. Les russes ou les ukrainiens ont été impossibles. Nous avons même été agressées Aurélie et moi. »
Ils ne se pifent déjà pas entre eux au Donbass, c’est normal et ce n’est pas fini…
Serait-ce là la raison pour laquelle l’un d’entre eux a été passé par-dessus bord ?
« Les rabbins et les juifs étaient impayables à tout vouloir bénir sur les tables et les buffets. Les saoudiens, grands princes peut-être mais imbuvables également, malappris et souvent arrogants se croyant tout permis. »
Ils avaient payé pour tout se permettre…
Peut-être : je ne connais pas le tarif qui leur était proposé.
« Les autres ça allait, sans plus. Pas trop emmerdées. »
C’est tout ?
Manifestement, il veut que je parle d’autre chose. Je cherche, je cherche et je trouve.
« Ah oui, j’ai croisé votre frère ! Vous le saviez. Alors lui, comme insupportable, il se pose là, sauf votre respect. »
« Je suis au courant : il a toujours eu un complexe vis-à-vis de moi. Et pourtant je ne lui dis pas tout ! Alors il faut qu’il surjoue son personnage. Il ne faut pas lui en vouloir : ça reste mon frère unique. »
Mais que faisait-il à bord en se faisant passer pour le propriétaire ?
« Mission de reconnaissance. »
C’est-à-dire ? Aurélie et moi ne suffisions pas ?
« C’est la bonne question. Il était en « repérage » pour la réunion qui
a suivi au large de la Crète. »
Ah oui, le prince Robert, quelques acolytes et le fameux polémiste Ziguinchor, « perché » dans ses déclarations et misogyne de première catégorie, celle des champions d’élite !
« Et que faisaient ces personnages sur le navire qu’on en est restées enfermées au moins plus d’une journée, Aurélie et moi ? »
« Vous avez reconnu le polémiste et le prince… C’est suffisant. Le reste devait rester à l’ombre, sous couvert de la plus haute discrétion. »
Le second est même revenu plus tard pour se faire déposer en Syrie ou au Liban.
« Ah oui, c’est vrai… Lui ne peut pas acheter une « poupée », dès fois que ça se sache, alors il préfère en user à bord… discrètement. »
Oui, peut-être mais ça ne répond pas à ma question.
« Oh, c’est très simple : ils préparent, dans le plus grand secret, la réélection du Président Makarond. »
Parce qu’il va être réélu ?
« Vous verrez bien… » se ferme-t-il. « Mais il faut que je vous raconte quelques détails pour éclairer votre lanterne.
Mon frère Jacques est franc-maçon et membre de divers clubs
« bien-pensants », vous le saviez peut-être déjà. Une quasi-obligation dans son
métier d’avocat au Conseil. Or, vous le savez probablement aussi, le Président
aura été élu « à l’arrache » en 2017 grâce aux réseaux des «
frangins-trois-points » et des médias à leurs mains au pays. Avec des Unes
par-ci et des articles de promotion par-là alors qu’il n’était que ministre et
même pas encore candidat déclaré.
Et c’était sur une injonction des loges, plus ou moins démocrates, des USA. En contre-pied, en quelle que sorte, de l’élection de leur propre président de l’époque, fruit des manipulations de Moscou. Leurs membres préparaient déjà « l’après » avec un allié « sûr » à la tête du pays. »
Bon et alors ?
« Une affaire de gros sous en réalité… La réforme des retraites du pays qui n’aura pas pu aboutir à cause de la crise des Gilets-jaunes et de la crise sanitaire… Une erreur de « minutage » du premier ministre d’alors, ses 80 km/h et ses taxes sur le gasoil des « miséreux ».
Les majors de la finance ricaine, BlackRock, Amundi et
quelques autres, veulent mettre la main sur ce pactole avec pour objectif de
proposer à terme une vaste mutualisation européenne pour venir renforcer les
fonds propres des majors du secteur aux USA.
Une vaste opération qui va prendre des années…
Donc là, ils reprennent les manœuvres en main pour faire aboutir avec leur agent… »
Makarond ? L’agent des fonds de pension américains ? Il plaisante, là…
« Non pas du tout. C’est même un ancien de chez Rothschild & Cie,
son ex-employeur qui l’a déjà financé largement il y a plus de 5 ans tel qu’il
est mis à l’abri du besoin pour le reste de sa vie. Il sait ce qu’il leur doit.
Et il a déjà renvoyé l’ascenseur à plusieurs reprises à leur grande
satisfaction.
Seulement, avec les crises et notamment la dernière, celle
de la pandémie sanitaire, la mainmise a pris du retard sur son calendrier
initial. Alors ceux-là se sont entendus pour un second mandat. Bien obligés…
Ils n’ont encore personne d’autre sous la main !
Mais ça va venir… »
Et ça va marcher ?
« Vous verrez bien, vous ai-je dit. En revanche leur analyse de la situation politique du pays est assez intelligente. »
C’est-à-dire ?
« Globalement, jusqu’à l’arrivée de Makarond, le paysage politique était nettement fracturé en deux en France : la droite et la gauche de gouvernement.
Et elle l’est tout autant d’ailleurs, mais pas dans les
mêmes proportions.
Car il faut rajouter les extrêmes, droite et gauche, qui n’ont pas vocation à gouverner, et un petit « marécage » au centre grenouillant de plusieurs mini-structures qui n’ont pas non plus vocation à gouverner mais bien plus à orienter « au mieux » les politiques et réformes à mettre en place.
Plus la force montante dans le sillage des ONG que les USA financent en douce et à outrance, à savoir les écolos.
Sauf que chacune de ces formations centristes représentent chez nous des « tendances », des « nuances », des couleurs, des saveurs propres aux loges maçonniques continentales et quelques égos surdimensionnés qui, finalement, en tant que pivot de la vie politique du pays font ou défont des majorités de gouvernement comme au bon vieux temps de la IVème République et même de la IIIème, moyennant une multitude de négociations et de compromissions.
Jusque-là, c’est très simple. Et ça aurait pu continuer comme ça pendant longtemps, sauf que les américains et les anglais, qui ont les mêmes ambitions de collecte des cotisations et de récupération de la gestion des actifs investis, n’ont pas trop le temps d’attendre. Question de besoin en fonds propres pour assurer les pensions des laborieux de la bannière étoilée et l’Union-Jack : or, le temps, c’est de l’argent.
Alors, ils ont mis l’argent pour gagner du temps et mettre à la bonne place Makarond, à charge pour lui de faire exploser ce régime « des partis-là » et faire avancer leurs affaires… Affaires de pognon, naturellement, vous dis-je.
Vieux comme le monde, ces trucs-là : il n’y a que ça qui compte pour eux !
Pour régner sur le monde-libre, ils usent et abusent du dollar, moyennant promesses de protection des populations, leurs marchés, leurs clients et ils grossissent toujours plus pour survivre. C’est assez simple à comprendre. »
Oui, peut-être…
Quoique je ne comprends pas pourquoi le prince Robert et « Zébulon », le Pinocchio de service de la presse polémique, se sont rencontrés à bord de « Paradise-Cruise 3 ».
« Voyons, Alexis ! Vous brûlez les étapes. C’est l’endroit idéal à
l’abri de tous les regards. Plus discret que ça, et en pleine mer, on ne fait
pas mieux, sauf sous l’eau…
Patrick Ziguinchor devait être convaincu qu’il avait sa
chance de devenir président du pays ! D’autant qu’il y croit, au moins un peu
depuis 2018 et sa rencontre avec le maire de Bézier »
Lui Président ? Avec sa tête de Mathias Bones, le croque-mort de Lucky
Luke ? Eh bien on n’a pas fini d’en voir de toutes les couleurs !
« Vous plaisantez, j’espère, Paul ? Il ne peut pas réussir dans cette entreprise : ce serait la Révolution tous les jours sur les boulevards ! La guerre civile, oui. »
« Vous verrez bien, Alexis. Ce qui comptait ce jour-là, c’est que lui se mette à y croire vraiment, car ce n’est effectivement pas son rêve de gosse à lui.
D’où la présence de quelques financiers qui lui ont expliqué
comment réunir les fonds discrètement, comment les utiliser, à savoir comment
ils ont fait pour Makarond, l’assurer qu’il serait soutenu s’il parvenait à
faire le buzz, peut-être avec un nouveau bouquin qu’on lui achèterait par
centaines de milliers en sous-main ― même peut-être pour les mettre au pilon
ensuite et pour lequel on lui trouverait des scribouillards ― et quelques «
têtes pensantes » chez les énarques.
Bref, ils lui ont fait miroiter le bon côté des choses, tous
les bénéfices qu’il pourrait en tirer à lui faire jouer le rôle du clown, comme
en Ukraine, qui vient mettre la pagaille dans le déroulé normal d’une élection
majeure.
Et surtout la caution « morale » du prince Robert, un antisémite notoire de la jet-set des têtes princières d’Europe, qui plus est islamophobe comme Ziguinchor lui-même, point sur lequel ils se sont retrouvés en communion. »
Et comment un antisémite notoire aura pu convaincre un sépharade natif de
le suivre ?
Ou l’inverse.
« Justement, l’un est un pseudo-franquiste, fasciste post-mussolinien, presque néo-nazi de naissance, quand l’occasion se présente.
Et vous avez raison, Ziguinchor avait toutes les raisons de
se méfier. Mais il s’est retrouvé flatté d’être considéré comme un « égal » de
son altesse sérénissime qui va jusqu’à le solliciter en catimini : tout du «
complot » et ils adorent ça tous les deux !
Et puis qui résiste à une pluie de dollars promise ? Sûrement pas un feuj déclassé pour qui c’est primordial. C’est presque de l’atavisme-natif chez lui, notamment quand on est issu d’une famille qui a toujours eu du mal à joindre les deux bouts à chaque fin de mois. »
Et alors, quel est l’objectif politique ?
« Il est très simple et je viens de vous le dire : Makarond aura réussi
son OPA sur le centrisme-démocratouille, une partie de la droite républicaine
et un gros morceau chez les socialistes. Du coup, il reste, d’une part, à
gauche, les extrêmes et les écologistes ne sont pas un danger électoral pour
lui, au contraire puisqu’ils divisent l’électorat, et d’autre part, l’extrême
droite qui va se retrouver à nouveau au second tour comme en 2017.
Or, ça, malgré ce qu’il en dit lui-même, Makarond n’en veut
pas. »
Et pour quelle raison ?
« Il redoute qu’entre les deux, le peuple choisisse la vaincue de 2017,
sur un raisonnement simple : on a essayé l’un et on a vu ― l’affaire Benballa,
la république des coquins et des copains et leurs passe-droits, les homards au
Palais Bourbon, la crise des Gilets-jaunes, les confinements généralisés, la
perte de pouvoir d’achat, la transition écologique qui apparaît comme très
coûteuse et même liberticide, le chômage qui ne restera pas si bien indemnisés
très longtemps avec le spectre du déclassement durable derrière, les prêts
garantis qu’il faudra bien rembourser à un moment ou à un autre et les impôts
supplémentaires qu’il faudra bien lever pour payer tout ça un jour ou l’autre
aussi ― autant essayer l’autre qui saura cristalliser sur son nom tous les
mécontentements si elle s’y prend bien…
Bref, le « front républicain » peut ne pas fonctionner en
2022 comme cinq plus tôt de ce qu’il en pense ! »
D’autant que la candidate a « du vécu » sur le sujet, elle saura s’y
prendre correctement, pensent-ils et elle se prépare depuis cinq à prendre sa
revanche.
Donc ?
Donc, « envoyer une torpille, un scud qui chasserait sur les terres de la prétendante pour une troisième candidature.
Quoi de mieux qu’un polémiste aux dents acérées et au verbe
haut, et… anti-islamique ? »
Ah oui ! C’est donc cela, le plan : diviser l’extrême-droite pour l’empêcher d’accéder au second tour.
La fusiller sur ses propres terres… par un « clown ».
Pas mal comme idée !
Un coup à multi-bandes. Mais qui pourrait échouer.
Et l’autre tiers, celui à l’extrême gauche pourrait bien ramasser le jackpot au passage…
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existantes par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
La question qui revient sur toutes les lèvres, en relation avec la sortie de crise sanitaire.
« Bien sûr. Mais pas vraiment comme avant… »
C’est-à-dire ?
« Eh bien entre le Brexit et ses effets pervers, notamment le manque de main-d’œuvre peu qualifiée, et ce sera un peu partout pareil pour avoir fermé toutes les frontières, les difficultés d’approvisionnement sur des pièces clés des industriels et quelques autres qui vont former des bouchons dans les ports, ça va être un peu le bordel.
Une reprise en « W » avec plusieurs « ciseaux ». D’un côté une demande qui tend les prix, de l’autre une offre qui peine à suivre pour des problèmes d’approvisionnement et de main-d’œuvre en phase de redémarrage, d’où tensions sur les prix, sur les sources d’énergie et sur les salaires…
Surtout sur les matières premières dont les prix n’attendent que de s’envoler. Et tout autant sur les produits technologiques de pointe, d’ailleurs.
Ce qui fait que ça va patiner, puis redémarrer par à-coup, de façon dissymétrique, chaotique, avant de s’embourber à nouveau entre pénuries de bras et de matériaux plus l’effet des pics inflationnistes et des invasions de « mutants ».
Rien ne sera plus normal, même après un retour à un rééquilibrage général de l’économie, tant que nous ne serons pas obligés de reconfiner de temps à autre !
La machine économique mondiale va demander un certain temps pour s’auto-réguler et retrouver son rythme « d’avant ». En plus il faudra bien ramasser les « perdants » s’ils sont présentés comme essentiels, alors que les « gagnants », même les « superficiels » vont engranger des fortunes colossales en cash. Qu’ils utiliseront un jour ou l’autre.
Vous verrez, ce sera très marrant à suivre… ! »
On le laisse seul avec sa conversation et je suis Paul dans son bureau à l’étage juste en-dessous : manifestement il veut me parler seul-à-seule !
« Alors, Alexis, cette croisière ? »
Étonnante à plus d’un titre !
« Je suis un peu très déçue de ne pas avoir pu visiter les pays autour desquels nous avons navigué, mais je dois dire que le confort à bord est vraiment très raffiné. Même si à force on s’en lasse. »
Ce n’est pas de ça dont il veut parler…
« Les robots ? Les passagers ? »
Pour les premiers, il faudrait plutôt demander à Aurélie qui a fait une consommation jusqu’à la nausée des « poupées » disponibles du bord.
« Pour les autres « machines », elles sont un peu inquiétantes à la longue : elles savent tout ce que vous désirez avant même que vous n’en formuliez la demande. »
Mais au moins, on sait à qui on s’adresse.
« Pas de doute pour ce qui est des tables de nuits à chenillettes, pas plus d’ailleurs pour les cyborgs.
Ce côté-là est un peu frustrant.
D’autant que parfois, il ne manque pas d’humour. »
« Oh, elle, ça pourrait lui faire du bien… » qu’il me répond sans même un sourire en coin, l’air très sérieux.
Compte tenu de son allure d’anorexique, j’en ai pouffé de rire… à en renverser quelques morceaux sur la moquette du self : « Vous avez ce que vous souhaitiez : je ne m’étoufferai pas cette fois-ci » lui ai-je fais, rigolade et désolée à la fois devant les dégâts.
Et la machine, impassible de répondre : « C’est déjà mieux comme ça. N’hésitez pas à anticiper à l’avenir ! » car déjà une « chenillette » se précipitait pour aspirer et brosser la moquette souillée devant moi.
Il avait raison et j’ai pouffé de rire.
Je lui ai répondu : « Dans ce cas, je vais aller faire du tricot… ». D’abord j’ai pensé qu’il ne devait pas savoir ce que c’était : il en est resté de marbre, mais il aura rajouté alors que je m’éloignais « c’est plus avisé, en effet… »
Voire la fois où j’essaye prudemment le plongeoir de la piscine du bord.
« Vous allez glisser et tomber à l’eau… » me lance le cyborg de service.
« Justement, c’est tomber à l’eau que je cherche à faire… »
« Essayez donc l’échelle ! »
Je n’en fais qu’à ma tête, je m’avance, je glisse sur le plongeoir et je m’étale maladroitement dans l’eau en faisant un « plat » et plein d’éclaboussures…
« Vous avez été prévenue… Mais décidément, vous autres les humains, vous ne faites que ce que bon vous semble » et il lâche en forme de conclusion : « Vous êtes tellement prévisibles… »
J’en ai ri aux éclats, lui le robot préprogrammé qui raconte ça à une détentrice du libre-arbitre en activité !
Fabuleux.
Mais était-ce de l’humour ?
Et il y en a plein d’autres, notamment les fois où je suis rentrée complètement saoule dans ma cabine et où je refusais l’aide du cyborg qui veillait à ma sécurité à l’occasion de plusieurs chutes qui m’ont fait rire aux éclats mais laissaient de marbre le robot, et encore quelques-unes qui ne me viennent pas à l’esprit ce jour-là avec Paul.
« Finalement, peu de contacts. Les russes ou les ukrainiens ont été impossibles. Nous avons même été agressées Aurélie et moi. »
Ils ne se pifent déjà pas entre eux au Donbass, c’est normal et ce n’est pas fini…
Serait-ce là la raison pour laquelle l’un d’entre eux a été passé par-dessus bord ?
« Les rabbins et les juifs étaient impayables à tout vouloir bénir sur les tables et les buffets. Les saoudiens, grands princes peut-être mais imbuvables également, malappris et souvent arrogants se croyant tout permis. »
Ils avaient payé pour tout se permettre…
Peut-être : je ne connais pas le tarif qui leur était proposé.
« Les autres ça allait, sans plus. Pas trop emmerdées. »
C’est tout ?
Manifestement, il veut que je parle d’autre chose. Je cherche, je cherche et je trouve.
« Ah oui, j’ai croisé votre frère ! Vous le saviez. Alors lui, comme insupportable, il se pose là, sauf votre respect. »
« Je suis au courant : il a toujours eu un complexe vis-à-vis de moi. Et pourtant je ne lui dis pas tout ! Alors il faut qu’il surjoue son personnage. Il ne faut pas lui en vouloir : ça reste mon frère unique. »
Mais que faisait-il à bord en se faisant passer pour le propriétaire ?
« Mission de reconnaissance. »
C’est-à-dire ? Aurélie et moi ne suffisions pas ?
Ah oui, le prince Robert, quelques acolytes et le fameux polémiste Ziguinchor, « perché » dans ses déclarations et misogyne de première catégorie, celle des champions d’élite !
« Et que faisaient ces personnages sur le navire qu’on en est restées enfermées au moins plus d’une journée, Aurélie et moi ? »
« Vous avez reconnu le polémiste et le prince… C’est suffisant. Le reste devait rester à l’ombre, sous couvert de la plus haute discrétion. »
Le second est même revenu plus tard pour se faire déposer en Syrie ou au Liban.
« Ah oui, c’est vrai… Lui ne peut pas acheter une « poupée », dès fois que ça se sache, alors il préfère en user à bord… discrètement. »
Oui, peut-être mais ça ne répond pas à ma question.
« Oh, c’est très simple : ils préparent, dans le plus grand secret, la réélection du Président Makarond. »
Parce qu’il va être réélu ?
« Vous verrez bien… » se ferme-t-il. « Mais il faut que je vous raconte quelques détails pour éclairer votre lanterne.
Et c’était sur une injonction des loges, plus ou moins démocrates, des USA. En contre-pied, en quelle que sorte, de l’élection de leur propre président de l’époque, fruit des manipulations de Moscou. Leurs membres préparaient déjà « l’après » avec un allié « sûr » à la tête du pays. »
« Une affaire de gros sous en réalité… La réforme des retraites du pays qui n’aura pas pu aboutir à cause de la crise des Gilets-jaunes et de la crise sanitaire… Une erreur de « minutage » du premier ministre d’alors, ses 80 km/h et ses taxes sur le gasoil des « miséreux ».
Une vaste opération qui va prendre des années…
Donc là, ils reprennent les manœuvres en main pour faire aboutir avec leur agent… »
Mais ça va venir… »
« Vous verrez bien, vous ai-je dit. En revanche leur analyse de la situation politique du pays est assez intelligente. »
C’est-à-dire ?
« Globalement, jusqu’à l’arrivée de Makarond, le paysage politique était nettement fracturé en deux en France : la droite et la gauche de gouvernement.
Car il faut rajouter les extrêmes, droite et gauche, qui n’ont pas vocation à gouverner, et un petit « marécage » au centre grenouillant de plusieurs mini-structures qui n’ont pas non plus vocation à gouverner mais bien plus à orienter « au mieux » les politiques et réformes à mettre en place.
Plus la force montante dans le sillage des ONG que les USA financent en douce et à outrance, à savoir les écolos.
Sauf que chacune de ces formations centristes représentent chez nous des « tendances », des « nuances », des couleurs, des saveurs propres aux loges maçonniques continentales et quelques égos surdimensionnés qui, finalement, en tant que pivot de la vie politique du pays font ou défont des majorités de gouvernement comme au bon vieux temps de la IVème République et même de la IIIème, moyennant une multitude de négociations et de compromissions.
Jusque-là, c’est très simple. Et ça aurait pu continuer comme ça pendant longtemps, sauf que les américains et les anglais, qui ont les mêmes ambitions de collecte des cotisations et de récupération de la gestion des actifs investis, n’ont pas trop le temps d’attendre. Question de besoin en fonds propres pour assurer les pensions des laborieux de la bannière étoilée et l’Union-Jack : or, le temps, c’est de l’argent.
Alors, ils ont mis l’argent pour gagner du temps et mettre à la bonne place Makarond, à charge pour lui de faire exploser ce régime « des partis-là » et faire avancer leurs affaires… Affaires de pognon, naturellement, vous dis-je.
Vieux comme le monde, ces trucs-là : il n’y a que ça qui compte pour eux !
Pour régner sur le monde-libre, ils usent et abusent du dollar, moyennant promesses de protection des populations, leurs marchés, leurs clients et ils grossissent toujours plus pour survivre. C’est assez simple à comprendre. »
Quoique je ne comprends pas pourquoi le prince Robert et « Zébulon », le Pinocchio de service de la presse polémique, se sont rencontrés à bord de « Paradise-Cruise 3 ».
« Vous plaisantez, j’espère, Paul ? Il ne peut pas réussir dans cette entreprise : ce serait la Révolution tous les jours sur les boulevards ! La guerre civile, oui. »
« Vous verrez bien, Alexis. Ce qui comptait ce jour-là, c’est que lui se mette à y croire vraiment, car ce n’est effectivement pas son rêve de gosse à lui.
Et surtout la caution « morale » du prince Robert, un antisémite notoire de la jet-set des têtes princières d’Europe, qui plus est islamophobe comme Ziguinchor lui-même, point sur lequel ils se sont retrouvés en communion. »
Ou l’inverse.
« Justement, l’un est un pseudo-franquiste, fasciste post-mussolinien, presque néo-nazi de naissance, quand l’occasion se présente.
Et puis qui résiste à une pluie de dollars promise ? Sûrement pas un feuj déclassé pour qui c’est primordial. C’est presque de l’atavisme-natif chez lui, notamment quand on est issu d’une famille qui a toujours eu du mal à joindre les deux bouts à chaque fin de mois. »
Donc ?
Donc, « envoyer une torpille, un scud qui chasserait sur les terres de la prétendante pour une troisième candidature.
Ah oui ! C’est donc cela, le plan : diviser l’extrême-droite pour l’empêcher d’accéder au second tour.
La fusiller sur ses propres terres… par un « clown ».
Pas mal comme idée !
Un coup à multi-bandes. Mais qui pourrait échouer.
Et l’autre tiers, celui à l’extrême gauche pourrait bien ramasser le jackpot au passage…
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