Vingtième-deuxième chapitre
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existantes par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Aurélie n’a juste le droit que de recevoir ses « poupées » et on peut
encore palabrer et jacasser sur le réseau téléphonique du bord autour de notre
nouvelle condition de « gardées-à-vue » par les cyborgs.
Elle est encore plus inquiète que moi.
« Paul ne nous aurait jamais envoyé à bord si notre sécurité n’avait pas été assurée à 100 %. »
Mais il aurait pu nous avertir.
« Je te dis que les robots et l’IA ont pris le pouvoir, tous les pouvoirs à bord et que Paul n’est même pas au courant ! D’ailleurs, on ne peut pas le joindre. On est coupé du monde ! »
On peut toujours sauter en mer et rejoindre à la nage la côte, qui se dessine sur tribord et qui doit être la Sardaigne, armées de nos gilets de sauvetage…
« Non mais tu n’y penses pas tout de même ! On sera morte d’épuisement et de froid avant que le soleil ne se couche. »
Elle a raison : on ne peut même pas l’envisager.
Ce serait du suicide alors qu’on ne manque de rien à bord.
Je tue le temps à observer le vol des mouettes et autres goélands, à me passer des séries disponibles sans internet. Alors qu’Aurélie noie ses inquiétudes dans une débauche de luxure : elle aura « essayé » toutes les « poupées » du bord, toutes aussi expertes les unes que les autres…
Forcément, l’IA apprend au fil du temps ses préférences et sait désormais situer toutes ses zones érogènes et « sensibles ».
Minouche rentre le soir même. Je me précipite sur sa webcam. Parce que
naturellement, n’ayant plus accès à l’IA centrale, je n’ai aucune donnée sur
l’activité des robots ni les déplacements des « invités ».
Voilà pourquoi, j’imagine que Paul avait insisté pour que je l’embarque.
Car si la plupart des images que ma chatte enregistre restent sans intérêt, il est tout de même deux séquences où elle croise nos « invités » du moment.
Il s’agit bien de Patrick Ziguinchor, le juif anti-islamique, avec son physique rabougri, qui fait penser au Président Krazoski, l’appendice nasal démesuré et en forme de bec d’aigle, le sourcil bien fourni, le regard direct mais souvent « par en dessous », chroniqueur et polémiste qui vit de ses saillies à l’encontre du Président Makarond, de son gouvernement, mais également de la plupart des personnages du paysage politique du pays.
À part lui, personne ne trouve grâce à ses yeux et il fait ça avec talent, détrônant même les journalistes les plus aguerris dans la polémique.
Avec une touche d’humour à la ChanteLoup il ne lésine pas sur la dérision.
C’est d’ailleurs curieux de se dire journaliste, car ils sont quelques-uns à avoir « antenne-libre » de propos pourtant cadrés et policés, juste ce qu’il faut, pour éviter les procès antiracistes, antisémites, sectaires et la censure du CSA qui peut encore interdire d’antenne telle ou telle émission et de pouvoir ainsi se livrer à ces critiques « unilatérales ».
Un type qui tient des propos plutôt d’extrême-droite, sans que quiconque
ne réagisse pour défendre la doxa de gauche sociale-centriste « bien-pensante »
toujours promptes à lever ses étendards compassionnels de la défense des
minorités au nom de l’égalité de traitement et de la libre-pensée.
Piégée comme beaucoup par le principe de la liberté de presse.
Il n’est pas franchement anti-européen, ni fascisant extrémiste, seulement
un brin « négationniste », mais il fait de l’ombre à la leader du Front
National et quelques autres plus ou moins xénophobes et souverainistes, avec
ses propos qui labourent les mêmes archétypes pro-patriotes qu’ils colportent
tous.
En plus, parfois, il est dans l’excès. Mais reste non condamné ― ou ça ne change rien à sa condition de « libre-penseur » ― quand il « dérape » alors qu’on aura fustigé à foison l’auteur du « détail historique » jusqu’à ce qu’il se taise définitivement.
D’ailleurs, les personnalités les moins critiquées sont des proches ou des ex-frontistes. Le maire de telle ville ou de telle autre, l’eurodéputé un tel ou tel autre.
Et il ignore totalement, et dans une indifférence éclatante, ses « confrères » sionistes, car il en existe encore.
Un cas dans le paysage médiatique et je m’étonne que Paul accepte de couper du monde son navire amiral, pour l’heure, rien que pour accueillir une réunion qui sonne comme d’un épisode « complotiste » : il a toujours dit qu’il ne faisait pas de politique !
« Je vous expliquerai plus tard, Alexis ! »
Comme toujours avec lui dans ces cas-là.
Le plus étonnant, peut-être, c’est la présence du prince Robert.
Celui-là ne fait pas de bruit et sait se faire très discret. Mais c’est un membre influent du Gotha, allié par mariage et consanguinité à la plupart des familles princières et royales de la planète européenne.
En bref, il est bien présent sur tous les événements « princiers », mais n’a pas de hordes de paparazzi dans son sillage et il ne fait que très rarement une apparition dans la presse.
Mais tout le monde connaît son visage ovale et sa calvitie prononcée.
Il a des frères et des sœurs, surtout des sœurs, qui restent plus abonnées des magazines people que lui et font encore buzz sur les réseaux sociaux.
Mais c’est lui le chef de la dynastie depuis la mort de son beau-père, le Prince Henry.
Également une famille de milliardaires qui œuvre depuis peu de temps pour la planète après l’avoir consciencieusement mise en coupe réglée ― mines, bois & forêts, carrières, vignobles pour l’essentiel ― ce qui aura grandement participé à construire la fortune familiale depuis au moins six ou sept générations.
Naturellement, quand on est prince consort et bourré aux as, on ne fait
pas de politique. Le gars se contente seulement d’un siège de conseiller
municipal dans une petite commune rurale, sans délégation et sans étiquette
politique.
Juste un mandat pour ouvrir les portes.
Et probablement avoir une ruelle à son nom, à son décès, pour assurer la postérité de la famille… sauf si un ancêtre y a déjà une place, une avenue ou un boulevard.
Les vanités de ce monde, décidément…
Mais comme là il est en présence avec au moins trois autres personnes qui me sont inconnues, je suppute une sorte de « complot » organisé par Jacques, le frère de Paul, et sa « réunion secrète », parce que si le « baron avocat au conseil » n’est pas présent, me semble-t-il, je sais encore additionner deux et deux…
Tellement secrète cette réunion dont il aura préparé sa tenue via sa « reconnaissance » préalable, que j’en suis « casernée », internée dans ma cabine, coupée de tout : aucun doute sur la relation de cause à effet, là !
Mais nourrie, blanchie et chauffée, tout de même.
Si secrète que quand « ces messieurs » repartiront, je n’aurai aucun accès à leurs divagations à bord : tous les fichiers, de ceux que je consulte de temps en temps, auront disparu ou seront inaccessibles !
Ostracisés !
On arrive désormais au large de Malte après avoir contourné la Sicile,
dont je ne verrai rien, une fois de plus : la vitesse s’est un peu accélérée,
me semble-t-il. Et il commence à faire bon à tel point qu’Aurélie se partage
désormais entre ses « poupées » et ses sorties en mer poursuivie par un drone
de surveillance.
Personnellement, je préfère l’eau de la piscine à l’arrière du navire : elle est chaude, on est à l’abri du vent et le soleil donne à plein : faire le plein de vitamine D en plein hiver de façon aussi confortable, c’est un vrai plaisir. Je vais rentrer avec une mine superbe !
Le navire accueille des « touristes » probablement ukrainiens ou russes depuis quelques temps et on navigue vers l’Égypte.
Il est question de passer par le canal de Suez jusqu’en mer rouge dans les prochains jours.
Les slaves s’épuisent dans leurs cabines avec les « poupées » dont manifestement ils raffolent.
J’en croise peu au restaurant ou au self-service, d’autant qu’Aurélie n’y va plus non plus : on se fait servir dans nos chambres, soit chez l’une soit chez l’autre.
Petit-déj’, déjeuner et dîner.
Quoique certaines fois je mange seule, Aurélie oubliant de s’alimenter.
En revanche je croise parfois quelques passagers à mâtines quand je fais mon footing et le soir quand je vais perdre quelques jetons au casino.
Je patrouille comme Minouche…
Mais l’essentiel que je croise reste les robots type numéro 16, des « chenillettes » ou des têtes de con malappris quand ils dédaignent jeter un œil sur moi.
Depuis plusieurs jours je m’inquiète : je ne vois plus Mélanie. Elle
semble se déplacer à la vitesse de la lumière d’après les indications de l’IA
qui fonctionne de nouveau et sans relâche avec sa data associée, disparaissant
ici, réapparaissant là, notamment quand je cherche à la croiser.
Je repère bien mes déplacements horodatés, mais pas les siens qui restent, comment dire… « hachés ».
Autre surprise, depuis le passage au large du continent, je n’ai plus à me plaindre des odeurs de cigare qui empestaient mon balcon le soir.
Ce navire reste décidément un vrai mystère.
Il marche et fonctionne tout seul et c’est finalement un véritable désert, sauf à quelques occasions.
Les seuls mouvements qui peuvent être intéressants, parce que sortant de l’ordinaire, ce sont les aller-et-venues des hélicoptères.
De l’intérieur, écoutilles et portes fermées, on ne les entend pas.
En revanche, depuis les ponts et notamment la piscine, on les voit arriver de loin, s’aligner sur la poupe et la trajectoire du navire, avancer en crabe en fonction du vent relatif, ajuster leur vitesse, passer au-dessus des deux petites cheminées rases, et venir se poser sur le pont supérieur pour déverser leurs passagers et marchandises, puis en embarquer d’autres, les « partants ».
Les turbines font parfois un boucan d’enfer quand ils décollent, modifient un peu les vents apparents jusque sur le pont arrière : on ne peut pas les manquer alors qu’ils ne restent pas longtemps au-dessus du navire, virant à gauche ou à droite pour prendre leur cap vers leur destination finale.
Mais jamais les pilotes ne descendent de leur machine…
Ce qui est bien dommage, finalement.
Sauf une fois où le pilote est sorti, pas longtemps, juste pour vérifier la fermeture d’un coffre.
Et il est reparti rapidement.
C’est que sur ce navire où tout le monde ne pense qu’à bouffer, baiser et
boire, ça manque décidément d’hommes disponibles.
Ils sont là, mais sont occupés avec leurs « poupées ».
D’ailleurs ils ne viennent que pour ça.
La table est bonne, la cave est bien garnie et les « poupées » ne sont pas farouches, loin de là : même pas besoin de passer par l’étape de la drague pour obtenir son compte !
Un drame.
Tout se perd !
Les hommes, même les mâles vraiment dominants, ont-ils oublié l’ambition et le dessein de l’humanité de se dépasser pour pouvoir tutoyer les dieux, à leur égal, au lieu de devoir se contenter de ne devenir que de piètres machines à éjaculer pour assurer leur rôle de maîtres de la planète ?
Où va-t-on au juste ?
Où sont-ils ceux qui nous feraient tant honneur ?
Même aux abords du tripot, quand j’y suis et que j’en croise un, aucun ne s’approche : j’ai droit à un coup d’œil presque méprisant et ils passent à autre chose.
Jusqu’à ce que, entre Chypre et Port-Saïd, réapparaisse le prince Robert…
Je le repère sur l’écran de mon ordinateur, parce que là, il n’est pas censuré par l’IA.
Que j’en reste toute surprise.
Je fonce au restaurant où il s’est installé avec les poupées « Aïcha » et « Clara », deux « jeunettes » au physique appétissant.
Et je m’installe à une table.
Il faut dire que je viens de manger dans ma cabine d’un fondant de foie-gras tiède accompagné d’un Sauternes absolument délicieux et que je me mortifiais d’avaler autant de calories en si peu de temps : j’avais pourtant pris le temps de déguster.
Assez pour vider une demi-bouteille avant de me plonger devant mon ordinateur pour télécharger les images de Minouche prises dans la journée.
C’est à cette occasion que je repère le prince Robert.
Un petit tour sur l’IA du bord et je le loge assez facilement au restaurant.
Sur une pulsion, je décide de le rejoindre après m’être recoiffée et quelque peu maquillée pour ne pas paraître sortir d’une grotte du Neandertal.
Et ça n’a pas loupé !
Lui me regarde avec avidité et je lui rends son œillade et son sourire.
Le temps de m’assoir et de commander une salade de fruits frais, il est déjà à m’interpeler de loin pour que je vienne le rejoindre à sa table avec ses « poupées » qui minaudent devant leur assiette de mets qu’elles ne savent pas métaboliser.
Tu penses, enfin un gentleman qui ne laisse pas seule une inconnue, même moche par rapport à ses « poupées », ce n’est pas innocent !
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existantes par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Elle est encore plus inquiète que moi.
« Paul ne nous aurait jamais envoyé à bord si notre sécurité n’avait pas été assurée à 100 %. »
Mais il aurait pu nous avertir.
« Je te dis que les robots et l’IA ont pris le pouvoir, tous les pouvoirs à bord et que Paul n’est même pas au courant ! D’ailleurs, on ne peut pas le joindre. On est coupé du monde ! »
On peut toujours sauter en mer et rejoindre à la nage la côte, qui se dessine sur tribord et qui doit être la Sardaigne, armées de nos gilets de sauvetage…
« Non mais tu n’y penses pas tout de même ! On sera morte d’épuisement et de froid avant que le soleil ne se couche. »
Elle a raison : on ne peut même pas l’envisager.
Ce serait du suicide alors qu’on ne manque de rien à bord.
Je tue le temps à observer le vol des mouettes et autres goélands, à me passer des séries disponibles sans internet. Alors qu’Aurélie noie ses inquiétudes dans une débauche de luxure : elle aura « essayé » toutes les « poupées » du bord, toutes aussi expertes les unes que les autres…
Forcément, l’IA apprend au fil du temps ses préférences et sait désormais situer toutes ses zones érogènes et « sensibles ».
Voilà pourquoi, j’imagine que Paul avait insisté pour que je l’embarque.
Car si la plupart des images que ma chatte enregistre restent sans intérêt, il est tout de même deux séquences où elle croise nos « invités » du moment.
Il s’agit bien de Patrick Ziguinchor, le juif anti-islamique, avec son physique rabougri, qui fait penser au Président Krazoski, l’appendice nasal démesuré et en forme de bec d’aigle, le sourcil bien fourni, le regard direct mais souvent « par en dessous », chroniqueur et polémiste qui vit de ses saillies à l’encontre du Président Makarond, de son gouvernement, mais également de la plupart des personnages du paysage politique du pays.
À part lui, personne ne trouve grâce à ses yeux et il fait ça avec talent, détrônant même les journalistes les plus aguerris dans la polémique.
Avec une touche d’humour à la ChanteLoup il ne lésine pas sur la dérision.
C’est d’ailleurs curieux de se dire journaliste, car ils sont quelques-uns à avoir « antenne-libre » de propos pourtant cadrés et policés, juste ce qu’il faut, pour éviter les procès antiracistes, antisémites, sectaires et la censure du CSA qui peut encore interdire d’antenne telle ou telle émission et de pouvoir ainsi se livrer à ces critiques « unilatérales ».
Piégée comme beaucoup par le principe de la liberté de presse.
En plus, parfois, il est dans l’excès. Mais reste non condamné ― ou ça ne change rien à sa condition de « libre-penseur » ― quand il « dérape » alors qu’on aura fustigé à foison l’auteur du « détail historique » jusqu’à ce qu’il se taise définitivement.
D’ailleurs, les personnalités les moins critiquées sont des proches ou des ex-frontistes. Le maire de telle ville ou de telle autre, l’eurodéputé un tel ou tel autre.
Et il ignore totalement, et dans une indifférence éclatante, ses « confrères » sionistes, car il en existe encore.
Un cas dans le paysage médiatique et je m’étonne que Paul accepte de couper du monde son navire amiral, pour l’heure, rien que pour accueillir une réunion qui sonne comme d’un épisode « complotiste » : il a toujours dit qu’il ne faisait pas de politique !
« Je vous expliquerai plus tard, Alexis ! »
Comme toujours avec lui dans ces cas-là.
Celui-là ne fait pas de bruit et sait se faire très discret. Mais c’est un membre influent du Gotha, allié par mariage et consanguinité à la plupart des familles princières et royales de la planète européenne.
En bref, il est bien présent sur tous les événements « princiers », mais n’a pas de hordes de paparazzi dans son sillage et il ne fait que très rarement une apparition dans la presse.
Mais tout le monde connaît son visage ovale et sa calvitie prononcée.
Il a des frères et des sœurs, surtout des sœurs, qui restent plus abonnées des magazines people que lui et font encore buzz sur les réseaux sociaux.
Mais c’est lui le chef de la dynastie depuis la mort de son beau-père, le Prince Henry.
Également une famille de milliardaires qui œuvre depuis peu de temps pour la planète après l’avoir consciencieusement mise en coupe réglée ― mines, bois & forêts, carrières, vignobles pour l’essentiel ― ce qui aura grandement participé à construire la fortune familiale depuis au moins six ou sept générations.
Juste un mandat pour ouvrir les portes.
Et probablement avoir une ruelle à son nom, à son décès, pour assurer la postérité de la famille… sauf si un ancêtre y a déjà une place, une avenue ou un boulevard.
Les vanités de ce monde, décidément…
Mais comme là il est en présence avec au moins trois autres personnes qui me sont inconnues, je suppute une sorte de « complot » organisé par Jacques, le frère de Paul, et sa « réunion secrète », parce que si le « baron avocat au conseil » n’est pas présent, me semble-t-il, je sais encore additionner deux et deux…
Tellement secrète cette réunion dont il aura préparé sa tenue via sa « reconnaissance » préalable, que j’en suis « casernée », internée dans ma cabine, coupée de tout : aucun doute sur la relation de cause à effet, là !
Mais nourrie, blanchie et chauffée, tout de même.
Si secrète que quand « ces messieurs » repartiront, je n’aurai aucun accès à leurs divagations à bord : tous les fichiers, de ceux que je consulte de temps en temps, auront disparu ou seront inaccessibles !
Ostracisés !
Personnellement, je préfère l’eau de la piscine à l’arrière du navire : elle est chaude, on est à l’abri du vent et le soleil donne à plein : faire le plein de vitamine D en plein hiver de façon aussi confortable, c’est un vrai plaisir. Je vais rentrer avec une mine superbe !
Le navire accueille des « touristes » probablement ukrainiens ou russes depuis quelques temps et on navigue vers l’Égypte.
Il est question de passer par le canal de Suez jusqu’en mer rouge dans les prochains jours.
Les slaves s’épuisent dans leurs cabines avec les « poupées » dont manifestement ils raffolent.
J’en croise peu au restaurant ou au self-service, d’autant qu’Aurélie n’y va plus non plus : on se fait servir dans nos chambres, soit chez l’une soit chez l’autre.
Petit-déj’, déjeuner et dîner.
Quoique certaines fois je mange seule, Aurélie oubliant de s’alimenter.
En revanche je croise parfois quelques passagers à mâtines quand je fais mon footing et le soir quand je vais perdre quelques jetons au casino.
Je patrouille comme Minouche…
Mais l’essentiel que je croise reste les robots type numéro 16, des « chenillettes » ou des têtes de con malappris quand ils dédaignent jeter un œil sur moi.
Je repère bien mes déplacements horodatés, mais pas les siens qui restent, comment dire… « hachés ».
Autre surprise, depuis le passage au large du continent, je n’ai plus à me plaindre des odeurs de cigare qui empestaient mon balcon le soir.
Ce navire reste décidément un vrai mystère.
Il marche et fonctionne tout seul et c’est finalement un véritable désert, sauf à quelques occasions.
Les seuls mouvements qui peuvent être intéressants, parce que sortant de l’ordinaire, ce sont les aller-et-venues des hélicoptères.
De l’intérieur, écoutilles et portes fermées, on ne les entend pas.
En revanche, depuis les ponts et notamment la piscine, on les voit arriver de loin, s’aligner sur la poupe et la trajectoire du navire, avancer en crabe en fonction du vent relatif, ajuster leur vitesse, passer au-dessus des deux petites cheminées rases, et venir se poser sur le pont supérieur pour déverser leurs passagers et marchandises, puis en embarquer d’autres, les « partants ».
Les turbines font parfois un boucan d’enfer quand ils décollent, modifient un peu les vents apparents jusque sur le pont arrière : on ne peut pas les manquer alors qu’ils ne restent pas longtemps au-dessus du navire, virant à gauche ou à droite pour prendre leur cap vers leur destination finale.
Mais jamais les pilotes ne descendent de leur machine…
Ce qui est bien dommage, finalement.
Sauf une fois où le pilote est sorti, pas longtemps, juste pour vérifier la fermeture d’un coffre.
Et il est reparti rapidement.
Ils sont là, mais sont occupés avec leurs « poupées ».
D’ailleurs ils ne viennent que pour ça.
La table est bonne, la cave est bien garnie et les « poupées » ne sont pas farouches, loin de là : même pas besoin de passer par l’étape de la drague pour obtenir son compte !
Un drame.
Tout se perd !
Les hommes, même les mâles vraiment dominants, ont-ils oublié l’ambition et le dessein de l’humanité de se dépasser pour pouvoir tutoyer les dieux, à leur égal, au lieu de devoir se contenter de ne devenir que de piètres machines à éjaculer pour assurer leur rôle de maîtres de la planète ?
Où va-t-on au juste ?
Où sont-ils ceux qui nous feraient tant honneur ?
Même aux abords du tripot, quand j’y suis et que j’en croise un, aucun ne s’approche : j’ai droit à un coup d’œil presque méprisant et ils passent à autre chose.
Je le repère sur l’écran de mon ordinateur, parce que là, il n’est pas censuré par l’IA.
Que j’en reste toute surprise.
Je fonce au restaurant où il s’est installé avec les poupées « Aïcha » et « Clara », deux « jeunettes » au physique appétissant.
Et je m’installe à une table.
Il faut dire que je viens de manger dans ma cabine d’un fondant de foie-gras tiède accompagné d’un Sauternes absolument délicieux et que je me mortifiais d’avaler autant de calories en si peu de temps : j’avais pourtant pris le temps de déguster.
Assez pour vider une demi-bouteille avant de me plonger devant mon ordinateur pour télécharger les images de Minouche prises dans la journée.
C’est à cette occasion que je repère le prince Robert.
Un petit tour sur l’IA du bord et je le loge assez facilement au restaurant.
Sur une pulsion, je décide de le rejoindre après m’être recoiffée et quelque peu maquillée pour ne pas paraître sortir d’une grotte du Neandertal.
Et ça n’a pas loupé !
Lui me regarde avec avidité et je lui rends son œillade et son sourire.
Le temps de m’assoir et de commander une salade de fruits frais, il est déjà à m’interpeler de loin pour que je vienne le rejoindre à sa table avec ses « poupées » qui minaudent devant leur assiette de mets qu’elles ne savent pas métaboliser.
Tu penses, enfin un gentleman qui ne laisse pas seule une inconnue, même moche par rapport à ses « poupées », ce n’est pas innocent !
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