7 – Éclairages différents
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de
neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Par la suite, Besseda aurait été rapidement libéré et
serait revenu travailler à son bureau de la Loubianka. « Mais il ne
faut pas y voir la trace d’une quelconque volonté de le réhabiliter, et encore
moins le signe d’une prise de conscience, tardive, chez le président, de ses
propres erreurs de jugement, mais plutôt la volonté de limiter le risque d’une
aggravation de la situation en disent nos analystes. »
De fait, si l’arrestation de Besseda doit être
interprétée comme un avertissement lancé aux services de renseignement, au FSB
en particulier, sa libération correspond à un « repli tactique » destiné à
couper court aux rumeurs sur les divisions internes et les dissensions entre
les dirigeants et la « base » qui ont d’ailleurs fuité sur la place publique un
court moment.
Il s’agissait de rassurer les « seconds et troisièmes
couteaux » dont dépendent à bien des égards la stabilité du système et la bonne
gestion du processus décisionnel.
Paul ponctue : « Ce
monde de l’ombre est soumis à la pression de l’exécutif, mais également aux
sanctions occidentales qui ont mis à mal les réseaux de renseignement russe à
l’étranger. Rappelez-vous qu’entre février et avril 2022, plus de 450
diplomates russes ont été expulsés de 27 pays et d’organisations
internationales, soit trois fois plus qu’après le scandale de l’affaire
Skripal.
Poutine
a d’autant plus intérêt à ménager ses cadres du renseignement qu’il est
confronté à la présence d’un « parti de la guerre », une fraction des
« siloviki » en désaccord avec les objectifs revus à la baisse de l’«
opération militaire spéciale », réduits non plus à la conquête de l’Ukraine,
mais à l’occupation et l’annexion du Donbass.
Ces
cadres de la base voudraient voir Poutine annoncer la mobilisation générale et
utiliser des armes de destruction massive pour en finir au plus vite.
La
libération de Besseda semble donc indiquer que Poutine tenterait d’apprendre de
ses erreurs. »
L’effet de cette prise de conscience sera-t-il
durable, questionne alors Alexis ?
Gustave répond à la volée : « Cela est
peu probable tant que Poutine sera aux commandes, avec sa vision paranoïaque du
monde et de l’Histoire, son système de valeurs anti-occidental et son obsession
d’une Ukraine à « dénazifier », mais aussi tant que le principal modèle
d’inspiration des services secrets russes restera le KGB d’Andropov et, de plus
en plus, du NKVD stalinien. »
Paul semble approuver le propos de celui qui était
son haut supérieur en Afghanistan à bord de l’unique porte-avions nucléaire
tricolore.
« Alors, quelle issue et dans quel
délai ? »
« C’est plus compliqué que ça : plus
Poutine se sentira acculé vers une défaite, plus il va devenir dangereux.
Je vous rappelle qu’il est gravement
malade et bien soigné, et qu’en plus il fera face à des oppositions de plus en
plus marquées dans son cercle restreint et dans la société civile au fil de ses
reculades. »
« Malade, malade, ça reste à voir »,
intervient Gustave en contre-point. « Il y a une partie d’intoxication
de sa part pour faire croire qu’il l’est et que ce n’est pas la peine de le
pousser dehors et ainsi d’alimenter le même sentiment chez nous ! »
C’est vrai, admet Paul.
« Mais il est vraiment malade et il se sait
condamné. Par son crabe ou par ses proches. Il a intégré cette donnée et il se
sent prêt à rentrer dans l’Histoire en qualité de martyr de son pays.
Ça le glorifierait enfin.
Sauf qu’à vivre en reclus, enfermé dans
ses bunkers, déconnecté des réalités, il ne prépare pas non plus vraiment l’avenir
du pays, pas plus que sa succession : dans ces conditions, après lui,
pourquoi pas un désert radioactif ? »
Rien de rassurant, finalement…
« On n’en est pas là, mais justement, ça
ouvre des perspectives à d’autres. »
Autour de lui ?
« Pas seulement.
Vous me goûterez bien un peu des
fromages du pays ?
Je vous conseille le brocciu. C’est de
la brebis fraîche qui vient d’une bergerie de Corte.
Ça se mange nature, ou avec du sel,
mais je le préfère avec du sucre, du miel ou de la confiture de figue… » indique Paul à ses
convives.
« Ok, et on fait quoi ici au juste, ce soir,
commandant ? » questionne Gustave.
« Eh bien d’abord déguster la gastronomie
corse que vous ne connaissez pas et ensuite mettre en place une riposte
décisive… »
Une riposte décisive ?
Les trois convives de Paul en restent bouche bée.
« Avec quels moyens, à trois contre une armée
de plusieurs centaines de milliers d’hommes suréquipés ? » réagit
Gustave en premier.
« Comment ça ? » interroge
Julie.
« Pourquoi seulement trois ? »
questionne Alexis à l’adresse de Gustave qui s’en mordrait presque la lèvre de
l’avoir omise…
Le plateau de fromage circule enfin autour de la
grande table.
« D’un point de vue militaire, cette
« opération spéciale » décidée par Moscou est une opportunité majeure
pour les alliés de l’Otan de tester des armes nouvelles sans même envoyer un
seul GI sur le territoire ukrainien risquer sa peau sous la bannière étoilée.
Certes, il y a bien des
« boys » qui se sont engagés à titre individuel, venus d’Angleterre,
du Canada et des USA. Des « chiens de guerre » qui aiment l’odeur du
sang et de la poudre.
Plus quelques experts, analystes,
agents de liaison et instructeurs qui accompagnent la mise en place des
nouveaux équipements ukrainiens.
Nous-mêmes avons envoyé quelques
pilotes chevronnés sur hydravion pour aider les Ukrainiens, mais je savais
qu’ils ne risquaient pas de ne pas revenir.
Car passées les 76 premières heures de
l’invasion vers Kiev et les villes du Sud et de la mer d’Azov, le régime de Zelensky
n’étant pas tombé, lui-même refusant le « taxi » proposé par les USA
pour l’exfiltrer, il a été décidé de réagir.
Non seulement à travers des sanctions
inédites et sévères qui attaquent les fondamentaux de l’économie de Moscou pour
de nombreuses années, mais aussi par la mise en place d’un soutien matériel des
armes de l’Ukraine. »
Oui, mais d’une part, les contre-mesures russes
relatives aux hydrocarbures dont sont friands les européens, auront eu un
impact considérable sur les populations de l’UE ouvrant le cycle d’une nouvelle
crise économique au moment de sortir de la crise sanitaire, précise encore
Paul, et d’autre part, il aura provoqué l’extension de l’Otan sur la frontière
Nord de la Russie, complète Alexis.
« Pas seulement, » rajoute
Gustave : « Nous avons été dans l’obligation de renforcer
militairement le flanc Est de l’Otan. Roumanie, Pologne, les États Baltes. »
« Ce qui fait dire à certains qu’il s’agit
d’un gigantesque piège dans lequel les Russes se sont précipités »
rajoute Paul.
Comment ça ?
Tous les regards se tournent vers lui alors qu’il se
sert de quelques de chèvre, le plateau étant revenu à sa portée.
« Je vous explique : l’Ukraine est un
pays trop grand, trop exposé, avec trop de voisins ayant des revendications
historiques sur son territoire, pour pouvoir choisir le chemin de la
neutralité.
Il lui fallait donc choisir entre la
Russie et l’OTAN. Comme l’Ukraine avait déjà essayé la Russie, il lui fallait
maintenant tenter l’OTAN.
Effectivement, si l’Ukraine ne rentrait
pas dans l’OTAN, elle serait sous contrôle russe d’ici à 10 à 12 ans. Car il
est certain que la Russie voudrait réintégrer les pays de l’ex-URSS dans sa
sphère d’influence, comme la Biélorussie et quelques autres en Asie centrale.
Cependant, jusque-là, une Ukraine dans
l’OTAN est inacceptable pour la Russie et celle-ci préférerait faire la guerre
à l’Ukraine plutôt que de laisser son voisin adhérer à l’alliance militaire de
l’Ouest perçue à Moscou comme une menace au lieu de l’analyser comme une chance
inouïe.
Et c’est exactement ce qui s’est passé.
D’autant que par ailleurs l’OTAN
n’accepterait pas l’Ukraine en son sein avant qu’une guerre russo-ukrainienne
n’ait lieu, une guerre dont il fallait que l’Ukraine sorte vainqueure, même si
elle devait être dévastée pour cela et qu’elle récupère les territoires
perdus : c’est dans les statuts de l’alliance.
En d’autres termes, il fallait que
l’Ukraine soit prête à un sacrifice énorme, pour s’assurer ensuite d’être
complètement détachée de la Russie. »
Osé comme raisonnement…
« Dans ce conflit, l’Ukraine ne pouvait être
que soutenu activement par l’Occident avec des armes, des équipements, de
l’assistance, des nouvelles sanctions contre la Russie, et même possiblement
l’introduction d’un contingent de l’OTAN, d’une zone d’exclusion aérienne, etc.
car, et c’est le plus important, il s’agit de l’opportunité, pour l’Occident,
d’affaiblir durablement et en profondeur la Russie pour qu’elle ne représente
plus une menace pour ni pour l’Europe ni pour les USA qui pourront alors se
projeter sur le pacifique occidental ».
Et la prochaine étape serait l’entrée en
guerre officielle de l’OTAN, par exemple contre la Biélorussie, si elle devient
un cobelligérant, avec la 101ème division aéroportée américaine,
déjà déployée en Roumanie, en plus des contingents français et de quelques
autres, questionne Gustave ?
« Vous verrez bien, mais ça laisse le temps à
la 101ème de se déployer tranquillement… »
« Je vous rappelle qu’en octobre 2019, le
président Zelensky annonçait alors fièrement que l’Ukraine était prête pour
reprendre le Donbass par la force. S’ils avaient voulu provoquer la Russie,
c’est exactement par là qu’il fallait commencer.
Laisser la Russie attaquer la première
était par ailleurs la meilleure stratégie pour pouvoir ensuite endosser le rôle
de la victime et quémander le soutien de la terre entière contre l’agression de
l’ogre russe et ce jusqu’en Chine où Pékin se garde bien d’afficher un franc
soutien à qui que ce soit. Sauf à vendre un peu de matériel éculé contre du
pétrole bon marché.
Il est d’ailleurs notable que, dans
leur communication, les anglo-saxons insistent sur le fait que l’agression
russe était absolument « non provoquée ». S’ils insistent si lourdement
là-dessus, c’est parce que l’agression a au contraire bien été provoquée ! »
Admettons…
« Gageons que la tentative de réanimer les
accords de Minsk, avec la réunion du format Normandie le 9 décembre 2019 à
Paris, aura retardé quelque peu l’affrontement prévu et probablement voulu. De
quoi permettre aux Ukrainiens de se préparer…
Les Ukrainiens se sont prêtés à
l’exercice imposé, en apparence, mais comme d’habitude ils n’ont respecté aucun
des engagements pris, si ce n’est l’échange de prisonniers.
Vous aurez aussi tous noté que dès
l’intronisation de Biden, fin janvier 2021, les provocations contre les
intérêts russes reprenaient de plus belle, avec les persécutions judiciaires
lancées contre Victor Medvetchuk, le leader de l’opposition favorable aux
Accords de Minsk et à une politique de bon voisinage avec la Russie.
Le pouvoir ukrainien n’est pas
« blanc de chez blanc ». Ça reste un monde de voyous, encore
corrompus par ses mafias et oligarques et qui est encore loin d’être un État de
droit comme l’exige l’UE.
La fermeture des chaines de TV
d’opposition, dès le 2 février, avant la première offensive russe, allaient
dans le même sens, comme le décret signé le 24 mars précédent autorisant la
reprise de la Crimée par la force. En moins de deux mois, Zelensky avait
finalement tenté le maximum pour provoquer la Russie.
Mais cette dernière n’attaquait
toujours pas !
Par la suite, les États-Unis et
l’Ukraine n’ont cessé de parler d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. C’est ainsi que le 1er septembre
2021, les États-Unis et l’Ukraine ont fait une déclaration commune de
partenariat stratégique qui insistait lourdement sur la dimension sécuritaire.
Ce travail débouchait le 10 novembre sur la mise à jour d’une charte commune
signée initialement en 2008.
Du point de vue russe, la pression
montait. Plus le temps passait, plus le soutien américain à l’Ukraine
augmentait !
À quand les bombardiers stratégiques et
les missiles américains déployés sur le territoire de l’Ukraine ? »
Ce déroulé historique qui, vérification faite
postérieurement par Alexis, journaliste de formation, se révèle être exact,
même si on avait oublié entre-temps tous ces détails-là, éclaire le conflit en
cours sous une autre lumière…
Paul continue : « Dans la même période,
à l’automne, les Russes ont alors sondé une dernière fois la volonté des
Français et des Allemands pour faire pression sur les Ukrainiens, agissant de
telle sorte que ces derniers négocient enfin avec les séparatistes dans le
cadre des Accords de Minsk. Face au refus franco-allemand, les Russes excédés
ont fini par publier le 18 novembre les échanges diplomatiques avec Paris et
Berlin. »
Un scandale diplomatique, tout le monde s’en
souvient…
« Parallèlement, ils ont commencé à amasser
des troupes aux frontières de l’Ukraine sous prétexte d’exercices, pour faire
pression. Des réunions ont eu lieu en janvier et février 2022, mais elles se
sont heurtées aux mêmes obstacles. Ni Paris ni Berlin n’ont voulu exercer de
pressions sur Kiev, comme à l’accoutumée.
C’est là que les Russes ont
définitivement pu conclure que les Accords de Minsk étaient morts, faute de
volonté politique des trois autres signataires.
On se souvient aussi que lorsque
Zelensky feignait de ne pas croire à l’invasion, en février 2022, il mentait,
bien entendu. Il fallait juste éviter un exode des combattants potentiels dont
on avait déjà prévu la mobilisation. »
Tout le monde autour de la table opine et attend la
suite de la démonstration de Paul.
« Ensuite tout y passe. De la tentative du
siège de Kiev à la destruction des infrastructures. On comprend d’autant mieux
pourquoi les Russes n’ont pas eu la partie facile, puisque les Ukrainiens, et
leurs alliés anglo-saxons, avaient prévu leurs moindres mouvements grâce aux
satellites et aux avions espions. »
Comment Paul peut-il être aussi affirmatif sur
tous ces points ?
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
Éditions I3
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