19 – Mais où est donc passée
« Charlotte » ?
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », du pur jus de
neurone garanti 100 % bio, sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Du pareil au même pour Gustave !
« L’actionnaire » reste injoignable plusieurs jours d’affilé.
Ce qui les met dans une rage folle, l’une comme l’autre d’ailleurs.
Gustave mobilise ses propres réseaux pour finalement apprendre que son oiseau serait aux Chagos dans l’océan Indien comme il l’avait dit, après avoir fait une apparition en Normandie et peut-être même à Paris.
À Paris, ses contacts en sein du Mossad confirment qu’il est bien passé chez lui, un renseignement glané grâce à la voisine aux yeux myosotis, Nathalie agent dormant aux aguets, celle qui exploite comme couverture une librairie sur les quais de Seine sous ses fenêtres, information recoupée par les logiciels BBR qui se nourrit aussi des images des caméras de surveillance de la voie publique et des relevés des cartes bleues.
Mais rien de plus.
Il réunit alors une « cellule de crise » dans l’urgence…
Le logiciel BBR 2.0 ne parvient pas à localiser Paul,
ou seulement par intermittence, avec des adresses incohérentes car, à moins de
disposer d’un avion supersonique à fort long rayon d’action, Paul possède
plusieurs téléphones portables, l’une des principales sources de renseignement
du logiciel, et peut les activer et les désactiver à volonté et à distance.
Pour avoir conçu le fameux logiciel qui piste tout le monde autour de la planète, Paul est le premier à savoir comment le dérouter…
« Je ne comprends pas pour quelle raison il se fait silencieux comme une carpe ! »
Julie, qui vient aux nouvelles pour Matignon, toujours un peu suspicieuse, en suppose que Paul a un calendrier personnel qui exclut ses autorités de tutelle.
Alexis estime quant à elle qu’il a été vexé… « C’est un grand sensible, le patron, vous savez ! »
« Pfft » fait Gustave accompagné d’un haussement d’épaule dédaigneux.
« Procédons avec méthode : où se trouve Florence en ce moment ? »
Elle est en Normandie le week-end, passe à Paris en semaine pour l’école de leurs gamins et s’apprête à partir pour les Chagos pour suivre l’avancée de ses chantiers sur place.
Pas très mystérieuse…
« Alors on part pour les Chagos y retrouver Paul. Il faut qu’il nous explique un peu mieux… »
Il n’aura rien à expliquer, prétend Alexis.
Ah ? Elle aussi utilise une boule de cristal ou elle a lu sa ça dans un jeu de tarot ?
« D’abord, les Chagos auront été fermées. On ne vient plus directement de l’Île Maurice ou de la Réunion, voire d’Europe depuis l’été dernier. Les anglo-saxons font la police des frontières et on passe forcément par Diégo Garcia, vous le savez bien.
Question de sécurité des installations
de Paul.
Si Paul est là-bas, c’est pour y travailler à ses « trous ». Pas pour ne pas répondre à nos injonctions. »
Probablement.
« Quant aux explications, vous n’avez jamais
voulu admettre qu’il a plus qu’un talent. »
Julie débarque… « Vous faites allusion à quoi au juste, s’il vous plait ? »
Gustave répond à sa façon : « Charlotte, feu son ex-associée, la vraie, celle dont le nez bougeait de haut en bas quand elle parlait, disait de lui qu’il avait le don des raccourcis imprimé dans le fonctionnement de son cerveau. Il va directement à l’essentiel alors qu’elle, elle avait un raisonnement cartésien en mode déroulé… pour souvent aboutir aux mêmes conclusions dans leurs enquêtes respectives.
Quant à moi, j’estime qu’il a une
intelligence intuitive aiguisée et percutante. Et je l’ai eu sous mes ordres en
Afghanistan. Je peux vous affirmer qu’il est capable d’initiatives fulgurantes
même en situation de combat, et même contraires aux ordres reçus : il a
fallu que je le mette aux fers sur le CDG ! »
Rien que ça ?
« Oui, mais ça aura sauver la peau d’un pilote américain[1].
Ensuite il a été versé dans la défense
aérienne de Mururoa avant de filer doux et d’être consigné dans le haut-Var,
comme punition : la marine n’admet pas qu’on outrepasse les ordres de la
hiérarchie… »
C’était dans le dossier de Paul que Julie est censée
avoir consulté.
« Non je ne parle pas de ça, Amiral… »
Et de quoi donc alors ?
« Vous le savez, Paul aura eu des aventures… hors normes. »
Comme quoi, à part ses frasques avec le beau-sexe ?
« Mais enfin Amiral, vous ne vous êtes jamais posé de question, que ce soit pour les enquêtes de la CISA avec le groupe ADN, celui d’HLM, la libération de Florence dans le bled algérien ou celle de Charlotte et d’Aurélie depuis la grande mosquée de Poutine sur les quais de Seine… »
Ce n’est pas une mosquée, mais la Cathédrale Orthodoxe Russe de la Sainte-Trinité, posée entre l’avenue Rapp et le quai Jacques Chirac, sur l’ancien site des locaux de Météo-France.
« C’est ce que je voulais dire… »
Oui, bon et alors ?
« Comment fait-il pour savoir ce qui va se passer avant même que ça se passe ? »
Un logiciel « BBR 3.0 » de son invention, peut-être ?
« Ça c’est pour amuser la galerie ! Non, ce n’est pas ça. Je note ce qu’il fait. Je publie et lui lira plus tard dans le futur. Et comme il a une mémoire d’éléphant très entrainée et affûtée pour avoir réussi les concours d’ingénieur les plus difficiles, il s’en sert. Tout simplement. »
Julie ouvre des yeux grands comme des soucoupes.
« Des conneries, Alexis ! » s’emporte violemment Gustave.
Alexis en reste silencieuse, tétanisée…
« C’est quoi ces histoires ? » interroge Julie.
« C’est impossible ! » lui répond d’emblée Gustave.
« Alors restez avec votre ignorance, Amiral ! » lance Alexis qui se ressaisit.
« Non mais dites donc, jeune effrontée, ça suppose un truc impossible, à savoir le voyage dans le temps. Vers le futur et retour vers le passé ! Complétement dément ! »
Là, Julie opine du chef, un sourire narquois au coin des lèvres : « Il faudra m’expliquer ça, Alexis… » finit-elle par botter en touche.
L’humeur du moment n’est pas aux révélations… explosives !
« Je prépare mon sac. On va faire un saut aux Chagos puisque c’est vous qui en décidez, Amiral et on verra bien… » conclue Alexis qui tourne alors les talons.
Sitôt la porte refermée, Julie questionne
Gustave : « C’est quoi ces histoires-là ? »
Des conneries ! « Je vous l’ai déjà dit !
Alexis prétend que notre patron sait
faire des sauts dans le temps. Franchement, il a beau être parfois génial, je
ne vois pas comment ni avec quel matériel dont personne, même pas lui, ne
dispose.
Laissez tomber : je crois plus raisonnable de penser qu’il expérimente un prototype d’un logiciel « 3.0 ». Le « 2.0 » a d’excellents résultats et le suivant, dont il n’y a aucune trace sur nos ordinateurs, est peut-être en essai sans que je le sache, au moins en mode béta.
Et Paul l’aura utilisé pour faire ses prophéties sans oser nous le dire… »
Avouez qu’il a eu le nez fin : « Il ne
s’est pas beaucoup trompé depuis la fin août ! »
La chance des cocus…
« À moins que… Il serait peut-être indécent de passer à côté d’une potentielle innovation majeure, non ? »
« On n’en est pas là, croyez-moi ! »
Le voyage est pénible. Déjà, le décalage horaire, à
l’envers, on part le matin de Roissy et après quelques heures de vol seulement,
c’est déjà le soir, mais l’escale est obligée à La Réunion, pour une nuit
d’attente dans un hôtel luxueux avec piscine et climatisé, sous les tropiques
et un vol bi-hebdomadaire presqu’aussi long pour la grande base américaine de
l’Océan Indien.
Et autour, rien que de l’eau. Nouvelle nuit dans un hôtel nettement moins luxueux, à la climatisation bruyante, pour finir en hélicoptère qui se traine à l’allure d’un escargot pendant près de deux heures…
Naturellement, durant les vols, entre les plateaux repas et les dîners servis à des heures impossibles pour être décalées dans les restaurants des hôtels, les deux filles ont pu papoter toute à leur aise, Gustave s’échappant en une série de sommes-réparateurs, parfaitement désintéressé par la conversation des deux femmes.
Globalement, Alexis expose à Julie les raisons de sa
présence dans le sillage de Paul.
« Il avait jusque-là un « biographe » officieux et non autorisé. Un blogueur anonyme, caché derrière un pseudo improbable, I-Cube, que connaît Gustave, mais il est bien le seul puisque je ne l’ai jamais croisé.
À un moment, Paul me demande de venir
travailler à ses côtés en qualité de journaliste : il pressent que d’une
part son « biographe-officieux » n’est pas forcément à la hauteur et
qu’il va avoir des problèmes de santé relativement lourds.
Ce qui d’ailleurs est actuellement le cas : une belle anticipation.
Et d’autre part il veut que je reprenne ses manuscrits passés pour en faire des volumes brochés. Je n’ai pas fini, tellement il me fait parcourir la planète en tous sens sans aucune retenue quant à ma signature-carbone personnelle.
C’était d’ailleurs le sujet de notre aparté sur Eurydice cet été, si tu te souviens bien… »
Julie se souvient, effectivement, alors qu’elle-même
discutait, pendant ce temps-là, des délires prophétiques de Paul sur la plage
arrière de la goélette.
« Son problème, c’est qu’il a besoin que je fasse ces bouquins pour pouvoir ensuite les lire. »
Parce que les vivre ne lui suffit pas ?
« Bé non, justement ! » lui rétorque Alexis.
Et de continuer : « Si j’ai tout compris de ce qu’il a bien voulu m’en a raconté et que j’ai pu lire par ailleurs, en 2014, il fait son premier saut dans le passé grâce à une technologie futuriste[2] qui lui semble être humaine. »
Comment ça ?
« Eh bien, c’est l’année où Florence se fait
enlever par les Coréens. »
Julie avait lu ça dans les rapports qu’elle avait pu consulter.
« On ne sait pas pourquoi, mais une sorte de WIB, une « man in black » au féminin, le met sur la piste de sa femme enlevée sur le parking d’un hypermarché de la banlieue de Caen. Il la croise une première fois à Paris, puis une seconde fois à Barcelone au départ du vol de la Germanwings, le fameux vol qui s’est écrasé dans les Alpes, là où elle lui remet la formule du « Gel Birgit » qui va lui être utile pour son prototype « double-zéro 2 » en Chine et une troisième fois dans les caves de son hôtel de Normandie, plusieurs mois après.
Entre-temps, il aura libéré Florence,
sera allé en Chine, aura abimé la jambe du dictateur Nord-coréen, qu’il en a
boité longtemps, pour avoir été vu avec une canne durant des semaines, il aura
pu faire voler le prototype Nivelle et ainsi tester avec succès la technologie
du « Gel Birgit »… »
« … une toute bête technique de thermopile à
effet électromagnétique, d’après mes dossiers », l’interrompt Julie…
« … peut-être. J’avoue ne rien y comprendre, même s’il a voulu m’expliquer. Car le plus important, c’est là qu’il fait son premier saut vers son propre passé récent : il participe à trois reprises à la libération de Florence qui aura eu lieu quelques mois auparavant, s’auto aidant ainsi dans l’opération commando, en quelle que sorte ! »
Étonnant !
« Tu es sûre ? »
C’est ce que raconte I-Cube et c’est ce que Paul lui aura confirmé.
« Son deuxième saut, il le fait l’année
suivante. En 2015. Je suis justement dessus. Là, il part directement depuis la
Californie, où il a posé Florence pour qu’on lui répare définitivement sa jambe
abîmée, et lui est projeté vers l’année de la guerre du Koweït[3],
quelques années plus tôt !
Carrément une génération puisqu’il
croise sur place ma propre mère alors en poste à l’AFP locale, et également mon
père… »
Les yeux de Julie en auront perdu leur éclat
particulier pour devenir tout noir d’étonnement.
Ou d’autre chose…
« C’est là qu’il intervient dans la récupération d’un camion bourré de billets de banque évacués des caves de l’émir et qu’il est témoin direct de l’invasion irakienne, tout autant que de la disparition d’autres milliards, près de 40, à destination des États-Unis.
D’après ce que j’ai compris, les alliés
se sont payés sur la bête bien avant de livrer bataille et ont continué de se
rembourser ensuite sur le dos des irakiens. Mais je dis ça, en fait je n’en ai
pas la preuve : juste de nombreuses présomptions concordantes. »
Julie récupère son regard un peu sournois car elle
avait également lu ça, dans les dossiers « top secret » du ministère
de la défense. Une grosse carambouille, plusieurs même, orchestrées par
l’Élysée d’alors et qui aurait été recyclées dans les plans d’investissement
pour l’avenir par plusieurs présidents et premiers ministres, d’après ce
qu’elle en a compris notamment après les précisions lacunaires de Paul sur son
yacht l’été dernier.
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
[1] Cf. épisode « Opération Juliette-Siéra » dans la série des « Enquêtes de Charlotte », aux éditions I3
[2] Cf. épisode
« Mains invisibles – Tome II » dans la série des « Enquêtes de
Charlotte », aux éditions I3
[3] Cf. épisode
« Laudato sì » dans la série des « Enquêtes de Charlotte »,
à paraître aux éditions I3
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« L’actionnaire » reste injoignable plusieurs jours d’affilé.
Ce qui les met dans une rage folle, l’une comme l’autre d’ailleurs.
Gustave mobilise ses propres réseaux pour finalement apprendre que son oiseau serait aux Chagos dans l’océan Indien comme il l’avait dit, après avoir fait une apparition en Normandie et peut-être même à Paris.
À Paris, ses contacts en sein du Mossad confirment qu’il est bien passé chez lui, un renseignement glané grâce à la voisine aux yeux myosotis, Nathalie agent dormant aux aguets, celle qui exploite comme couverture une librairie sur les quais de Seine sous ses fenêtres, information recoupée par les logiciels BBR qui se nourrit aussi des images des caméras de surveillance de la voie publique et des relevés des cartes bleues.
Mais rien de plus.
Il réunit alors une « cellule de crise » dans l’urgence…
Pour avoir conçu le fameux logiciel qui piste tout le monde autour de la planète, Paul est le premier à savoir comment le dérouter…
« Je ne comprends pas pour quelle raison il se fait silencieux comme une carpe ! »
Julie, qui vient aux nouvelles pour Matignon, toujours un peu suspicieuse, en suppose que Paul a un calendrier personnel qui exclut ses autorités de tutelle.
Alexis estime quant à elle qu’il a été vexé… « C’est un grand sensible, le patron, vous savez ! »
« Pfft » fait Gustave accompagné d’un haussement d’épaule dédaigneux.
« Procédons avec méthode : où se trouve Florence en ce moment ? »
Elle est en Normandie le week-end, passe à Paris en semaine pour l’école de leurs gamins et s’apprête à partir pour les Chagos pour suivre l’avancée de ses chantiers sur place.
Pas très mystérieuse…
« Alors on part pour les Chagos y retrouver Paul. Il faut qu’il nous explique un peu mieux… »
Il n’aura rien à expliquer, prétend Alexis.
Ah ? Elle aussi utilise une boule de cristal ou elle a lu sa ça dans un jeu de tarot ?
« D’abord, les Chagos auront été fermées. On ne vient plus directement de l’Île Maurice ou de la Réunion, voire d’Europe depuis l’été dernier. Les anglo-saxons font la police des frontières et on passe forcément par Diégo Garcia, vous le savez bien.
Si Paul est là-bas, c’est pour y travailler à ses « trous ». Pas pour ne pas répondre à nos injonctions. »
Julie débarque… « Vous faites allusion à quoi au juste, s’il vous plait ? »
Gustave répond à sa façon : « Charlotte, feu son ex-associée, la vraie, celle dont le nez bougeait de haut en bas quand elle parlait, disait de lui qu’il avait le don des raccourcis imprimé dans le fonctionnement de son cerveau. Il va directement à l’essentiel alors qu’elle, elle avait un raisonnement cartésien en mode déroulé… pour souvent aboutir aux mêmes conclusions dans leurs enquêtes respectives.
« Oui, mais ça aura sauver la peau d’un pilote américain[1].
Et de quoi donc alors ?
« Vous le savez, Paul aura eu des aventures… hors normes. »
Comme quoi, à part ses frasques avec le beau-sexe ?
« Mais enfin Amiral, vous ne vous êtes jamais posé de question, que ce soit pour les enquêtes de la CISA avec le groupe ADN, celui d’HLM, la libération de Florence dans le bled algérien ou celle de Charlotte et d’Aurélie depuis la grande mosquée de Poutine sur les quais de Seine… »
Ce n’est pas une mosquée, mais la Cathédrale Orthodoxe Russe de la Sainte-Trinité, posée entre l’avenue Rapp et le quai Jacques Chirac, sur l’ancien site des locaux de Météo-France.
« C’est ce que je voulais dire… »
Oui, bon et alors ?
« Comment fait-il pour savoir ce qui va se passer avant même que ça se passe ? »
Un logiciel « BBR 3.0 » de son invention, peut-être ?
« Ça c’est pour amuser la galerie ! Non, ce n’est pas ça. Je note ce qu’il fait. Je publie et lui lira plus tard dans le futur. Et comme il a une mémoire d’éléphant très entrainée et affûtée pour avoir réussi les concours d’ingénieur les plus difficiles, il s’en sert. Tout simplement. »
Julie ouvre des yeux grands comme des soucoupes.
« Des conneries, Alexis ! » s’emporte violemment Gustave.
Alexis en reste silencieuse, tétanisée…
« C’est quoi ces histoires ? » interroge Julie.
« C’est impossible ! » lui répond d’emblée Gustave.
« Alors restez avec votre ignorance, Amiral ! » lance Alexis qui se ressaisit.
« Non mais dites donc, jeune effrontée, ça suppose un truc impossible, à savoir le voyage dans le temps. Vers le futur et retour vers le passé ! Complétement dément ! »
Là, Julie opine du chef, un sourire narquois au coin des lèvres : « Il faudra m’expliquer ça, Alexis… » finit-elle par botter en touche.
L’humeur du moment n’est pas aux révélations… explosives !
« Je prépare mon sac. On va faire un saut aux Chagos puisque c’est vous qui en décidez, Amiral et on verra bien… » conclue Alexis qui tourne alors les talons.
Des conneries ! « Je vous l’ai déjà dit !
Laissez tomber : je crois plus raisonnable de penser qu’il expérimente un prototype d’un logiciel « 3.0 ». Le « 2.0 » a d’excellents résultats et le suivant, dont il n’y a aucune trace sur nos ordinateurs, est peut-être en essai sans que je le sache, au moins en mode béta.
Et Paul l’aura utilisé pour faire ses prophéties sans oser nous le dire… »
La chance des cocus…
« À moins que… Il serait peut-être indécent de passer à côté d’une potentielle innovation majeure, non ? »
« On n’en est pas là, croyez-moi ! »
Et autour, rien que de l’eau. Nouvelle nuit dans un hôtel nettement moins luxueux, à la climatisation bruyante, pour finir en hélicoptère qui se traine à l’allure d’un escargot pendant près de deux heures…
Naturellement, durant les vols, entre les plateaux repas et les dîners servis à des heures impossibles pour être décalées dans les restaurants des hôtels, les deux filles ont pu papoter toute à leur aise, Gustave s’échappant en une série de sommes-réparateurs, parfaitement désintéressé par la conversation des deux femmes.
« Il avait jusque-là un « biographe » officieux et non autorisé. Un blogueur anonyme, caché derrière un pseudo improbable, I-Cube, que connaît Gustave, mais il est bien le seul puisque je ne l’ai jamais croisé.
Ce qui d’ailleurs est actuellement le cas : une belle anticipation.
Et d’autre part il veut que je reprenne ses manuscrits passés pour en faire des volumes brochés. Je n’ai pas fini, tellement il me fait parcourir la planète en tous sens sans aucune retenue quant à ma signature-carbone personnelle.
C’était d’ailleurs le sujet de notre aparté sur Eurydice cet été, si tu te souviens bien… »
« Son problème, c’est qu’il a besoin que je fasse ces bouquins pour pouvoir ensuite les lire. »
Parce que les vivre ne lui suffit pas ?
« Bé non, justement ! » lui rétorque Alexis.
Et de continuer : « Si j’ai tout compris de ce qu’il a bien voulu m’en a raconté et que j’ai pu lire par ailleurs, en 2014, il fait son premier saut dans le passé grâce à une technologie futuriste[2] qui lui semble être humaine. »
Comment ça ?
Julie avait lu ça dans les rapports qu’elle avait pu consulter.
« On ne sait pas pourquoi, mais une sorte de WIB, une « man in black » au féminin, le met sur la piste de sa femme enlevée sur le parking d’un hypermarché de la banlieue de Caen. Il la croise une première fois à Paris, puis une seconde fois à Barcelone au départ du vol de la Germanwings, le fameux vol qui s’est écrasé dans les Alpes, là où elle lui remet la formule du « Gel Birgit » qui va lui être utile pour son prototype « double-zéro 2 » en Chine et une troisième fois dans les caves de son hôtel de Normandie, plusieurs mois après.
« … peut-être. J’avoue ne rien y comprendre, même s’il a voulu m’expliquer. Car le plus important, c’est là qu’il fait son premier saut vers son propre passé récent : il participe à trois reprises à la libération de Florence qui aura eu lieu quelques mois auparavant, s’auto aidant ainsi dans l’opération commando, en quelle que sorte ! »
Étonnant !
« Tu es sûre ? »
C’est ce que raconte I-Cube et c’est ce que Paul lui aura confirmé.
Ou d’autre chose…
« C’est là qu’il intervient dans la récupération d’un camion bourré de billets de banque évacués des caves de l’émir et qu’il est témoin direct de l’invasion irakienne, tout autant que de la disparition d’autres milliards, près de 40, à destination des États-Unis.
Éditions I3
[1] Cf. épisode « Opération Juliette-Siéra » dans la série des « Enquêtes de Charlotte », aux éditions I3
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