…Sur le nouveau monde et le temps de l’audace.
Vous vous interrogez peut-être comme moi sur les convictions
« jupitériennes » que le pays aspirait à un profond changement et que
l'énergie de sa propre jeunesse allait tout renverser sur son passage pour
transformer le pays de manière radicale ?
C’était le discours qui a battu « Marinella-tchi-tchi »
il y a deux ans…
Bé il semble que le mirage se soit définitivement
dissous lors de la conférence de presse du 25 avril dernier (je sais : Je suis en retard !).
Et c’est au gouvernement de s’attaquer ensuite au
casse-tête de l’application et du financement des mesures annoncées par « Jupiter ».
On en causait encore en début de semaine dernière (cf. billet
de lundi matin : http://flibustier20260.blogspot.com/2019/05/laddition.html)
Confronté aux difficultés, il apparaît que « Jupiter »
aura rendu les armes et s'est soudain « banalisé ». Oubliant le
nouveau monde, il est promptement rentré dans les clous de la Vème République
en vue de gouverner pour durer : Peu importe les moyens du moment qu’ils
sont justifiés par la fin.
Un parcours finalement identique à celle de tous ses
prédécesseurs.
Avec cette faveur incommensurable des astres d’avoir
bénéficié d’un « état de grâce », non pas de 6 mois, mais de plus de
18 mois, où tout lui réussissait.
Terminé.
Souvenez-vous que depuis « Giskard-A-la-Barre »,
aucun occupant de l’Élysée n'a pu tenir ses promesses au-delà de quelques mois
de pouvoir !
Chacun d’entre eux a dû renoncer aux illusions de la
victoire et changer de cap pour pouvoir rester à la tête de l’État.
Une malédiction…
Les obstacles qu’ont rencontrés les présidents n’ont
pas tous été de même nature mais tous ont été contraints de composer et de
renoncer à bien de leurs projets.
« Jupiter » a pu croire que sa victoire
éclair et l’effondrement des partis traditionnels lui ouvraient le champ de
tous les possibles. Il s’est peut-être imaginé qu’aucune force de résistance ne
pourrait entraver ses projets.
Il aura du coup surestimé son succès, oublié que sa
base électorale était étroite et que le rassemblement sur son nom au second
tour était d’abord le produit du rejet de l’extrême droâte.
Il a probablement pensé qu’une large majorité des « Gauloisiens-moutonniers »
le suivrait alors que seulement 18,19 % des inscrits lui avaient fait confiance
au premier tour.
Souvenez-vous, sa maîtrise des dossiers impressionnait
mais elle était avant tout le fruit d’une culture technocratique déconnectée de
la réalité quotidienne.
Le grand débat aura souligné cette faiblesse.
« Jupiter » y a déployé une impressionnante
énergie, affiché un grand talent de maître de conférence mais il a surtout
donné le sentiment de découvrir un pays qu'il ne connaissait pas ou mal.
Son échange avec la presse le 25 avril en a apporté la
confirmation.
Lui fallait-il être à ce point ignorant du pays pour
constater enfin la fracturation de la société, la peur des grands changements,
l’attachement aux frontières, etc. Il a, en quelque sorte, avoué ce jour-là qu’il
avait été jusqu’alors un « président hors sol » : L’autiste s’est
éveillé en direct.
Ses prédécesseurs ont connu, eux-aussi, de rudes
atterrissages mais sans passer par la case grand déballage car ils avaient
appris tout au long de leur parcours politique combien ce peuple est difficile
à gouverner. Il n’est pas hostile aux réformes, contrairement à une idée reçue
et il est beaucoup moins fantasque qu’on ne le dit mais il a en permanence le
nez sur la balance de l’égalité.
Cette volonté de vivre entre égaux accepte de nombreux
dérèglements mais ils ne sont plus tolérés lorsque le pays juge que les
réformes proposées n’ont pas pour but final de les combattre.
C’est encore ce qui s’est passé avec la suppression de
l’ISF et la théorie des premiers de cordée.
« Jupiter » a laissé s’installer l’idée qu’au
terme de son mandat il y aurait des gagnants et des perdants…
À vrai dire, c’est souvent la conséquence d’une action
politique mais il est essentiel de ne pas en faire une fatalité et d’entretenir
le fonctionnement de l’ascenseur social.
L’un sans l’autre et on dérape dans les contradictions…
Le « je
vous ai compris » « Jupitérien » n’a pas eu des accents de
réelle conviction, faute peut-être de vraie compréhension de ce ressort égalitaire
très gauloisien.
Pas de contenu puissant à son ambition pour le pays,
il s’est même banalisé en refermant la porte des grandes réformes et
tergiversant sur le terrain économique : Il propose de travailler plus
mais clôt le dossier des 35 heures, renonce à repousser l’âge de la retraite !
Il ne promet rien sur le chômage mais ne proposera
rien non plus pour le ramener au moins dans la moyenne de l’Union européenne.
Il veut relancer la décentralisation et la
déconcentration mais reste imprécis sur ses projets.
Il annonce certes des réductions d’impôts et le retour
de l’indexation des petites retraites mais oublie que le pays demeure champion
du monde des dépenses publiques…
Et absolument rien ne laisse prévoir dans son propos
qu’il veuille s’employer désormais à les réduire.
Il s’est même dit prêt à renoncer à sa promesse d’alléger
la fonction publique de 120.000 fonctionnaires (ce qui reste trois fois rien…)
C’est extraordinaire : Après avoir voulu foncer
tout schuss, « Jupiter » sera passé en fait à cette godille
gouvernementale expérimentée par ses prédécesseurs pour durer.
Malgré ses déclarations sur le thème « les transformations doivent être poursuivies
et amplifiées », son objectif n’est plus de transformer le pays mais
de demeurer au pouvoir le plus longtemps possible.
Il a beau affirmer que « diriger, c’est accepter de ne pas être populaire », il fait déjà
des calculs électoraux : Tout indique qu’il conserve un socle électoral de
20 % et qu’il a toujours pour seul adversaire l’extrême droâte.
Il pense probablement que cette situation le met à l’abri
pour la suite de son quinquennat et lui en garantit un autre.
Il a voulu être « Jupiter » et sans le dire il
est devenu un spécialiste du flou et de la demi-mesure.
Un « Tagada-à-la-fraise-des-bois » bis.
Mais si on ne reconnaît à ce dernier que des frasques
en scooter dans les « beaux-quartiers », « Jupiter » aura
eu son « Benne-Allah », symbole affiché du népotisme ambiant, qu’il
regrette seulement du bout des lèvres.
Alors que toutes ses équipes du « premier-cercle »
fuient vers des jours meilleurs, harassées par la tâche et probablement l’incompétence…
Un fait avéré quand il a fallu recruter un ministre de
la sécurité publique dans l’urgence, issu de la troupe, un vrai professionnel
qui n’a pas hésité à remercier un préfet de police…
Reste que pour s’offrir une « assise », il y
a ces fameux « cadeaux fiscaux » visant explicitement les classes
moyennes, jusque-là matraquée depuis de longues années : Elles constituent
probablement une bonne partie de son électorat.
Le 25 au soir, on savait : Pas de grand soir
fiscal !
Après six mois de revendications et discussions, des « Gilets
jaunes » au « Grand débat », largement focalisées sur les impôts,
« Jupiter » aura répondu avec une baisse de 5 milliards de l’impôt
sur le revenu.
Comme nous l’avons vu précédemment (billet du 6 mai),
le compte n’y est pas : C’est de la tambouille, pas de la chantilly !
Alors qu’objectivement la colère remontée du pays n’a
pas seulement exprimé un ras-le-bol du trop d’impôts mais aussi une rancœur
face à « l’injustice fiscale », qui exigeait, sinon une remise à
plat, au moins quelques mesures symboliques. « Nous l’avons tous entendu, il y a un sentiment d’injustice fiscale qui
est là », aura-t-il reconnu dans son discours.
Son « premier-sinistre » nous l’avait dit d’emblée
en décembre, avant le « Grand débat ».
Mais selon « Jupiter » « la meilleure orientation pour répondre au
besoin de justice fiscale n’est pas d'augmenter les impôts de tel ou tel mais
plutôt de baisser les impôts du maximum de nos concitoyens, en particulier de
toutes celles et ceux qui travaillent, au premier chef des classes moyennes. »
Forcément, la moitié des ménages ne paye pas l’IR.
Mais tout le monde paye la TVA et les « taxes-cachées »
à la production et encore deux-tiers de la taxe d’habitation (le droit de vivre
sous un toit étanche…)
Surtout, comme il l’avait fait valoir pendant sa
campagne, il estime que ce n’est pas la répartition de l’impôt qui fabrique de
l’injustice : « Les vraies
inégalités ne sont pas fiscales », assure-t-il.
« Nous
avons un système fiscal qui corrige déjà énormément les inégalités, beaucoup
plus que dans la plupart des autres pays. »
Ce qui est vrai, notamment grâce « aux niches
fiscales » qu’il veut réduire.
« Les
vraies inégalités sont les inégalités d’origine, les inégalités de destin, les
inégalités à la naissance. »
C’est également vrai, mais qu’y peut-on ?
Lui propose des mesures dans l’éducation, renforcées
pour l’école primaire, et dans la formation et l’apprentissage.
C’est mieux que rien, mais quand on naît kon, on le
demeure à vie.
Tout juste de « jeune kon de la dernière pluie »
on en devient « vieux kon des neiges d’antan » en disait Brassens…
« Je ne
suis pas pour les symboles. On ne va pas changer la vie des gens en taxant plus
les plus fortunés », justifie une députée « LREM-même-pas-en-rêve »,
spécialiste de la fiscalité.
C’est vrai et c’est faux.
Je rappelle, une
fois de plus, que par exemple les mesures dérogatoires appelées « niches
fiscales » bénéficient avant tout à ce qui en ont les moyens et payent
beaucoup d’impôt.
Et du coup reste financées par tous les autres… qui n’ont
pas les mêmes moyens !
« La moitié des
14 milliards de niches fiscales d’impôt sur le revenu profitent aux 9 % les
plus riches » en dit « Gégé-Dard-à-la-main ».
« Certains
dispositifs dans l’immobilier, comme le Pinel, donnent des avantages à des
contribuables aisés qui investissent dans des zones déjà rentables. Cela n’est
pas justifié », renchérissait « Chacha-Mouillée », autre députée
« LREM-même-pas-en-rêve ».
Bref, « cadeau fiscal » qui ressemble fort à
un virage « à droâte », làa où il aurait logique de faire également des
tranches supplémentaires d’IR sur les revenus des « happy-few ».
En choisissant une simple baisse d’impôts, « Jupiter »
fait donc un calcul politique, en redonnant des gages à son socle électoral,
dans la perspective des proches élections européennes.
Le 10 décembre, au plus fort de la crise des « Gilets
jaunes », son plan d’urgence visait les laborieux des villes moyennes et
périphéries, les temps partiels, les petits artisans et commerçants, les mères
célibataires et retraités modestes occupant les ronds-points : Il
s’agissait de doper un peu leur pouvoir d’achat en dopant la prime d’activité
(complément de revenu aux travailleurs pauvres), en défiscalisant les heures
supplémentaires et en exonérant de la hausse de CSG les retraités modestes.
Désormais, avec l’essoufflement (très relatif :
Ils n’ont jamais été en position de nuire) de la mobilisation des « Gilets
jaunes », il aura voulu faire passer un message positif aux participants
du « Grand débat », plutôt des habitants des grandes villes, plus
diplômés, cadres et seniors aisés.
Soit un profil proche de ceux qui ont voté pour lui
dès le premier tour de la présidentielle…
« Notre
cible, c’est la classe moyenne aux fins de mois difficiles »,
revendique ladite députée. Et le « sinistre de l’Économie » compte « 15 millions de foyers fiscaux » sur
les 16,8 millions qui payent l’IR.
« Jacline Mourons », l’initiatrice du
mouvement des « Gilets jaunes », ne s’y trompe pas : « Il n’y a rien pour les ubérisés de la
société ».
« Baisser
les impôts, on n’est pas concernés puisque de toute façon on n’en paye pas.
Tous ceux qui vivent avec moins de 1.000 euros par mois, on va rester sur notre
faim et on va continuer notre petite vie de misère. »
Je ne dis pas autre chose depuis une éternité…
Reste que la dépense publique n’est pratiquement
jamais abordée. Tout juste « Jupiter » aura-t-il consenti à parler de
« supprimer nombre d’organismes
inutiles »…
L’économiste Jean Pisani-Ferry, ex-coordinateur du
projet présidentiel, s’en est inquiété dans le JDD, chiffrant l’ensemble des
mesures annoncées le 10 décembre et le 25 avril à une trentaine de milliards.
Selon lui, seulement 10 serait financés : Restent 20
milliards à trouver, soit 1% du PIB, alors que le déficit public reste
au-dessus de 3 % en 2019.
« Ces trente dernières années, les gouvernements ont
joué au yo-yo. À plusieurs reprises, ils ont baissé les impôts. Mais comme ils
n’ont pas réduit les dépenses, ils les ont augmentés quelques années plus tard
pour faire face à une aggravation du déficit » en prévient un autre.
C’est exactement ce qui s’est passé sous les mandats
de « Mythe-errant », du « Chi », de « Bling-bling »,
« Tagada-à-la-fraise-des-bois » ayant évité le piège pour finalement
accélérer d’emblée (et jusqu’à 55 milliards) la pression fiscale et se faire
jeter par lui-même comme un malpropre sur lui-même.
Tout cela n’est pas très encourageant, d’autant qu’on
rentre dans les temps fort des « réformes » annoncées qui sont d’autant
plus urgentes à mener que ça fait bien plusieurs décennies qu’on aurait dû les
faire.
Mais vous savez, de renoncement en renoncement, depuis
« Juppette », il n’y a rien d’étonnant à constater que tout avance de
travers, de biais en biais, dans mon pays (celui que j’aime tant et qui me le
rend si mal…).
C’est comme ça et « Jupiter » n’y peut rien :
Tout ce qu’il espère encore, c’est de se faire renouveler « démocratiquement ».
Sans ça, il s’y
prendra autrement…
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