Il doit m’en manquer, parce que…
À trois mois du scrutin, « Jupiter » aura
diffusé une tribune diffusée dans les 28 pays membres et adressée à tous les
citoyens du continent.
Il faut dire que là où je suis (London), ils ont d’autres
soucis avec l’UE : Globalement, ça ne les concerne plus trop et ils auraient
tendance à s’angoisser de ne pas savoir encore, à trois semaines de la « dead-line »,
comment ils vont se tirer de leur « bourbier européen ».
D’où probablement mes carences sur le sujet me suis-je
dis (à moâ-même)…
La semaine dernière, entre deux tournées de « Grand-débat/Gilets-jaunes »,
il aura sorti une série de mesures « concrètes » en faveur d’une « renaissance européenne » et adressé
une mise en garde contre la tentation du « repli » ou de la « résignation ».
Concrète ?
Le « repli » ?
Ça, c’était à « usage interne »…
« Le repli
nationaliste ne propose rien, c’est un rejet sans projet et ce piège menace
toute l’Europe : les exploiteurs de colère, soutenus par les fausses
informations, promettent tout et son contraire », fustigea-t-il.
« Aussi,
résistant aux tentations du repli et des divisions, je vous propose de bâtir
ensemble cette Renaissance autour de trois ambitions : la liberté, la
protection et le progrès. »
Bien.
Et que quoi comment ?
C’est qui qui va payer tout ça, une fois de plus ?
– Instaurer la « préférence européenne ».
Manu « Jupiter » appelle à « réformer » la politique de
concurrence en vigueur dans l’UE et souhaite instaurer « une préférence
européenne » : « Nos frontières
doivent aussi assurer une juste concurrence », estime-t-il, appelant à « sanctionner ou interdire en Europe les
entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs
essentielles », notamment les « normes
environnementales, la protection des données et le juste paiement de l'impôt
» comme critère commercial…
Ouh là !
Et rien sur les « savoir-faire » sensibles ?
« Quelle
puissance au monde accepte de poursuivre ses échanges avec ceux qui ne
respectent aucune de ses règles ? » interroge-t-il, avant de préconiser « d’assumer, dans les industries stratégiques
et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents
américains ou chinois ».
Ah tout de même…
Mais il parle de quoi au juste ? De la culture
des haricots-verts ou du soja ?
Non pas du tout : Il invite seulement les
Européens à mieux « réguler les géants du
numérique, en créant une supervision européenne des grandes plateformes
(sanction accélérée des atteintes à la concurrence, transparence de leurs
algorithmes…) »
Comme si ceux-là vont laisser fouiner n’importe qui dans
leurs « lignes-codes »…
Et d’appeler à « financer
l’innovation en dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget
comparable à celui des États-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures
technologiques, comme l’intelligence artificielle ».
Euh… la bonne question c’est bien : Qui qui paye ?
– Sur le volet social, il plaide en faveur d’un « bouclier social » européen qui
garantirait notamment la « même
rémunération sur le même lieu de travail ». C’était une de ses
promesses de campagne, mais il ne s’agit pas de ça (après l’échec de la
reformulation des détachements), puisque « bouclier » égal « protection »…
sociale !
Justement : « L’Europe,
où a été créée la sécurité sociale, doit instaurer pour chaque travailleur, d’Est
en Ouest et du Nord au Sud, un bouclier social », estime-t-il, évoquant même,
dans un amalgame de plus, une « même
rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté
à chaque pays ».
Et de rappeler que ses partenaires européens doivent définir
un « projet de convergence plus que
de concurrence » sur ce volet social, pour « retrouver l’esprit de progrès ».
Que c’est beau quand ça se prend au sérieux, un « sachant »…
D’autant que « l’esprit de progrès », ça
date de novembre 2017 avec le fameux « Socle européen des droits sociaux »
signé par les 28 États membres à Göteborg, (Suède).
Une belle-grande déclaration contre le dumping social
qui n’a de toute façon pas de portée légale…
On rappelle pour l’occasion que cette déclaration de
Göteborg compte vingt principes et droits supposés être respectés sur tout le
continent européen, comme le droit à l’enseignement et à l’orientation
professionnelle, l’égalité des chances et de traitement entre hommes et femmes,
etc.
Elle faisait déjà aussi mention de « salaires minimum appropriés »…
– Autre point « fort » : Créer une « banque européenne du climat » pour
financer la transition écologique. Mais pas seulement : Il évoque une force
sanitaire européenne pour « renforcer
les contrôles » des aliments.
Ça les intéresse vraiment, le peu qui reste dans « vos
gamelles ».
Les effets de l’affaire
Lactalis qui retombent en pluie-fine…
Il propose que l’Europe se fixe l’objectif de réduire
de moitié sa consommation de pesticides d’ici 2025 (tous forcés de manger « bio » !)
et vise le « zéro carbone »
en 2050.
Et de rajouter qu’il souhaite également une « évaluation scientifique indépendante des
substances dangereuses pour l’environnement », parce que plusieurs agences
sanitaires ont été soupçonnées de reprendre trop complaisantes par le passé.
Le retombées de l’affaire « Mont-Santo » qui
te vous reviennent « en pluie-fine » dans la tronche…
– Au registre de la défense des libertés (alors que ce
n’est pas vraiment sa tasse de thé quand il s’agit d’aller bastonner ses « Gilets-jaunes »),
« Jupiter » s’inquiète des ingérences extérieures dans les
démocraties européennes.
À ce titre, il veut « interdire le financement des partis politiques européens par des
puissances étrangères » en notant que c’est déjà le cas en « Gauloisie-friquée ».
Il propose également la création d’une « Agence
européenne de protection des démocraties », visant à protéger les
élections « contre les cyberattaques et
les manipulations ».
Tout seul, il a beaucoup de mal malgré toutes ses lois
liberticides successives…
C’est en fait une idée d’un office européen de l’asile
et d’une police des frontières commune, en prolongement de l’espace Schengen qu’il
conviendrait de remettre à plat…
« La frontière,
c’est la liberté en sécurité. Nous devons ainsi remettre à plat l’espace
Schengen (…) Je crois, face aux
migrations, à une Europe qui protège à la fois ses valeurs et ses frontières
(…) Aucune communauté ne crée de
sentiment d’appartenance si elle n’a pas des limites qu’elle protège. »
Il « croit »… C’est beau la foi. Ça soulève
même les montagnes, dit-on !
Vous comprendrez ma première réaction : Il en
manque, là !
Je n’ai pas tout eu, ce n’est pas possible autrement…
Alors je me suis tourné vers la presse européenne (pas
toute tout de même).
Il semble que les « Teutons » sont plutôt
réceptifs à ce discours pro-européen, à l’exception (bien naturelle) des
populistes. Pour le puissant journal populaire Bild Zeitung : « Macron veut sauver l’Europe ! »
Il en
sera empereur, un jour ou l’autre…
Une « offensive
contre les ennemis de l’Europe », estime le quotidien de la gauche libérale
« Süddeutsche Zeitung ».
En soulignant que la campagne des européennes a du mal
à s’engager en « Teutonnie ».
« Personne n’a
le courage ici de faire de propositions comme celles de Macron. Même les
écologistes n’osent pas ! Ce serait prendre le risque de livrer à ses
adversaires politiques des arguments faciles », regrette Frank Baasner,
directeur de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg.
Au lendemain de cette tribune, la chancellerie, elle,
n’aura d’ailleurs même pas réagi.
En « Ritalie », pas plus précis : Publiée
dans les colonnes du quotidien conservateur « Le Corriere della Sera »,
la tribune de « Jupiter » a fait moins couler d’encre au pays que son
interview du dimanche précédent soir sur la chaîne de télévision Rai 1 avec en
toile de fond les relations tendues entre les deux voisins.
« Matteo Sale-Vini », qui avait fait de « Jupiter »
son punching-ball en Europe, est resté bizarrement silencieux…
Il s’est contenté de poster sur « Fesse-book »
un article sur l’accueil des migrants au titre éloquent : « La gauche peut faire toutes les
manifestations qu’elle souhaite, je n’ai qu’une parole : les ports resteront
fermés. »
Mais la tonalité de la presse est assez favorable :
« Avec cet appel aux citoyens européens,
le président français souhaite se tailler la part du lion dans l’histoire du
continent », commente « La Stampa », en soulignant la position
inconfortable du président « Gauloisien », contraint de naviguer
entre les écueils du populisme et la résignation ambiante.
« Une belle
opération de com’ », dénonce toutefois l’éditorialiste de droite
Alessandro Meluzzi. « Arrogant, à
des années-lumière de la crise énorme que rencontre son pays. »
Il n’a pas vraiment tort.
Pas de réaction officielle non plus de la Commission
mais une tonalité positive dans les propos du « polak » « Mc-Donald-Tutusk »,
président du Conseil européen, qui n’a pas hésité à déclarer à propos de « Jupiter »
qu’il « soutenait totalement sa façon de
penser ».
Les chiens ne font pas de chat…
Sans surprise, c’est dans la famille centriste (à
laquelle LREM-même-pas-en-rêve » devrait s’intégrer en juillet prochain)
que la satisfaction est la plus grande. On y salue une « démarche originale qui interpelle directement les opinions publiques
dans leurs langues » et on dit de « Jupiter » qu’il « développe des idées européennes très
allantes ».
Dans un communiqué, Guy Verhofstadt, président du
groupe ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe) au
parlement de Strasbourg a même lancé avec emphase : « Emmanuel Macron plaide pour la renaissance de l’Europe : je soutiens
son appel ! »
On n’est pourtant ni à Cochin, ni un 18 juin…
À Strasbourg, l’initiative du président français est
plutôt bien passée chez les « soces européens » du groupe S & D
(Alliance progressiste des socialistes et démocrates)… mais moins chez leurs
membres gauloisiens.
« Un papier de
campagne », juge la députée européenne « Pervenche-Beurrèsse ».
Bé oui, c’était l’objectif…
« La
question est de savoir si cette fois ces mots vont se traduire en actes. »
C’est une question qui sera débattue dans les urnes…
Et moâ, je suis resté sur ma faim : Il est où le
discours sur « l’intégration européenne » qui faisait grincer tant de
mâchoires ?
Car on se souvient que, dans le discours de la
Sorbonne, « Jupiter » avait lancé l’idée d’un budget européen intégré
destiné à dégager les premiers éléments d’une politique budgétaire
communautaire.
Un projet qui s’est assez rapidement heurté aux
foudres « de tous les autres » qui y ont surtout vu une façon de leur
faire endosser le prix de l’inertie et de l’absence de réformes de « Jupiter »…
Porte-t-il encore un projet « fédéral européen » ?
Il y a manifestement renoncé, ce qui témoigne de la
distance qui a séparé ses intentions, ses beaux discours, et la réalité du
continent.
Une fois de plus : Déconnecté du terrain.
Vous aurez aussi noté que « Jupiter » évoque
« une convergence des droits sociaux »
européens, avec notamment cette idée de salaires minimums dans toute l’Union.
Et qu’il a placé cette idée sous le vocable « protéger ». Mais il a bien pris garde à
ne pas échauder ses partenaires allemands en évoquant la gouvernance de l’euro,
tournée vers la lutte contre l’inflation.
Pas un mot sur la monnaie unique… !
Étonnement da ma part quand on se souvient de « Bling-bling »
qui voulait imposer une réforme de sa gouvernance.
Ce n’était pourtant pas les calendes grecques et les
problèmes entre le Nord et le Sud de l’Europe se sont accentués, à ce que je
sache.
C’est pourtant un « think-tank-Teuton » qui
a récemment chiffré le coût de l’euro pour les pays du « Club-Med »
européen. On s’étonnera que le Président d’un pays touché par les contraintes d’une
« zone monétaire optimale » et par son impact sur le niveau de vie de
ses habitants, ne trouve rien à redire sur le sujet…
Il est vrai que le sujet est ingrat, polémique, et
qu’il oblige à s’opposer à ses partenaires (ce que nous avons vu hier avec la réplique « d’A-KaKa » cf. https://flibustier20260.blogspot.com/2019/03/retour-du-baton-dakk_12.html). C’est un thème plus difficile à faire
valoir que des idées générales sur la protection ou la liberté.
Mais pas un mot tout de même, juste une tentation de
lyrisme autour des notions de liberté et protection…
Pas bien sûr que ça mette des croutons dans la soupe
des « Gilets-Jaunes », tout ça…
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