Négociations
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction,
une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de
son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions,
des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et
autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement,
totalement et parfaitement fortuite !
« Je vous
présente Alexis Dubois, mon assistante et biographe… officielle.
Comme j’ai une idée très
précise de la raison qui vous amène jusqu’ici, je présume que vous ne verrez
pas d’inconvénient à ce qu’elle assiste à notre entretien… »
Flattée que je
suis : je suis devenu assistante, comme par magie… !
« Souhaitez-vous quelques rafraichissements. Nous avons d’excellents breuvages régionaux à vous proposer… »
Ils se contenteront d’un peu d’eau pour l’un, d’une orangeade pour l’autre alors que Paul se fait verser un fond de vieux calvados et moi un sirop d’orgeat (chose que j’ai découverte il y a peu…).
« On parle des
choses qui fâchent, pour commencer ? »
Les deux asiatiques en restent pour le moins un peu surpris par cette entrée « abrupte » en négociation…
« Vous en mourez d’envie : oui Miho Mihado, votre agent double a vécu ici avant d’être abattue dans le bled algérien pour avoir enlevé mon épouse[1].
J’en garde un souvenir
encore ému et un bout de côte-flottante meurtrie. »
Là, on sentait le chinois
vraiment un peu mal-à-l’aise : qu’est-ce que Paul allait encore pourvoir
déballer qui pourrait le mettre en porte-à-faux vis-à-vis de son collègue
coréen ?
Mais c’est justement le coréen qui, dans un excellent français, sans l’ombre d’un accent sauf celui du parisien « bon chic-non genre », qui reprend la parole avec un large sourire.
« Une personnalité curieuse, ambiguë même. Mais prête à tout pour sa patrie et notre Cher Guide Suprême et sa famille. »
Paul n’en doute pas une seule seconde et le fait savoir.
« Je lui ai d’ailleurs sauvé la vie au retour d’une mission impossible au large de vos côtes[2]. »
Paul a son sourire en coin, celui qu’il affiche quand il veut se moquer de son interlocuteur.
« J’aurai dû me méfier… Mais passons puisque c’est du passé. »
Il y a eu d’autres
« passés ».
Et pour y mettre un terme prématuré, c’est le chinois qui s’interpose.
« Nous savons vos interventions, disons … « border-line », dans le pays de mon collègue. »
Fait-il allusion à la « raclée » reçue par Kim Jong-Un, infligée par Paul à l’issue son voyage en Corée du Nord[3] ?
« Mon collègue représente un pays qui fait partie de nos alliés indéfectibles et par ailleurs nous vous savons… « loyal ». Je veux dire par là que quand vous vous engagez sur un « deal », vous en respectez la totalité des conditions sans abuser au-delà du nécessaire.
Même si parfois vos
méthodes peuvent surprendre.
Ce dont nous vous remercions encore vivement[4].
C’est pourquoi, malgré tout, nous vous avons recommandé à nos amis Coréens. »
Donc il connaît les
conditions impératives de Paul.
« Un accord de ma chaîne de commandement. Vous savez : je rends compte à mes autorités gouvernementales. Ministre de l’industrie, des finances, de la défense et je reste attaché à la marine nationale. Il faut donc vous référer à mon premier ministre, même si le présent locataire de l’hôtel Matignon ne doit pas me connaître.
Son secrétaire général,
si.
En revanche, le Président Makarond aura eu l’occasion de venir passer une nuit ici-même !
Et encore ailleurs[5]…
Autrement dit, je reste en contact. »
« Nous savons
tout cela et nous apprécions également.
Si ça ne pose aucun
problème pour nous, toutefois cette fois-ci, il s’agit d’une mission un peu… « spéciale ». »
Allons bon,
pense-je ! Ils vont lui demander de voler des secrets militaires russes ou
d’abattre un président en exercice…
« Compte tenu de nos rapports avec la présidence américaine, il vaudrait mieux que cela reste « discret », très discret même.
Si vous voyez ce que je
veux dire… »
C’est ça : abattre
Mac-Trempe ou un opposant à leur allié vénézuélien actuellement au pouvoir…
Paul a de nouveau son sourire narquois.
« N’ayez aucune crainte de l’actuel locataire de la Maison Blanche, mais plutôt du suivant. D’abord, vous l’aurez remarqué, celui-là est avant tout un hâbleur. Par ailleurs, je reste toujours très « discret » sur mes interventions, comme vous le savez.
Ensuite, l’américain ne
restera plus très longtemps nocif pour la paix dans le monde.
Notez que ça ne sera pas forcément meilleur pour vous avec son successeur. Mais avec un peu de bonne volonté de part et d’autre, les choses vont pouvoir s’améliorer au moins à la marge, se calmer et même se prolonger. »
Là, Paul s’avance :
rien ne dit, à ce moment-là, que la réélection de Mac-Trempe soit perdue, bien
au contraire !
Ou alors c’est un scoop qui nous vient tout droit des « petits-talents » cachés de Paul.
« Bref, voyez ça à travers vos rapports entre chancelleries.
Ceci dit, dites-moi donc
enfin ce que vous attendez de moi. »
C’est le coréen qui
reprend la parole.
« À vrai dire, certains de nos renseignements nous ont laissé penser que l’une de vos entreprises préparent des cyborgs qui feraient vraiment illusion… »
« Vos agents vous ont bien renseignés : c’est exact ! Mais c’est encore assez surfait : il reste beaucoup du travail à accomplir.
Et vous souhaitez que
j’en prépare plusieurs à l’effigie de votre cher « Guide suprême »,
c’est bien ça ? »
Les deux diplomates en
restent un peu surpris, cois même.
« Techniquement, nous n’en avons pas encore fait avec une ressemblance parfaite avec un sujet vivant. Mais c’est faisable, à la seule condition de ne pas en demander trop à mes « petites-fabrications » et ne pas s’attacher aux petites imperfections de l’épiderme.
Globalement, on peut
tromper l’œil assez facilement, mais en ce qui concerne le comportement des
cyborgs et leur langage, leur gestuelle, les attitudes et comportements, il y a
encore des efforts à fournir en termes de programmation pour que l’illusion
soit complète.
Des « intimes » ne se laisseront de toute façon pas prendre par la supercherie, c’est certain : nos robots ne mangent pas, ne boivent pas et ne dorment pas.
De plus, ils ont une autonomie de quelques heures seulement et ils doivent être contrôlés à distance en quasi-permanence.
Si ça vous tente, on peut toujours essayer.
Mais je ne garantis pas le succès à 100 % : il y aura toujours un risque de bug informatique ou de piratage. »
Je tombe des nues et mes
deux asiatiques en restent interdits…
Paul reprend.
« Voilà comment les choses vont se passer : j’ai besoin de scanner votre cher « Guide suprême » et d’avoir une bibliothèque complète de ses locutions et phonèmes habituels ainsi que des caractéristiques de ses attitudes comportementales les plus connues.
Mais je vous avertis que
ça n’a jamais été fait. Ce sera une grande première. »
On doit soudain plonger
dans un autre monde…
Les gars se ressaisissent.
« Quelles autres conditions ? »
Et là, « mon » Paul leur met une série d’uppercuts !
« Si je comprends bien, votre « Cher Guide Suprême » est KO. Probablement de la Covid et de ses comorbidités. Et sa sœur s’inquiète avec quelques autres de la pérennité du régime. Elle est même aux abois me semble-t-il, puisque le fils de votre guide n’est pas encore en âge d’assurer sa succession et que le sosie de Un n’est pas au mieux de sa forme, vraisemblablement lui aussi malade.
Votre mission est donc
ultra secrète et soutenue par le président Xi.
Votre garantie d’assurance-vie à vous pour cette demande iconoclaste.
Vous pourriez en avoir besoin quand votre patron s’imaginera qu’on aura voulu le remplacer… »
Il marque à la culotte,
là…
« Par conséquent,
si on peut aller très vite, mais pas avant juin, pour prendre les cotes de
votre Kim à vous, il faudra tout de même que vous fassiez l’impasse pendant
plusieurs semaines : c’est la programmation qui va demander le plus de
temps. Et même pour ça, il vous faudra des ingénieurs-maison.
Vous auriez intérêt à
commencer tout de suite et en urgence en prétendant faire face à une ou
plusieurs tentatives d’assassinat américain, par exemple.
Je vous laisse faire. »
Il marque une pause.
« Ceci dit, j’ai
besoin d’un couloir aérien, d’un sauf-conduit, la garantie que je peux ramener
l’équipage qui vous aura livré les cyborgs et machines adjointes sans craindre
pour sa santé et je veux pouvoir rencontrer en tête-à-tête Madame Kim Yo-Jong
rapidement car il faudra faire évoluer les programmes et procéder à quelques
ajustements…
Après tout, elle a fait
assassiner son demi-frère, je n’ai pas encore totalement confiance en elle.
Alors il faudra qu’elle la gagne, cette confiance indispensable aux
« bonnes affaires » réussies pour les deux parties.
Qu’elle n’ait rien à craindre, c’est à elle que je vais finalement rendre service en lui expliquant deux-trois petites choses.
Elle choisit. »
Un petit virement aux
« bonnes œuvres » de Paul ne serait-il pas préférable ?
Ce n’est pas dit comme ça, mais ça revient au même…
« Je vous avoue
que c’est comme ça ou rien… L’argent, j’en ai plus qu’elle n’en dispose sur sa
cagnotte personnelle.
Madame Kim Yo-Jong doit
aussi savoir avant tout que tout cela n’est pas nécessaire. Kim Jong-Un va
aller mieux à l’automne et il va pouvoir se consacrer à la préparation du
congrès du parti de fin d’année.
En revanche, Madame Kim Yo-Jong va probablement perdre en influence.
Mais j’avoue que comme
c’est une fine perle en politique, elle saura rebondir rapidement.
C’est ce que j’aimerai saluer en la rencontrant… »
Un lourd silence
s’installe. Ils ne comprennent pas bien où veut en venir Paul
En fait, moi je commence à comprendre que Paul « la joue fine » : il est en train de manipuler son monde pour mieux atteindre un but que je ne connais pas encore.
Car je ne sais que penser
de tout cela et je ne suis pas la seule, tellement c’est étonnant.
Pourquoi Paul irait-il aider une dictature parmi les plus cruelles du moment pour tout son peuple et restant un danger permanent de guerre nucléaire aux confins du Pacifique ?
Pareil, j’imagine la gêne invraisemblable des diplomates qui ne s’attendaient probablement pas à un déroulé analogue pour des négociations qu’ils s’apprêtaient à vivre comme d’une « mission impossible ».
Après tout, et Paul va le leur rappeler, Kim Jong-Un aura été sévèrement blessé au genou par Paul[6] et c’est Paul qui maintenant s’apprêterait à sauver le régime !
Incompréhensible !
Vraiment.
Ils ne repartent pas tout
de suite. Têtus, ils veulent vraiment essayer de comprendre.
Moi aussi, d’ailleurs.
« C’est pourtant assez simple à saisir » dit-il en s’adressant au chargé de mission coréen.
« Vos alliés chinois ont besoin d’un glacis entre leur capitale et Séoul qui accueille des troupes américaines sur son sol.
Et personne ne veut d’un
conflit dans la péninsule. Donc la situation est figée depuis plusieurs
décennies d’autant que Pékin tourne autour de sa façade Pacifique et considère
toujours Formose et ses dépendances comme une province.
Tout le monde sait ça.
Cette année, si les autorités chinoises feront le ménage à Hong-Kong, ce n’est pas pour ouvrir un second front au Nord. »
Effectivement, tout le
monde semble d’accord sur ces assertions-là.
« Maintenant
réfléchissez bien au coût humain que cela représente pour les coréens du Nord.
Votre pays a une surface
équivalente à son voisin du Sud qui est un peu plus petit. Vous avez deux fois
moins d’habitant et surtout un PIB de l’ordre de 29 milliards de dollars, soit
près de 60 fois inférieur à vos cousins sudistes !
C’est énorme.
Les Kim doivent comprendre que c’est une situation explosive qui ne peut pas durer éternellement. »
Là, c’est le chargé
d’ambassade coréen qui blêmit alors que son voisin chinois reste immobile telle
une statue de cire.
Et alors ?
Paul fera-t-il oui ou non ce qu’on lui demande ?
« Je vous ai dit oui et je vous ai même fixé mes conditions. Auxquelles j’en rajoute une supplémentaire à l’adresse de votre collègue chinois ».
Laquelle ?
« Puisque vous ne faites rien de mon prototype « Nivelle 002 », vous me l’équipez d’un réacteur de 10 tonnes de poussée, selon les plans d’exécution que je vous remets (et il sort un petit dossier posé jusque-là sur une table basse voisine : il n’a qu’à tendre le bras…) et je passe le prendre à Chengdu quand je viendrai livrer la commande de madame Yo-Jong.
À prendre ou à laisser. »
Pourquoi ce
prototype-là ?
« Il ne vous sert à rien et vous en gardez les plans. Moi, je compte faire un musée de mes petites inventions.
De plus, je vous ferai un
virement de 20 millions de dollars en Yen sur un compte numéroté pour vous
défrayer de tous les embarras qu’il vous aura procuré. »
Là, c’est le chinois qui
ne voyait pas ça comme ça.
D’autant qu’il n’a pas autorité pour engager son pays.
« J’attends Kim Yo-Jong à Aubenas au mois de septembre.
Le temps d’aménager des
locaux pour la recevoir dignement et de lui fabriquer un scanner potable pour
les côtes de son frère. »
Qu’elle vienne avec un
avion qui devra porter une tonne de matériel en pièces détachées…
[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles… Tome II », aux éditions I3
[2] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Opération Juliette-Siéra », aux Book Envol.
[3] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles… Tome II », aux éditions I3
[4] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Au nom du père, Tome II », à paraître aux éditions I3
[5] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Dans le sillage de Charlotte », aux éditions I3
[6] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles… Tome II », aux éditions I3
« Souhaitez-vous quelques rafraichissements. Nous avons d’excellents breuvages régionaux à vous proposer… »
Ils se contenteront d’un peu d’eau pour l’un, d’une orangeade pour l’autre alors que Paul se fait verser un fond de vieux calvados et moi un sirop d’orgeat (chose que j’ai découverte il y a peu…).
Les deux asiatiques en restent pour le moins un peu surpris par cette entrée « abrupte » en négociation…
« Vous en mourez d’envie : oui Miho Mihado, votre agent double a vécu ici avant d’être abattue dans le bled algérien pour avoir enlevé mon épouse[1].
Mais c’est justement le coréen qui, dans un excellent français, sans l’ombre d’un accent sauf celui du parisien « bon chic-non genre », qui reprend la parole avec un large sourire.
« Une personnalité curieuse, ambiguë même. Mais prête à tout pour sa patrie et notre Cher Guide Suprême et sa famille. »
Paul n’en doute pas une seule seconde et le fait savoir.
« Je lui ai d’ailleurs sauvé la vie au retour d’une mission impossible au large de vos côtes[2]. »
Paul a son sourire en coin, celui qu’il affiche quand il veut se moquer de son interlocuteur.
« J’aurai dû me méfier… Mais passons puisque c’est du passé. »
Et pour y mettre un terme prématuré, c’est le chinois qui s’interpose.
« Nous savons vos interventions, disons … « border-line », dans le pays de mon collègue. »
Fait-il allusion à la « raclée » reçue par Kim Jong-Un, infligée par Paul à l’issue son voyage en Corée du Nord[3] ?
« Mon collègue représente un pays qui fait partie de nos alliés indéfectibles et par ailleurs nous vous savons… « loyal ». Je veux dire par là que quand vous vous engagez sur un « deal », vous en respectez la totalité des conditions sans abuser au-delà du nécessaire.
Ce dont nous vous remercions encore vivement[4].
C’est pourquoi, malgré tout, nous vous avons recommandé à nos amis Coréens. »
« Un accord de ma chaîne de commandement. Vous savez : je rends compte à mes autorités gouvernementales. Ministre de l’industrie, des finances, de la défense et je reste attaché à la marine nationale. Il faut donc vous référer à mon premier ministre, même si le présent locataire de l’hôtel Matignon ne doit pas me connaître.
En revanche, le Président Makarond aura eu l’occasion de venir passer une nuit ici-même !
Et encore ailleurs[5]…
Autrement dit, je reste en contact. »
« Compte tenu de nos rapports avec la présidence américaine, il vaudrait mieux que cela reste « discret », très discret même.
Paul a de nouveau son sourire narquois.
« N’ayez aucune crainte de l’actuel locataire de la Maison Blanche, mais plutôt du suivant. D’abord, vous l’aurez remarqué, celui-là est avant tout un hâbleur. Par ailleurs, je reste toujours très « discret » sur mes interventions, comme vous le savez.
Notez que ça ne sera pas forcément meilleur pour vous avec son successeur. Mais avec un peu de bonne volonté de part et d’autre, les choses vont pouvoir s’améliorer au moins à la marge, se calmer et même se prolonger. »
Ou alors c’est un scoop qui nous vient tout droit des « petits-talents » cachés de Paul.
« Bref, voyez ça à travers vos rapports entre chancelleries.
« À vrai dire, certains de nos renseignements nous ont laissé penser que l’une de vos entreprises préparent des cyborgs qui feraient vraiment illusion… »
« Vos agents vous ont bien renseignés : c’est exact ! Mais c’est encore assez surfait : il reste beaucoup du travail à accomplir.
« Techniquement, nous n’en avons pas encore fait avec une ressemblance parfaite avec un sujet vivant. Mais c’est faisable, à la seule condition de ne pas en demander trop à mes « petites-fabrications » et ne pas s’attacher aux petites imperfections de l’épiderme.
Des « intimes » ne se laisseront de toute façon pas prendre par la supercherie, c’est certain : nos robots ne mangent pas, ne boivent pas et ne dorment pas.
De plus, ils ont une autonomie de quelques heures seulement et ils doivent être contrôlés à distance en quasi-permanence.
Si ça vous tente, on peut toujours essayer.
Mais je ne garantis pas le succès à 100 % : il y aura toujours un risque de bug informatique ou de piratage. »
« Voilà comment les choses vont se passer : j’ai besoin de scanner votre cher « Guide suprême » et d’avoir une bibliothèque complète de ses locutions et phonèmes habituels ainsi que des caractéristiques de ses attitudes comportementales les plus connues.
Les gars se ressaisissent.
« Quelles autres conditions ? »
Et là, « mon » Paul leur met une série d’uppercuts !
« Si je comprends bien, votre « Cher Guide Suprême » est KO. Probablement de la Covid et de ses comorbidités. Et sa sœur s’inquiète avec quelques autres de la pérennité du régime. Elle est même aux abois me semble-t-il, puisque le fils de votre guide n’est pas encore en âge d’assurer sa succession et que le sosie de Un n’est pas au mieux de sa forme, vraisemblablement lui aussi malade.
Votre garantie d’assurance-vie à vous pour cette demande iconoclaste.
Vous pourriez en avoir besoin quand votre patron s’imaginera qu’on aura voulu le remplacer… »
Je vous laisse faire. »
Qu’elle n’ait rien à craindre, c’est à elle que je vais finalement rendre service en lui expliquant deux-trois petites choses.
Elle choisit. »
Ce n’est pas dit comme ça, mais ça revient au même…
En revanche, Madame Kim Yo-Jong va probablement perdre en influence.
C’est ce que j’aimerai saluer en la rencontrant… »
En fait, moi je commence à comprendre que Paul « la joue fine » : il est en train de manipuler son monde pour mieux atteindre un but que je ne connais pas encore.
Pourquoi Paul irait-il aider une dictature parmi les plus cruelles du moment pour tout son peuple et restant un danger permanent de guerre nucléaire aux confins du Pacifique ?
Pareil, j’imagine la gêne invraisemblable des diplomates qui ne s’attendaient probablement pas à un déroulé analogue pour des négociations qu’ils s’apprêtaient à vivre comme d’une « mission impossible ».
Après tout, et Paul va le leur rappeler, Kim Jong-Un aura été sévèrement blessé au genou par Paul[6] et c’est Paul qui maintenant s’apprêterait à sauver le régime !
Incompréhensible !
Vraiment.
Moi aussi, d’ailleurs.
« C’est pourtant assez simple à saisir » dit-il en s’adressant au chargé de mission coréen.
« Vos alliés chinois ont besoin d’un glacis entre leur capitale et Séoul qui accueille des troupes américaines sur son sol.
Tout le monde sait ça.
Cette année, si les autorités chinoises feront le ménage à Hong-Kong, ce n’est pas pour ouvrir un second front au Nord. »
C’est énorme.
Les Kim doivent comprendre que c’est une situation explosive qui ne peut pas durer éternellement. »
Paul fera-t-il oui ou non ce qu’on lui demande ?
« Je vous ai dit oui et je vous ai même fixé mes conditions. Auxquelles j’en rajoute une supplémentaire à l’adresse de votre collègue chinois ».
Laquelle ?
« Puisque vous ne faites rien de mon prototype « Nivelle 002 », vous me l’équipez d’un réacteur de 10 tonnes de poussée, selon les plans d’exécution que je vous remets (et il sort un petit dossier posé jusque-là sur une table basse voisine : il n’a qu’à tendre le bras…) et je passe le prendre à Chengdu quand je viendrai livrer la commande de madame Yo-Jong.
« Il ne vous sert à rien et vous en gardez les plans. Moi, je compte faire un musée de mes petites inventions.
D’autant qu’il n’a pas autorité pour engager son pays.
« J’attends Kim Yo-Jong à Aubenas au mois de septembre.
[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles… Tome II », aux éditions I3
[2] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Opération Juliette-Siéra », aux Book Envol.
[3] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles… Tome II », aux éditions I3
[4] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Au nom du père, Tome II », à paraître aux éditions I3
[5] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Dans le sillage de Charlotte », aux éditions I3
[6] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Mains invisibles… Tome II », aux éditions I3
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