La phase préparatoire
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction,
une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de
son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions,
des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et
autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement,
totalement et parfaitement fortuite !
Paul avait donc tout
prévu, une fois de plus.
Les hélicoptères de protection et de lutte anti-sous-marine quémandés à l’occasion de la visite de Bill Gates auront été mobilisés.
Les équipages se relayaient avec les deux machines venues de Diego Garcia pour « sonder » les abords de l’atoll.
Le principe est d’aller faire du surplace au large, selon une trajectoire en spirale toujours plus éloignée, d’y plonger une sonde bourrée d’écouteurs et de détecteurs à intervalle régulier, et de relever les azimuts des sons qui viennent parfois de loin en pleine mer.
Une fois une carte réalisée, l’hélicoptère remonte sa sonde, s’envole plus loin selon un parcours prédéterminé et recommence la manœuvre pour cartographier les bruits d’hélice.
Et ainsi de suite.
L’objectif est d’avoir une « situation tactique » rafraîchie toute les heures… de la journée, et complète tous les jours.
Et le tout est centralisé dans la « war-room », une simple paire de conteneurs aménagés au pied de la « tour » de l’aéroport.
Une tour… c’est vrai
qu’il y a un échafaudage d’une dizaine de mètres de hauteur, portant en son
sommet une antenne radar tournoyante et des moyens de communication
radioélectrique, une salle en bas où on retrouve les écrans et divers
instruments, plus une salle à manger accrochée à un bar et un réchaud pour tiédir
la tambouille servie aux opérateurs et pilotes des équipages en escale.
La « tour » aura été renforcée et armée de haubans.
Et Gustave qui nous aura accompagné règne en maître dans la « war-room » tapissée de cartes, météo, fonds marins, et une grande carte étalée sur une table où on déplace des figurines de navires, de satellites-espions et d’avions au fil des informations.
Il est aux anges, notre « boss » : on lui avait promis une « bataille navale », il n’avait pas pu assister à la première pour cause de Covid, pour rien au monde il allait rater la seconde !
Et probablement sa dernière.
D’ailleurs il aime à faire le point de la situation à chaque fois qu’on passe le voir avec ou sans rafraîchissement.
Globalement, autour de notre atoll, il y a un aviso britannique qui fait des ronds dans l’eau.
Il y a, nettement plus au large, une corvette française au milieu de rien et quelques navires de la flotte américaine, dont un porte-avions, quelques frégates d’escorte, un sous-marin d’attaque et quelques corvettes anti-sous-marines, voire anti-aériennes, mais du côté de Diego-Garcia.
Et puis dans l’air, un Awacs qui patrouille de temps en temps, des chasseurs F-18 de l’US-Air-Force qui font des tours de veille et le trafic habituel des avions civils depuis ou vers Diego-Garcia ainsi que des avions cargos et/ou ravitailleurs américains et le trafic maritime « normal » qui passe au large pour rallier le Cap Espérance à l’Indonésie et ses détroits ouverts vers la Chine…
Plus nos deux hélicoptères aux équipages détachés…
Évidemment, ce que nos
appareils de détection entendent en premier en mer, ce sont l’aviso de la
Home-Fleet qui patrouille autour de notre atoll et la vedette rapide achetée
par Paul dans le courant de l’été à la marine Israélienne qui l’aura déclassée,
seulement quand elle sort.
Une des « vedettes de Cherbourg » qui revient sous le pavillon français.
Pour la petite histoire, il faut se souvenir qu’en 1965, la France passe un contrat, en réalité composé de deux contrats signés les 26 juillet 1965 et 14 mars 1966, avec l’État d’Israël pour la vente de douze vedettes ou plutôt des canonnières lance-missiles destinés à la marine israélienne. Ce sont les patrouilleurs capables de tenir tête aux canonnières livrées par les Soviétiques à la marine égyptienne de Nasser.
Le contrat ne porte cependant que sur la livraison des navires dépourvus de leur système d’armes, celui-ci étant installé par Israël.
C’est un chantier naval de Cherbourg, les Constructions mécaniques de Normandie (CMN) qui est chargé de l’exécution de la commande.
Mais le 2 juin 1967, quelques jours avant le déclenchement de la guerre des Six Jours, le général de Gaulle, considérant l’imminence du conflit, décrète un embargo sur la vente d’armes à destination d’Israël.
Cependant cet embargo sélectif ne touche que les armes offensives et épargne les vedettes dans un premier temps, avant une extension de cet embargo décidée après le raid israélien sur l’aéroport de Beyrouth en décembre 1968.
La première vedette est
lancée le 11 avril 1967. Cinq de ces vedettes sont livrées avant l’embargo.
Deux sont aux essais au moment de l’embargo et profitent justement de ces
essais pour rallier Israël. Le vice-amiral Bouillaut, préfet de la 1ère
région maritime, fait amarrer les cinq autres dans le port de commerce, plus
exactement dans une darse civile appartenant aux CMN, hors du port militaire.
Leur évasion devient alors un jeu d’enfant.
Une ruse est mise au point : une société d’apparence « norvégienne », la Starboat and Oil Drilling Company, créée à Panama pour la circonstance le 15 octobre 1969, demande à la France et à Israël de récupérer les vedettes car ces navires sont sans armement, affectés prétendument pour faire à de la recherche pétrolière en mer du Nord.
Une aubaine pour le chantier naval un peu aux abois d’avoir dû financer la construction de ces vedettes, de ne pas pouvoir les livrer et donc de ne pas pouvoir être payé.
L’État hébreu accepte d’autant plus facilement qu’il est à l’origine de la manœuvre par le biais de ses services secrets : l’enlèvement des navires destinés à l’État juif est une opération appelée « arche de Noé ».
Il fournit même les équipages.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, vers 2 heures du matin, les vedettes appareillent malgré le mauvais temps, avec à leur bord cent cinquante marins et officiers israéliens qui participaient à la mise au point de ces vedettes avec les CMN.
Une opération supervisée par l’amiral Mordechai Limon, chef de la mission d’achat israélienne en France.
Après avoir été ravitaillées deux fois en mer, elles arrivent triomphalement à Haïfa, où elles sont accueillies par le ministre de la Défense Moshe Dayan le jour de l’An.
L’affaire est révélée, le
26 décembre 1969, par une dépêche de l’Agence centrale de presse (ACP), à
l’initiative du journaliste de Cherbourg, Guy Mabire, de La Presse de la Manche
dont le directeur, un ami personnel du patron du chantier qui lui avait
interdit les jours précédents de révéler les tenants de l’affaire.
L’information connaît un retentissement mondial.
Le ministre français de la Défense, Michel Debré, pressé de trouver des responsables, sanctionne le vice-amiral Bouillaut, préfet maritime de Cherbourg, le général Cazelles, secrétaire général de la défense nationale, et l’ingénieur général Louis Bonte, directeur des affaires internationales à la délégation militaire pour l’armement, président et rapporteur de la commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériel de guerre (CIEEMG), chargée de garantir la régularité de ces exportations.
Cela n’empêche pas la France d’être la risée des chancelleries !
Du coup, la politique de
neutralité mise en place par de Gaulle et poursuivie par Pompidou fut ainsi
sauvegardée, l’armée israélienne et les armées arabes ayant toutes été fournies
avec du matériel français.
À la suite de cette affaire, les Israéliens se tournent toutefois vers les États-Unis pour importer leurs armes alors qu’avant la France fournissait 90 % des avions de chasse israéliens, et ils développent depuis leur propre industrie d’armement.
Les chantiers Amiot, grâce à cette médiatisation, reçoivent les années suivantes des commandes de ce type de patrouilleurs de la Grèce, la Malaisie, la RFA, l’Iran et la Libye.
Ces patrouilleurs sont tout de même de sacrées bêtes : 45 mètres de longueur, 7,62 mètres de maître-bau, 190 tonnes de déplacement, 226 à pleine charge, propulsées par 4 moteurs diesel pour atteindre la vitesse maximale de 42 nœuds, mais pas longtemps.
Le nôtre porte 1 canon de 76 mm et ses deux mitrailleuses de 12,7 mm d’origine.
La même « force de frappe » que notre sous-marin qui lui dispose aussi de torpilles désamorcées dont on a pu faire une démonstration avec Bill Gates et ses « accompagnateurs » au mois de mai dernier.
Mais aucun missile d’origine, des Gabriel ou des Harpon, voire d’autres types.
Le rayon d’action est supposé être de 1.500 miles à 19 nœuds ou 500 miles à 30 nœuds
En revanche l’électronique aura été renforcée. L’équipement en leurres, brouilleurs anti-missiles et en leurres anti-torpilles ont également été améliorés.
Comment ça va se
passer ?
« Tout simple », me répond Paul.
« Demain, l’Awacs va repérer un navire militaire venant du Sud-Ouest. Il est russe et sera sur nous deux jours plus tard.
Les hélicos vont
également détecter une puis deux traces de submersibles venant du même azimut.
Ce qui va déclencher l’appareillage de celui de Diego-Garcia.
Et tout ce petit monde va venir, hors des routes habituelles, converger sur nous dans les 48 heures. »
Et alors ?
Il s’avance vers la carte météo.
« Vous voyez cette dépression ? »
C’était des photos satellite pour les unes, des cartes isobariques pour d’autres documents.
« Elle va se creuser jusqu’à devenir une tempête tropicale, Alicia.
Et au lieu de se diriger
vers le Golfe du Bengal et le Sri Lanka avant de remonter vers le Nord comme
d’habitude en cette saison, elle va poursuivre vers nous avant d’être rejetée
par l’anticyclone décalé dans le Sud.
On va avoir des rafales de vent à plus de 140 km/h.
Et des orages.
Pourquoi croyez-vous que j’aie fait installer des paratonnerres un peu partout aux alentours de nos installations et aie fait poser du grillage métallique sur tous nos bâtiments « sensibles » ? »
Pour faire joli et y
accrocher de la végétation ou des camouflages, je ne sais pas bien…
« Non, pour les protéger… »
C’est ce que je disais, justement…
Il ne m’en dira pas plus
sur le moment, un peu agacé par ma réponse venant du cœur, même s’il est vrai
que tout cet attirail ne fait pas très esthétique, pour tout dire.
Il faudra donc attendre que les choses se précisent.
Et effectivement, dès le lendemain, je constate que Paul s’inquiète des équipages de « nos militaires » détachés.
Ceux qui pilotent les hélicoptères et disent que les rafales de vent deviennent de plus en plus vigoureuses, jusqu’à commencer à rendre périlleux les vols stationnaires de sondage, tellement les tourbillons peuvent secouer les machines, au risque de les déséquilibrer ou rompre les câbles des sondes.
Et puis l’équipage de marins qui servent sur le patrouilleur : ils ont le droit de sortir faire des tours dans l’eau, mais doivent revenir vérifier leurs équipements.
Ils sont surtout chargés de matériel de sauvetage jusqu’à la gorge.
Que va-t-il se passer ?
Plus tard, alors que le ciel se couvre de plus en plus lourdement, que le vent forcit et que les premières averses tombent en pluie fine sous les rafales, le chantier de terrassement est arrêté, tout le monde est confiné autour des baraquements et le paquebot en charge d’héberger les « chefs » de notre chantier sort de son mouillage pour aller faire « des tours » à petite allure dans le lagon.
« Escorté » par le sous-marin une peu plus tard qui tracte notre « 002 », avec un équipage minimum.
On annonce que l’aviso
britannique rentre se mettre à l’abri à Diego-Garcia et que la corvette
française envisage de se mettre en fuite vers La Réunion, son port de transit
et de mission.
Gustave peste !
« Vraiment, les anglo-saxon, depuis Mers-El Kébir, on ne peut rien en attendre : ils se cassent sans demander leur reste ! »
Il en oublie que la corvette tricolore branle du manche également.
« On devrait sortir notre sous-marin du lagon ! S’il y a du grabuge à attendre des russes qui se rapprochent, autant les prendre de loin… »
Paul lui fait remarquer une nouvelle fois qu’il n’est pas équipé de torpille et qu’il ne ferait pas le poids si le sous-marin repéré dans les parages dévient véritablement un « hostile »…
« Oui mais j’imagine que celui des ricains prendra le relai… »
Ménageons les hommes et les matériels…
« Peut-on au moins montrer nos muscles en sortant notre patrouilleur ? »
« Quoi ? C’est une nouvelle ruse de guerre ? Vous voulez vraiment les faire mourir de rire ? »
Le bâtiment russe est nécessairement lourdement armé et doit posséder des hélicoptères embarqués armés pour la lutte antisurface.
Ambiance dans la « war-room »…
Les hélicoptères de protection et de lutte anti-sous-marine quémandés à l’occasion de la visite de Bill Gates auront été mobilisés.
Les équipages se relayaient avec les deux machines venues de Diego Garcia pour « sonder » les abords de l’atoll.
Le principe est d’aller faire du surplace au large, selon une trajectoire en spirale toujours plus éloignée, d’y plonger une sonde bourrée d’écouteurs et de détecteurs à intervalle régulier, et de relever les azimuts des sons qui viennent parfois de loin en pleine mer.
Une fois une carte réalisée, l’hélicoptère remonte sa sonde, s’envole plus loin selon un parcours prédéterminé et recommence la manœuvre pour cartographier les bruits d’hélice.
Et ainsi de suite.
L’objectif est d’avoir une « situation tactique » rafraîchie toute les heures… de la journée, et complète tous les jours.
Et le tout est centralisé dans la « war-room », une simple paire de conteneurs aménagés au pied de la « tour » de l’aéroport.
La « tour » aura été renforcée et armée de haubans.
Et Gustave qui nous aura accompagné règne en maître dans la « war-room » tapissée de cartes, météo, fonds marins, et une grande carte étalée sur une table où on déplace des figurines de navires, de satellites-espions et d’avions au fil des informations.
Il est aux anges, notre « boss » : on lui avait promis une « bataille navale », il n’avait pas pu assister à la première pour cause de Covid, pour rien au monde il allait rater la seconde !
Et probablement sa dernière.
D’ailleurs il aime à faire le point de la situation à chaque fois qu’on passe le voir avec ou sans rafraîchissement.
Globalement, autour de notre atoll, il y a un aviso britannique qui fait des ronds dans l’eau.
Il y a, nettement plus au large, une corvette française au milieu de rien et quelques navires de la flotte américaine, dont un porte-avions, quelques frégates d’escorte, un sous-marin d’attaque et quelques corvettes anti-sous-marines, voire anti-aériennes, mais du côté de Diego-Garcia.
Et puis dans l’air, un Awacs qui patrouille de temps en temps, des chasseurs F-18 de l’US-Air-Force qui font des tours de veille et le trafic habituel des avions civils depuis ou vers Diego-Garcia ainsi que des avions cargos et/ou ravitailleurs américains et le trafic maritime « normal » qui passe au large pour rallier le Cap Espérance à l’Indonésie et ses détroits ouverts vers la Chine…
Plus nos deux hélicoptères aux équipages détachés…
Une des « vedettes de Cherbourg » qui revient sous le pavillon français.
Pour la petite histoire, il faut se souvenir qu’en 1965, la France passe un contrat, en réalité composé de deux contrats signés les 26 juillet 1965 et 14 mars 1966, avec l’État d’Israël pour la vente de douze vedettes ou plutôt des canonnières lance-missiles destinés à la marine israélienne. Ce sont les patrouilleurs capables de tenir tête aux canonnières livrées par les Soviétiques à la marine égyptienne de Nasser.
Le contrat ne porte cependant que sur la livraison des navires dépourvus de leur système d’armes, celui-ci étant installé par Israël.
C’est un chantier naval de Cherbourg, les Constructions mécaniques de Normandie (CMN) qui est chargé de l’exécution de la commande.
Mais le 2 juin 1967, quelques jours avant le déclenchement de la guerre des Six Jours, le général de Gaulle, considérant l’imminence du conflit, décrète un embargo sur la vente d’armes à destination d’Israël.
Cependant cet embargo sélectif ne touche que les armes offensives et épargne les vedettes dans un premier temps, avant une extension de cet embargo décidée après le raid israélien sur l’aéroport de Beyrouth en décembre 1968.
Leur évasion devient alors un jeu d’enfant.
Une ruse est mise au point : une société d’apparence « norvégienne », la Starboat and Oil Drilling Company, créée à Panama pour la circonstance le 15 octobre 1969, demande à la France et à Israël de récupérer les vedettes car ces navires sont sans armement, affectés prétendument pour faire à de la recherche pétrolière en mer du Nord.
Une aubaine pour le chantier naval un peu aux abois d’avoir dû financer la construction de ces vedettes, de ne pas pouvoir les livrer et donc de ne pas pouvoir être payé.
L’État hébreu accepte d’autant plus facilement qu’il est à l’origine de la manœuvre par le biais de ses services secrets : l’enlèvement des navires destinés à l’État juif est une opération appelée « arche de Noé ».
Il fournit même les équipages.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre, vers 2 heures du matin, les vedettes appareillent malgré le mauvais temps, avec à leur bord cent cinquante marins et officiers israéliens qui participaient à la mise au point de ces vedettes avec les CMN.
Une opération supervisée par l’amiral Mordechai Limon, chef de la mission d’achat israélienne en France.
Après avoir été ravitaillées deux fois en mer, elles arrivent triomphalement à Haïfa, où elles sont accueillies par le ministre de la Défense Moshe Dayan le jour de l’An.
L’information connaît un retentissement mondial.
Le ministre français de la Défense, Michel Debré, pressé de trouver des responsables, sanctionne le vice-amiral Bouillaut, préfet maritime de Cherbourg, le général Cazelles, secrétaire général de la défense nationale, et l’ingénieur général Louis Bonte, directeur des affaires internationales à la délégation militaire pour l’armement, président et rapporteur de la commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériel de guerre (CIEEMG), chargée de garantir la régularité de ces exportations.
Cela n’empêche pas la France d’être la risée des chancelleries !
À la suite de cette affaire, les Israéliens se tournent toutefois vers les États-Unis pour importer leurs armes alors qu’avant la France fournissait 90 % des avions de chasse israéliens, et ils développent depuis leur propre industrie d’armement.
Les chantiers Amiot, grâce à cette médiatisation, reçoivent les années suivantes des commandes de ce type de patrouilleurs de la Grèce, la Malaisie, la RFA, l’Iran et la Libye.
Ces patrouilleurs sont tout de même de sacrées bêtes : 45 mètres de longueur, 7,62 mètres de maître-bau, 190 tonnes de déplacement, 226 à pleine charge, propulsées par 4 moteurs diesel pour atteindre la vitesse maximale de 42 nœuds, mais pas longtemps.
Le nôtre porte 1 canon de 76 mm et ses deux mitrailleuses de 12,7 mm d’origine.
La même « force de frappe » que notre sous-marin qui lui dispose aussi de torpilles désamorcées dont on a pu faire une démonstration avec Bill Gates et ses « accompagnateurs » au mois de mai dernier.
Mais aucun missile d’origine, des Gabriel ou des Harpon, voire d’autres types.
Le rayon d’action est supposé être de 1.500 miles à 19 nœuds ou 500 miles à 30 nœuds
En revanche l’électronique aura été renforcée. L’équipement en leurres, brouilleurs anti-missiles et en leurres anti-torpilles ont également été améliorés.
« Tout simple », me répond Paul.
« Demain, l’Awacs va repérer un navire militaire venant du Sud-Ouest. Il est russe et sera sur nous deux jours plus tard.
Et tout ce petit monde va venir, hors des routes habituelles, converger sur nous dans les 48 heures. »
Il s’avance vers la carte météo.
« Vous voyez cette dépression ? »
C’était des photos satellite pour les unes, des cartes isobariques pour d’autres documents.
« Elle va se creuser jusqu’à devenir une tempête tropicale, Alicia.
On va avoir des rafales de vent à plus de 140 km/h.
Et des orages.
Pourquoi croyez-vous que j’aie fait installer des paratonnerres un peu partout aux alentours de nos installations et aie fait poser du grillage métallique sur tous nos bâtiments « sensibles » ? »
« Non, pour les protéger… »
C’est ce que je disais, justement…
Il faudra donc attendre que les choses se précisent.
Et effectivement, dès le lendemain, je constate que Paul s’inquiète des équipages de « nos militaires » détachés.
Ceux qui pilotent les hélicoptères et disent que les rafales de vent deviennent de plus en plus vigoureuses, jusqu’à commencer à rendre périlleux les vols stationnaires de sondage, tellement les tourbillons peuvent secouer les machines, au risque de les déséquilibrer ou rompre les câbles des sondes.
Et puis l’équipage de marins qui servent sur le patrouilleur : ils ont le droit de sortir faire des tours dans l’eau, mais doivent revenir vérifier leurs équipements.
Ils sont surtout chargés de matériel de sauvetage jusqu’à la gorge.
Que va-t-il se passer ?
Plus tard, alors que le ciel se couvre de plus en plus lourdement, que le vent forcit et que les premières averses tombent en pluie fine sous les rafales, le chantier de terrassement est arrêté, tout le monde est confiné autour des baraquements et le paquebot en charge d’héberger les « chefs » de notre chantier sort de son mouillage pour aller faire « des tours » à petite allure dans le lagon.
« Escorté » par le sous-marin une peu plus tard qui tracte notre « 002 », avec un équipage minimum.
Gustave peste !
« Vraiment, les anglo-saxon, depuis Mers-El Kébir, on ne peut rien en attendre : ils se cassent sans demander leur reste ! »
Il en oublie que la corvette tricolore branle du manche également.
« On devrait sortir notre sous-marin du lagon ! S’il y a du grabuge à attendre des russes qui se rapprochent, autant les prendre de loin… »
Paul lui fait remarquer une nouvelle fois qu’il n’est pas équipé de torpille et qu’il ne ferait pas le poids si le sous-marin repéré dans les parages dévient véritablement un « hostile »…
« Oui mais j’imagine que celui des ricains prendra le relai… »
Ménageons les hommes et les matériels…
« Peut-on au moins montrer nos muscles en sortant notre patrouilleur ? »
« Quoi ? C’est une nouvelle ruse de guerre ? Vous voulez vraiment les faire mourir de rire ? »
Le bâtiment russe est nécessairement lourdement armé et doit posséder des hélicoptères embarqués armés pour la lutte antisurface.
Ambiance dans la « war-room »…
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