D’autres
« visiteurs » nous attendent.
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction,
une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de
son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions,
des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et
autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement,
totalement et parfaitement fortuite !
Je reste tout de même
très impressionnée par la mise en scène des cyborgs à l’effigie de mon patron.
Combien en a-t-il fait des comme ça ?
Et à quoi vont-ils servir ?
Si on se sépare, c’est pour mieux se retrouver à Paris la semaine suivante.
Paul y attend des visiteurs qui piafferaient d’impatience de le rencontrer. Et lui passe d’abord à Cabourg avant de rejoindre son domicile déserté des quais de Seine.
Tous ces trajets sont épuisants à la longue : tout se passe en désordre et ce n’est pas fini !
En tout cas, c’est l’occasion de découvrir le duplex parisien.
Je connaissais les locaux du Kremlin-Bicêtre où j’ai été reçue la première fois et où j’ai une boîte à sardine dédiée comme bureau quand j’y passe.
Le loft, c’est à une demi-heure de métro de là, juste en face de Notre-Dame de Paris, côté rive-gauche, face à la grande rosace Sud pour l’heure en chantier.
Bon, il faut
trouver : C’est un immeuble un peu en retrait, encastré où le moindre
espace libre en surface semble avoir été exploité, avec des murs de travers,
probablement pour éviter qu’ils ne tombent dans la rue.
La façade est en crépis blanc, enfin, qui a dû être blanc à une époque. Il faut pousser une lourde porte de bois, s’enfoncer dans un étroit couloir qui jouxte les boutiques des deux côtés, un antiquaire à gauche, plutôt brocanteur qu’antiquaire d’ailleurs, un libraire à droite, plutôt brocanteur de vieux livres, lui aussi, jusqu’à un escalier d’un seul jet où se trouve caché derrière un ascenseur dont on s’attendrait à ce qu’il soit poussif, alors qu’il semble flambant neuf. Juste un peu étroit lui également.
Et probablement aux normes les plus modernes.
Au cinquième, l’escalier débouche sur un couloir un peu plus large qui donne sur une fenêtre au fond et s’ouvre sur la Seine.
Mais deux portes se font face à mi-parcours.
Je sonne à droite et c’est la porte de gauche qui s’ouvre…
C’est Paul : « Bonjour Alexis. Je vous attendais plus tôt ! Entrez donc. »
Il n’est pas seul. J’entre. C’est vaste. La hauteur sous plafond est impressionnante, puisqu’il y a deux niveaux dans ce qui sert de living-room, avec ses poutres apparentes du meilleur effet qui font place à une grande verrière dressée face au ciel et donne sur une porte-fenêtre, à droite, débouchant sur un balcon avec table de jardin et deux chaises, et… la Seine en contrebas.
A-do-ra-ble !
Et meublé avec goût en plus.
Une sorte de
« minette » est avachie dans le canapé posé dos à une étroite
cheminée qui fait face à un immense écran de télévision avec une table basse
posée devant et plus loin une table en merisier avec quatre chaises, alors que
deux fauteuils se disputent les coins laissés libres de meuble, hors un
guéridon et une bibliothèque mal rangée.
J’ai le temps de jeter un œil à gauche d’où part un escalier en bois vers une pièce d’habitation en mezzanine, qui s’ouvre sur une rambarde plongeant sur le salon et, derrière cet escalier, ce qui semble être une kitchenette-américaine, plutôt vaste et ouverte sur un comptoir de bar avec au fond, plus loin à gauche, ce qui doit être une autre pièce d’habitation. Une chambre. Plus probablement un bureau.
Si l’immeuble peut sembler étroit en façade, en revanche l’appartement s’élargit manifestement sur l’arrière de la bâtisse où se trouve une petite cour et un local poubelle.
J’apprendrai plus tard que la pièce contient aussi une table à dessin de Florence.
« Je vous offre une boisson ? »
Je ne dis pas non à un spritz, s’il peut le faire et je me remplis les narines des odeurs de cire et de propre, et les yeux des couleurs chaudes et chatoyantes de l’ensemble.
« Nathalie, je vous présente ma biographe, Alexis Dubois. Alex, Nathalie Lévy, ma voisine de palier qui gère son chat anti-souris. »
Enchantée…
Elle a de curieux yeux couleur myosotis et de longs cheveux auburn qu’elle secoue avec grâce.
« Son chat passe
d’un balcon à l’autre par la gouttière. Alors Nathalie a mes clés pour le
récupérer. Ça tombe bien, parce que si je n’ai toujours pas compris ce qu’elle
faisait dans la vie, elle fait aussi « espionne » à ses heures
perdues et signale à ses supérieurs mes allées et venues… »
La miss l’interrompt pour rappeler que : « Je suis libraire. Au rez-de-chaussée. Et comme je n’étais pas « essentiel » je me suis emmerdé à regarder la Seine couler vide de ses péniches ces dernières semaines… Et pour l’heure, mes clients ont du mal à se souvenir de mon existence : ça paye tout juste mon employée ! »
« … et ça tombe bien, parce que si je vous ai fait venir c’est qu’on va recevoir Miss Rachel – vous connaissez – et son nouveau patron. Un certain colonel… euh… »
« … Colonel Yosef Shmalo ! Un ponte du service de passage à Paris qui vous fait l’honneur d’une visite de courtoisie. »
« Voilà qui est dit ! »
Et ?
Qu’est-ce Paul trafique encore avec les israéliens du Mossad ?
« Oh, c’est suite
au passage de Gates aux Chagos. Son… « conseiller scientifique »,
l’ex-général Roberto Mc’Parkwood aura fait jouer ses relations ».
Bé très bien, il va finalement avoir ses jouets militaires, mon Paul.
« Je vous ai fait venir pour bien noter tout ce qui va être dit. Et puis… je ne veux pas être seul avec un duo de charme… »
« Oh mais, je suis partageuse mon cher Paul » réplique la Nathalie avec un large sourire.
Duo, on l’est déjà. Avec Rachel, ça ferait un trio : il ne doit pas me compter dedans…
« Qu’on soit bien précis, Nathalie. Alexis est ma biographe, pas ma maîtresse. »
Que dois-je comprendre ? Que Nathalie l’est ?
« Par ailleurs, Florence reste la mère de mes gamins et je n’ai pas l’intention de la quitter. Et enfin je ne mélange en général pas le boulot et la gaudriole. »
Vraiment ?
« Euh… et Rachel ? » fais-je, l’air de rien…
Il me lance un regard noir, ceux des mauvais jours.
« Vous, vous écoutez, vous notez et vous buvez votre verre… »
Celui qu’il vient de me remplir de la boisson orangée et légèrement pétillante dans laquelle flottent quelques glaçons.
Et puis il rajoute : « Rarement et à chaque fois c’est une connerie ! »
« Paul est une
tombe : il ne veut rien me dire de ses affaires et de sa vie alors que
nous sommes voisins depuis des années. Tellement… intimes que je sais où il
range jusqu’à son sel et sa lessive… » reprend Nathalie qui sent comme
une odeur de poudre envahir l’atmosphère.
Et de préciser qu’ils se connaissent « en voisin, depuis bien plus longtemps que Florence que j’ai vue débarquer un beau jour dans ses meubles. Et puis quelques autres aussi… » ajoute-t-elle l’air maline des personnes qui en savent plus que tout le monde.
« Nathalie est adorable, mais elle ne raconte jamais que ce qui l’arrange. » intervient Paul.
Il n’empêche, pour une « biographe », c’est peut-être une source complémentaire d’informations intéressantes ?
« Vous faites comme vous voulez. Moi, je ne suis plus dans ses enfantillages-là. »
Ce qui est sûrement vrai, faute de temps, avec tout ce qu’il se met sur le dos depuis quelques années déjà…
On sonne au moment où je sors ma carte que je donne à Nathalie…
Rachel, toujours aussi
vaporeuse mais rayonnante et souriante, s’attarde au cou de Paul.
Je n’aime décidément pas cette femme-là : elle en fait trop.
Le colonel « Chamallow » est un petit bonhomme qui fait presque pitié : on dirait un rat de bibliothèque tout fripé, le teint terne, sans les lunettes, mais chauve sur le dessus…
En revanche, il parle un français impeccable, avec tout juste un accent légèrement « exotique ».
Tout le monde se présente et s’échange des amabilités et puis, après avoir insisté, Yosef fait comprendre que Nathalie n’a plus rien à faire ici : sa présence met tout le monde en retard.
Un peu lourdingue dans sa façon de dire les choses…
Si tôt la porte refermée, les deux portes, celle de Nathalie en plus, le colonel du Mossad attaque dare-dare.
« Soyons franc, commandant. Je peux vous appeler Paul ? »
Bien sûr.
« Nous suivons votre carrière depuis bien des années, mais on a comme l’impression qu’elle aura accéléré ces derniers temps et qu’il nous manque quelques étapes.
J’ai cru comprendre que
vous recherchez du matériel militaire déclassé.
Que nous avons à disposition de notre côté.
Mais en échange de quoi ? »
Qu’est-ce qu’il vous
manque questionne Paul ?
« Comme tout le
monde, on a entendu parler de votre logiciel BBR. Si l’agent Rachel a été autorisée
à vous approcher et à vous suivre jusque dans l’océan Indien, force et de
reconnaître qu’elle n’a rien appris qu’on ne sache déjà. C’est-à-dire rien
d’autre que l’existence de ce système expert.
Comment
fonctionne-t-il ? »
Oh, ça !
« Il fonctionne tout seul. On ne s’en sert plus… »
Pourtant, vu le trafic d’échange de fichiers…
« Vous espionnez même les trafics de mes robots ?
Eh bien il doit y en
avoir pour des pétaflops, mais ce sont des routines de sauvegarde de sécurité.
Comme vous le savez, le logiciel appartient désormais à Pamentir, une
entreprise basée aux USA qui bosse pour la NSA qui elle-même renseigne même mon
ministère de l’intérieur. On a dû vous le dire. »
Il est au courant du
« volant officiel »…
« Nous, on ne fait plus rien.
D’autant que mon
ingénieur responsable du développement s’en va : il n’a plus rien à faire
et s’ennuie profondément. »
S’il doit être remplacé,
Rachel pourrait faire l’affaire…
« Mais non ! Je viens de vous dire qu’il n’y a plus rien à faire. Même pas appuyer sur le bouton stop ! »
Pas mal, pas mal, l’esquive…
Et l’autre passe alors à
autre chose.
« Naturellement, le capitaine Rachel Beer-Shev’a aura pu se rendre compte qu’aux Chagos, où vous entreprenez de gigantesques travaux de terrassement.
Quel est la finalité de
ce chantier ? »
Au moins, il est
direct : pas très fin pour un maître-espion.
Paul en dira plus tard que ça lui permet de cerner de cette façon-là les carences de son service.
« Mais enfin, mon colonel, vos alliés américains ne vous ont pas mis au courant ? J’en suis tout étonné, figurez-vous ! »
L’autre en reste interdit un court instant puis réagit adroitement…
« J’aime bien avoir des renseignements de première main, à l’origine même de leurs sources. »
Belle tautologie, au passage…
Et Paul de répondre : « On prépare un spatio-port qui doit prendre la relève dans une dizaine d’années avec un procédé innovant de mise en orbite.
Globalement, ça
fonctionne comme d’une fronde dans laquelle on accumule assez d’énergie
cinétique pour pouvoir se passer d’encombrants réservoirs de carburant.
Mais je vous rappelle que je suis situé en territoire britannique et que je reste sous la protection de l’US Army. »
Alors, pourquoi cette
frénésie d’achats d’armements ?
« Très simple.
Tant que les installations ne sont pas fixées, l’US Navy et la Home-Fleet sont
positionnées à Diego-Gracia. Une heure en jet, une journée en frégate de
combat.
Le jour où pour des
raisons météorologiques ces « anges gardiens » ne pourront pas
sortir, imaginez bien que les Russes ou les Chinois, qui se posent les mêmes
questions que vous, pourraient en profiter pour scruter tout ça plus
précisément.
Le patrouilleur est destiné à leur montrer qu’ils n’ont pas à s’approcher de trop près tant que je n’aurai pas fait un port de grande-profondeur.
Après, ma foi…
De toute façon, ils seront assez écœurés pour se contenter de nous observer depuis l’espace. »
Mais si les conditions
météorologiques ne permettent pas de s’approcher pour des navires de haute-mer
anglo-saxons, qu’est-ce qui permettrait aux marins russes de faire mieux ?
« Sous la mer, un sous-marin n’est pas sujet aux tourments de la navigation de surface. »
Il faudrait alors à Paul un sous-marin plus qu’un patrouilleur côtier…
« Mais le sous-marin, je l’ai déjà. Sauf qu’il n’est pas compétitif face à ceux des russes parmi les plus modernes. En revanche je n’ai pas forcément l’envie de risquer la peau de marins étrangers pour défendre des intérêts qui sont pour le moment très personnels.
Il faut savoir ne pas
abuser, non plus. »
Alors, c’est une corvette
anti-sous-marine qu’il faudrait, pas un patrouilleur…
« Mais il n’est pas question de faire le coup de feu. Les américains détacheront sur place des hélicoptères de lutte anti-sous-marine le moment venu pour détecter les menaces.
Et le coup de feu, il a
déjà été donné…
C’est ce qui me rend si sûr qu’ils reviendront s’y frotter sous peu, mais mieux préparés. »
L’officier semble
convaincu.
Combien en a-t-il fait des comme ça ?
Et à quoi vont-ils servir ?
Si on se sépare, c’est pour mieux se retrouver à Paris la semaine suivante.
Paul y attend des visiteurs qui piafferaient d’impatience de le rencontrer. Et lui passe d’abord à Cabourg avant de rejoindre son domicile déserté des quais de Seine.
Tous ces trajets sont épuisants à la longue : tout se passe en désordre et ce n’est pas fini !
En tout cas, c’est l’occasion de découvrir le duplex parisien.
Je connaissais les locaux du Kremlin-Bicêtre où j’ai été reçue la première fois et où j’ai une boîte à sardine dédiée comme bureau quand j’y passe.
Le loft, c’est à une demi-heure de métro de là, juste en face de Notre-Dame de Paris, côté rive-gauche, face à la grande rosace Sud pour l’heure en chantier.
La façade est en crépis blanc, enfin, qui a dû être blanc à une époque. Il faut pousser une lourde porte de bois, s’enfoncer dans un étroit couloir qui jouxte les boutiques des deux côtés, un antiquaire à gauche, plutôt brocanteur qu’antiquaire d’ailleurs, un libraire à droite, plutôt brocanteur de vieux livres, lui aussi, jusqu’à un escalier d’un seul jet où se trouve caché derrière un ascenseur dont on s’attendrait à ce qu’il soit poussif, alors qu’il semble flambant neuf. Juste un peu étroit lui également.
Et probablement aux normes les plus modernes.
Au cinquième, l’escalier débouche sur un couloir un peu plus large qui donne sur une fenêtre au fond et s’ouvre sur la Seine.
Mais deux portes se font face à mi-parcours.
Je sonne à droite et c’est la porte de gauche qui s’ouvre…
C’est Paul : « Bonjour Alexis. Je vous attendais plus tôt ! Entrez donc. »
Il n’est pas seul. J’entre. C’est vaste. La hauteur sous plafond est impressionnante, puisqu’il y a deux niveaux dans ce qui sert de living-room, avec ses poutres apparentes du meilleur effet qui font place à une grande verrière dressée face au ciel et donne sur une porte-fenêtre, à droite, débouchant sur un balcon avec table de jardin et deux chaises, et… la Seine en contrebas.
A-do-ra-ble !
Et meublé avec goût en plus.
J’ai le temps de jeter un œil à gauche d’où part un escalier en bois vers une pièce d’habitation en mezzanine, qui s’ouvre sur une rambarde plongeant sur le salon et, derrière cet escalier, ce qui semble être une kitchenette-américaine, plutôt vaste et ouverte sur un comptoir de bar avec au fond, plus loin à gauche, ce qui doit être une autre pièce d’habitation. Une chambre. Plus probablement un bureau.
Si l’immeuble peut sembler étroit en façade, en revanche l’appartement s’élargit manifestement sur l’arrière de la bâtisse où se trouve une petite cour et un local poubelle.
J’apprendrai plus tard que la pièce contient aussi une table à dessin de Florence.
« Je vous offre une boisson ? »
Je ne dis pas non à un spritz, s’il peut le faire et je me remplis les narines des odeurs de cire et de propre, et les yeux des couleurs chaudes et chatoyantes de l’ensemble.
« Nathalie, je vous présente ma biographe, Alexis Dubois. Alex, Nathalie Lévy, ma voisine de palier qui gère son chat anti-souris. »
Enchantée…
Elle a de curieux yeux couleur myosotis et de longs cheveux auburn qu’elle secoue avec grâce.
La miss l’interrompt pour rappeler que : « Je suis libraire. Au rez-de-chaussée. Et comme je n’étais pas « essentiel » je me suis emmerdé à regarder la Seine couler vide de ses péniches ces dernières semaines… Et pour l’heure, mes clients ont du mal à se souvenir de mon existence : ça paye tout juste mon employée ! »
« … et ça tombe bien, parce que si je vous ai fait venir c’est qu’on va recevoir Miss Rachel – vous connaissez – et son nouveau patron. Un certain colonel… euh… »
« … Colonel Yosef Shmalo ! Un ponte du service de passage à Paris qui vous fait l’honneur d’une visite de courtoisie. »
« Voilà qui est dit ! »
Et ?
Qu’est-ce Paul trafique encore avec les israéliens du Mossad ?
Bé très bien, il va finalement avoir ses jouets militaires, mon Paul.
« Je vous ai fait venir pour bien noter tout ce qui va être dit. Et puis… je ne veux pas être seul avec un duo de charme… »
« Oh mais, je suis partageuse mon cher Paul » réplique la Nathalie avec un large sourire.
Duo, on l’est déjà. Avec Rachel, ça ferait un trio : il ne doit pas me compter dedans…
« Qu’on soit bien précis, Nathalie. Alexis est ma biographe, pas ma maîtresse. »
Que dois-je comprendre ? Que Nathalie l’est ?
« Par ailleurs, Florence reste la mère de mes gamins et je n’ai pas l’intention de la quitter. Et enfin je ne mélange en général pas le boulot et la gaudriole. »
Vraiment ?
« Euh… et Rachel ? » fais-je, l’air de rien…
Il me lance un regard noir, ceux des mauvais jours.
« Vous, vous écoutez, vous notez et vous buvez votre verre… »
Celui qu’il vient de me remplir de la boisson orangée et légèrement pétillante dans laquelle flottent quelques glaçons.
Et puis il rajoute : « Rarement et à chaque fois c’est une connerie ! »
Et de préciser qu’ils se connaissent « en voisin, depuis bien plus longtemps que Florence que j’ai vue débarquer un beau jour dans ses meubles. Et puis quelques autres aussi… » ajoute-t-elle l’air maline des personnes qui en savent plus que tout le monde.
« Nathalie est adorable, mais elle ne raconte jamais que ce qui l’arrange. » intervient Paul.
Il n’empêche, pour une « biographe », c’est peut-être une source complémentaire d’informations intéressantes ?
« Vous faites comme vous voulez. Moi, je ne suis plus dans ses enfantillages-là. »
Ce qui est sûrement vrai, faute de temps, avec tout ce qu’il se met sur le dos depuis quelques années déjà…
On sonne au moment où je sors ma carte que je donne à Nathalie…
Je n’aime décidément pas cette femme-là : elle en fait trop.
Le colonel « Chamallow » est un petit bonhomme qui fait presque pitié : on dirait un rat de bibliothèque tout fripé, le teint terne, sans les lunettes, mais chauve sur le dessus…
En revanche, il parle un français impeccable, avec tout juste un accent légèrement « exotique ».
Tout le monde se présente et s’échange des amabilités et puis, après avoir insisté, Yosef fait comprendre que Nathalie n’a plus rien à faire ici : sa présence met tout le monde en retard.
Un peu lourdingue dans sa façon de dire les choses…
Si tôt la porte refermée, les deux portes, celle de Nathalie en plus, le colonel du Mossad attaque dare-dare.
« Soyons franc, commandant. Je peux vous appeler Paul ? »
Bien sûr.
« Nous suivons votre carrière depuis bien des années, mais on a comme l’impression qu’elle aura accéléré ces derniers temps et qu’il nous manque quelques étapes.
Que nous avons à disposition de notre côté.
Mais en échange de quoi ? »
« Il fonctionne tout seul. On ne s’en sert plus… »
Pourtant, vu le trafic d’échange de fichiers…
« Vous espionnez même les trafics de mes robots ?
« Nous, on ne fait plus rien.
« Mais non ! Je viens de vous dire qu’il n’y a plus rien à faire. Même pas appuyer sur le bouton stop ! »
Pas mal, pas mal, l’esquive…
« Naturellement, le capitaine Rachel Beer-Shev’a aura pu se rendre compte qu’aux Chagos, où vous entreprenez de gigantesques travaux de terrassement.
Paul en dira plus tard que ça lui permet de cerner de cette façon-là les carences de son service.
« Mais enfin, mon colonel, vos alliés américains ne vous ont pas mis au courant ? J’en suis tout étonné, figurez-vous ! »
L’autre en reste interdit un court instant puis réagit adroitement…
« J’aime bien avoir des renseignements de première main, à l’origine même de leurs sources. »
Belle tautologie, au passage…
Et Paul de répondre : « On prépare un spatio-port qui doit prendre la relève dans une dizaine d’années avec un procédé innovant de mise en orbite.
Mais je vous rappelle que je suis situé en territoire britannique et que je reste sous la protection de l’US Army. »
Le patrouilleur est destiné à leur montrer qu’ils n’ont pas à s’approcher de trop près tant que je n’aurai pas fait un port de grande-profondeur.
Après, ma foi…
De toute façon, ils seront assez écœurés pour se contenter de nous observer depuis l’espace. »
« Sous la mer, un sous-marin n’est pas sujet aux tourments de la navigation de surface. »
Il faudrait alors à Paul un sous-marin plus qu’un patrouilleur côtier…
« Mais le sous-marin, je l’ai déjà. Sauf qu’il n’est pas compétitif face à ceux des russes parmi les plus modernes. En revanche je n’ai pas forcément l’envie de risquer la peau de marins étrangers pour défendre des intérêts qui sont pour le moment très personnels.
« Mais il n’est pas question de faire le coup de feu. Les américains détacheront sur place des hélicoptères de lutte anti-sous-marine le moment venu pour détecter les menaces.
C’est ce qui me rend si sûr qu’ils reviendront s’y frotter sous peu, mais mieux préparés. »
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