Poursuite de « la
question »
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction,
une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de
son auteur. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions,
des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et
autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement,
totalement et parfaitement fortuite !
Parce qu’il passe une
nouvelle fois à autre chose.
Non pas le prix et les modalités de la transaction à venir, mais le programme des cyborgs de Paul.
« Vous avez fait travailler Rachel sur la programmation de cyborgs, des robots à forme humaine. Et d’après ce que j’en ai compris, c’est manifestement dans un but précis.
Rachel nous aura informé
avoir travaillé avec une écossaise, Lady McShiant, manifestement une
spécialiste de la robotique[1].
Alors que nous pensions qu’elle aurait accès à votre fameux logiciel BBR pour l’améliorer.
Il y a quoi derrière cette idée ? »
Paul se cale dans le fond
de son fauteuil…
« Je vous ai dit
que le BBR n’est plus développé par nos soins mais par ceux de Pamentir.
Quant à ces cyborgs, vous
devriez savoir que je me suis porté acquéreur d’une petite compagnie maritime
de croisiériste en Angleterre[2].
Les navires sont en train d’être remis à niveau en Mer du Nord et je compte bien les exploiter dès l’année prochaine. »
Oui, bon, et alors ?
« Vous savez combien coûte le personnel de bord sur un navire de croisière de luxe ? »
Pas grand-chose quand il est pakistanais ou sri-lankais.
« Oui mais toujours beaucoup trop cher à former, à nourrir, à loger par rapport à un robot qui ne coûte que sa signature carbone en énergie ! »
« D’autant, si j’ai bien compris, » intervient Rachel, « que ce « personnel de bord » est bien particulier… »
« Absolument ! Je veux des clients parfaitement satisfaits à tous les points de vue, mais seulement une demi-douzaine de vrais membres d’équipage.
Tout le reste, du
récurage des chiottes au groom-service en passant par la confection des repas
et la salle des machines sera le fait de robots et d’autocontrôles que vous
avez participé à concevoir et mettre en place, ce dont je vous remercie chère
Rachel. »
L’autre en a un sourire
mielleux d’aise…
Et de rajouter que pour des rafiots d’une centaine de passagers, au lieu d’avoir 100 à 150 membres d’équipage plus les escortes-girls pour assurer le confort des clients, il n’y aura que 6 à 7 personnes à bord…
« Vous vous rendez compte ! Je divise le poste « charges de personnel » et intendance de l’équipage par 25. Or, c’est la moitié des coûts d’un bateau à la mer pour un même niveau de prestation de luxe… »
Voire supérieur.
Le colonel en siffle entre ses dents…
« Et ça va
marcher ? »
Et comment que ça va marcher !
« Ils ne vont pas se sentir un peu seul, vos clients ?… »
Manifestement, le colon n’a rien compris.
Ce que moi j’ai compris, c’est qu’avec 100 célibataires, même déchaînés à bord, il est prévu 250 cyborgs sexuels pour répondre à tous les goûts de ces pervers-là…
Plus la centaine de « petit-personnel » de robots à tout faire, ça fait du monde dans les coursives !
« Les postes incontournables se résument à un capitaine et son second, un commissaire de bord, un ingénieurs-machine, un ingénieur sécurité informatique et à un bosco chargé de piloter et certifier les cuisines.
Si aucun n’a son brevet
de secouriste, on embarque aussi un infirmier.
Tout le reste, les médecins, infirmières, logisticiens et je ne sais pas quoi encore, les fonctions supports, est déporté à terre avec des liaisons héliportées.
Et comme avec la crise, j’ai pu racheter pour trois fois rien une petite compagnie aérienne, j’ai repris tout le personnel et les avions, je vais pouvoir également équilibrer cette logistique-là en affrétant des charters entiers dès que les conditions sanitaires le permettront. »
Mais elles le permettent
déjà…
« Oui, enfin… Pas partout et de toute manière, de façon très provisoire : il va y avoir des retours d’infection à la Covid dès la fin de l’été. Plus des mutants et des « variants ».
On n’en a pas terminé
avant la fin de l’année prochaine. Et encore…
Quand on pourra vacciner un maximum de personne et soigner plus radicalement les malades au lieu de les laisser souffrir sous respirateur en réanimation ou aux urgences…
Mais ce n’est pas avant un certain temps. »
« Rachel pourrait
superviser ces activités de sécurité informatique… »
Effectivement !
« Sauf qu’elle ne peut pas être sur 6 navires en même temps. Et puis je vous signale qu’elle serait tout de même plus utile à son pays pour concevoir les prochaines armes des conflits armés qui chauffe autour de vos frontières. »
Comment ça ?
« Dans quelques semaines, le Haut-Karabagh va de nouveau s’enflammer. Et l’Arménie qui aura eu le dessus la dernière fois va se retrouver dans une position intenable à cause des nouvelles tactiques et armes mis à disposition de son adversaire par la Turquie. »
De quoi Paul parle-t-il ?
« Des futures menaces sur votre territoire.
Je ne me tiens pas trop
au courant, mais il appert à l’évidence que la présence des russes à Lattaquié
et en Syrie vous interdit déjà le survol de la Syrie et du Liban.
Et au Haut-Karabagh, on va tester, grandeur nature, les flottilles de drones, qui vont faire un malheur et mettre à genoux les armes arméniennes en moins d’un mois…
Une menace considérable pour votre pays. »
Mais « nous avons
notre « dôme de fer », les missiles Patriot. Notre territoire est
bouclé car ça fonctionne si bien que les attaques à la rocket ont cessé. »
Si vous voulez, répondra Paul.
Il n’empêche, c’est
visionnaire.
Paul m’expliquera plus tard, à l’automne, qu’en fait plusieurs leçons seront tirées de ce conflit estival qui n’est alors pas encore déclenché.
Tout d’abord que sans des moyens adéquats tels que les capteurs, la couverture de moyens de guerre électronique et l’armement anti-drone, les unités terrestres traditionnelles sont en difficulté.
La première leçon que les affrontements entre Azerbaïdjanais et Arméniens ont apportée, c’est effectivement la grande vulnérabilité des unités terrestres traditionnelles – formations blindées, mécanisées et motorisées – face aux armes et concepts avancés de la guerre des drones.
175 pertes dans les principales batailles, pour les forces d’occupation arméniennes dans le Haut-Karabakh : ce n’est pas rien !
Des affrontements qui auront montré que même si l’ère des chars n’est pas encore révolue, les chars de combat principaux, ainsi que d’autres plates-formes de guerre terrestre traditionnelles, constituaient des cibles trop faciles pour les systèmes aériens sans pilote à moins qu’ils ne soient accompagnés d’une composition organique de défense aérienne de courte portée, de moyens de guerre électronique et de systèmes anti-drones.
Le second enseignement
est que l’intégration de l’appui-feu terrestre aux drones occupera désormais
une place importante dans la guerre moderne.
La Syrie a fonctionné comme un laboratoire de guerre du XXIème siècle. Tous les acteurs impliqués, allant de la coalition anti-Daech dirigée par les États-Unis aux « Gardiens de la révolution » iraniens, dont le chef aura été abattu en janvier par un drone américain à sa descente d’avion à Bagdad, en Irak, et au Hezbollah libanais, ont démontré, testé et appris de nouvelles capacités militaires sur le champ de bataille syrien.
La Turquie et la Russie sont les deux pays qui ont développé des « complexes de drones et d’artillerie » au cours de leurs opérations en Syrie.
L’armée turque, en particulier lors de l’opération « Bouclier du Printemps » visant les déploiements au nord du pays, l’Armée arabe syrienne au début de 2020, a utilisé ses drones pour exécuter des missions de renseignement, de surveillance, d’acquisition d’objectifs et de reconnaissance (ISTAR) pour l’obusier Firtina de 155 mm ainsi que les systèmes de fusée à lancement multiple.
Les drones turcs ont également été utilisés pour les tâches d’évaluation des dommages de combat afin de mesurer les effets de l’artillerie et des salves de roquettes.
De même, après avoir assimilé les leçons du champ de bataille syrien, les forces armées de la Fédération de Russie intègrent désormais les drones Orlan-10 à l’artillerie de la classe 152 mm.
Les Forces armées
azerbaïdjanaises auront montré un autre exemple de combinaison de drones et de
d’appui-feu terrestres : dans de nombreux affrontements, y compris des combats
de nuit, l’artillerie azerbaïdjanaise et les systèmes de roquettes ont combattu
en étroite coordination avec les drones.
« Dans l’ensemble, nous assistons à une tendance croissante à combiner des systèmes aériens sans pilote avec des forces de frappe indirectes, dans les guerres contemporaines.
Avant, à l’ère de la
guerre des Malouines, c’étaient les missiles aériens qui apportaient la
maîtrise.
Lors de la guerre du Golfe, les missiles à longue portée et la supériorité aérienne auront été décisives à l’appui des blindés et des troupes d’occupation.
La guerre asymétrique contre Daesh, en Syrie et au Sahel, aura réhabilité l’artillerie et montré la disponibilité irremplaçable des drones autonomes. »
Par ailleurs, la
dissuasion intra-guerre gagne en importance. Dépassée par l’offensive
azerbaïdjanaise, la partie arménienne a eu recours à des missiles balistiques
pour cibler les agglomérations et les infrastructures nationales essentielles
de l’Azerbaïdjan.
« Outre l’aspect juridique, car des tirs d’ogives balistiques contre des populations civiles sont assimilés à des crimes de guerre, la dimension militaro-stratégique de l’utilisation des missiles balistiques et des roquettes lourdes des forces arméniennes au cours de cette guerre, cette stratégie mettant en évidence le concept vital de « dissuasion intra-guerre », méritera une certaine attention. »
La dissuasion intra-guerre consiste à contrôler les schémas d’escalade dans un conflit en cours. Il incorpore la négociation tacite ou explicite concernant les seuils et les limites d’un conflit en cours.
« Et contrairement aux théories traditionnelles de dissuasion, la dissuasion intra-guerre fonctionne dans une guerre en cours. »
Or, dépassée par la
supériorité technologique de l’Azerbaïdjan sur le champ de bataille, l’Arménie
a eu recours aux salves de missiles balistiques et de systèmes de fusées à
lancement multiple (MLRS), ciblant les principaux centres urbains de
l’Azerbaïdjan.
Plus important encore, les missiles balistiques SS-26 Iskander de fabrication russe, et intégrés à l’arsenal arménien rendront la situation encore plus dangereuse.
« Dans l’ensemble, cette guerre-là va montrer que la dissuasion intra-guerre et les armes stratégiques liées à ce concept crucial continueront de dominer les champs de bataille dans les années à venir. »
Enfin, pendant ce conflit, l’Azerbaïdjan va utiliser ses drones pour traquer les missiles balistiques mobiles TELAR (transporteur-érecteur-lanceur) d’Arménie dans au moins une escarmouche.
« L’Azerbaïdjan pourra étendre ce concept à une approche plus systématique. Désormais les drones vont avoir une nouvelle tâche sur le champ de bataille : détruire les missiles balistiques mobiles avant la phase de poussée. »
Les drones sont de plus
de bons atouts de suppression des défenses aériennes ennemies de basse à
moyenne portée.
Sur les champs de bataille syriens et libyens, le drone turc Bayraktar TB-2 s’est ainsi fait un surnom – le « chasseur de Pantsir » – grâce au nombre de systèmes russes de défense aérienne mobile de courte et moyenne portée, Pantsir, qu’il a détruits.
Réitérant ce qu’elle a appris de l’école turque de guerre des drones, l’armée azerbaïdjanaise va utiliser de façon effective les UAS, en particulier le Bayraktar TB-2, pour traquer les défenses aériennes arméniennes.
« Bien sûr, les munitions intelligentes fabriquées par Roketsan, principalement MAM-L, vont jouer un rôle majeur dans la campagne de suppression des défenses aériennes ennemies. »
Dans les deux premières semaines des affrontements, les forces armées azerbaïdjanaises vont détruire quelque 60 unités de défense aérienne, principalement des systèmes 9K33 OSA, et 9K35 Strela.
« En outre les armes turques changeront la donne. Israël est une autre source importante d’armes stratégiques pour l’Azerbaïdjan. À cet égard, les munitions israéliennes de traque, Harop – leur drone kamikaze – figurent au premier plan.
Mais à la différence des
autres lignes de base de systèmes aériens sans pilote, les « drones kamikazes »
portent une ogive intégrée à la plate-forme. Par conséquent, au lieu de larguer
les munitions, ces drones traqueurs de radar de tir plongent sur leurs cibles.
Une seule fois. »
Dans l’ensemble, en
l’absence d’une solide architecture de défense aérienne centrée sur réseau et
dans des espaces aériens relativement permissifs, les drones vont se révéler
être des atouts efficaces.
« Sans aucun doute, la plupart des drones sont encore faciles à abattre, en comparaison notamment aux avions pilotés. Ainsi, on ne peut pas prétendre que contre un adversaire robuste, la mise en place d’une capacité anti-accès/refus de zone complexe soutenue par des outils de guerre électronique et des échelons de systèmes anti-drone, reposant uniquement sur des systèmes sans pilote, pourrait offrir des solutions adéquates.
Il faudra considérer que
les opérations basées sur des drones sont idéales contre des adversaires
dépourvus de défense aérienne centrée sur un réseau, ainsi que d’une image
aérienne complète.
C’est une évidence. »
Et alors, les Israéliens
sauront-ils s’adapter ?
« N’en doutez pas, charmante Alexis. Avec des calibres comme Rachel et toute la génération qu’il y a derrière, ils sauront faire. »
[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Dans le sillage de Charlotte », aux éditions I3
[2] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Alex cherche Charlotte », aux éditions I3
Non pas le prix et les modalités de la transaction à venir, mais le programme des cyborgs de Paul.
« Vous avez fait travailler Rachel sur la programmation de cyborgs, des robots à forme humaine. Et d’après ce que j’en ai compris, c’est manifestement dans un but précis.
Alors que nous pensions qu’elle aurait accès à votre fameux logiciel BBR pour l’améliorer.
Il y a quoi derrière cette idée ? »
Les navires sont en train d’être remis à niveau en Mer du Nord et je compte bien les exploiter dès l’année prochaine. »
« Vous savez combien coûte le personnel de bord sur un navire de croisière de luxe ? »
Pas grand-chose quand il est pakistanais ou sri-lankais.
« Oui mais toujours beaucoup trop cher à former, à nourrir, à loger par rapport à un robot qui ne coûte que sa signature carbone en énergie ! »
« D’autant, si j’ai bien compris, » intervient Rachel, « que ce « personnel de bord » est bien particulier… »
« Absolument ! Je veux des clients parfaitement satisfaits à tous les points de vue, mais seulement une demi-douzaine de vrais membres d’équipage.
Et de rajouter que pour des rafiots d’une centaine de passagers, au lieu d’avoir 100 à 150 membres d’équipage plus les escortes-girls pour assurer le confort des clients, il n’y aura que 6 à 7 personnes à bord…
« Vous vous rendez compte ! Je divise le poste « charges de personnel » et intendance de l’équipage par 25. Or, c’est la moitié des coûts d’un bateau à la mer pour un même niveau de prestation de luxe… »
Voire supérieur.
Le colonel en siffle entre ses dents…
Et comment que ça va marcher !
« Ils ne vont pas se sentir un peu seul, vos clients ?… »
Manifestement, le colon n’a rien compris.
Ce que moi j’ai compris, c’est qu’avec 100 célibataires, même déchaînés à bord, il est prévu 250 cyborgs sexuels pour répondre à tous les goûts de ces pervers-là…
Plus la centaine de « petit-personnel » de robots à tout faire, ça fait du monde dans les coursives !
« Les postes incontournables se résument à un capitaine et son second, un commissaire de bord, un ingénieurs-machine, un ingénieur sécurité informatique et à un bosco chargé de piloter et certifier les cuisines.
Tout le reste, les médecins, infirmières, logisticiens et je ne sais pas quoi encore, les fonctions supports, est déporté à terre avec des liaisons héliportées.
Et comme avec la crise, j’ai pu racheter pour trois fois rien une petite compagnie aérienne, j’ai repris tout le personnel et les avions, je vais pouvoir également équilibrer cette logistique-là en affrétant des charters entiers dès que les conditions sanitaires le permettront. »
« Oui, enfin… Pas partout et de toute manière, de façon très provisoire : il va y avoir des retours d’infection à la Covid dès la fin de l’été. Plus des mutants et des « variants ».
Quand on pourra vacciner un maximum de personne et soigner plus radicalement les malades au lieu de les laisser souffrir sous respirateur en réanimation ou aux urgences…
Mais ce n’est pas avant un certain temps. »
Effectivement !
« Sauf qu’elle ne peut pas être sur 6 navires en même temps. Et puis je vous signale qu’elle serait tout de même plus utile à son pays pour concevoir les prochaines armes des conflits armés qui chauffe autour de vos frontières. »
Comment ça ?
« Dans quelques semaines, le Haut-Karabagh va de nouveau s’enflammer. Et l’Arménie qui aura eu le dessus la dernière fois va se retrouver dans une position intenable à cause des nouvelles tactiques et armes mis à disposition de son adversaire par la Turquie. »
De quoi Paul parle-t-il ?
« Des futures menaces sur votre territoire.
Et au Haut-Karabagh, on va tester, grandeur nature, les flottilles de drones, qui vont faire un malheur et mettre à genoux les armes arméniennes en moins d’un mois…
Une menace considérable pour votre pays. »
Si vous voulez, répondra Paul.
Paul m’expliquera plus tard, à l’automne, qu’en fait plusieurs leçons seront tirées de ce conflit estival qui n’est alors pas encore déclenché.
Tout d’abord que sans des moyens adéquats tels que les capteurs, la couverture de moyens de guerre électronique et l’armement anti-drone, les unités terrestres traditionnelles sont en difficulté.
La première leçon que les affrontements entre Azerbaïdjanais et Arméniens ont apportée, c’est effectivement la grande vulnérabilité des unités terrestres traditionnelles – formations blindées, mécanisées et motorisées – face aux armes et concepts avancés de la guerre des drones.
175 pertes dans les principales batailles, pour les forces d’occupation arméniennes dans le Haut-Karabakh : ce n’est pas rien !
Des affrontements qui auront montré que même si l’ère des chars n’est pas encore révolue, les chars de combat principaux, ainsi que d’autres plates-formes de guerre terrestre traditionnelles, constituaient des cibles trop faciles pour les systèmes aériens sans pilote à moins qu’ils ne soient accompagnés d’une composition organique de défense aérienne de courte portée, de moyens de guerre électronique et de systèmes anti-drones.
La Syrie a fonctionné comme un laboratoire de guerre du XXIème siècle. Tous les acteurs impliqués, allant de la coalition anti-Daech dirigée par les États-Unis aux « Gardiens de la révolution » iraniens, dont le chef aura été abattu en janvier par un drone américain à sa descente d’avion à Bagdad, en Irak, et au Hezbollah libanais, ont démontré, testé et appris de nouvelles capacités militaires sur le champ de bataille syrien.
La Turquie et la Russie sont les deux pays qui ont développé des « complexes de drones et d’artillerie » au cours de leurs opérations en Syrie.
L’armée turque, en particulier lors de l’opération « Bouclier du Printemps » visant les déploiements au nord du pays, l’Armée arabe syrienne au début de 2020, a utilisé ses drones pour exécuter des missions de renseignement, de surveillance, d’acquisition d’objectifs et de reconnaissance (ISTAR) pour l’obusier Firtina de 155 mm ainsi que les systèmes de fusée à lancement multiple.
Les drones turcs ont également été utilisés pour les tâches d’évaluation des dommages de combat afin de mesurer les effets de l’artillerie et des salves de roquettes.
De même, après avoir assimilé les leçons du champ de bataille syrien, les forces armées de la Fédération de Russie intègrent désormais les drones Orlan-10 à l’artillerie de la classe 152 mm.
« Dans l’ensemble, nous assistons à une tendance croissante à combiner des systèmes aériens sans pilote avec des forces de frappe indirectes, dans les guerres contemporaines.
Lors de la guerre du Golfe, les missiles à longue portée et la supériorité aérienne auront été décisives à l’appui des blindés et des troupes d’occupation.
La guerre asymétrique contre Daesh, en Syrie et au Sahel, aura réhabilité l’artillerie et montré la disponibilité irremplaçable des drones autonomes. »
« Outre l’aspect juridique, car des tirs d’ogives balistiques contre des populations civiles sont assimilés à des crimes de guerre, la dimension militaro-stratégique de l’utilisation des missiles balistiques et des roquettes lourdes des forces arméniennes au cours de cette guerre, cette stratégie mettant en évidence le concept vital de « dissuasion intra-guerre », méritera une certaine attention. »
La dissuasion intra-guerre consiste à contrôler les schémas d’escalade dans un conflit en cours. Il incorpore la négociation tacite ou explicite concernant les seuils et les limites d’un conflit en cours.
« Et contrairement aux théories traditionnelles de dissuasion, la dissuasion intra-guerre fonctionne dans une guerre en cours. »
Plus important encore, les missiles balistiques SS-26 Iskander de fabrication russe, et intégrés à l’arsenal arménien rendront la situation encore plus dangereuse.
« Dans l’ensemble, cette guerre-là va montrer que la dissuasion intra-guerre et les armes stratégiques liées à ce concept crucial continueront de dominer les champs de bataille dans les années à venir. »
Enfin, pendant ce conflit, l’Azerbaïdjan va utiliser ses drones pour traquer les missiles balistiques mobiles TELAR (transporteur-érecteur-lanceur) d’Arménie dans au moins une escarmouche.
« L’Azerbaïdjan pourra étendre ce concept à une approche plus systématique. Désormais les drones vont avoir une nouvelle tâche sur le champ de bataille : détruire les missiles balistiques mobiles avant la phase de poussée. »
Sur les champs de bataille syriens et libyens, le drone turc Bayraktar TB-2 s’est ainsi fait un surnom – le « chasseur de Pantsir » – grâce au nombre de systèmes russes de défense aérienne mobile de courte et moyenne portée, Pantsir, qu’il a détruits.
Réitérant ce qu’elle a appris de l’école turque de guerre des drones, l’armée azerbaïdjanaise va utiliser de façon effective les UAS, en particulier le Bayraktar TB-2, pour traquer les défenses aériennes arméniennes.
« Bien sûr, les munitions intelligentes fabriquées par Roketsan, principalement MAM-L, vont jouer un rôle majeur dans la campagne de suppression des défenses aériennes ennemies. »
Dans les deux premières semaines des affrontements, les forces armées azerbaïdjanaises vont détruire quelque 60 unités de défense aérienne, principalement des systèmes 9K33 OSA, et 9K35 Strela.
« En outre les armes turques changeront la donne. Israël est une autre source importante d’armes stratégiques pour l’Azerbaïdjan. À cet égard, les munitions israéliennes de traque, Harop – leur drone kamikaze – figurent au premier plan.
Une seule fois. »
« Sans aucun doute, la plupart des drones sont encore faciles à abattre, en comparaison notamment aux avions pilotés. Ainsi, on ne peut pas prétendre que contre un adversaire robuste, la mise en place d’une capacité anti-accès/refus de zone complexe soutenue par des outils de guerre électronique et des échelons de systèmes anti-drone, reposant uniquement sur des systèmes sans pilote, pourrait offrir des solutions adéquates.
C’est une évidence. »
« N’en doutez pas, charmante Alexis. Avec des calibres comme Rachel et toute la génération qu’il y a derrière, ils sauront faire. »
[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Dans le sillage de Charlotte », aux éditions I3
[2] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Alex cherche Charlotte », aux éditions I3
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