Bienvenue !

Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

vendredi 7 août 2020

Dans le sillage de Charlotte (6)

VI - McShiant Castel
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
En fait, le rocher sur lequel se pose l’hélicoptère, avant de repartir sitôt ses passagers et leurs bagages débarqués, est plutôt de type « aride » et désolé. Herbes rases, quelques chardons roses, pas un seul arbre mais quelques moutons qui paissent tranquillement de l’herbe bien verte et probablement salée par les embruns du large apportés par les tempêtes qui doivent se succéder dans le Minch.
Je découvrirai plus tard que l’îlot n’est jamais qu’une falaise granitique, hors un petit débarcadère sur la pointe ouest par lequel on accède sur un chemin de terre raviné et escarpé.
Pas tout-à-fait au sommet trône une bâtisse de style victorien assez imposante et austère construite en pierre du pays, noires, avec des volets gris : Le « Castel » de la famille éponyme.
Meubles cossus en bois massif et d’époque, deux étages et de hautes cheminées rangées « en forêt » sur le toit : pas très sympathique au premier coup d’œil, mais plutôt stylé, le « Castel ».
 
On est accueilli par une sorte de péquenaud aux bottes crottées de boue qui tire sur une pipe, probablement un tabac gris et empestant fort, et une cariole à bras pour prendre en charge nos maigres bagages, qui nous conduit vers l’entrée où nous attend un valet en livrée noire et or.
Le maître d’hôtel.
À l’intérieur, ce qui est saisissant en cette fin de journée au ciel plombé, c’est l’obscurité relative entretenue par de maigres luminaires qui diffusent tout de même assez de lumière pour laisser entrevoir d’immenses portraits d’ancêtres accrochés aux murs et un parquet de bois aux lames droites, épais et encaustiqué tel un miroir.
Il fait froid et humide.
« Lady Margareth m’a demandé de vous conduire à vos chambres et de vous faire savoir qu’elle vous recevra pour le tea-time servi d’ici une demi-heure » fait-il dans un anglais au fort accent écossais.
Incompréhensible pour une oreille « continentale ».
 
Le « tea-time », c’est toute une institution dans les îles britanniques qui implique la présence de thé, bien sûr, mais c’est aussi un vrai repas. Plein de gâteaux, des sortes de génoises fourrées à la confiture, des cookies et gâteaux secs, des madeleines aux pépites de chocolat, mais surtout des sandwichs coupés en lanières ou en triangle, composés de toutes sortes de filets de poisson tranchés ou préparés en rillettes, de quelques charcutailles et son irremplaçable bacon.
On y trouve même des concombres à la mayonnaise…
Enfin, mayonnaise… disons que c’est ce qui s’en rapproche le plus : c’est plutôt de la « salad-cream » épaisse coincée entre deux tranches de pain.
Là encore, quand on parle de pain en Angleterre, et même en Écosse, il ne faut pas s’attendre à nos belles productions parisiennes ou aux miches de nos campagnes bien croustillantes, mais bien plus à du pain de mie !
Bref, à part les œufs brouillés et le lard fondu, le tea-time, c’est un pique-nique froid, hors le thé qui est servi quasiment bouillant… pour compenser, je suppose.
Un arrache-gueule fumant pendant de très longues minutes.
 
Lady Margareth est une jolie fille aux yeux pétillants d’une maigreur effarante, au visage émacié mais qui reste « mastoc » au niveau des membres inférieures. Elle marche de façon bizarre, une canne à pommeau à la main dont elle ne se sert que pour s’assoir ou se lever, mais qu’elle ne quitte pratiquement jamais.
Je comprendrai très vite qu’elle est paralysée, paraplégique, depuis le nombril, suite à un accident de cheval dans sa jeunesse. Et que ce qui la rend « mastoc », c’est son corset équipé pour recueillir ses « body fluides » dont elle ne maîtrise pas du tout l’arrivée et sur lesquels sont fixées ses orthèses articulées.
Elle explique elle-même que son exosquelette est piloté par une intelligence artificielle intégrée dans ce dispositif. « Ce qui m’évite de tomber. Je peux marcher à peu près comme je veux, mais je reste maladroite et ne peux pas encore courir. En revanche, je peux de nouveau monter à cheval ! » s’enthousiasme-t-elle…
 
Paul m’en dira plus sur le vol du retour : elle s’est faite une spécialité de faire des prothèses pour remplacer mains, bras, pieds et jambes de personnes amputées dans le cadre des activités de la Fondation Risle[1].
La fondation implantait des organes prélevés sur des cadavres pour ses patients fortunés à travers le monde dont elle remplaçait les organes manquants, déficients et malades.
Depuis, les greffes de membres se sont améliorées, surtout de la main et les industriels se sont rués sur les prothèses artificielles. Mais pas les organes internes pour lesquels il faut toujours avoir recours à des greffes.
« L’avenir de ce genre de chirurgie palliative restera aux « autogreffes » d’organes cultivés in vivo à partir de cellules-souches du patient… Mais ce n’est pas encore au point ! »
Comme de toute façon la Fondation Risle a disparu, la lady végète un peu depuis et se consacre à la recherche sur les puces « à la demande », les petites séries que façonne sa sœur à Glasgow dans leur usine dédiée.
« Ce qui font d’elles deux des spécialistes dont j’ai besoin… »
 
« Tu en es où sur la conception de mes cyborgs ? » questionne Paul, une fois que les présentations sont faites quand elle se sera posée.
Je note le tutoiement (qui est significatif d’une certaine familiarité qui se distingue au ton avec le « you » de déférence en anglais, mais c’est assez subtil pour une oreille continentale, tel que je ne comprends pas tout de suite) ainsi que le mot « cyborgs ».
C’est quoi ce projet-là ?
« Ma biographe personnelle oublie tout quand elle n’a pas ses notes sur elle… Alexis, je l’ai évoqué dans notre TGV retour lors de notre premier voyage à Londres.[2] »
Ah ? Je n’en ai pas souvenir…
« Vous vous souvenez que j’ai acheté assez cher une compagnie de croisiériste en présence du russe. »
Oui, ça je me souviens, alors que Lady Margareth se lève pour nous servir un verre de Cherry, aidé en cela par la gouvernante et… sa canne !
« L’objectif reste de faire tourner ces navires, après restauration et mise à niveau d’un cinq étoiles type luxe, dans les zones où les gens ont du pognon. On va en faire des bordels de luxe flottant avec des cyborgs sexuels à bord… »
Je m’en étouffe : « Des quoi ? »
« Des putes ! Mais comme je ne suis ni un proxénète ni un acharné de la traite des femmes, on les remplace par des robots. Simple et même pas illégal ! Dans aucun pays… »
Ah oui ?
J’en reste coite, interdite : j’aurai dû me souvenir de ce qui choque habituellement l’entendement. Mais là, c’est plutôt « le blanc »…
Probablement un acte manqué.
Où va-t-il chercher tout ça ?
Il me l’avait peut-être dit, mais j’ai forcément dû oublier tellement ça a dû me dérouter.
 
Et la conversation s’engage entre lui et notre charmante hôtesse à la voix si posée, plutôt sur un plan technique. Domaine où je ne comprends même pas un mot sur deux, même quand ils se mettent à causer dans la langue de Molière.
Elle n’a pas chômé, mais c’est difficile : « Ton cahier des charges est infernal. J’arrive bien à partir d’un même squelette à faire les trois tailles standardisées demandées avec de multiples variantes et même des variations de mensurations, mais ce n’est pas encore « sécurisé ». Ça peut tomber en panne et la difficulté c’est de pouvoir réparer sans tout démonter. »
Comme sur une tablette ou un smartphone où, à part la batterie, si ça ne marche plus, il vaut mieux en racheter une autre… Ça revient moins cher !
« J’imagine. Mais tu as pensé à inclure des dispositifs d’autodiagnostics des problèmes de fonctionnement ? »
« Ne m’en demande pas trop. Je bosse sur les logiciels… Et c’est bien plus compliqué que pour faire fonctionner une paire de jambes ! »
 
Car il y a des jeux d’articulation avec butée sur pratiquement tous ses « os » en titane…
« Il y a environ 206 os, en comptant les osselets de l’ouïe, dans un corps humain et environ 656 muscles ! J’ai déjà réussi à réduire plus de la moitié des os moyennant une certaine rigidité qui ne se voit a priori pas. Mais c’est autant de servo-moteur à calibrer et coordonner pas à pas, même s’il n’y en a que moins d’une centaine… C’est nettement plus commode que devoir motoriser des servocommandes tirant sur des câbles ou des tringles, crois-moi ! »
On n’aura pas de gymnaste conclut Paul un brin moqueur.
« Et pourquoi faire quand il s’agit seulement de se plier en quatre pour tes clients et d’écarter les cuisses ? De toute façon, j’ai un autre problème qui se rencontre au niveau de l’épiderme. »
Il lui faut un produit qui fasse illusion et surtout qui évite les « coutures » trop voyantes.
 
« Or, si on veut ouvrir et démonter pour réparer, il n’y a pas trente-six solutions. Pour le crâne, ça peut se camoufler sous la perruque, mais on ne va pas très loin au-delà du cou qui fait goulot d’étranglement.
On peut aussi enfiler des sondes dans tous les orifices assez profonds, les équivalents des nez, bouche, oreilles, anus, vagin et pour l’alimentation électrique dans les plis du nombril. Mais ouvrir, je ne vois ça qu’autour des fesses.
Or justement, les fesses et l’appareil sexuel, il faudrait que ce soit particulièrement bien soigné pour pouvoir induire en erreur tes michetons.
Insoluble, d’autant que si c’est la seule ouverture, enfiler tout le reste par le séant, ce n’est pas évident » conclue-t-elle.
« Mais il est plus naturel d’y avoir une couture bien dissimulée. Et les fesses, c’est justement là qu’il convient de rajouter du latex… »
Le séant, bien des naissances se passent de cette façon-là non ?…
« Peut-être, mais au prix de quelle dilatation des tissus à prévoir !… »
 
« C’est prévu. On a une solution. »
Ah ? fait-elle.
« On m’a parlé d’un gars qui fait de la peau artificielle pour les apprentis tatoueurs à partir de collagène tanné et poli. Il paraît que c’est assez bluffant. Reste à lui monter une machine à impression 3D qui rendrait l’opération de finition impeccable pour l’effet recherché, facile et peu coûteuse, et, en cas de panne générale, on peut très bien arriver à réduire les coûts de fabrication pour détruire, « éplucher », tes bestioles et les « rhabiller » comme neuf une fois les réparations effectuées. »
Elle a l’air totalement incrédule…
« Je m’en occupe. Il est en Espagne, aux Canaries je crois savoir… »
Il devrait dire, « me souvenir », puisqu’il a lu mes biographies à venir. Ou alors, Paul a des trous de mémoires !
« Et puis pour les « masses flottantes » on utilisera du silicone qui a en plus la capacité d’être injecté ou retiré par tes fameux orifices, sauf à prévoir un plan des circulations à anticiper. Tu nous montres tes prototypes ? »
Volontiers ! « Mais tu sais que pour pénétrer dans mon laboratoire, la « Margareth-tax » est toujours de rigueur… Et ta copine ne peut pas la payer… »
Eh oh, c’est quoi encore, cette taxe-là ?
Et « son » laboratoire, il est où ?
 
« Alors fais-en monter un ! »
C’est en lisant le biographe « officieux » que je saurai ce qu’est cette fameuse taxe et que les laboratoires sont installés dans les sous-sols du « Castel », dans des grottes semi-naturelles qui serpentent dans le « rocher »[3].
« Ah dommage… C’est la présence de ta girl-friend qui t’inhibe ? »
Non ! « C’est que je suis un père de famille devenu respectable. Et puis je finance tes travaux, n’oublie pas, même si j’ai besoin de toi. On verra donc ça une autre fois… »
« Je ne t’en monte plus un ? »
« Tout compte fait, non. Ton personnel n’a pas à voir ce que tu fabriques dans tes ateliers. Ça pourrait éveiller la curiosité de gens pas forcément bien intentionnés… »
Elle a une entière confiance dans son personnel de maison.
 
« Moi aussi, mais je ne préfère pas. Tu es déjà sous surveillance des services de la Couronne et des « pas amis » vont venir tôt ou tard s’enquérir de tes machines. Souviens-toi des ennuis que la machine sur-unitaire de ton grand-père lui a valu.
On va faire différemment. »
Elle fonctionne au moins cette dernière machine (celle de Lord McShiant dont il a été question au mois de juin dernier) ?
« Toujours pas. On va aller dans tes caves. Juste pour estimer le volume dont tu as besoin pour travailler. Parce qu’après, je te déménage discrètement quelques mois dans l’océan Indien pour passer en phase préindustrielle dans le calme et à l’abri de mes garde-côtes.
Alors prépare tes cartons… ! »
Mais elle ne veut pas déménager.
« Et puis, il fait trop chaud dans l’océan Indien. »
« Darling, tu auras l’air conditionné. Ici, de toute façon, tu vas être « visitée » par des hostiles d’ici peu : il s’agit d’être prudent pour ta santé.
J’ai encore besoin de toi… »
Comme ça, Paul aurait des garde-côtes autour de son atoll ?
« Non pas encore, mais il faut que je m’en occupe d’ici cet automne… »
 
Et comment Paul sait-il qu’elle va être « visitée » questionne la milady ?
Et par quels « hostiles » ? On est encore en UK, ici… au moins encore pour un temps.
« Oh là, c’est compliqué à t’expliquer ! Je sais et je suis seulement passé te prévenir. »
Nous en restons là, et elle surtout, dubitative.
Je suis la première à savoir qu’avec cet olibrius-là, il faut s’attendre à tout, même à l’improbable : s’il le dit, c’est que ça va se passer, mais je n’en dis rien à la lady blonde.
« Écoutez, puisque je suis interdite d’accès à vos installations, je vais aller prendre une douche et je vous attends ici. Ça vous va… ? »
« C’est ce qu’on attendait de vous Alexis ! Merci… » me fait savoir avec un grand sourire lumineux la lady.
Et me voilà expédiée comme un paria…
Je compte alors les suivre, mais ils attendent un long moment à disserter sur l’IA embarquée sur les cyborgs qui n’est guère avancée, avant de s’éclipser tous les deux, je ne sais où.
Je comprends seulement qu’Alphabet, la maison-mère de Google a correctement avancé sur les « chabots » dont Paul pourrait obtenir une licence non-exclusive.
Pour les voir réapparaître à la nuit tombée depuis un long moment, fatigués tous les deux mais quel que peu contrariés l’un et l’autre : Leur escapade n’aura peut-être pas été de tout repos…
« Bon, moi, je vais me coucher. Demain on passe chez ta sœur pour la saluer. »
 
Je n’en saurai pas plus sur le moment.



[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisodes « Au nom du père », tomes I et II, à paraître, aux éditions I3
[2] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Alexis cherche Charlotte », aux éditions I3
[3] NDN : Informations censurée…
 
 
 
 
270 pages – 12,30 €

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire