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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

vendredi 28 août 2020

Dans le sillage de Charlotte (27)

XXVII – Makarond incognito au Chagos (1)
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
J’étais arrivée l’avant-veille avec Gustave depuis l’Île Maurice par le même vol régulier que j’avais déjà pris la première fois sans aller jusqu’au bout, puis avec le Learjet de service jusqu’au lagon. Et je suis repartie aussitôt après avoir déjeuner avec l’A320 qui partait pour Pierrefonds chercher le Président. Juste eu le temps de poser mon bagage…
Là, il fait nuit quand l’A320 finalise son approche directe sur l’unique piste de l’atoll, dans un souffle, même si la piste paraît un peu courte telle que Paul n’hésite pas à renverser les gaz sitôt touché le sol : et ça fait du bruit !
C’est vrai que le pilote automatique fait très bien les choses. Le Président se laisse émerveiller par toutes les lumières bien alignées au sol, chargées de guider le pilote en final et Paul ne touche à rien pour aligner toutes les aiguilles des instruments de bord qui vise un même point sur une même trajectoire rectiligne.
Il sort seulement les volets en grand, 30°, ce qui cabre l’appareil et relance un peu les moteurs alors qu’on demande à l’avion de ralentir à voler à seulement 135 nœuds en descente douce de 600 pieds minutes, aérofreins sortis, ce qui le fait vibrer.
Paul n’interviendra qu’au dernier moment pour couper le pilote automatique et ralentir, au manche, le rythme de la descente quelques mètres à peine au-dessus de la piste et réduire les gaz : on s’est laissé tomber comme une fleur et il a lancé les inverseurs de poussée des réacteurs.
Impressionnant vu depuis le cockpit.
 
L’île a bien changé depuis mon avant-dernier passage à Pâques dernier[1].
La maison de maître aura été très agrandie et rehaussée de plusieurs niveaux, le tout en style « néocolonial » un peu kitsch : c’est devenu l’équivalent d’un hôtel de luxe, un peu exigu, mais flambant neuf.
Un port, plutôt une double jetée lancée sur la lagune, flotte au-dessus d’un débarcadère qui surplombe la langue de sable, mélangée à de la poudre de corail qui fait office de plage, d’une dizaine de mètres de haut.
La petite piste d’aviation traverse toute la terre émergée là où elle existait précédemment, mais elle aura été rallongée de plus de 1.500 mètres, surplombant elle-même la mer d’environ dix mètres de haut, un immeuble de trois étages, portée par des caissons inondables en béton posés sur les fonds marins sans trop de déclivité.
Elle débouche sur une toute petite aérogare et des parkings qui mangent presque toute la largeur des terres émergées, sur lesquels sont posés quelques camionnettes, deux berlines Mercedes noires flambantes neuves et une poignée de 4x4 Hummer.
 
Désormais la route traverse cette piste (comme à Gibraltar) et rejoint à environ deux kilomètres de là, au nord, une usine à béton où s’entassent des piles et des piles de voussoirs étalées sur des kilomètres.
Les matériaux sont débarqués directement depuis un autre embarcadère « flottant » ou s’amarrent également un des paquebots de logements des cadres et ingénieurs et leurs bureaux, alors que les « petite-mains », pour la plupart Srilankaise, sont logées à proximité du chantier dans des baraquements provisoires.
Et encore plus loin, est amarré le sous-marin volé aux Canaries, sous un des immenses hangars flottants qui n’existaient pas jusque-là, probablement pour le dissimuler aux yeux indiscrets des satellites-espions…
Il fait tout petit-tout fin à côté de ces navires qui se partagent le ponton dédié au chantier.
Quand je suis arrivée, ils déchargeaient les éléments d’un tunnelier qui sera gigantesque : une grosse machine en pièces détachées de 82 mètres de long pour 1.350 tonnes !
Au sud, la route mène aux ateliers de la lady écossaise et quelques jardins d’agrément, dont une écurie et une petite anse de sport nautiques (jet-ski, dériveurs, bateaux de pêche « au gros » avec leurs cannes, etc.)
 
Nous sommes reçus comme des princes – logement « à l’hôtel » qui vaut bien celui de Lanzarote, même s’il n’y a pas de piscine-terrasse sur le toit – tel qu’on s’habitue vite au luxe qui n’est pourtant pas « tapageur ». Mais la décoration est lumineuse et chaleureuse.
Et Paul tout bronzé et avant notre envol pour La Réunion, nous remet à chacun un badge « open-bar » et les clés de nos chambres, situées à l’un des trois étages, les balcons ombragés par des cocotiers.
Nous avions déjeuner avec Lady Margareth d’un plateau fort nourri de crustacés et coquillages. Il manque juste des huîtres : il paraît qu’elles sont sablonneuses…
La miss britannique est ravissante, dans son corset électromécanique et une chemisette translucide (sauf qu’elle pèle encore de partout), tel que Gustave a l’œil qui tourne et se rince sur l’échancrure de son vêtement : elle ne porte pas de soutien-gorge, la coquine et ses seins en forme de poire, avec des tétons rose-pâle, font leur effet sur le cerveau reptilien de l’amiral !
Elle s’est installée en journée dans des ateliers dédiés au Sud de l’île, du côté du petit « port de plaisance », à l’opposé du chantier à béton entouré encore de quelques arbres, qu’elle rejoint à cheval matin, midi et soir par un chemin tout juste carrossable…
Un cheval ici, pauvre bête !
Mais il a l’air à son aise dans les box de ses deux écuries…
« Le foin, il vient d’où ? »
Il n’y a pas que du foin qui pousse ici…
« Ah… » fis-je d’un air probablement bête. « Et il est venu comment ? »
Du Sri Lanka par bateau…
J’en conclus qu’il s’agit sûrement d’un caprice de star.
Ses travaux avancent. Paul repart d’ailleurs à Lanzarote dans deux jours et m’invite à l’accompagner pour « tester » la finition des productions de « Pépé ».
Comment refuser, même si le pays est moche ?
 
Puis il nous a fait faire le tour du propriétaire : Gustave découvre, étonné !
« Ici, nous travaillons à monter notre tunnelier. Il va creuser trois tunnels parfaitement circulaires qui passent grosso-modo sous les terres émergées de l’atoll. 30 kilomètres de circonférence environ.
S’il est enterré que de quelques dizaines de mètres, c’est histoire de l’assoir sur le magma solidifié et non pas sur du corail, qu’on va probablement et par endroit compacter et renforcer avec du béton injectable avant d’y poser les voussoirs. Son axe est parfaitement vertical pour une trajectoire totalement horizontale.
Les deux autres seront en revanche plus délicats à forer, car leurs axes seront décentrés progressivement jusqu’à 45° par rapport à l’horizontale pour émerger à la surface du lagon à peu près aux deux tiers du centre géométrique du tunnel principal, celui de l’accélération. »
Et les deux désaxés seront reliés au premier pour chacun un tour complet…
Le premier de ces deux-là sortira en direction de l’Est, le second vers le Sud.
« On est en train de sonder cette partie-là pour tenter de savoir ce qu’on va trouver de plus solide que de la lave figée. »
Pourquoi l’Est et le Sud ?
« Pour des tirs de nos ogives dans ces directions-là et mettre les premières en orbite équatoriale avec l’aide de la rotation de la planète et les seconds sur des orbites polaires. »
Il n’y a pas plus simple ?
« Si bien sûr. On va aussi équiper nos ogives de moteurs d’apogée et de corrections d’orbite. D’ailleurs ce sera nécessaire pour les maintenir tous, une fois accrochés les uns les autres sur leur orbite basse. »
De la sorte, ils économisent les masses de carburants à soulever pour emporter plus de charge utile : c’est l’objectif recherché.
Et ces ogives, c’est quoi ?
Paul répondra à la même question devant le Président Makarond… interrompu sur le moment qu’il est par son secrétaire qui vient porter un combiné téléphonique jusqu’à lui : il s’agit de décoller pour aller chercher le Président.
 
« On fait un tunnel de 9,17 m de diamètre, comme celui des métros parisiens qui progressera à raison de 120 mètres/jour, soit deux ans de travaux de terrassement, pour y installer un dispositif destiné propulser des ogives d’une dizaine de mètres de long et de 4,60 mètres de diamètre à travers un réseau d’électro-aimants ultrapuissants, comme pour le Magalev chinois ou les futurs véhicules d’Elon Musk aux USA.
Ils sont chargés de les accélérer jusqu’à la vitesse requise avant de les expulser par l’un des deux tunnels de tir où ils parcourent ensuite une trajectoire balistique comme un obus.
Notre problème est qu’à ces vitesses-là, l’ogive monte très haut dans l’espace circumterrestre avant de retomber pour se satelliser à la bonne altitude de rendez-vous avec la future station orbitale et ne plus jamais redescendre vers le sol.
Sauf que… c’est une manœuvre qui est longue et peut ne pas assez précise pour tomber pile-poil dessus : il nous faut donc un propulseur auxiliaire pour effectuer les corrections nécessaires ou bien, au contraire, avec un réservoir suffisant pour les moteurs-fusées embarqués, il s’agira seulement de s’ajuster en redescendant et continuer à gagner de la vitesse de satellisation.
En revanche, pour les tirs géostationnaires, on n’aura besoin seulement que des moteurs d’appoint pour les manœuvres d’approche, mais l’accélération dans les tunnels seront plus longues. »
 
Et l’énergie primaire, dans le tunnel, demandera le Président ?
« Fournie par un petit réacteur nucléaire qui est actuellement en construction en Chine. Mais ça va prendre un peu de retard à cause de la prochaine crise… »
Quelle crise ?
« Vous verrez bien Monsieur le Président. C’est un nouveau concept, qui est en fait très ancien, avant même la filière de l’uranium, qui a été remis au goût du jour par Bill Gates avec l’aide des technologies industrielles issues des super-générateurs dont notre pays n’a pas voulu. »
Une connerie ?
Paul ne relèvera pas.
 
« C’est la filière au thorium. Une technique qui consiste à accélérer des particules pour exciter un cœur de thorium confiné, naturellement non-radioactif, qui déclenche alors ses réactions nucléaires. Quand ça s’emballe, on coupe l’accélérateur et ça refroidit tout seul. »
Ou quand on n’en plus l’usage…
« Pourquoi nous n’avons pas ça en France ? »
Les ingénieurs sont tous mobilisés à démanteler les vieux réacteurs à uranium ou au MOX des centrales civiles, ceux d’une filière d’abord à vocation militaire, à son démarrage, ou sur Iter, voire à tenter d’enfin démarrer Flamanville : « Ils ne peuvent pas être partout à la fois non plus ! »
Une autre connerie, si c’est si simple.
« Non, c’est complexe à mettre en œuvre. Mais c’est vrai que c’est simple sur le papier. Et les Chinois, mais aussi les Indiens, n’ont pas tous ces problèmes de recyclage à régler et ils ont bien avancé. »
Et les Russes ?
« Eux, ils s’épuisent à préparer la dernière Guerre mondiale, qu’ils ont pourtant gagné avec l’aide des alliés, et ils n’ont pas non plus des budgets illimités. »
Paul, manifestement, s’amuse.
 
« Bref, une fois en orbite, l’ogive délivre son chargement et « s’ouvre ». J’entends que puisqu’elle n’est pas destinée à revenir sur Terre, on s’en servira comme d’un lieu de vie ou comme d’un réservoir.
Dans le premier cas, l’ogive s’ouvre en deux dans le sens de la longueur et on y gonfle un espace sous pression, en fait des caissons de sécurité en caoutchouc, style boudin de hors-bord, qui restera aménageable selon les besoins, les instruments d’observations installés et les équipements de vie qu’elle emporte.
Dans le second cas, elle servira de garde-manger, de réserves d’eau à recycler, de compartiments techniques ou de réservoir de carburant pour les propulseurs de stabilisation.
Toutes les ogives seront reliées entre elles dans de vastes ensembles arrimés les uns aux autres de façon à ne pas trop se déformer en torsion au fil du temps.
Plus tard, on aura la même en contrepoids de la station géostationnaire. »
Et de nous montrer quelques croquis colorés, en 3D sur un grand écran installé dans notre « hôtel » qui en jettent.
 
Makarond et ses « conseillers » en ont le neurone en feu.
L’un d’entre eux demandera comment tout cela est financé ?
« Vous demanderez à notre Président. Il sait.
C’est totalement autofinancé pour le moment. Sur ma tirelire personnelle ! »
Et de rajouter : « Vous comprendrez pourquoi je ne suis pas fiscalement domicilié au pays : vous m’en auriez piqué la moitié en quelques années pour équilibrer vos budgets. »
Pas très « patriotique », comme démarche…
« Qu’en savez-vous, jeune-homme ? Je vous fais faire des milliards d’économie au titre du crédit d’impôt recherche, à ce qu’il me semble… »
Et l’autre reste silencieux, attendant un complément d’explication qui ne viendra pas…
« Naturellement, on ne peut pas envoyer des bonshommes comme ça avec cette catapulte-là : ils seraient écrasés par la force centrifuge.
Aussi, dans un deuxième « même temps », pour reprendre votre expression favorite, Monsieur le Président, nous allons créer un engin récupérable un peu plus classique, fabriqué pour partie en France dans l’Ardèche et monté ici même.
Mais les hangars ne sont pas encore tous fabriqués et la technologie employée va devoir faire encore quelques des progrès. »
De quoi s’agit-il ?
 
Paul se sert à nouveau de l’écran pour nous montrer un autre croquis 3D d’une sorte de catamaran.
« Comme son carburant sera de l’eau de mer, j’en fais d’abord un bateau. De toute façon, ici, la piste est trop courte et pas assez solide pour recevoir ses 300 tonnes en toute sécurité, alors que sur l’eau, il flottera sous l’un des abris qu’on monte petit-à-petit. »
D’ailleurs, c’est sous le premier à la mer, derrière les pontons de débarquement, qu’est stationné la « prise de guerre » sur le groupe « Mozart » au large des Canaries, à l’abri des regards indiscrets.
De l’eau de mer ?
C’est un autre conseiller qui s’esclaffe de surprise.
« Bé oui, je ne vais pas gâcher du bordeaux ! Et à la bière, ça ne marche pas ! »
Sourire présidentiel.
« L’eau va être transformée en vapeur puis en plasma et être éjectée dans une tuyère à confinement électromagnétique ! »
Ah oui. Et on fait comment pour faire un plasma sur un catamaran ?
« On use des mêmes technologies au thorium, mais en plus petit. Pas plus de 5 mégawatts. C’est suffisant.
Du coup, parce que les populations civiles n’accepteraient pas de voir voler des réacteurs nucléaires au-dessus de leurs têtes, c’est un catamaran pour pouvoir se poser en mer n’importe où et jamais sur terre. »
Ah oui… dans ces conditions, pourquoi pas.
« Résultat, on se complique un peu la vie : il faut embarquer des hydrojets pour naviguer et des hydrofoils pour déjauger ainsi que des ailes pour les aider. Après, il se comporte à peu près comme un avion et ensuite comme une fusée aux hautes altitudes où on replie les ailes et les hydrofoils. De toute façon, je ne suis pas sûr que ces hydrofoils puissent encaisser des vitesses très supérieures à celles du décollage par mer calme…
Quant au retour de l’espace, il se passe sur le dos : tout l’extrados se comporte comme une aile en vol atmosphérique, mais en se retournant, comme d’un bouclier thermique dans l’espace.
Et ça tombe bien, parce que dans l’espace il n’y a ni haut ni bas.
Résultat, entre les deux coques, on met ce qu’on veut, hydrofoils, hydrojets, équipements, instruments et même des hublots ! Et des bouteilles de bordeaux… »
Nouvel éclat de rire de l’assistance…
 
Je dois avouer que c’est assez bluffant, maintenant que je commence à comprendre.
Car je comprends tout quand on m’explique lentement, finalement.
Le Président se pince les lèvres : lui aussi semble surpris.



[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Alex cherche Charlotte » et « Sur les traces de Charlotte », aux éditions I3
 
 
 
270 pages – 12,30 €

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