XXIII – La Réunion
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
À part le soutien aux troupiers en poste sur l’île, le Président reprend
son envol (1.376 km à vol d’oiseau) vers La Réunion et ses propres problèmes.
Cette île, d’une superficie de 2.512 km², est située dans l’archipel des
Mascareignes à 172 km à l’ouest-sud-ouest de l’île Maurice et à 679 km à l’est-sud-est
de Madagascar. Il s’agit d’une île volcanique créée par un point chaud :
culminant à 3.071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé
travaillé par une érosion très marquée.
Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l’île, est d’ailleurs
un des volcans les plus actifs du monde.
Bénéficiant d’un climat tropical d’alizé maritime, La Réunion est située
sur la route des cyclones et abrite un endémisme insulaire exceptionnel.
Vraisemblablement repérée dès le Moyen-Âge par les Arabes sous le nom de «
Dina Morgabin » (l’île couchant), La Réunion n’a été habitée qu’à compter du
milieu du XVIIème siècle, soit environ 150 ans après son apparition
sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu’alors connue sous le nom d’île
Mascarin, elle devient l’Île Bourbon, une escale de la Compagnie française des
Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une
véritable colonie pratiquant la culture du café.
Devenue un lieu de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi
de France dans les années 1760 avant d’être réaffectée à l’industrie de la
canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes.
Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l’esclavage y est
aboli en 1848, remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de « l’engagisme »
qui consiste à proposer à des travailleurs étrangers à la colonie, un contrat
de travail d’une durée de 5 ans renouvelable. L’engagé est alors au service d’un
engagiste, généralement propriétaire terrien…
L’île devient un département français en 1946 et est, depuis 2003, la
collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République.
Mais en dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif
reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France
métropolitaine.
On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l’ordre de 29 %,
dont 60 % chez les jeunes.
Le premier secteur économique de l’île est aujourd’hui le tourisme. Le PIB
est estimé à 14,5 milliards d’euros, le revenu moyen par habitant étant d’environ
18.000 euros par an.
D’après le dernier recensement, la population était, en janvier 2015, de
850.727 habitants, principalement concentrés sur les côtes où se situent les
principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et
leurs origines variées, à la fois européennes, Ouest-africaines, Est-africaines,
malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité
influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le
créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
Alors qu’un nombre croissant d’îles (« non-souveraines ») se sentent dans
le monde concernées par les effets du changement climatique, La Réunion a été
choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de
territoire ultra-européen périphérique concerné, pour une étude sur l’adéquation
des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux
caractéristiques de ces îles (en fonction notamment de l’utilisation des sols,
de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé
que les pressions d’utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées
et que les stratégies d’adaptation sont incomplètement intégrées dans la
planification de l’utilisation des sols.
Selon l’Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les
outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l’adaptation
au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans
le processus de prise de décision ».
L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que
localement menacée par des espèces introduites devenues invasives.
Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar
ou autres fauves par exemple).
En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent
menacées, comme leur habitat par la périurbanisation, elles font l’objet de
plans de sauvegarde.
Avec la création de son parc national, l’île a été nommée au Patrimoine
mondial de l’UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » en août
2010.
À la départementalisation, si La Réunion est en ruines, la métropole est
amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le
progrès social.
L’instruction obligatoire constitue d’ailleurs un progrès décisif.
La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale
hexagonal apporte un mieux-être considérable. Au début des années cinquante, le
paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de
lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la
santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation
galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de
50 pour mille.
Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La
Réunion à trois journées seulement de la métropole.
Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation
considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux
commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du
commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement.
L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout
considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son
poids politique en métropole.
Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité :
une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La
télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques de
chinois » et « bazar z’arabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le
tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise,
mais le parc automobile évolue plus rapidement encore.
L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des
avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active.
L’économie change.
Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se
développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et
consomme.
La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production
agricole.
Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire
l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, le tourisme.
Aujourd’hui, ce tourisme est la première activité de l’île, avec la
construction.
La Réunion forme ainsi un DROM – département et région d’outre-mer – doté
d’un conseil régional et d’un conseil départemental. Ces collectivités
territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements
et régions de métropole bien que des adaptations existent. L’article 73 de la
Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département
une collectivité territoriale unique, mais à l’inverse de la Guyane ou de la
Martinique, aucun projet en ce sens n’existe encore actuellement.
À l’inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la
Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à
fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l’exécutif
national.
L’État est représenté à La Réunion par un préfet et le territoire est
divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul,
Saint-Pierre) et compte 24 communes organisées en 5 communautés d’agglomération.
Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s’esquisser
sous l’appellation Sud-Ouest de l’océan Indien.
De nos jours l’île, qui est le siège d’une zone de défense et de sécurité,
abrite l’état-major des Forces armées de la zone sud de l’océan Indien
(FAZSOI), qui regroupe les unités de l’Armée française stationnées à La Réunion
et à Mayotte.
L’île permet à la France d’être membre de la Commission de l’océan Indien.
Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et
antarctiques françaises (TAAF).
Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou
les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a
néanmoins quelques revendications autonomistes. On retrouve le même reflet pour
les organisations syndicales.
La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement
déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations
de la métropole.
Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus
corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les
jeunes), des RMIstes (plus de 67.000, soit 8,5 % de la population) constitue le
problème majeur auquel est confronté l’île. Et la croissance économique forte
n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
La langue de l’administration, de l’enseignement et de la presse écrite et
orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le
créole réunionnais qui est une langue vernaculaire structurée sur le français
dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se
comprendre.
Cependant, une partie de la population ne parle que le créole réunionnais.
Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305.300 logements dont
91 % sont des résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des
logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La
Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires
(l’Ouest et le Sud de l’île).
Le parc de logement réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui
de la France métropolitaine et l’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse
plus que 17 % dans le parc de logements.
En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé.
La majorité des résidences principales de l’île sont des maisons
individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation
(1981), le nombre d’appartements a triplé en 25 ans.
Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de
Métropole et les logements sans confort sont en nette diminution constante,
même si on comptabilisait encore en 2008, 42.000 logements ne disposant pas d’eau
chaude.
D’un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique.
En effet, faute d’architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et
construisaient de part et d’autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons
de formes essentiellement rectangulaires.
La varangue est un élément important de la maison : il s’agit d’une
terrasse extérieure construite sur l’avant de la maison, qui permet d’afficher
ses richesses à la rue.
Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales,
trouvées en forêt.
On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et
différents types de fougères.
Que vient faire le Président si loin de ses soucis habituels pour
tomber dans une autre série de mécontentements îliens ?
En métropole, on discute encore de la réforme des retraites avec en
perspective un bras-de-fer avec les syndicats salariés qui appellent à des
manifestations et à la grève générale (au moins dans les transports publics)
début décembre, alors que la réforme de l’assurance-chômage entre en vigueur.
Car La Réunion est toujours en situation de crise sociale aigüe, un an
après le mouvement des « Gilets jaunes » qui s’essouffle mais
persiste.
270 pages – 12,30 €
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