C’est où Barisha ?
Du côté d’Idleb, voyons donc, nous affirmait-on l’occasion
de la récente exécution d’El-Baghdadi, bande de niais (dont je fais partie) !
Ce qui ne répond que partiellement à la question…
Syrie ou Irak ?
Syrie Nord-ouest.
Ah ?
Un coup de « Gogol-Maps » plus tard, effectivement,
force est de constater que la bourgade se situe tout près de la frontière
turque, sous contrôle d’alliés trucs, nettement plus loin d’Idleb que de la
mer.
Alors là, pour une surprise, c’est une surprise…
Comment les hélicoptères de la Delta-force US, partis
d’Irak, ont-ils pu survoler le territoire syrien – et son espace aérien « tenu »
par les russes – sans la moindre réaction des « forces en présence » ?
Plus d’une heure de vol en territoire « hostile »
à l’aller et autant au retour, et seul un chien aurait été blessé…
Voilà que je m’étonne enfin.
Pas vous ?
Bon, que l’opération aéroportée ait été « sécurisée »
d’une façon ou d’une autre, je veux bien le croire. La preuve.
De toute façon, forcément les russes ont été prévenus
pour qu’ils ne réagissent pas.
Probablement, mais c’est moins certain, les syriens
tout autant.
Il n’empêche…
Le plus surprenant c’est que manifestement Ankara a
été écartée de l’opération américaine qui a abouti à l’élimination du chef de
Daech, retrouvé à moins de 5 kilomètres du territoire turc.
Outre la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi, l’opération
menée samedi par les forces spéciales américaines contre une maison de Barisha,
apporte en fait une autre information d’importance : Le « calife-autoproclamé
» de Daech, que l’on croyait caché dans la zone désertique entre la Syrie et l’Irak,
là même où a pris fin son « califat » en mars dernier, avait en réalité trouvé
refuge dans un village de 7.000 âmes depuis au moins 3 mois !
Il se déplaçait quasi-librement, pour un terroriste
recherché par toutes les polices du monde, ce n’est pas mal, dites-donc…
« La Turquie doit nous fournir des explications
», réagit enfin Brett McGurk, l’ancien envoyé de la Maison-Blanche pour la
coalition anti-Daech en Irak et en Syrie, dans une tribune au Washington Post.
« Baghdadi n’a pas été retrouvé dans ces régions
traditionnelles dans l’est de la Syrie ou dans l’ouest de l'Irak – mais
simplement à quelques miles de la frontière turque, et dans la province d’Idleb,
qui a été protégée par une dizaine d’avant-postes militaires depuis le début de
l'année 2018 », rappelle l’ancien diplomate US qui aura démissionné de son
poste en décembre 2018 pour protester contre la décision de « McDo-Trompe »
de retirer un premier contingent de soldats de Syrie.
Depuis, vous vous en souvenez sûrement, il retire tout
son contingent « tampon » dans la région Kurde, sauf les champs de
pétrole… laissant libre cours aux turcs, nos alliés au sein de l’OTAN, envahir
la Syrie dans la région.
Là encore, sous le nez des russes (et des syriens)
sans plus de réactions que ça tant à Moscou qu’à Damas qui y envoie quand même
ses troupes au sol.
Les européens, n’est-ce pas, quasiment aux
abonnés-absents, que même « Jupiter » passait du bon temps à Mayotte
et à La Réunion.
Moi, je ne sais pas, mais de là à comprendre qu’on ne
nous dit pas tout des décisions prises en amont (probablement cet été au G7 de Biarritz),
il n’y a pas loin.
J’explique : La résidence où a été retrouvé le «
calife-autoproclamé » djihadiste appartient à Abou Mohamad Salamé, un membre de
Tanzim Hurras ad-Din, organisation issue de Hayat Tahrir al-Cham (HTS)
apprend-on dans la foulée.
Anciennement connu sous le nom de Front al-Nosra, la
branche syrienne d’Al-Qaïda, HTS s’est allié à partir de 2015 à d’autres
groupes islamistes et d’anciens membres de l’Armée syrienne libre pour former l’Armée
de la conquête et s’emparer du nord-ouest de la Turquie aux dépens du régime
syrien.
« L’Armée de la conquête, dont faisait partie HTS,
a été entraînée en Turquie et alimentée en armes et en combattants par Ankara
», rappelle un maître de conférences à l’université Lyon-2 et spécialiste de la
Syrie.
On savait déjà…
Historiquement le dernier bastion des opposants de « Bachar
el-Assad-le-chimique », la province d’Idleb a été épargnée par un retour
du régime syrien grâce à un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et
la Turquie…
Celui-ci a abouti à la création d’une zone
démilitarisée à Idleb, ainsi qu’à la mise en place à travers la province de
douze postes d’observation contrôlés par l’armée turque pour la surveiller.
Mais dans les faits, Hayat Tahrir al-Cham conserve toujours la mainmise sur ce
territoire.
Désormais considéré comme une « organisation
terroriste » par Ankara, HTS a profité de la fin du « califat » de Daech pour
récupérer un certain nombre de ses combattants : « Il existe aujourd’hui
des liens établis entre HTS et les services de renseignements turcs du MIT et
rien de ce qui se passe dans cette zone ultrasensible n’échappe à leurs
oreilles ».
On peut l’admettre…
Selon le New York Times, Abou Bakr al-Baghdadi se
trouvait à Barisha depuis plus de trois mois : « Il est donc difficile
d’imaginer que HTS n’ait pas su qu’Al-Baghdadi se cachait dans la zone et que
les Turcs n’en étaient pas informés ».
C’est probablement plus compliqué que ça puisque même
les américains ont expliqué comment, en « soignant » quelques courriers
interceptés, ils ont réussi à localiser leur cible (qui se déplace avec femmes
et enfants… et toute l’intendance des réseaux qui va avec) tout en évitant les
satellites et les drones espions qui surveillent la région.
Même que la CIA a précipité l’opération dans le dos de
« Trompe », pour cause de départ inopiné des « boys » dans
la zone nord de la frontière turque, au Kurdistan.
Et puis il lui aura fallu lui confisquer son GMS pour
qu’il évite de twister avant l’heure comme il en a l’habitude : Dans la « War-room »,
pas de souci, c’est une cage Faraday d’où rien ne rentre ni ne sort sans
autorisation et relai…
La Turquie a en tout cas été publiquement remerciée
dimanche matin par le Président américain, aux côtés de la Syrie, de l’Irak, de
la Russie et des Kurdes de Syrie, lorsqu’il a confirmé depuis la Maison-Blanche
l’élimination du patron de Daech.
Mais s’il apparaît que les services de sécurité
irakiens et kurdes ont effectivement fourni des renseignements clés à
Washington, obtenus de la part d’anciens compagnons de lutte d’Al-Baghdadi,
pour permettre de localiser le chef de Daech, il n’en va pas de même pour
Ankara, qui a été tenue écartée de l’opération, selon les révélations du
magazine Newsweek, le premier à avoir annoncé le décès d’Abou Bakr al-Baghdadi.
Plus fort, à en croire le ministère turc de l’Information,
il y a bien eu « des échanges d’informations et une coordination entre les
autorités militaires des deux pays » en préalable à l’opération américaine.
Mais il apparaît clairement que ceux-ci ont uniquement porté sur un mécanisme
de « déconfliction » entre les deux pays, c’est-à-dire une coordination entre
leurs armées afin qu’elles ne se télescopent pas, ainsi que sur l’ouverture par
la Turquie de son espace aérien aux hélicoptères américains de sorte qu’ils
puissent pénétrer plus facilement dans le nord-ouest de la Syrie, sans passer
par les zones sous le contrôle du régime syrien.
Soit le train-train habituel et tout ce qu’il y a de
plus normal pour deux membres de l’OTAN.
Toutefois, le plus étrange est le fait que les
États-Unis n’aient pas utilisé pour leur opération la base aérienne d’Incirlik,
pourtant principal site de l’organisation en Turquie, située à 200 kilomètres
de la ville de Barisha, pour privilégier celle d’Erbil, dans le Kurdistan
irakien, à 700 kilomètres de là…
Pourquoi faire simple quand on peut se compliquer la
vie ?
C’est « révélateur que l’armée américaine ait
choisi de lancer son opération à des centaines de miles en Irak, alors qu’elle
disposait d’installations en Turquie, un allié de l’Otan, juste de l’autre côté
de la frontière », pointe l’ex-diplomate américain dans sa tribune au
Washington Post.
Révélateur de quoi ?
Bé la Turquie a toujours joué un jeu trouble vis-à-vis
des djihadistes dans la crise syrienne. Farouche opposant de « Assad-le-chimique »,
le président turc Recep Tayyip « Air-dos-Gang » a longtemps ouvert sa
frontière aux djihadistes d’al-Nostra et de Daech pour précipiter la chute du
président syrien, avant d’être frappé à son tour par plusieurs attentats de l’État
islamique sur le territoire turc à partir de 2015.
Impuissant face à la reconquête de la Syrie par le
régime syrien et ses alliés russes et iraniens, le turc a dès lors privilégié
la lutte contre les forces kurdes syriennes du YPG (unités de protection du peuple,
force armée kurde syrienne liée au Parti des travailleurs du Kurdistan,
considéré par Ankara comme terroriste et justifiant l’invasion turque au
Kurdistan syrien) plutôt que celle contre Daech, quitte à utiliser pour ce
faire des forces arabes djihadistes (non liées à l’organisation État islamique),
qui se sont rendues coupables de nombreuses exactions.
Hein ou comment protéger son propre peuple et se
retrouver cocu…
Rappelons également que le président américain a
promis de « détruire » l’économie turque et que les russes lui ont
livré le système anti-aérien Buk 400,
(Le 300 a bien dézingué le MH17 au-dessus de l’Ukraine
à partir du Donbass…), alors même que l’aviation turque avait abattu deux pilotes
russes un peu plus tôt.
Au soir de l’annonce de la mort d'Abou Bakr
al-Baghdadi, « Air-Dos-Gang » aura en tout cas salué sur « twister »
un « tournant » dans la lutte contre le terrorisme, non sans ajouter : «
La Turquie continuera à soutenir les efforts antiterroristes, comme elle l’a
fait par le passé. »
À condition de ne pas se tromper de cible,
naturellement.
Ce que je veux également bien comprendre, c’est que le
conflit syrien aura jeté quantité de civils sur les routes, direction la
Turquie.
Dans le lot, bien sûr, des djihadistes en partance
pour l’Europe et quelques Kurdes en conflit avec Ankara.
Souvenez-vous également que l’UE paye cher pour qu’Ankara
retienne ses réfugiés sur son sol, fasse la guerre aux passeurs qui ne vont
plus au-delà des îles grecques bordant les rivages turcs (les grecs les
entassant dans des ghettos et camps comme ils peuvent), et qu’« En-gèle-la-Mère-Quelle »
annonce l’impatriation d’un million de réfugiés dans l’économie teutonne en
manque de bras (pour payer les retraites de ses seniors) pour soulager l’ex-candidat
à l’entrée dans l’UE qu’est la Turquie…
Micmac et compagnie : Tout cela révélé à mon « unique-neurone »
encore en fonction (celui du nerf honteux…) rien qu’en lisant une carte.
Car n’oublions pas non plus que « McDo-Trompe »
redore sa légitimité de « gendarme du monde » au passage, après l’avoir
passablement écornée en « laissant tomber » ses alliés Kurdes qui se
sont sentis obligés de « fraterniser » avec « Bachar-le-chimique »
sous la houlette russe qui reprenait le rôle de « pacificateur » de
cette région-là, abandonné par le « ricain »…
Probablement que désormais « Trompe » n’a
plus besoin d’une guerre (contre l’Iran ou les Yéménites) pour gagner ses
prochaines élections…
Tout comme « Bou-bouche » a pu y songer et
que « Baraque-Haut-Bas-Mât » l’a fait avec l’exécution de « Mousse-à-ma-Ben-Laden »…
au Pakistan (encore des alliés eux aussi « pas avertis » de l’opération
héliportée des Seal à Abbottabad).
Notez qu’il y a quantité d’interrogations qui naissent
de cette situation : Les Russes sont en mesure de « censurer »
le ciel jusqu’au-delà de Tel-Aviv, le Hezbollah pro-iranien reste implanté jusque
dans les plaines de le Bekaa au Liban (qui fait grève contre ses élites) et font quelques raids chez les voisins
syriens, l’Irak est « en désordre » depuis l’abandon du territoire en
rase-campagne par les troupes américaines, là où elles devaient apporter la paix
et la démocratie, mais restent présentes autour des nappes de pétrole…
On ne sait jamais : Le pognon y est compté…
Et dans ce Moyen-Orient (on dit maintenant « le
Levant » en novlangue) en feu où tous les coups sont envisageables, ce qui
m’étonne encore un peu, c’est le calme (relatif) en Jordanie, en Égypte (où les
« frères-barbus » sont tenus en laisse) et surtout en Israël.
Il faut dire que ceux-là n’ont plus de
premier-ministre non plus, tout comme les libanais…
Et pendant ce temps-là, les britanniques s’apprêtent à voter une énième fois, et « Jupiter » s’annonce
à Shangaï et Pékin entre deux « grèves générales » s’arcboutant sur
ses dernières réformes (hors la Constitution, semble-t-il, définitivement
enterrée par « ses potes trois-points »).
Un jour, il faudra qu’on m’explique à quoi ils jouent
avec tout le pognon que vous leur versez tous les ans sans rechigner, voire en
applaudissant.
D’ailleurs, on y reviendra tôt ou tard : Le
bouchon est poussé bien loin pour une économie soi-disant « libérale »
(probablement « avancée ») où 57 % des flux passent par la puissance
publique : Même l’économie « planifiée » soviétique n’a jamais
atteint ce niveau…
À plus tard, donc…
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