La complainte d’un éditeur…
Mon « Gardien » produit du texte à partir de
mes propres créations : Je relis son quatrième opus repris de « Parcours
olympiques » et il est aidé en cela par une journaliste-pigiste que vous
connaissez : Alexis Dubois (à la fois personnage actif mis en scène à l’occasion
du dernier ouvrage, « Alex cherche
Charlotte » en qualité « narratrice » des enquêtes de
Charlotte).
Drôle d’attelage, mais pourquoi si ça enrichit la « collection ».
Car son objectif est de fabriquer « une
collection » complète autour du personnage de Paul de Bréveuil.
Avec des inédits sur lesquels il faudrait que je m’accroche
un peu, tant que j’en ai physiquement la possibilité.
Et le tout était une réaction à mes déboires d’avec « Pourrito »,
un pseudo-éditeur. Une histoire compliquée.
Passons.
L’ami « Flibustier75006 » a séjourné cet été
en Balagne et rencontré un ami commun, éditeur de profession, qui se désole de
ne pas avoir été contacté pour sortir « Opération
Juliette-Siéra »… (et les autres).
« Comment, Infree ne me fait plus confiance ?
Ayo… »
Et ils ont devisé sur la pratique « révolutionnaire »
qui se passe de certaines contraintes traditionnelles. Pour aller plus vite,
sauter des étapes jugées non indispensables et surtout, en fin de compte,
coûter moins cher, l’ubérisation envahit tous les domaines, y compris l’édition,
son métier.
Et de me rapporter que celui-là constate que les
technologies digitales ont bouleversé le monde, et l’édition n’y a pas échappé.
Effectivement, les plates-formes dites d’autoédition et de commercialisation de
livres numériques ou sur papier se sont créées et multipliées.
Des structures parfois légères (un jeune auto-entrepreneur
suffit), la plupart du temps très « commerciales » se sont affranchies du
circuit traditionnel : Auteur, éditeur, diffuseur, distributeur, libraire pour
« faire de l’édition » sans eux.
Or, d’après lui, le rôle de l’éditeur est essentiel.
Là, il n’existe plus : on lui a enlevé toute fonction, toute utilité. On se
passe de ses services tout en faisant croire qu’il existe simplement parce que
l’on joue sur les mots.
« On devrait dire « le livre est fabriqué »
alors que l’on persiste à dire : « le livre est édité ». Il a été fabriqué
certes mais pas édité. »
L’éditeur n’est pas seulement un « prestataire de
service », ou un technicien ou encore un outil et encore moins celui qui seul,
prend le risque de la création… il fait d’abord un choix, avec un auteur qui
devient « son complice ».
Il doit y avoir volonté commune, engagement en vue
d’une belle aventure, humaine avant tout.
« L’éditeur fait un choix, celui de faire
exister un livre, ce livre-là, en particulier, et pour ses qualités. Pour moi,
il y a un couple, les parents s’unissent pour décider ensemble de faire naître
un enfant. L’un ne peut pas « être » ni exister sans l’autre ; l’un a besoin de
l’autre. Il faut être deux pour faire, puis élever un enfant.
Un livre, c’est pareil : il y a l’auteur et l’éditeur.
Une fois né, le livre doit être élevé, soutenu, défendu, promu, porté aux nues,
choyé, soigné, nourri, aidé… mis au pinacle… et c’est là, aussi, tout le
travail de l’éditeur. »
Un travail que ne font pas les auto-éditeurs, car
c’est ce qui coûte, en temps, en investissement, en argent aussi.
Rappelons que le livre reste virtuel tant qu’un seul exemplaire
au moins n’aura pas été commandé, acheté et payé…
Or, aujourd’hui, « l’auteur » peut être son propre
éditeur en se faisant aussi diffuseur, distributeur et en se passant bientôt du
libraire.
Avec un investissement a minima.
Son œuvre, c’est-à-dire la faire exister sur papier,
sera imprimée en numérique, pour une mise de fonds ridiculement basse à
condition quand même qu’il réalise sa maquette lui-même et qu’il ait quelques
notions de mise en pages, qu’un logiciel lui apportera pour quelques euros de
plus.
« Faux » m’a assuré mon « Gardien » :
Ce n’est pas un métier et ça ne coûte que quelques heures de travail.
Ainsi, la fabrication, impression comprise, d’un livre
peut revenir à quelques euros l’exemplaire chez un imprimeur « honnête » mais
surtout, le commanditaire n’est plus contraint d’en faire imprimer un grand
nombre pour faire baisser le coût unitaire : Le coût d’un exemplaire imprimé en
numérique est le même que l’on en tire 10 exemplaires ou 1.000.
« Vrai ! »
C’est le principe de « l’édition » à la
demande.
Le livre existe alors. Il est « édité » comme chez
Gallimard ou Laffont. Rien ne le diffère dans son apparence, d’ailleurs. Il a
même un numéro ISBN et un prix public avec un code barre !
Il lui suffit maintenant de solliciter des copains
pour acheter le bouquin, pour l’encenser, le marchand de journaux du coin, ou
l’épicier pour le proposer à sa clientèle, juste pour faire plaisir.
Les avantages sont surtout pécuniaires, il faut bien
le dire : C’est à la portée de tous et surtout de toutes les bourses. On
est édité.
« La gloire est possible… plus
d’intermédiaires : Chacun au passage prenait son écot, son pourcentage, les
techniciens, le correcteur, le relecteur, le metteur en pages, le maquettiste,
le revendeur, le libraire, la grande surface, le grossiste, le transporteur, le
livreur, la Poste, le dépôt, l’auteur… voire l’éditeur quand il reste quelques
« sous » à se distribuer. Aujourd’hui on remet un fichier à l’imprimeur, et «
hop »… c’est livré ! » se lamente-t-il…
Même si lucide, il note quelques inconvénients qu’il
juge « sournois ».
« Ils font passer à la trappe les difficultés
que le néophyte va rencontrer et qu’il contournera comme il peut. Il doit tout
faire à la place des « pro » qu’il n’a pas à rétribuer : Ok. Mais alors qui
vérifie quoi ? Personne. La qualité du texte … son contenu… les erreurs et les
fautes de frappe ou pas… Qui en est garant ? Personne, sinon l’auteur lui-même,
juge et parti. La mise en page ? La présentation et l’aspect du livre ? Le
choix du papier… sa qualité, son format… aucun « pro » pour ces tâches ! »
Mais surtout, l’objet-livre n’existera réellement que
le jour où un libraire, « acheteur » aura fait la démarche d’un achat
ferme auprès du commanditaire, celui que l’on a appelé l’auto-éditeur, et qui
peut-être une de ces pseudo « maisons d’édition » à la mode, courtisées à
cause de la formule alléchante qu’elles proposent, pas tout-à fait à compte
d’auteur veulent faire croire ceux qui y ont recours.
C’est exactement ce qui est arrivé à « Opération
Juliette-Siéra »…
Le nouvel écrivain (moâ en l’occurrence) peut faire
croire que son remarquable travail a enfin été reconnu et retenu par un éditeur
prestigieux, puisque « connu » et installé dans le monde de l’édition.
Pourrito…
« Je ne fais que constater l’existence de
l’autoédition. Elle existe et je ne conteste ni son utilité, ni sa présence
depuis quelques décennies. Cette technique de remplacement bon marché peut être
utile à ceux qui n’ont pas la chance d’être sélectionnés par le peu de vrais
éditeurs qu’il reste, tant le métier est devenu quasi impossible à pratiquer. »
Mon « Gardien » lui raconte alors comment le
choix s’est imposé de passer par Amazon.
« Et alors pourquoi ce choix ? Le besoin
impulsif de publier à tout prix, tout ce que tu ponds ? Tout et n’importe quoi
! Tu te rends compte que tu participes par cet acte, à la médiocrité ambiante
de l’édition, et, ce qui me parait plus grave, que tu mets en danger toute la
chaine de distribution, en mettant sur le marché des œuvres… inachevées, alors
que les librairies mettent la clef sous la porte les unes après les autres. C’est
de la trahison ! »
Mais non, pas de la trahison : Seulement une
réaction.
« Avec ces outils, chacun d’entre nous a ainsi
les moyens aujourd’hui de publier ou d’être édité. Les éditeurs n’avaient
qu’à s’adapter au lieu d’arnaquer les auteurs !
Après tout, ce sont eux qui fournissent la matière
première de l’industrie du livre ! »
Réplique : « Ce peut être une
thérapie pour l’auteur et c’est tant mieux pour lui, mais la littérature n’a
rien à y gagner et l’édition non plus. »
Ce peut être aussi celui dont le manuscrit a été
refusé par deux ou trois éditeurs et qui se lasse ou encore un auteur
boulimique.
« Il n’empêche que moi, je l’aurai peut-être
pris, le livre d’I-Cube. Le sujet est intéressant. Mais tu sais, un manuscrit,
c’est comme une femme : tu en essayes plusieurs avant de te décider à lui faire
des gosses… »
Et l’avenir de l’édition, dans ces conditions ?
« Nul n’est prophète en son pays mais gageons
que les parutions de livres imprimés ou pas, virtuels ou en version numérique,
comme peuvent proposer les GAFA, seront multipliées à l’infini et prendront le
pas sur l’édition dite « traditionnelle » qui ne disparaîtra pas
cependant.
Il ne s’agit pas de regretter un paradis perdu, mais
de s’alarmer d’une situation qui a pour conséquence la déconsidération de l’art
– en l’occurrence la création littéraire – par la banalisation et
l’uniformatisation des œuvres. »
À condition que l’édition de demain s’adapte et trouve
les moyens de faire respecter tous les aspects de l’édition évoqués ci-dessus.
« En ce qui me concerne, et tant que je le
pourrais, je continuerais d’éditer les auteurs qui me feront confiance, sans
autre objectif que de permettre au plus grand nombre d’accéder à de « belles
choses » qui méritent selon moi d’être partagées pour notre bonheur, et selon
les critères qui ont toujours été les miens. »
Bé oui : La confiance autour d’un coup de cœur !
C’est un peu aléatoire.
« Les moyens financiers indispensables à la
mise en route de tout projet éditorial resteront cependant une priorité. Il
faudra être « inventif » pour atteindre ce but qui est bien de faire partager
au plus grand nombre ce que l’on croit être beau, vrai, utile… »
À chacun ses priorités.
Cet éditeur îlien a peut-être raison, mais c’est « un
peu court ». Le « beau », soit il est universel, soit il se
discute.
Et comme je n’ai pas la prétention de pondre des chefs-d’œuvres
littéraires, mon « Gardien » s’il veut poursuivre chez Amazon, il a
au moins le mérite d’y croire.
Le reste, c’est de « l’intendance » et la
meilleure chaîne d’intendance, ça reste encore Amazon et en plus jusqu’au « dernier
kilomètre » à prix « franco-de-port » (0,01 €…).
Les libraires ne peuvent pas suivre sauf à s’organiser
autrement.
Or, ils sont coincés par leurs conventions de routage
(qui coûtent une blinde à la phinance-pue-blique) et leurs réseaux de franchise
ou d’enseigne (ou de centrale d’achat).
Il leur a manqué un visionnaire qui aurait pu inventer
une imprimante de derrière la boutique pour leurs journaux, comme on a pu faire
avec les tirages photos : Un fichier, du papier, de l’encre et dans le
quart d’heure, vous avez vos photos-papiers encadrées
Par malchance, il est américain, s’appelle Bezos et a
commencé depuis plus longtemps que tout autre…
Ma "petite-sœur" (celle que si elle n'existait pas, il faudrait quand même l'inventer…) me balance deux liens :
RépondreSupprimer- https://www.actualitte.com/article/monde-edition/impression-a-la-demande-chez-fnac-l-edition-a-compte-d-auteur-de-retour/97203?fbclid=IwAR2tCWY54qP2upQUWg0Fsc9RzPmv8cXTWskRPm0MdeXs6y4SxI4w3tMYkQs
- https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/google-play-books-revise-la-remuneration-des-auteurs-autopublies/96294
Comme quoi les choses bougent dans le milieu de la "fabrication sur mesure"...
Mais ça ne me semble pas aussi pertinent que la solution de "mon Gardien" chez Amazon.
Nous en causerons tous les deux !
Merci !
I-Cube