La chasse aux niches fiscales est ouverte !
Alors que l’examen du budget 2020 a débuté à
l’Assemblée, un amendement de la majorité cible plusieurs niches fiscales. Et
pour résumer, leur efficacité est douteuse d’autant plus en cause que l’État ne
dispose d’aucune donnée à leur sujet !
Le rapporteur général du Budget, entend profiter de l’examen
de ce projet de loi de finances (pour 2020), commencé le 8 octobre en
commission à l’Assemblée nationale, pour dépoussiérer les très nombreuses
niches fiscales dont bénéficient les ménages comme les entreprises.
La tâche est immense, car la « Gauloisie-ruinée »
affiche encore plus de niches fiscales qu’elle ne compterait de fromages (mais
pas autant que de vins). Officiellement, les 468 dispositifs « d’allègement
de l’impôt » pèsent près de 100 milliards d’euros par an de manque à
gagner pour l’État.
On appelle ça des « dépenses fiscales »…
D’ailleurs, dans ce labyrinthe fiscal, l’État lui-même
a perdu le fil d’Ariane. Le ministère des Finances est en effet incapable de
dire à combien de contribuables profitent certains de ces avantages fiscaux.
Et, pire, avec quel coût pour les caisses publiques !
Autant de « trous noirs fiscaux », s’agace le
truculent député des Hautes-Alpes, qui n’en a dénombré de son côté que 58.
58, 468, c’est comme les taxes, impôts, redevances,
droits, cotisations, tribus et autres, personne ne sait.
Et pour cause, le dernier qui savait est mort !
Quand dans ma jeunesse (perdue) j’avais commencé à compter
de mon côté, j’arrivais à plus d’un millier de façons de vous faire les poches
car, contrairement à l’idée répandue que le fisc ne se fait payer que par Code
Général des Impôts interposé et loi de finance obligée, il y en a partout, en
commençant par le code des douanes, le code de la construction, le code de la
sécurité social, le code de commerce, le code des société, le code de la
finance, le code des assurances et encore le code pénal… Pas un n’y échappe, y
compris le code de l’environnement !
Alors quant à totaliser ce que ça représente en masse,
on est obligé de compter « statistiquement », en globalité.
Et un grand nombre de ces prélèvements sont « délégués »
par une loi, pas forcément de finances d’ailleurs, à des établissements publics,
à des régies, à des « autorités » reconnues d’utilité publique,
forcément : À chaque « mission », un financement prélevé, les anciennes
comme les nouvelles…
Et « statistiquement » on sait que là ça
tourne entre 46 et 57 % du PIB de la Nation, de ses entreprises et de ses
ménages, selon la façon dont on compte.
Parallèlement à cette débauche séculaire qui s’empile
au fil du temps, pour « corriger » les « effets pervers »
de ce déluge, de temps à autre on en supprime une pincée et on empile des « niches
fiscales ».
Là encore, on vous dit 468.
Pas du tout : Sur l’ancien blog, je vous avais
laissé tout le mois d’août (31 jours cette année-là) avec une liste (même pas
complète) tous les jours.
À mon sens il y en a au moins une, mais parfois jusqu’à
plusieurs dizaines, par « prélèvements obligatoires ».
Entre abattement, exonération, exemption, suspension, réduction
de taux et/ou d’assiette, crédit d’impôt, c’est toujours autant de « dépenses
fiscales » qui n’entrent pas dans les caisses publiques.
Et les sources sont parfois situées jusque dans la
jurisprudence, les décrets, voire même les circulaires de l’administration
fiscale et sa fameuse « doctrine ».
Ce n’est plus des centaines, mais des milliers et des milliers…
Pour en revenir à celles qui sont aujourd’hui dans le
collimateur, il semble qu’elles soient caractérisées par leur absurdité :
C’est plus facile.
C’est le cas, par exemple, de « l’exonération d’impôt
sur les sociétés des chambres de commerce maritime » (un truc qui date de
1942).
Ah oui ? Et pourquoi ?
Parce que la Commission européenne avait tiré l’oreille
du gouvernement en 2017, mettant en demeure l’État de mettre fin au plus vite à
cette dispense. « Jupiter » n’a donc d’autre choix que d’obéir, (tout
« Jupiter » qu’il est régnant depuis son Olympe sur le monde des
mortels et autres « sans-dents »).
Je rappelle que c’était alors aussi une mesure de
soutien aux pêcheurs, datant du temps de « Bling-bling » (crois-je me
souvenir) qui était compensée par l’instauration d’une « taxe-poisson »
payée par l’amateur de ces bestioles-là.
La taxe-poisson a été contre-productive – les ventes
de poiscailles avaient chuté – elle a été supprimée et personne n’avait
pensé à remettre en cause la taxe sur les chambres de commerce maritime…
Kon, non ?
Le plus drôle c’est que « curieusement, le projet
de loi de finances pour 2019 intégrait encore la dépense dans ses calculs,
alors qu’elle avait été supprimée début 2018. Cela pose un vrai problème en
matière de sincérité des comptes ».
Ils sont faux, comme tous les comptes, bien évidemment
puisqu’on additionne souvent des canards avec des topinambours…
Autre argutie préalable au « grand nettoyage »
: Certains « trous noirs » ressemblent « à des mesures adoptées uniquement
pour faire plaisir à des copains », s’agace le rapporteur sans même mâcher
ses mots, en ciblant plusieurs dispositifs ultra-spécifiques et
ultra-techniques (exonération sous certaines conditions des gains
d'opérations de Bourse, des gains de cessions de valeurs mobilières, etc.).
Et qui en bénéficie ? Bé « Les gens aux revenus
importants, ceux qui peuvent s’offrir les services d’un avocat fiscaliste
», soupire-t-il.
Ah bon, c’est encore un métier, ça, alors que l’on va
remettre en place l’idée qu’ils doivent dénoncer leurs « montages d’optimisation »
(permis par la loi) et les noms de leurs clients bénéficiaires) ?
Moi, j’ai laissé tomber : Question d’éthique…
L’ombre des lobbies plane aussi derrière certaines
dérogations fiscales accordées aux entreprises, comme l’exonération de TVA des
ventes et importations de riz à la Réunion ou encore la non-applicabilité
provisoire de la TVA en Guyane et à Mayotte…
De nombreuses autres niches clignotent ainsi sur le
tableau de bord des chasseurs de « trous noirs fiscaux », même si l’objectif
final du rapporteur général du Budget n’est pas de toutes les faire
disparaître.
Ah dommage, 100 milliards, ce n’est pas rien : Le
tiers du budget, un peu moins que tous les impôts directs nationaux (IR + IS) !
Par exemple, l’« exonération (d’impôt sur le
revenu) des sommes perçues dans le cadre de l’attribution du prix Nobel ou
de récompenses internationales de niveau équivalent au prix Nobel dans les
domaines littéraire, artistique ou scientifique » n’est pas remise en cause
dans son principe.
Non ?
Pas encore.
Au même titre que les cagnottes des médaillés
olympiques, celles associées à des prix prestigieux doivent conserver « une
fonction de récompense ». Mais le prolongement de cette mesure ne peut se faire
« sans données précises sur son assiette et son coût budgétaire ».
Bref, l’objectif est de faire de ce « trou noir » une
niche identifiée, aux données fiables.
Déjà, il faudrait compter la pension qui est accrochée
aux médailles de la République (légion d’honneur, ordre du mérite, les palmes
académiques et tant d’autres … militaires ou civiles).
Même punition pour le « report d’imposition de l’indemnité
destinée à couvrir les dommages causés aux récoltes par des événements
climatiques à l’exercice de constatation de cette perte » : son maintien n’est
pas menacé, mais encore faut-il que la carte d’identité du dispositif soit mise
à jour.
Forcément : Une indemnité n’est en principe pas
une recette imposable ou taxable, puisqu’elle vient en exacte compensation d’un
préjudice aléatoire subi par le contribuable qui n’est pas déductible, un « appauvrissement »
jamais compensé…
Le droit civil (et des assurances) et donc sauf !
Ce n’est pas vraiment une niche, mais l’application d’un
principe général posé par le Code Napoléon.
Rappelons que fin 2018 déjà, lui et « Amélie du
Mont-câlin », avait proposé en tandem un amendement pour dégraisser le
mammouth fiscal. Le texte prévoyait ainsi de supprimer neuf niches jugées
obsolètes, dont, par exemple, celle destinée « aux associations syndicales
qui réalisent des travaux de prévention contre les feux de forêts dans des bois
classés ».
Supprimée d’un trait de plume et les forêts n’ont pas flambé
plus qu’auparavant, mais ça viendra tôt ou tard.
L’année dernière, le gouvernement, lui aussi, s’était
attaché alors à débroussailler (un peu) le maquis fiscal, en s’attaquant aux
petites taxes qui coûtent… plus cher qu’elles ne rapportent.
Bé oui, c’est comme ça : Se faire payer, ça coûte
et c’est un « vrai métier » !
Ainsi, la taxe sur les farines, semoules et gruaux de
blé tendre, ou encore la taxe hydraulique affectée à Voies navigables ont été
supprimées fin 2018.
Dans le PLF pour 2020, l’effort va être poursuivi,
avec la suppression de 18 petites taxes supplémentaires dont « le
rendement » reste faible.
« Des niches » devront être neutralisées
pour compenser, forcément.
Comme par exemple l’« exonération des droits de
mutations pour les successions des victimes d’opérations militaires ou d’actes
de terrorisme », qui aide les familles de victimes (les terroristes alliés objectifs
du fisc…) ; l’« exonération de taxe sur la publicité télévisée sur les
messages passés pour le compte d’œuvres d’utilité publique à l’occasion de
grandes campagnes nationales » qui permettait de favoriser les œuvres
d’utilité publique ; l’« imposition des salaires ou des bénéfices des
écrivains, des artistes et des sportifs selon une moyenne triennale ou
quinquennale », dispositif profitant essentiellement aux personnes touchant
des revenus importants, qui « favorise les comportements de pure
optimisation » ; l’« exonération des sociétés immobilières pour le
commerce et l’industrie concernant le financement des télécommunications »,
devenue sans objet ; l’« exonération d’impôt sur les sociétés des
chambres de commerce maritimes » qui a également perdu sa justification…
Le mieux c’est que leur évaluation chiffrée et leur
mise en contexte permettront de déterminer si elles seront ou non maintenues
alors même qu’on ne sait pas ce qu’elles recouvrent précisément. C’est le cas
pour la « non-applicabilité provisoire de la TVA en Guyane et à Mayotte
» ; l’« exonération de la taxe intérieure de consommation pour les
produits suivants à usage combustible : gaz de houille, gaz à l’eau, gaz pauvre
et gaz similaires, biogaz » ; l’« exonération des revenus
patrimoniaux des établissements publics scientifiques, d’enseignement et
d’assistance pour leurs revenus fonciers agricoles et mobiliers » (au
moment où l’OM veut devenir promoteur immobilier) ; l’« exclusion de la TVA
des marges commerciales postérieures à la fabrication ou à l’importation des
tabacs manufacturés » et quelques autres encore.
Bref, on est très loin d’un « grand nettoyage » :
100 milliards, ça ne soulève pas les enthousiasmes !
C’est quand même dommage : On a fait un pas
gigantesque de simplification avec l’instauration de la retenue à la source en
plus d’une recette inespérée d’u n milliards d’euros non prévue…
Simple, ça fonctionne comme d’une taxe sur les
mouvements d’argent : Quand une somme passe d’une poche à une autre, elle
est taxée.
Et ça devient vrai dans toutes les hypothèses quand on
saura refouler toutes les fraudes à la TVA (et les caisses voleuses), jusque
chez les notaires et banquiers (et assureurs).
La simplification ultime, c’est justement de fusionner
droits directs et indirects. Aujourd’hui tu es taxé « à l’entrée » et
« à la sortie » (quand tu reçois et quand tu dépenses) entre impôt
direct et impôt indirect.
Et si on supprimait l’un ou l’autre pour les
fusionner ?
C’est finalement très simple et facile : La
principauté Monégasque n’a plus que la TVA (taux Gauloisiens) pour se financer
et le Trésor princier n’a ni déficit ni dette…
Pensez donc : Plus d’IR, plus d’IS, 123,7
milliards d’euros de recettes fiscales en moins, mais c’est aussi 100 milliards
de « niches fiscales » qui disparaissent ipso-facto, soit
finalement un effort final de seulement 23,7 milliards… à reporter sur la TVA,
la Taxe GAFA (et autres).
Peut-être un peu plus, pour rester honnête, puisqu’une
partie de ces « niches » sont assises sur ces taxes indirectes.
Inversement, plus de niche du tout et c’est la
division par 5 de tous les taux de TVA !
Ce serait autant de remis dans votre porte-monnaie et
des soucis en moins (et pas seulement financiers).
Et cerise sur le gâteau, ça ne coûterait rien au fisc,
sauf à réduire ses effectifs affectés à la perception de tous ces rackets !
Car du coup on pourrait réduire les effectifs qui
mettent en œuvre tous ces dispositifs : Comme il est prévu de dépenser
193,7 milliards d’euros de « frais de personnel » pour 1,950 millions
de fonctionnaires, on pourrait même faire l’économie de 10 % des effectifs
affectés au recouvrement et à la gestion de l’impôt en général.
Je dis ça, il n’est question que de constater 3.000
postes en moins…
L’un dans l’autre, ce serait la naissance d’un « paradis
fiscal » nouveau et en tout cas la mort d’un enfer…
Évidemment, on n’en est pas là : Seulement et
tout juste quelques « pincées » devenues obsolètes.
Le droit fiscal se met à l’heure du jour des faits,
puisque l’impôt tue l’assiette, c’est dans l’ordre naturelles des choses.
Mais pas plus.
Dommage : Encore une occasion perdue !
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