Petit résumé des dernières étapes…
Ce n’est pas parce que la « Perfide Albion »
est désormais loin de mes yeux qu’elle est loin de mon esprit. Mon sentiment
général n’a pas changé à l’égard des britanniques et se confirme au fil du
temps : Ce sont globalement des « galopins » imbus d’eux-mêmes et
de leur glorieux passé.
Que l’on ne peut pas objectivement leur retirer.
Mais comme les chinois, ce sont des « joueurs » :
Ils aiment les paris, peu importe qu’ils soient gagnants ou perdants. L’important
c’est de « parier » sur l’aléa (de la vie), sur tout et n’importe
quoi.
Les « chinois de l’Europe » (eux aussi « parieurs »),
résumait un de mes amis (on s’appelle toujours « Président » tous les
deux) qui aura fait des gosses à une écossaise et vit un pied ici, un pied
là-bas et un autre en Auvergne, ses racines paternelles…
Tant qu’on n’a pas compris ça, on ne comprend pas ce
qui les anime, dans leur vie courante, dans leur « business-model »
et jusque dans leur humour fait d’autodérision portée au plus haut niveau…
Ce doit être un point commun avec la « Macagna-Corse » :
L’humour des îles.
Voilà comment il faut comprendre les britishs.
Et avec le Brexit, leur cerveau droit entre en conflit
avec leur cerveau gauche, ce qui les rend encore plus dingues que de coutume.
Sur le plan politique, ça traverse même les frontières
partisanes. Les travaillistes n’osent même plus parler de « Remain »,
les conservateurs de « Brexit-dur ». Les uns et les autres se
déchirent autour d’un second référendum, sur des élections anticipées, sur la
démission ou le maintien de « BoJo ».
Leur Parlement ne veut pas d’un « no-deal »
avec une courte majorité fluctuante, mais ne veut pas des projets d’accord
présentés jusque-là…
Les députés d’Irlande du Nord ne veulent pas de
frontière, les Écossais se demandent s’ils ne vont pas faire sécession et imposer
une autre frontière avec l’Angleterre et « Ni-Gueule-Barrage » surfe dans
l’opinion en dépouillant de leurs électeurs (brexiters) les partis traditionnels
alors que les « Lib’Dém » ne parviennent plus à s’imposer en qualité
d’arbitre.
Globalement, d’après ce que j’en comprends, « BoJo »
fait le pari de ramasser la mise aux prochaines élections en « sortant
coûte-que-coûte » le soir d’Halloween : Lui, au moins, respecte la volonté
populaire issue des urnes, dans cette hypothèse.
L’électeur lui en saura gré : C’est son pari.
Et il aura été contraint de présenter une nouvelle
proposition d’accord à l’UE au Congrès des Tories, sans convaincre (il ne
veut pas convaincre) : Sa nouvelle proposition d’accord contenait, notamment,
un nouveau compromis sur la frontière irlandaise. Dans la foulée, l’Union
européenne se disait peu convaincue par cette proposition, pas déterminée
encore à entamer de nouvelles discussions à partir de cette offre.
D’autant que le Parlement britannique la rejettera de
son côté le lendemain.
Mais le même jour, « BoJo » annonçait qu’il
voulait à nouveau dissoudre le Parlement britannique…
À peine une semaine après le retour des députés sur
invalidation par la Cour suprême de la première suspension : Pour un type
qui « respecte » la volonté du peuple, il n’hésite pas à piétiner sa
représentation…
Joueur ? Bé oui : Il ne voulait pas
convoquer de nouvelles élections au cœur de l’été (de peur de les perdre sans « son
bilan ») alors il joue la montre, pariant sur le fait que les Parlementaires
ne pourront pas exiger sa démission (qu’il n’envisage même pas…), ni trouver
une majorité pour le destituer.
De ce point de vue-là, à mon sens, il a raison pour de
multiples raisons et les délais sont trop courts.
Depuis le début des négociations sur le Brexit, la
frontière entre l'Irlande, indépendante et membre de l’UE, et l’Irlande du
Nord, l’une des nations du Royaume-Uni, est le principal point d’achoppement
avec l’Union Européenne, même s’il y en a quantité d’autres.
Pour l’UE, voir le retour d’une frontière physique
entre les deux Irlande est inenvisageable, de peur de voir resurgir les vieux
démons du conflit nord-irlandais.
Pour le Royaume-Uni, c’est une frontière entre l’Irlande
du Nord et la Grande-Bretagne qui est impensable, au nom de l’unité du pays.
En réalité, l’UE s’aligne sur le point de vue de l’un
de ses membres : Dublin qui vivrait la réapparition d’une frontière « en
dur » comme d’un drame.
De mon point de vue d’Européen, on n’en a rien à faire :
S’ils sont assez kons pour s’entre-tuer à Belfast, c’est que décidément la
morgue britannique, cet esprit indécemment imbu d’eux-mêmes, va bien au-delà de
la simple schizophrénie !
L’alternative proposée au « Back-stop »
consistait à prévoir que l’Irlande du Nord resterait dans le marché unique
européen pour ce qui concerne les biens, ce qui éliminerait ainsi tous
contrôles réglementaires entre l’Irlande du Nord et l’Irlande. Mais cela
impliquerait des réglementations divergentes entre la province britannique et
le reste du Royaume…
Une sorte d’abandon de souveraineté de la Couronne sur
sa province, au moins quant à la « douane qualitative » (et la Guinness,
produite à Dublin, pourrait continuer à être embouteillée à Belfast à destination
de l’UK et du monde entier…) ce que redoutent les représentants de Belfast…
Officiellement, on ne verrait pas le retour d’une
frontière entre les deux Irlande, mais il y aurait quand même quelques points
de contrôles ponctuels des marchandises en mer…
Réaction européenne : « Il y a des progrès,
mais pour être franc, il reste encore beaucoup de travail à faire pour
atteindre les trois objectifs du filet de sécurité : l’absence de frontières,
la protection de l’économie irlandaise et la protection du marché unique »,
a déclaré « Michou-Barre-Niée », le négociateur de l’UE pour le
Brexit (qui doit aussi rendre des comptes aux 27 quant à la protection du
marché unique…)
De toutes les façons, les propositions de « BoJo »
restent sciemment ambiguës : « Sur la proposition d’accord envoyée à l’Union
européenne, le Premier ministre évoque des contrôles ponctuels à la frontière
entre les deux Irlande. Puis quelques heures plus tard, face aux conservateurs,
il a déclaré qu’il n’y aurait aucun contrôle physique », remarque un
spécialiste des questions européennes.
À Dublin, le gouvernement ne semble pas tout à fait
convaincu non plus. Le Premier ministre irlandais, « Leo-Vador-kar »
a estimé que la proposition de « BoJo » n’était pas tout-à-fait
conforme aux objectifs.
C’est le moins qu’on puisse en dire, de façon très « diplomatique ».
Le lendemain, autre ambiguïté, Londres et Bruxelles se
sont mutuellement appelées à faire des efforts supplémentaires pour éviter un « no
deal ». Mais en l’état, la proposition du Premier ministre britannique ne
semble pas acceptable pour l’UE.
En fait, on y court (contre la montre), mais « BoJo »
a besoin de rejeter la responsabilité du « no deal » (pour lequel il
est prêt : il ne manque pas un bouton de guêtre…) sur Bruxelles.
En réalité, pas du tout : Si pour les contrôles douaniers
du continent vers l’UK, tout est prêt (il y a d’immenses aires de stationnement
« en attente » sur tous les ports d’embarquement et du personnel
formé), il n’en va pas de même en Grande-Bretagne. Certains ont même calculé qu’il
faudrait parquer les camions en partance pour l’UE sur les bandes d’arrêt d’urgence
des autoroutes, pratiquement jusque dans les banlieues de Londres…
Faute de place disponible !
Et puis revient à l’ordre du jour la suspension du
Parlement qui pose toujours question : Fin août, « BoJo » avait
pris la décision unilatérale (avec l’accord de la Reine) de suspendre le
Parlement britannique, du 9 septembre au 14 octobre. Une décision jugée
illégale par la Cour suprême du Royaume-Uni le 24 septembre dernier. Un quasi
coup-d’état dans une nation qui n’a pas de constitution écrite.
Ni de loi organique très claire, mais usages constants.
La Cour a estimé qu’une prorogation aussi longue (cinq
semaines) avait pour seul but de museler le Parlement. Mais mercredi 2 octobre,
rebelote, « BoJo » annonce une nouvelle suspension du Parlement, de
quelques jours seulement cette fois-ci, du 8 au 14 octobre.
« Il veut éviter de répondre aux questions du
Parlement britannique sur le Brexit, juste avant le conseil européen du 17
octobre », décrypte-t-on.
Et effectivement, au Royaume-Uni, il est traditionnel
de suspendre le Parlement juste avant le discours de la Reine sur la politique
générale, rédigé par le Premier ministre.
Or, « BoJo » profite donc de la perspective
de ce discours, prévu au 14 octobre pour servir ses intérêts : Pas seulement
un hasard de calendrier. La prorogation étant également de plus courte durée
que celle décidée fin août, il ne risque pas de se faire retoquer par la Cour
suprême, cette fois-ci.
Rappelons aussi que le 4 septembre dernier, les
députés de l’opposition britannique ont fait adopter une loi le forçant à
demander à l’UE un report du Brexit au 20 janvier 2020, en cas de « no
deal » à l’échéance du 31 octobre.
En théorie, donc, le Premier ministre n’aurait pas le
choix.
Pourtant, il l’a encore martelé mercredi, il veut « en
finir » avec le Brexit et souhaite que le Royaume-Uni sorte de l’UE le 31
octobre quoi qu’il arrive.
La rumeur court même que le Premier ministre
britannique aurait prévu une lettre de demande à l’UE de report du Brexit (pour
se conformer à la décision du Parlement) et une lettre qui annule cette demande,
un moyen de contourner la loi britannique votée début septembre.
Effectivement la loi votée n’interdit pas de faire et puis
de défaire : Elle contraint seulement de faire cette demande de report…
En réalité, ce n’est pas comme cela que ça va se
passer : L’UE ne veut pas s’immiscer dans la vie politique intérieure de l’un
de ses membres. Ce n’est pas de sa compétence. Ça a été dit et redit : Ce
n’est pas à Bruxelles de régler un différend politique purement britannique.
Ce qui va se passer, c’est qu’au prochain sommet
européen du 17 octobre, « BoJo » va se comporter de façon tellement exécrable
à l’égard de ses (encore) partenaires, que ceux-ci jetteront l’éponge et s’accorderont
pour ne pas lui accorder la prorogation demandée.
C’est l’hypothèse probable, à moins que jouant dans
son jeu, le sommet lui accorde cette prorogation pour le mettre encore plus en difficulté.
De toute façon, la négociation, même si elle se
poursuit en coulisse, reste sur le mode « c’est à prendre ou à laisser »,
façon « McDo-Trompe ».
À prendre un accord bancal et « provisoire »
immédiatement, provisoire qui est appelé à dépasser les 4 ans prévus, mais qui
ne sera pas respecté par les Britanniques. Ou laisser tomber.
Avec sa double lettre, sa tactique doit normalement
déboucher sur un « no deal » officiellement imputé à Bruxelles (qui s’en
défendra), le 31 octobre au soir, ce qui nus promet une belle « guerre des
communiqués » à venir !
L’objectif final étant pour le Trésor Britannique de
ne pas avoir à payer les quelques 60 milliards de Livres dus au titre des
engagements passés et jamais honorés jusque-là…
L’UE s’en remettra et pour l’UK, c’est un « golden
parachute » qui va venir éclaircir les contraintes budgétaires de façon
opportune.
La suite ? Mais elle est déjà connue : L’UK
va redevenir un État-tiers pour l’UE, comme beaucoup dans le monde et traitée
comme telle dans le cadre des conventions de l’OMC. Ni plus ni moins.
C’est de toute façon le deal a minima à
prévoir.
Or, justement, il est question de revoir les traités
du commerce mondial.
Or, justement, l’Écosse souhaiterait un accord type « Norvégien »,
sinon une indépendance pour faire son adhésion à l’UE…
Ce qui va prendre des années et des années de
négociations et plusieurs référendums populaires, un peu comme si la « Corsica-Bella-Tchi-Tchi »
ou la Catalogne votait pour leur indépendance… Et ce n’est pas l’UE qui lèvera
le petit doigt pour soutenir tel ou tel, au nom du principe de non-immixtion dans
la vie politique interne d’un État-membre.
Impasse, à mon sens : Ça ne se fera probablement pas…
D’autant que je rappelle que l’Islande a renoncé à
cette démarche depuis des années et ne s’en porte pas plus mal. Quant aux
Norvégiens, ils rachètent des pans entiers de l’économie européenne avec leur
rente pétrolière, partagée pour partie avec l’Écosse.
Restera à négocier une sorte de Tafta ou de Ceta
(respectivement avec les USA et le Canada) avec l’UE.
Le Tafta a échoué. Le Ceta est sur la brèche.
Et l’UE ne négociera rien tant que « BoJo » ou
ses successeurs n’auront pas définitivement honoré leurs engagements passés :
On ne négocie pas avec un voleur, ou on en fait une condition préalable.
C’est la tactique « Trompienne » : Tu me
mens, tu me voles, tu m’abuses, je t’emmerde ! VTFF (Va Te Faire Foutre,
technique appliquée avec les Iraniens, les Chinois, les Russes, les Coréens,
les Talibans, les européens et tous les autres…)
Se dessine alors plusieurs autres conséquences à plus
long terme.
Les « Grand-Bretons » se remettront d’un
divorce même mal ficelé d’avec l’UE, je n’en doute pas, même si ça va être
difficile pour eux. Et puis de nombreux accords sont déjà en place, notamment
sur l’approvisionnement électrique, sur les zones de pêche, sur la navigation
aérienne, l’échange de renseignement, la lutte contre le terrorisme et j’en
passe.
La place boursière de Londres va pouvoir reprendre ses
libertés en marge du marché de l’Euro, c’est prévu.
Bref, la vie va reprendre un semblant de normalité.
La première conséquence est que l’UE va pouvoir s’approfondir
entre membres de l’Eurozone. Se densifier, s’intégrer sans le « boulet »
britannique.
Ce qui n’est pas une mauvaise chose tant il reste à
faire sur le plan social, le droit du travail, la fiscalité, les infrastructures,
le commerce électronique et j’en passe.
N’en déplaise aux « souverainistes » :
Sortir de l’UE, même si c’est théoriquement possible et prévu par les traités
signés, c’est un abîme de difficultés en sans nom en pratique pour les
candidats !
Ils vont se calmer…
À plus long terme, l’UE, débarrassée de ses « anglo-saxons »
va commencer à intéresser la Russie…
Pour la Russie post-tsariste et même post-soviétique,
l’Angleterre, c’est l’empire à abattre, l’ennemi héréditaire par excellence. Et
les Russes étaient jusque-là coincés entre une UE qui la condamne autant dans
le Donbass et la Crimée qu’en Syrie à l’ouest, au sud par la Turquie membre de
l’Otan et les Républiques mahométanes, mais aussi à l’est par la Chine. La Chine,
c’est loin et ses forces vives se sont installées le long de la côte pacifique.
Mais c’est un débouché, un client aujourd’hui et demain, peut-être un fournisseur.
Le développement naturel de la Russie, c’est la façade
atlantique, sans obstacle naturel, et l’UE.
Bien sûr, ça ne se fera pas sous l’ère de « Poux-tine »,
mais il prépare déjà sa succession dans cet axe : Il n’y a qu’à voir son « activisme »
auprès de « Jupiter » (deux réunions sans objet en deux mois :
Brégançon et le dîner à l’Élysée le soir des obsèques du « Chi »).
Le trimaran du « monde d’avant » (Londres-Washington-Tokyo),
d’essence maritime, s’étiole au profit d’un trimaran émergeant du « monde d’après »
(Bruxelles-Moscou-Pékin) d’essence plus continentale, car avec l’appui de
Moscou, avec une FED qui laisse la bride sur le cou au Dollar, avec un Yen qui
n’en peut plus de soutenir une économie vieillissante depuis plusieurs
décennies, Bruxelles, son dynamisme, sa jeunesse et son Euro, peut après-demain
prendre le relai d’un leadership mondial : Une Europe soudée peut le
faire, même si ça va prendre plusieurs générations et en passer par de nombreux
« caprices » régionaux.
On finira par dire merci aux Britanniques de ne pas
avoir abandonné leur morgue…
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