C’est parti !
Non, en fait ça a commencé depuis une dizaine d’année,
mais personne ne semblait s’en rendre compte, au contraire : Tous
adoraient la facilité que ce « progrès » apportait enfin.
Je m’explique : J’ai effectivement fait dans « la
finance » au cours de mes dernières années de carrière. Pas grave, on n’en
meurt pas.
En revanche on apprend beaucoup.
Les meks, à London (mais on a les mêmes à Paris,
Francfort, Singapour, HK, New-York, Chicago, etc.) étaient très fiers de leurs « plateformes »
de trading, d’immenses salles sans cloison bardées de quantités invraisemblables
d’écrans derrière lesquels s’affairaient des « traders » qui se « faisaient
des kouilles en or » tous les jours en « prenant position » avec
de l’argent pas à eux : Une vraie fourmilière qui n’était jamais perdante
(hors quelques exceptions-accidentelles, style Kerviel).
Il faut dire que les outils sont tellement pointus qu’ils
réagissent au centième de seconde et ne se trompent jamais (pas comme l’homme
et son cerveau si limité) : C’est plus facile et en plus ils ne se fatiguent
jamais.
Même en cas de panne généralisée, ils sont redondants
et « en réseau ».
C’était post crise de 2008.
Une époque où il a fallu des quantités monstrueuses d’argent
virtuel pour éviter la thrombose interbancaire et éponger, épurer, nettoyer les
marchés des titres « vérolés ».
Et les robots (les algorithmes) ont pris peu à peu le
relai : Ça allait trop vite et ça dépassait les capacités de traitement de
données devenues si massives que l’humain en était bien incapable.
Souvenez-vous, il y a eu quelques « flash-cracks »
et on a appris aux logiciels à apprendre (je dis bien « apprendre à
apprendre ») à les éviter.
On n’est pas encore certains qu’ils y parviendront à
tout jamais, puisqu’il a fallu que la FED réinjecte des centaines de millions
de dollars pour assurer les échanges interbancaires encore récemment.
Ils vont apprendre à anticiper ce « défaut »
après avoir appris à éviter les « cracks » : Les indices de
cours sont sous contrôle, n’en doutez pas.
Du coup, il est difficile d’imaginer qu’il y ait une
catastrophe boursière dans les années à venir.
D’autant que les « algos » commencent à apporter
leur « e-learning » dans les marchés immobiliers (une des fragilités
du marché de l’argent), puis iront jusqu’à mettre en place tous seuls des outils
de contrôle des endettements des particuliers (c’est un peu le projet du Libra
de « Fesse-book »), les prêts étudiants, les prêts à consommation, les
prêts aux entreprises, etc.
Une vraie « rupture »…
Ceci dit, l’argent abondant et les taux négatifs n’embrayent
pas une once d’ombre de croissance, pas le moindre rebond des salaires ou de la consommation, donc pas besoin de produire plus, jetant à bas tous les modèles de l’économie
du « monde d’avant ».
Les keynésiens devraient en perdre leur latin et
les monétaristes ont perdu leur boussole : Vu tout ce qui a été fait depuis 11 ans,
on devrait avoir des inflations à deux chiffres et des taux de croissance
similaires, or, il n’en est rien.
Comme si tout ce pognon et ces « facilités »
allaient droit dans un puits sans fonds, à travers les Licornes dont la plupart
sont des « zombies », c’est-à-dire ont des valorisations de dingue
alors que leur modèle économique n’est pas éprouvé et qu’elles persistent à
faire des pertes abyssales.
Ce n’est pas un puits, c’est LE trou noir de l’économie
du « monde d’après » !
Et comme il faut à la fois recycler ces destructions
de valeur et assurer la liquidité des marchés (pour les faire survivre), il n’y
a pas l’ombre d’un doute, cette course en avant de « création monétaire »
n’aura probablement pas de fin, tant qu’on en reviendra pas à des actifs « tangibles »…
Or, de ceux-là, il y en a de moins en moins, et même
des pointures de l’économie réelle glissent vers le statut de « zombie »
en nombre toujours croissant…
Les « marchés » sont par conséquent déconnectés
de la macroéconomie.
Il y a les taux d’intérêt négatifs bien sûr et alors pas
d’autre choix que d’investir les excédents monétaires en Bourse à cause des
taux si bas.
Et comme les machines ont pris le pouvoir sur les
marchés…
Les chiffres sont frappants : Les fonds gérés par
des systèmes informatiques représentent 35 % de l’intégralité de la Bourse
américaine, 60 % de la gestion institutionnelle et 60 % de l’activité de
trading.
Et les autres sont des « suiveurs »…
Car pour la première fois dans l’histoire de Wall
Street, l’encours des fonds indiciels et des trackers (ETF), la gestion passive,
a dépassé la gestion active, les fonds gérés par des humains et « l’intelligence-naturelle »
et ses savoir-faire !
Or, les ordinateurs deviennent de plus en plus
autonomes.
Si la grande majorité des modèles informatiques est
conçue par un esprit humain, de plus en plus de programmes sont autonomes grâce
à l’intelligence artificielle.
Et c’est particulièrement sensible dans le trading à
haute fréquence qui représente une très large partie des 7 milliards d’actions
traités quotidiennement sur les marchés américains pour un montant de 320
milliards de $.
De plus en plus de hedge-funds, ces fonds spéculatifs
que les Soros et autres avaient rendus célèbres, ont opté pour la gestion
algorithmique.
Ce qui explique qu’on n’a pas encore vécu de grand
krach, ni de vraie panique sur les marchés.
Ces « nouveaux maîtres de l’univers »
(financier) ont tendance à amplifier les mouvements, à pousser les
valorisations de certaines entreprises à des niveaux spectaculaires sans aucun « état
d’âme » : Ils n’en ont pas…
Et à plumer le chaland : Ils sont faits pour ça, jusqu’à épuisement et disparition totale.
Pour « The Economist » qui relève ce que tout
le monde sait, il y a plusieurs dangers dans cette prise de pouvoir des
machines : La stabilité financière (elle est acquise), la concentration de la
richesse entre les mains de ceux qui détiennent le pouvoir des machines et
possèdent les données, c’est fait (sauf si un jour Amazon ou PayPal entrait
dans le trading en se servant de toutes les données sur ses clients…), et,
enfin, la corporate governance, le gouvernement d’entreprise.
Le bastion à faire tomber dans les rets de la « haute-finance »
(il y est déjà pour une large partie : Même Airbus ou PSA possèdent leur
propre banque…).
Du coup, on constate des « effets pervers »
qui vont s’accélérer : Cela fait des dizaines d'années que l’on annonce
que la banque sera la sidérurgie de demain.
C’est en cours.
Les banques tentent désormais et sous la pression,
dans l'urgence, pour ne pas dire dans la panique, de se transformer.
Et pour se transformer, elle aussi, comme les marchés
financiers, doit devenir de moins en moins humaine…
Selon les « Échos-du-matin », on parle pour les
semaines qui viennent de 50.000 suppressions d’emplois qui s’ajoutent aux
vagues précédentes de réduction de personnel.
C’est une hémorragie annoncée depuis longtemps. Tous
les signaux indiquent que cette fois, elle est en train de se déclarer.
La dernière alerte en date : La banque HSBC (sino-anglaise,
mais pour combien de temps encore, puisque même la bourse HK fait une offre
pour racheter la londonienne) aurait décidé de supprimer 10.000 emplois en
Europe, sur un effectif global de 234.000 dans le monde.
En août dernier, le géant avait déjà annoncé une
restructuration amputant de 4.000 postes le nombre de ses employés :
Manifestement insuffisant pour affronter la crise structurelle qui, à terme,
guette le secteur tout entier.
Car si, dans ce cas d’espèce, le Brexit est une
explication commode – et réelle –, il est loin d’être la seule source de cette
restructuration : Les taux bas qui rognent les revenus des banques, la
réglementation qui les étrangle, le ralentissement global de l’économie ou
encore le déplacement des sources de profit vers l’Asie imposent cette
réduction de coûts à marche forcée et la guerre commerciale que mène « Trompe »
n’encourage pas à l’optimisme.
Pour toutes ces raisons toutes les banques européennes
ont peu ou prou un plan de départ massif dans leurs cartons.
Les « Teutonnes », Deutsche Bank et
Commerzbank, prévoient respectivement 18.000 et 4.300 suppressions d'emplois.
La « Ritale » UniCredit, qui a déjà perdu
4.000 postes en 2016, pourrait annoncer 10.000 départs forcés supplémentaires.
« L’Ibérique » Santander prévoit 3.200
emplois en moins.
Quant à la « Gauloisienne » Société Générale
seulement 1.600…
Le plus inquiétant est de constater que ces dernières
années, le tempo s’est accéléré. Après 70.000 postes perdus entre 2017 et 2018,
ce sont près de 50.000 emplois de plus qui sont menacés cette année en Europe.
Un chiffre loin d’être définitif…
Et un sort loin d’être réservé au seul Vieux
Continent.
Dans un rapport récent, Wells Fargo a prévu que
200.000 emplois pourraient disparaître dans les banques américaines au cours de
la prochaine décennie.
Chiffres effrayants, trop lourds pour être mis sur le
seul compte des aléas conjoncturels.
Ce qui se passe aujourd’hui dans la banque est tout
simplement l’anticipation de la nouvelle révolution industrielle partout
annoncée, « l’Ubérisation » de l’économie.
Car c’est bel et bien vers « un transfert massif du
travail vers le capital » que s’oriente ce secteur, dit l’étude de Wells
Fargo.
En d’autres termes, l’automatisation généralisée qui,
après la première vague de robotisation qu’a connue le monde à la fin du XIXème
siècle, semblait réservée à la seule industrie s’étend désormais aussi à l’industrie
financière et bancaire.
L’avènement en cours de l’intelligence artificielle ne
fait qu’exacerber un processus qui ne touche plus seulement les front-offices
mais va atteindre bientôt les activités à forte valeur ajoutée.
Comme la plupart des grandes entreprises industrielles
avant elles, les banques souffrent de leur inertie et ont tardé à réagir. Et c’est
précisément ce qu’elles sont en train de faire aujourd’hui.
Évidemment, les conséquences sociales s’annoncent
dévastatrices mais c’est le prix de la transformation à l’œuvre pour survivre.
Que se passe-t-il vraiment ?
Un banquier loue de l’argent : C’est son métier.
Il vend du temps.
Il gagnait sa vie en le faisant payer par ses clients :
Taux et commissions.
L’argent ne vaut plus rien, tellement il y en a. Et
comme il n’est pas détruit par l’inflation, dont ne veulent pas les épargnants
(des seniors et les classes moyennes, naturellement), il passe à la moulinette
des taux négatifs (et autres « zombies »).
La masse monétaire mondiale était en 1969 de 53,396
milliards. Elle a plus que doubler en l’an 2000.
On comptait 3,6 milliards d’humains sur la planète en
1969, seulement 6,1 en 2000, désormais plus de 7,2, encore un doublement.
16.059 milliards de PIB dans les années 70, 84.740 milliards
l’année dernière : Une multiplication par plus de 5 !
L’économie « réelle » a besoin de beaucoup d’argent
pour tourner, même au ralenti désormais…
Et toujours plus et c’est là LE problème.
Constatons ensemble qu’il n’y en a pas assez pour
financer une véritable croissance solide. Car celle-ci est limitée par la
population, l’évolution démographique.
Il y a deux divergences : Le monde occidental ne voit
sa population progresser que très lentement et c’est autant de bouches à
nourrir qui font défaut et autant de bras qui manquent. D’autant que les « inactifs »
(les retraités) sont de plus en plus nombreux avec l’allongement de l’espérance
de vie.
Solution : Exporter et faire fabriquer par des
robots.
L’Orient voit sa population exploser : C’est
autant de bouches de plus à nourrir et de bras en excès. D’autant que ce sont
les « Nippons » qui ont été les premiers à robotiser leurs
productions pour faire face au déclin démographique.
La Chine a pris le train en marche, elle est devenue
entre-temps l’atelier du monde avec ses nombreux bras et elle se convertit à
marche forcée à la robotisation de ses activités pour poursuivre ses
exportations.
L’Inde, la Corée, l’Europe, les USA, en font de même
mais à leur mesure tout comme la Russie qui a manqué d’à-propos sur le sujet.
L’Afrique est oubliée et le continent d’Amérique du
Sud se débat seul avec ses propres contrastes : De grands-déserts et une
surpopulation des littoraux.
Ce que je veux toucher du doigt, c’est que la course à
« l’argent facile & pas cher » n’est pas terminée (n’en
déplaise à « Pique-et-t’y ») et les concentrations de détention du
capital vont s’accroître jusqu’à déboucher sur des « créations-destructrices »
vraiment émergeantes. Celles du « monde d’après ».
Or, le « monde d’avant » se défend derrière
ses « territoires » avec notamment des barrières « écologiques »
qui montent en puissance et des réglementations mondialisées toujours plus strictes
(l’extraterritorialité du droit étasunien par exemple).
Un vrai croche-pied au développement humain…
Quo vadis ?
Où allez-vous ?
C’est la question qui revient de plus en plus souvent.
Pour l’heure, aux conflits.
Certains le veulent, le majeur, le final, pour des tas
de raisons (religieuses, écologiques, impérialistes, économiques), sans se
rendre compte que ce sera la ruine de tous et d’au moins une civilisation,
peut-être de l’espèce, voire de la planète.
Pour être un indécrottable-optimiste, je n’y crois pas,
sans nier pour autant ces dangers-là.
Je pense qu’il est temps de laisser sur le paillasson tous
les dogmes ambiants, d’ouvrir les yeux et de se mettre réellement à coopérer :
L’avenir du genre humain en passe par là, l’écoute, la tolérance, la
compréhension et l’échange.
Et c’est justement ce « monde d’après » que
dévastent les « twists » de « McDo-Trompe », les coups de menton
de « Poux-Tine », les doigts d’honneur de « Bojo », les sourires
de « Xi » (jusqu’à Hong-Kong) et les foucades de « Kim-tout-fou ».
Quelles gratitudes pourront-ils en tirer au tribunal
de l’Histoire ?
Le perçoivent-ils seulement, les uns et les autres les
yeux braqués uniquement sur leurs échéances électorales (quand ils en ont…) ?
On manque décidément de « visionnaire » de
la carrure d’un De Gaulle, d’un Adenauer, d’un Mahatma Gandhi.
C’est l’échec de ma génération de ne pas les avoir
engendrés, écrasée par la précédente et bouffée par la suivante.
C’est comme ça.
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