Loi alimentaire, ou comment vous plumer !
Franchement, j’en rigole encore. Et pour plusieurs
raisons.
On te nous avait remonter le seuil de vente à perte de
la grande distribution (et de la plus petite au passage) de 10 % et dans un
élan prometteur, les « sachants » avaient bridé « l’animation »
des points de vente à travers, notamment, les promotions sur les lieux de vente
devenues plus réduites.
Et le tout devait dégouliner comme par le miracle du « ruissellement »
(le mot magique des « premiers de cordées ») jusque dans la poche des
agriculteurs, fournisseurs de la matière première : On avait sauvé l’agriculture
Gauloisienne, les deux mamelles du pays (élevage et pâturage) !
Mon séant, oui !
En premier lieu, on vous avait balancé dans les
gencives (et même dans les dents) que finalement, la « valse des étiquettes »
avaient été très limitées.
Même pas un pourcent d’augmentation des prix à la
consommation.
En tout cas pas assez pour atteindre l’objectif de la
BCE de deux points.
Première rigolade…
Car tout dépend de ce que l’on compte bien évidement
et en matière de bouffe, si le camembert peut de chez Lactalis se substituer à
un camembert de marque de distributeur, ce n’est pas gênant : De toute
façon, ils sortent des mêmes usines (vous pouvez vérifier au dos de votre boîte,
tous les sites ont un numéro unique : Facile de savoir lire !)
Après, c’est juste une question d’affinage (que vous
pouvez faire chez vous), d’emballage et de … prix.
En revanche, votre picole habituelle, ses étiquettes
ont bien valsé…
Bref, le consommateur sait encore faire des
substitutions et heureusement seulement quand il le peut.
Et puis, dans un deuxième temps, on te nous sort un
tarif « Franprix ».
Re grosse rigolade !
D’abord, c’est un tarif qui date.
Donc qui n’est plus valable.
Je me souviens avoir été « enfumé » de la
sorte quand j’avais été chargé de « redresser » une boutique qui
faisait ce métier-là.
Comme les dirigeants débloquaient sévèrement sur leur
tarif-cession et encore plus sur les prix conseillés de revente aux consommateurs,
j’avais été faire de relevé de prix dans les hypers de la région (on a tous les
mêmes références, hors le pinard) et on m’avait refilé les tarifs-cession de
chez Promodès, Auchan, Carrouf’, Franprix, Monp’, Super U à l’occasion d’une
guerre de « centrale d’achat ».
Après, avec une bonne bécane, on peut aisément reconstituer
les marges des plateformes et des magasins… et le prix consenti par l’industriel.
Sauf que justement, les industriels se sont foutus de
ma tronche dans les grandes largeurs, parce que mes relevés et tarifs n’étaient
pas les bons, mais dataient d’une ou deux campagnes…
Mais la « presse-aux-ordres », très fière d’elle-même,
d’en dire qu’il s’agit là de « révélations rares » sur un sujet
tabou.
Fume mon gars, c’est du belge !
« Des fuites de notes de travail internes de
l’entreprise Franprix ont été envoyées par erreur à de nombreuses franchises,
ce qui n’a pas échappé à nos confrères du Parisien qui publie la liste du taux
de marges sur 10.000 références vendues dans leurs magasins. Tous les prix et les
marges appliquées y sont précisés, de l’achat au producteur ou à l’industriel
jusqu’au client. »
A-reu ! « Des fuites envoyées par erreur »,
non mais et puis quoi encore ?
Ni fuite, ni erreur, mais une opération d’enfumage,
tout simplement, même si, dans ces conditions, il faut rechercher « à qui
profite le crime » et que sur 10.000 références, donc plusieurs milliers d’industriels,
ça ne désigne personne en particulier.
Mais une seule centrale : Celle de Franprix qui
se trouve être dans le giron de Rallye (l’X qui n’a rien compris au commerce),
à savoir Casino, Monoprix, Leader Price et quelques autres perles (ou crevards)
acheté à coup d’endettement fabuleux qu’il en est sur le grill à devoir céder tous
ses « bijoux de famille » qui valent encore quelque chose…
Un coup des « fonds de pension » amerloques,
je ne vois que ça, parce que ça met les enseignes du groupe en concurrence directe
et sème la suspicion dans la clientèle…
Pour résumer – avant que ça ne fasse plus les choux-gras
des journaleux –, le quotidien a classé ces taux de marges dans trois
catégories : Les plus bas, les moyens et les plus gros (même pas une dizaine de
références sur les 10.000). Dans la première catégorie, les pots de Nutella se
distinguent avec un taux de marge placé à 9,2 % du prix sur des pots vendus à
5,64 euros. Les bouteilles de 2 litres de Coca-Cola rapportent, quant à elle,
7,7 % de 1,90 euro à l’entreprise.
Un peu plus enrichissantes, les boîtes de thon blanc
Petit Navire rapportent 34,8 % du prix de vente, le beurrier tendre doux de
Leader Price atteint un taux de marge de 30,7 % ou encore les Knaki fumées
Herta dont le taux de marge est de 29,6 %.
Mais les plus grosses marges sont réalisées sur les
packs d’eau Cristalline, avec 44,7 %, les Danette au chocolat (42,5 %) ou
encore les Céréales Wheat choco de Leader Price (59,1 %).
Ok, mais on ne nous dit rien des marges de la
plateforme…
Toutefois, honnête « jusqu’au bout des globules »,
on prévient qu’il s’agit de taux de marges brutes. Et de préciser que selon un
patron d’une grande enseigne, « le résultat net de nos magasins avoisine
seulement 1 à 2 % du chiffre d’affaires ».
Comme quoi, rien de changé sous le soleil.
La différence entre 1 et 2 % tient en fait au taux de « démarque-inconnue »
(les vols, la fauche, la casse, les produits périmés, etc.)
Car, précisent les « journaleux » « de ces
taux de marges, il faut déduire des frais de personnel, d’électricité ou encore
d’entretien. »
Comme quoi… ils confondent eux aussi et encore taux de
marge et bénéfice final…
Passons.
À une époque, je connaissais tellement bien le métier
que je rentrais dans un magasin, je faisais le tour en une petite demi-heure,
et je savais son chiffre d’affaires (question de débit aux caisses, leur nombre
et l’amplitude horaire) et le taux global de marge. Là, il suffisait de
regarder la composition des linéaires, la profondeur et la largeur des gammes
proposées, repérer les rayons « à la coupe » (boucherie, la poissonnerie,
traiteur, fruits et légumes à la pesée, fromagerie), tout ce qui « rapporte un
peu plus »… et comment était tenu ces rayons.
Parce que bien sûr, sauf à s’appeler Petrossian, tu ne
vends pas que du caviar, du crabe et du saumon mais globalement 2 à 4.000
références selon la taille de ton magasin (parfois 4 à 5 fois plus).
Et ce n’est pas parce que tu vends du foie-gras
Labeyrie à Noël que tu feras les payes pour autant en fin de mois… tous les
mois.
Bien sûr, quand tu rajoutes du blanc, du brun, des jouets
et de la papeterie, c’est du plus et pour peu que tu aies un corner de parfumerie,
une librairie et une pharmacie, c’est que du bonheur…
Mais c’est déjà un « gros magasin »,
probablement « milliardaire » en franc…
Ils se font rares, mais ça existe.
Il y avait même une équation assez simple :
Surface en M² x CA par type de magasin. Et plus c’est gros et plus les deux
chiffres grimpaient.
La crise est passé par là, ça a un peu changé :
Les 10.000 m² restent des mastodontes qui deviennent difficiles à « faire
cracher » du cash…
Il faut vendre de tout, du basique et du produit d’appel.
Le rayon « vin » est un excellent indicateur :
Des étiquettes prestigieuses à prix correct et quantité de boutanches sans
intérêt à prix « cassé » mais qui te permettent de « marger »
tout autour.
Par exemple, puisque c’est bientôt la saison des
primeurs, vous trouverez forcément du Duboeuf, mis en valeur (parce que c’est
une valeur sûre) et plein d’étiquettes où il faut se retourner vers la
contre-étiquette pour avoir un aperçu de ce qu’il y a dans la bouteille : Ça
n’a plus aucune importance, même pas le prix.
Faites l’essai, vous verrez.
Et là, croyez-moi, personne ne perd d’argent (sauf la
casse…).
Ceci dit, déboule la troisième phase de la
rigolade : L’étude de l’UFC-Que choisir (et je ne sais plus qui, la
confédération des paysans, je crois me souvenir) qui affirme que la loi votée l’année
dernière a conduit à signer un « chèque en blanc de 1,6 milliard d’euros
à la grande distribution » !
Ah, je me disais aussi que ce n’était pas perdu pour
tout le monde, mais seulement pour vous et votre pouvoir d’achat étriqué qui
vous oblige encore (vous n’êtes plus très nombreux, mais quand même…) à faire
les kons autour des ronds-points habillés de gilets-jaunes !
Grosse phase de rigolade : Il y avait donc une
farce dans la dinde aux marrons concocté par vos « sachants » !
Et c’est vous le dindon, bien évidemment…
« Alors que la hausse de 10 % du SRP inflige
aux consommateurs une inflation qui devrait représenter selon nos calculs 1,6
milliard d’euros sur deux ans, le rééquilibrage des négociations commerciales
tant attendu par les agriculteurs et promu par la loi (issue des États
généraux de l’alimentation) n’a pas eu lieu », estiment les deux
organismes.
Bé té…
Pouvait-il vraiment en être autrement ?
« La grande distribution et l’industrie
continuent d’imposer des prix agricoles en dessous des prix de revient à de
nombreuses filières », affirment l’association de consommateurs et le
syndicat agricole dans un communiqué commun.
Bon, là, la bonne démarche, c’est d’arrêter de
produire « à perte », de fermer les exploitations, de planter des éoliennes,
des fermes solaires (tant que c’est encore subventionné) et de faire des lotissements
ou des parcs d’attraction festifs…
Je ne vois que ça.
Et que l’on nous raconte que l’UFC-Que Choisir et la Confédération
paysanne, « refusant tout à la fois cet inadmissible chèque en blanc
des consommateurs à la grande distribution et le chèque en bois reçu par les
agriculteurs », demandent au gouvernement l’abandon « immédiat »
du relèvement du SRP et l’instauration d’un « véritable rééquilibrage »
des négociations en faveur des acteurs agricoles.
Hein, c’est-y pas beau : On te leur vote une
usine à gaz pour aller piquer le pognon dans la poche du consommateur et ils
veulent interdire ce racket !
Merveilleux, non ?
Ça va même plus loin : Sur la base « d’une
étude de prix réalisée sur la totalité des magasins des grandes enseignes »,
en analysant les relevés tarifaires du cabinet Nielsen pondérés par les volumes
de ventes du panéliste IRI, les prix alimentaires ont subi lors de l’entrée en
vigueur de la mesure, au 1er février 2019, une « brutale
augmentation » de plus de 0,83 % en un mois seulement…
Par ailleurs, ajoute leur communiqué, au lieu de
modérer leurs marges, comme ils l’avaient promis « en contrepartie de
la hausse du SRP », les industriels et la grande distribution n’ont
pas tenu leur promesse : « Pour le lait UHT, alors que depuis 2017
le prix revenant à l’éleveur a diminué de 5 %, la marge des distributeurs a au
contraire augmenté de 8 % ».
Traduction : 5 + 8 = 13 ! On est dans les
clous du relèvement de 10 % du seuil de vente à perte.
C’est qui les cocus ?
Tout le monde sauf les industriels…
Comme on a besoin d’eux pour conditionner et vous
livrer, pas bien sûr qu’ils disparaissent de sitôt : Ils n’existeraient
pas que le lait finirait dans les rivières et vous suceriez vos pouces.
(Ou les seins de vos dames… Ou élèveriez des vaches
dans votre salon…)
Naturellement, l’UFC-Que Choisir et la Confédération
paysanne dénoncent le non-respect de la prise en compte du prix de revient pour
l’agriculteur pour fixer celui à l’achat, qui était l’une des promesses (non
tenue) de la loi : « ainsi, le lait de vache est acheté 15 % en dessous
du prix de production et la viande 14 % ».
Toujours dans « les clous » du + 10 % !
J’adore quand les « sachants » se mêlent de
vouloir régler des problèmes auxquels ils ne comprennent décidément rien à rien.
Car la guerre des prix entre les quatre grands de la
distribution les pousse à réclamer des tarifs toujours plus bas auprès de leurs
fournisseurs de l’industrie agroalimentaire, qui eux-mêmes achètent à leur tour
le moins cher possible la matière première agricole auprès des paysans, en bout
de chaîne.
Un grand classique de la filière.
La faute à qui ?
Bé à vous tous. La conjoncture étant ce qu’elle est,
ses perspectives étant ce qu’elles sont (rachats de bagnoles électriques à
envisager, par exemple), les coûts « obligés » augmentant comme il se
doit, il en reste moins à mettre dans vos assiettes, alors vous faites au mieux
avec des produits basiques à prix discount : Logique.
Les solutions ?
Il n’y en a pas sauf à vous obliger à acheter
même ce dont vous n’avez pas besoin. La distribution à la « Gauloisienne »
est partie, après-guerre avec l’idée (d’une économie de guerre) que celui qui
avait de la marchandise était le roi du pétrole. Puis quand l’abondance a
remplacé la pénurie, la bagarre s’est déplacée sur le « mieux disant ».
C’est toute une culture qui a même atteint les
administrations (dans leurs appels d’offre). La course au prix, la chasse du
gaspillage, le rétrécissement des marges.
Et à ce jeu-là, c’est la meilleure du monde, mais un
modèle qui ne s’exporte pas…
Partout sauf sur les marchés « protégés »
car réglementés (et « le luxe » où on se fout du prix du moment que
vous avez « le flacon », « la griffe », etc.).
Et il y en a partout (il faut même une licence pour
couper des cheveux…).
L’exemple le plus frappant est le marché du
médicament.
C’est d’ailleurs probablement le modèle qui vous
attend : Un pharmacien n’est jamais qu’un épicier (diplômé) qui vend des
boîtes fabriquées par des industriels à prix fixé par « l’autorité » (donc
marge du laboratoire, marge du « répartiteur », marge de l’officine),
strictement réglementé, avec en plus un numerus-clausus défendu par un « ordre »,
héritage des lois de Vichy (qui ont aussi interdit les herboristes qui n’existent
plus, sauf partout ailleurs en Europe).
Si on veut que l’agriculteur survivent, soit il faut
le subventionner (avec vos impôts : C’était la PAC européenne), soit fixer
des prix plancher imposé par « l’autorité » et vous obliger à lui acheter
quand même.
Et dans tous les cas, c’est le consommateur-contribuable
qui paye.
Soit admettre qu’il doit disparaître et laisser la
place à l’importation de ses productions de base.
Bref, des concepts de liberté des marchés en
contradiction flagrante avec le besoin d’autonomie nationale, la
libre-circulation des marchandises à tel point que même la vente-directe ne
fonctionne pas jusqu’en ville.
Puisque l’agriculteur – pris dans son ensemble – n’est
pas capable de s’adapter avec tout ce qu’on lui fout sur le dos, même le « bio »
(qui ne l’est pas vraiment ou alors c’est dégueulasse) est réglementé à
outrance, ce n’est pas une échappatoire réparatrice et salvatrice vraiment viable
à long-terme.
On arrive au carrefour des destins : Soit on
laisse les acteurs se démerder de gré à gré tout seuls et on arrête de pondre
des lois ineptes, soit on continue à en pondre et tout le monde va mourir.
Désolé. C’est la grande leçon de cette loi du « désastre
agricole », à tel point qu’eux-mêmes veulent son retrait immédiat !
Imaginez la grosse rigolade que j’ai pu avoir en
lisant tout ça…
Mais bon, je vous avais prévenus l’année dernière.
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