Vérités, suppositions et prévisions
C’est comme pour la météo : On prend ce qui existe dans les mémoires,
on regarde ce qui se passe et on tente d’anticiper ce qui va se développer. Et
naturellement, on reste surpris par ce qui s’est réellement passé quand on
regarde dans le rétroviseur. Et ça se réalise toujours ainsi, même on prend un
peu de hauteur, loin des délires parigots ou bruxellois…
Il y a assez à faire avec les élucubrations « exogènes ».
D’autant qu’en géopolitique, les idées reçues sont légion. C’est
d’ailleurs un exercice complexe de tenter de démêler le vrai de la
manipulation, alors même que l’essentiel impacte nos quotidiens et menace ou
conforte nos options entrepreneuriales…
En effet, il reste facile de les répandre des rumeurs ou des « fakes », il est bien plus compliqué de les nuancer, voire de les démentir.
L’année 2024 s’est ouverte avec son lot de menaces dont il faut pouvoir faire un bref inventaire, même si personne n’avait vu venir le massacre du 7 octobre dernier, alors que pourtant… Pas plus que « l’opération militaire spéciale » en Ukraine.
Et que demain, jusque-là personne n’anticipe les changements de pluviométrie qui se passent pourtant sous nos yeux : Trop d’eau ici, pas assez là.
On le découvre pour notre pays, mais demain, ce seront des régions entières qui deviendront inhabitables.
Entrainant des « migrations » qu’on ne veut pas encore voir.
Résultat, nous avons à gérer dans le proche immédiat, en 2024, cette guerre
en Ukraine plus celle qui se développe au Proche-Orient, mais aussi les
élections américaines, l’hostilité de la Chine, le poids soi-disant croissant
du Sud global dans les équilibres internationaux, avec un Iran aux aguets…
Rien de vraiment nouveau, finalement…
Ces perspectives géopolitiques pour 2024 s’annoncent ainsi plutôt sombres.
Par exemple, on aura prétendu que la Russie sortira de toute façon affaiblie de son aventure ukrainienne.
Probablement.
Mais pas autant qu’on pouvait l’espérer il y a seulement quelques mois.
L’économie russe a tenu, malgré la politique de sanctions la plus globale jamais mise en place par les Occidentaux. Les indicateurs de remontée du PIB russe sont certes trompeurs, car la reprise est surtout tirée par les gigantesques dépenses militaires, mais le pétrole et le gaz russes ont trouvé de nouveaux débouchés, et la finance russe de nouveaux points d’appuis évitant leur effondrement.
Les industries nationales de substitution se développent et une reconversion de l’économie russe vers le « Sud global » ou du moins en Chine et en Inde n’est pas non plus à exclure.
Si la guerre devait s’interrompre dans quelques mois, la Russie en
sortirait donc debout et non KO comme on pouvait l’imaginer dans un premier
temps.
Il lui faudrait sans doute quelque temps pour reconstituer son arsenal militaire, mais elle devrait pour l’avenir prévisible continuer à constituer une menace majeure pour les Européens.
On est donc tenté de dire que dans les deux cas, le pays reste une menace : Soit qu’il ait dû reculer, et il voudra se venger, soit qu’il ait marqué des points majeurs, et ses dirigeants rêveront à d’autres conquêtes en Europe…
Infernal les slaves orthodoxes.
Ne serait-ce que pour se dégager de cet encerclement toujours plus étroit des « anglo-saxons » honnis par atavisme des « russes rouges ».
Personnellement, je ne crois plus à un effondrement de l’un ou de l’autre
des belligérants, tout comme je reste de plus en plus persuadé que l’État
profond « ricain » prolongera autant que possible ce conflit par
procuration afin d’affaiblir encore et encore et au mieux la Russie, jusqu’à
épuisement, si possible : C’est vous dire que ça pourrait être long.
Même si ça peu se précipiter à l’occasion d’une « jacquerie » en territoire russe quelconque… ou ukrainien !
D’ailleurs on en dit déjà que les Ukrainiens devraient passer à une
stratégie défensive et négocier.
C’est la thèse en vogue chez les « ricains » qui ne lui accorde des armes et munitions, que tout juste ce qu’il leur faut pour ne pas s’effondrer.
On en voit bien les raisons : Le soutien « ricain » va se tarir un jour ou l’autre, l’offensive d’été 2023 ukrainienne a été un fiasco et n’a pas réussi à percer les défenses russes.
Selon cette thèse, les Ukrainiens, (qui restent des orthodoxes-slaves de voyous), doivent désormais ménager leurs forces et s’apprêter à négocier, nous affirme-t-on.
Je n’y crois pas : Ils iront jusqu’au bout de leurs capacités…
Car en fait, si les dirigeants ukrainiens suivaient ce raisonnement, ils
joueraient dans la main de « Poux-tine », tenant le temps qu’il
faudra pour que le soutien occidental s’amenuise.
Le président russe peut aussi spéculer sur un découragement des populations ukrainiennes soumises à des raids toujours meurtriers et, bien sûr, tabler sur un retour de « McDo-Trompe » qui pourrait surprendre tout son monde.
C’est pourquoi, en contre-point, le président ukrainien esquisse une posture certes défensive mais prévoyant aussi un déplacement du centre de gravité de la guerre vers la Crimée.
Car seule une menace forte de l’Ukraine sur la Crimée pourrait conduire « Poux-tine » à négocier, pour ne pas perdre ce qu’il considère comme le trophée absolu de deux décennies de règne.
D’autant que plus personne n’ira mourir pour Yalta.
Et le nœud, l’avenir de la Crimée, ça reste l’accès à l’eau douce qui manque à Sébastopol, puisqu’elle ne vient plus du Dniepr dont la retenue du barrage en amont de Kherson a été détruit.
Pourtant, la pluviométrie de la région ne devrait pas être fondamentalement modifiée par le changement climatique global…
Pour changer de région « tendue » et aller jusqu’en Palestine,
l’acharnement des Israéliens sur Gaza apparaît comme suicidaire, génocidaire et
risque de rendre la paix dans la région impossible pour des décennies. L’État
hébreu entre dans une période d’isolement peut-être sans précédent, et quand
enfin Israël sortira de cette guerre, le pays aura sur les bras des problèmes
gigantesques à gérer (à commencer par la gouvernance de Gaza).
Ce à quoi les dirigeants israéliens – il est vrai divisés sur le sujet – peuvent opposer divers contre-arguments : Si Tsahal devait arrêter maintenant son offensive, les dirigeants du Hamas, et notamment ses chefs militaires sortiraient en héros nationaux palestiniens de leurs tunnels où ils se terrent comme des rats, et le Hamas garderait la carte-clé des otages.
Une hypothèse « impossible » pour les israéliens, qu’il faut aussi comprendre.
En outre, il ne faut pas sous-estimer le poids de la realpolitik : Certes
le conflit en cours interrompt le « processus d’Abraham » et
notamment le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et Israël, mais les États
arabes ont maintenant des raisons économiques (bénéficier de la technologie
israélienne) et géopolitiques (équilibrer la menace de l’Iran, restaurer la
protection américaine) de renouer un jour ou l’autre avec Jérusalem.
Parmi les éléments qui peuvent pousser les dirigeants israéliens à ne pas s’arrêter dans leur offensive sur Gaza, il y a le fait que Téhéran et le Hezbollah menacent beaucoup, mais agissent jusqu’ici avec prudence.
Les chefs du Hamas en ressentent d’ailleurs de l’amertume…
La présence militaire américaine accrue dans la région exerce sans doute un effet dissuasif, peut-être même que l’activisme des Houthis – qui tiennent le trafic en Mer Rouge en otage étranglant à terme l’économie égyptienne – et les attaques de diverses milices en Irak visent-ils seulement à camoufler la tiédeur de l’Iran.
Deux autres considérations risquent cependant de jouer en sens inverse :
En premier lieu, une partie de l’establishment militaire israélien souhaite
s’en prendre au Hezbollah.
Que ce soit un choix délibéré ou non, les meurtres d’un chef du Hezbollah puis d’un chef du Hamas au Liban – et d’autres possibles à l’avenir – peuvent enclencher une escalade qui ne veut pas vraiment démarrer.
En second lieu, la multiplication des tensions peut aussi entraîner, sans volonté délibérée des parties concernées, une montée en puissance du conflit.
On peut aussi imaginer un scénario dans lequel celle-ci résulte de l’action conjuguée des extrémistes des deux côtés exécutant quelques attentats de masse sous faux drapeau ou non pour attiser les haines locales…
Pour aller encore plus loin vers l’Orient, après les élections à Taïwan, une
crise n’est pas pour demain.
« Xi-Ping-pong » a rappelé lors de ses vœux de Nouvel An que la réunification du pays était un objectif majeur du PCC (Parti Communiste Chinois).
Or, les purges qui continuent dans l’armée peuvent signifier qu’elle n’est pas prête – mais aussi que le pouvoir chinois entend qu’elle le soit.
Il apparaît donc probable qu’une annexion de Taiwan manu militari ne fasse pas partie des plans immédiats de Pékin.
Le motif de fond derrière cette analyse n’est pas pour autant rassurant : C’est une stratégie d’étranglement progressif de l'île que déploient les autorités pékinoises.
Et on l’a bien vu, les élections présidentielles non pas modifier cet état de fait.
D’autres facteurs peuvent cependant amener les dirigeants chinois à se
lancer dans une action de force : Une conjoncture internationale où l’Amérique
apparaîtrait en position de faiblesse, une trop grande dégradation de la
situation intérieure chinoise qui pousserait Pékin à chercher un dérivatif
extérieur, la crainte qu’en raison du réarmement des puissances régionales
(Japon et Australie notamment), une « fenêtre d’opportunité » puisse
se refermer dans quelques années pour Pékin.
Dans cette partie-là de la planète, on joue sur du « temps long »…
Il convient également de porter son regard sur « le Grand
Sud » : C’est à la mode !
Même si ça n’existe pas. Ce n’est qu’une variante des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Afrique du Sud) mais qui déjà restent bien trop divisés pour peser, plus encore maintenant qu’ils se sont élargis à l’Éthiopie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes Unis, l’Égypte et l’Iran.
Les « BRICS+ » ne sont d’accord en effet sur pas grand-chose, même pas sur le projet d’une monnaie commune alternative au dollar présentée comme un « tournant ».
Toutefois trois données devraient préoccuper les Occidentaux : Il y a bien entre les pays concernés un lien souterrain qui est le ressentiment contre l’Occident « tout puissant » et le refus de la politique des sanctions…
En effet, l’abondance des candidatures au club des BRICS est révélatrice de la perte de prestige des Occidentaux (et inversement de l’attractivité de la Chine).
Enfin, derrière le label de « Sud global », se profile la montée
en puissance de « nouveaux Grands » du Sud – au premier rang desquels
l’Inde (une nation « nationale-populiste », en rivalité avec la Chine
(une fausse « démocratie-autoritaire », mais une vraie dictature) pour
le leadership du nouvel ensemble – en mesure aujourd’hui de tenir la dragée
haute à l’Occident.
On le voit d’ailleurs avec la guerre en Ukraine, où ces pays refusent de se plier à l’injonction d’isolement économique de la Russie.
Quant à la guerre Israël/Hamas, elle aggrave encore le clivage entre le « Sud global » et « l’Occident ».
D’ailleurs, en parlant de celui-là, une question demeure : L’Occident
survivrait à « Trompe » 2 comme il a survécu à « Trompe » 1 ?
C’est assez drôle d’en arriver à se poser la question, parce que comme « BoJo » en UK, le pays qui porte au pouvoir son propre « National-Populiste » est le seul à en souffrir de façon directe.
C’est une constante historique qui se prolonge avec « Kim-tout-fou » depuis la mort de Franco…
Les autres survivent sans se renier, même si les dégâts risquent d’être plus lourds que lors de son premier mandat : L’homme sera animé de la rage de la vengeance !
Il aura tiré les leçons de son premier mandat et, cette fois, tout un dispositif l’entoure, qui à la fois travaille sur le programme et prépare des listes de nominations pour les grandes administrations.
Il va et il veut faire mal.
En réalité, c’est probablement et surtout l’Europe qui sortirait
affaiblie, voire démantelée, d’une « expérience « Trompe 2 ».
Washington mettrait au minimum l’OTAN sous tension, et mènerait le combat économique et politique contre l’UE.
Il peut très bien débaucher l’aile illibérale des Européens ou simplement les gouvernements de la « Nouvelle Europe » (Centrale et orientale) en mal de réassurance de sécurité qui restent assis sur un vote « national-populiste » eux aussi.
De ce point de vue, le retour de gouvernants « pro-Europe » à
Varsovie peut être une chance mais à condition que les Européens commencent à
s’organiser dès maintenant pour se prémunir contre les effets d’un retour de « McDo-Trompe ».
Or, on ne voit pour l’instant se dessiner aucun mouvement de fond en ce sens.
Personnellement, je reste persuadé que les prochaines élections européennes embarqueront un large virage, pour 6 ans, d’anti-européens aux portes de l’institution de Strasbourg.
Et curieusement, c’est l’institution qui va les digérer, les métaboliser, les « génétiquement modifier » et non pas l’inverse, dans le sens de leurs ambitions affichées.
L’Europe n’en sera que plus forte par la suite pour éventuellement affronter le « ricain » qui ne fera pas plus de 4 ans à la Maison Blanche.
S’il est élu[1].
Car justement, les Européens se sont surpris eux-mêmes en réagissant très
vite à l’invasion de l’Ukraine : Déploiement de sanctions sans précédent,
réorientation en quelques mois vers de nouvelles sources d’énergie, utilisation
de la « facilité de paix » pour financer l’armement de l’Ukraine,
ouverture de négociations pour l’entrée de ce pays dans l’UE, etc.
Et depuis quelques semaines, ce sont les limites de ce sursaut qui apparaissent : Les crédits de la « facilité de paix » sont épuisés et un nouveau paquet d’aide de 50 milliards d’euros pour quatre ans a été bloqué au dernier Conseil Européen.
Le programme de 2 millions d’euros pour fournir des munitions et des obus à Kiev n’est réalisé qu’à hauteur de 30 % sans que cela provoque de réactions dans les capitales européennes.
Et plus généralement, aucun plan d’ensemble ne se dessine au sein de l’Europe pour donner un second souffle au soutien militaire à l’Ukraine.
Le risque aujourd’hui est que toute la discussion entre Européens se concentre sur les négociations pour l’entrée de l’Ukraine dans l’UE – c’est-à-dire une fiche de consolation, pas un vrai dessein géopolitique.
En réalité, l’industrie ne suit tout simplement pas : Les défauts d’une intendance de « temps de paix »…
Et au grand jeu des surprises géostratégiques, l’Iran peut aussi
considérer qu’une fenêtre d’opportunité lui est ouverte pour accéder à l’arme
nucléaire : Son grand ennemi israélien est occupé ailleurs, la discorde
entre les cinq puissances nucléaires peut lui assurer une certaine garantie
d’impunité, et la Russie dépend en partie de l’Iran (et de la Corée du Nord)
pour soutenir son effort de guerre en Ukraine.
Aussi, devant la montée de ces périls, les dirigeants de
« Gauloisie-olympique » (et leurs chefs d’entreprise) devraient se
poser la question suivante : Suivant le précédent dramatique des années de
l’entre-deux guerres mondiales, la posture militaire et économique du pays
n’est-elle pas en dissonance avec son système d’alliance ?
Mon pays se perçoit en effet toujours comme un leader, peut-être même le
leader incontournable des Lumières dans une Europe en quête d’affirmation,
alors même qu’il dispose d’un « Jupiter », « Maître des
horloges » à sa tête.
Bien.
Mais son système de défense d’une part l’isole (caractère purement national de la dissuasion) et d’autre part reste tourné largement vers le grand large et non pas le continent…
Ainsi la Loi de Programmation Militaire – très ambitieuses (413,3 milliards d’euros pour les armées sur la période 2024-2030) – qui vient d’être adoptée ne prévoit pas un renforcement majeur de la contribution « Gauloisienne-olympique » à la défense territoriale de notre continent.
À un moment où, comme on l’a vu précédemment, on ne peut plus douter que la Russie va rester pour longtemps une menace stratégique, c’est un peu curieux.
Et puis rappelons qu’après les guerres, il s’agit de reconstruire.
Or, comme au Koweït en 1992, les entreprises « Gauloisiennes-olympiques » ont été écartées par les entreprises « ricaines », faute d’un diplomatie engagée : Il en sera probablement de même pour l’Ukraine rendue à la paix… dans longtemps !
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT
BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR
UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT «
NON RUSSE » !
[1] Nous verrons demain que ce n’est pas certain, finalement…
Il y a assez à faire avec les élucubrations « exogènes ».
En effet, il reste facile de les répandre des rumeurs ou des « fakes », il est bien plus compliqué de les nuancer, voire de les démentir.
L’année 2024 s’est ouverte avec son lot de menaces dont il faut pouvoir faire un bref inventaire, même si personne n’avait vu venir le massacre du 7 octobre dernier, alors que pourtant… Pas plus que « l’opération militaire spéciale » en Ukraine.
Et que demain, jusque-là personne n’anticipe les changements de pluviométrie qui se passent pourtant sous nos yeux : Trop d’eau ici, pas assez là.
On le découvre pour notre pays, mais demain, ce seront des régions entières qui deviendront inhabitables.
Entrainant des « migrations » qu’on ne veut pas encore voir.
Rien de vraiment nouveau, finalement…
Par exemple, on aura prétendu que la Russie sortira de toute façon affaiblie de son aventure ukrainienne.
Probablement.
Mais pas autant qu’on pouvait l’espérer il y a seulement quelques mois.
L’économie russe a tenu, malgré la politique de sanctions la plus globale jamais mise en place par les Occidentaux. Les indicateurs de remontée du PIB russe sont certes trompeurs, car la reprise est surtout tirée par les gigantesques dépenses militaires, mais le pétrole et le gaz russes ont trouvé de nouveaux débouchés, et la finance russe de nouveaux points d’appuis évitant leur effondrement.
Les industries nationales de substitution se développent et une reconversion de l’économie russe vers le « Sud global » ou du moins en Chine et en Inde n’est pas non plus à exclure.
Il lui faudrait sans doute quelque temps pour reconstituer son arsenal militaire, mais elle devrait pour l’avenir prévisible continuer à constituer une menace majeure pour les Européens.
On est donc tenté de dire que dans les deux cas, le pays reste une menace : Soit qu’il ait dû reculer, et il voudra se venger, soit qu’il ait marqué des points majeurs, et ses dirigeants rêveront à d’autres conquêtes en Europe…
Infernal les slaves orthodoxes.
Ne serait-ce que pour se dégager de cet encerclement toujours plus étroit des « anglo-saxons » honnis par atavisme des « russes rouges ».
Même si ça peu se précipiter à l’occasion d’une « jacquerie » en territoire russe quelconque… ou ukrainien !
C’est la thèse en vogue chez les « ricains » qui ne lui accorde des armes et munitions, que tout juste ce qu’il leur faut pour ne pas s’effondrer.
On en voit bien les raisons : Le soutien « ricain » va se tarir un jour ou l’autre, l’offensive d’été 2023 ukrainienne a été un fiasco et n’a pas réussi à percer les défenses russes.
Selon cette thèse, les Ukrainiens, (qui restent des orthodoxes-slaves de voyous), doivent désormais ménager leurs forces et s’apprêter à négocier, nous affirme-t-on.
Je n’y crois pas : Ils iront jusqu’au bout de leurs capacités…
Le président russe peut aussi spéculer sur un découragement des populations ukrainiennes soumises à des raids toujours meurtriers et, bien sûr, tabler sur un retour de « McDo-Trompe » qui pourrait surprendre tout son monde.
C’est pourquoi, en contre-point, le président ukrainien esquisse une posture certes défensive mais prévoyant aussi un déplacement du centre de gravité de la guerre vers la Crimée.
Car seule une menace forte de l’Ukraine sur la Crimée pourrait conduire « Poux-tine » à négocier, pour ne pas perdre ce qu’il considère comme le trophée absolu de deux décennies de règne.
D’autant que plus personne n’ira mourir pour Yalta.
Et le nœud, l’avenir de la Crimée, ça reste l’accès à l’eau douce qui manque à Sébastopol, puisqu’elle ne vient plus du Dniepr dont la retenue du barrage en amont de Kherson a été détruit.
Pourtant, la pluviométrie de la région ne devrait pas être fondamentalement modifiée par le changement climatique global…
Ce à quoi les dirigeants israéliens – il est vrai divisés sur le sujet – peuvent opposer divers contre-arguments : Si Tsahal devait arrêter maintenant son offensive, les dirigeants du Hamas, et notamment ses chefs militaires sortiraient en héros nationaux palestiniens de leurs tunnels où ils se terrent comme des rats, et le Hamas garderait la carte-clé des otages.
Une hypothèse « impossible » pour les israéliens, qu’il faut aussi comprendre.
Parmi les éléments qui peuvent pousser les dirigeants israéliens à ne pas s’arrêter dans leur offensive sur Gaza, il y a le fait que Téhéran et le Hezbollah menacent beaucoup, mais agissent jusqu’ici avec prudence.
Les chefs du Hamas en ressentent d’ailleurs de l’amertume…
La présence militaire américaine accrue dans la région exerce sans doute un effet dissuasif, peut-être même que l’activisme des Houthis – qui tiennent le trafic en Mer Rouge en otage étranglant à terme l’économie égyptienne – et les attaques de diverses milices en Irak visent-ils seulement à camoufler la tiédeur de l’Iran.
Que ce soit un choix délibéré ou non, les meurtres d’un chef du Hezbollah puis d’un chef du Hamas au Liban – et d’autres possibles à l’avenir – peuvent enclencher une escalade qui ne veut pas vraiment démarrer.
En second lieu, la multiplication des tensions peut aussi entraîner, sans volonté délibérée des parties concernées, une montée en puissance du conflit.
On peut aussi imaginer un scénario dans lequel celle-ci résulte de l’action conjuguée des extrémistes des deux côtés exécutant quelques attentats de masse sous faux drapeau ou non pour attiser les haines locales…
« Xi-Ping-pong » a rappelé lors de ses vœux de Nouvel An que la réunification du pays était un objectif majeur du PCC (Parti Communiste Chinois).
Or, les purges qui continuent dans l’armée peuvent signifier qu’elle n’est pas prête – mais aussi que le pouvoir chinois entend qu’elle le soit.
Il apparaît donc probable qu’une annexion de Taiwan manu militari ne fasse pas partie des plans immédiats de Pékin.
Le motif de fond derrière cette analyse n’est pas pour autant rassurant : C’est une stratégie d’étranglement progressif de l'île que déploient les autorités pékinoises.
Et on l’a bien vu, les élections présidentielles non pas modifier cet état de fait.
Dans cette partie-là de la planète, on joue sur du « temps long »…
Même si ça n’existe pas. Ce n’est qu’une variante des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Afrique du Sud) mais qui déjà restent bien trop divisés pour peser, plus encore maintenant qu’ils se sont élargis à l’Éthiopie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes Unis, l’Égypte et l’Iran.
Les « BRICS+ » ne sont d’accord en effet sur pas grand-chose, même pas sur le projet d’une monnaie commune alternative au dollar présentée comme un « tournant ».
Toutefois trois données devraient préoccuper les Occidentaux : Il y a bien entre les pays concernés un lien souterrain qui est le ressentiment contre l’Occident « tout puissant » et le refus de la politique des sanctions…
En effet, l’abondance des candidatures au club des BRICS est révélatrice de la perte de prestige des Occidentaux (et inversement de l’attractivité de la Chine).
On le voit d’ailleurs avec la guerre en Ukraine, où ces pays refusent de se plier à l’injonction d’isolement économique de la Russie.
Quant à la guerre Israël/Hamas, elle aggrave encore le clivage entre le « Sud global » et « l’Occident ».
C’est assez drôle d’en arriver à se poser la question, parce que comme « BoJo » en UK, le pays qui porte au pouvoir son propre « National-Populiste » est le seul à en souffrir de façon directe.
C’est une constante historique qui se prolonge avec « Kim-tout-fou » depuis la mort de Franco…
Les autres survivent sans se renier, même si les dégâts risquent d’être plus lourds que lors de son premier mandat : L’homme sera animé de la rage de la vengeance !
Il aura tiré les leçons de son premier mandat et, cette fois, tout un dispositif l’entoure, qui à la fois travaille sur le programme et prépare des listes de nominations pour les grandes administrations.
Il va et il veut faire mal.
Washington mettrait au minimum l’OTAN sous tension, et mènerait le combat économique et politique contre l’UE.
Il peut très bien débaucher l’aile illibérale des Européens ou simplement les gouvernements de la « Nouvelle Europe » (Centrale et orientale) en mal de réassurance de sécurité qui restent assis sur un vote « national-populiste » eux aussi.
Or, on ne voit pour l’instant se dessiner aucun mouvement de fond en ce sens.
Personnellement, je reste persuadé que les prochaines élections européennes embarqueront un large virage, pour 6 ans, d’anti-européens aux portes de l’institution de Strasbourg.
Et curieusement, c’est l’institution qui va les digérer, les métaboliser, les « génétiquement modifier » et non pas l’inverse, dans le sens de leurs ambitions affichées.
L’Europe n’en sera que plus forte par la suite pour éventuellement affronter le « ricain » qui ne fera pas plus de 4 ans à la Maison Blanche.
S’il est élu[1].
Et depuis quelques semaines, ce sont les limites de ce sursaut qui apparaissent : Les crédits de la « facilité de paix » sont épuisés et un nouveau paquet d’aide de 50 milliards d’euros pour quatre ans a été bloqué au dernier Conseil Européen.
Le programme de 2 millions d’euros pour fournir des munitions et des obus à Kiev n’est réalisé qu’à hauteur de 30 % sans que cela provoque de réactions dans les capitales européennes.
Et plus généralement, aucun plan d’ensemble ne se dessine au sein de l’Europe pour donner un second souffle au soutien militaire à l’Ukraine.
Le risque aujourd’hui est que toute la discussion entre Européens se concentre sur les négociations pour l’entrée de l’Ukraine dans l’UE – c’est-à-dire une fiche de consolation, pas un vrai dessein géopolitique.
En réalité, l’industrie ne suit tout simplement pas : Les défauts d’une intendance de « temps de paix »…
Bien.
Mais son système de défense d’une part l’isole (caractère purement national de la dissuasion) et d’autre part reste tourné largement vers le grand large et non pas le continent…
Ainsi la Loi de Programmation Militaire – très ambitieuses (413,3 milliards d’euros pour les armées sur la période 2024-2030) – qui vient d’être adoptée ne prévoit pas un renforcement majeur de la contribution « Gauloisienne-olympique » à la défense territoriale de notre continent.
À un moment où, comme on l’a vu précédemment, on ne peut plus douter que la Russie va rester pour longtemps une menace stratégique, c’est un peu curieux.
Or, comme au Koweït en 1992, les entreprises « Gauloisiennes-olympiques » ont été écartées par les entreprises « ricaines », faute d’un diplomatie engagée : Il en sera probablement de même pour l’Ukraine rendue à la paix… dans longtemps !
[1] Nous verrons demain que ce n’est pas certain, finalement…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire