Ce jour…
L’armistice de 1918, signé le 11 novembre 1918 à 5 h
15 marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale, la victoire des
Alliés et la défaite totale de l’Allemagne, même il ne s’agissait pas d’une
capitulation au sens propre.
Le cessez-le-feu sera effectif à onze heures
entraînant dans l’ensemble de la « Gauloisie » des volées de cloches et
des sonneries de clairons, annonçant la fin d’une guerre qui a fait pour l’ensemble
des belligérants plus de 18,6 millions de morts, d’invalides et de mutilés,
dont 8 millions de civils.
18…
Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un
wagon-restaurant aménagé provenant du train d’État-Major du maréchal Foch, dans
la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.
J’y suis allé promener « ma nichée » à
plusieurs reprises : Un endroit curieux où deux cessez-le-feu
inconditionnels auront été signés à quelques décennies d’écart.
Plus tard, le 28 juin 1919 à Versailles, est signé le
traité de paix, qui met réellement fin à l’état de guerre.
Rappelez-vous (même si vous n’étiez pas né(e) à cette
époque-là) que le traité de Brest-Litovsk conduisant à la reddition de la
Russie permet à l’Armée allemande de se concentrer sur le front de l’Ouest. Mais
l’échec de ses offensives en juin et juillet 1918 et le renfort des alliés
américains et britanniques retirent à l’Allemagne tout espoir de victoire.
Depuis août, les forces allemandes reculent en bon ordre,
mais avec de lourdes pertes et sur l’ensemble du front franco-belge.
En septembre, l’État-Major allemand fait savoir à l’empereur
que la guerre est déjà perdue, mais ni Guillaume II, ni les chefs militaires ne
veulent assumer la responsabilité de cette défaite en devenir.
À partir de septembre, une série d’offensives de l’Entente
sur les fronts d’Orient et d’Italie entraînent la capitulation des alliés de l’Allemagne.
Les armistices sur les fronts d’Orient créent une « énorme brèche » que l’Allemagne
n’est plus en mesure de colmater.
En même temps, sur le front belge les Franco-Belges
lancent une attaque vers Bruges et enfoncent le front allemand.
L’agitation grandit dans les troupes allemandes et à l’arrière.
Durant le mois d’octobre, les Allemands et le président américain Wilson
échangent des notes dans lesquelles ce dernier est chargé, dans la lignée de
ses quatorze points proposés en janvier dans un discours retentissant, de
prendre en main le rétablissement de la paix.
Le 28 septembre 1918, Erich Ludendorff et Paul von
Hindenburg sont au quartier général de l’Armée allemande à Spa en vue de
discuter de la situation sur le front ouest. Vers 18 heures, ils décident d’organiser
l’armistice. Le diplomate Paul von Hintze avertit le kaiser Guillaume II qui
réside alors à Kiel.
Le 29 septembre 1918, Paul von Hintze se rend à Spa.
Guillaume II retourne à Berlin, où il est rejoint par le chancelier Georg von
Hertling, qui lui donne sa démission le jour même. Le soir, Paul von Hintze
retourne à Berlin avec le major von dem Bussche, qui doit exposer la situation
au Reichstag.
Le 1er octobre 1918, Erich Ludendorff
envoie un télégramme au cabinet impérial : « Envoyer immédiatement un traité de paix. La troupe tient pour le moment
mais la percée peut se produire d’un instant à l’autre ».
Le 3 octobre 1918, Guillaume II nomme un nouveau
chancelier : Max de Bade. Mais cela ne suffit pas à contrôler le pays : De
nombreux marins et soldats refusent d’aller au combat, en particulier à Kiel.
Le 5 novembre 1918, à 6 heures du matin, Maurice
Hacot, habitant d’Auchel et caporal affecté au centre radiotélégraphique de la
tour Eiffel reçoit un message morse émis de Spa en Belgique : Il s’agit de
la demande d’armistice de l’état-major allemand. Il transmet le message à son
colonel.
Le 7 novembre 1918, Matthias Erzberger, représentant
du Gouvernement allemand part de Spa, passe la ligne de front à Buironfosse
(Aisne) sur la route d’Haudroy à La Capelle, en compagnie d’un autre civil et
de quelques militaires. Ils sont dirigés vers la villa Pasques pour préparer
les négociations de l’armistice. C’est le caporal Pierre Sellier, originaire de
Beaucourt (Territoire de Belfort) qui, ce jour-là, fut le premier clairon à
sonner le premier cessez-le-feu.
Sous la responsabilité du commandant de Bourbon
Busset, les six voitures traversent la zone dévastée du Nord de la France, s’arrêtent
à Homblières pour se restaurer, puis vont vers la gare de Tergnier où les
attend un train affrété qui les mène vers un lieu de rencontre jusque-là tenu
secret, une futaie de la forêt de Compiègne.
Le site abrite deux petites voies ferrées parallèles,
utilisées pour l’acheminement des pièces d’artillerie sur rail destinées au tir
de longue portée sur les lignes allemandes et où ont été acheminés deux trains,
celui du maréchal Foch et un train aménagé pour la délégation allemande qui
arrive sur place le 8 novembre à 5 h 30 du matin.
Les plénipotentiaires allemands sont reçus par le
maréchal Foch. Les Allemands lui demandent quelles sont ses propositions. « Je ne suis autorisé à vous les faire
connaître que si vous demandez un armistice. Demandez-vous un armistice ?
», répond le maréchal. Les Allemands se concertent avant de répondre par l’affirmative.
Un texte est alors distribué aux parlementaires allemands, avec un délai de
trois jours pour y réfléchir.
Durant les trois jours, les Allemands n’ont en réalité
que peu d’occasions de véritablement négocier. Ils doivent rapidement se plier
aux conditions développées dans le texte qui leur est soumis. Ce texte avait
été établi en dernier lieu par Foch, au titre de commandant suprême des forces
alliées, après un mois de positions divergentes de Wilson, Clemenceau, Orlando
et Lloyd George.
Pendant ce temps, la situation politique évolue en
Allemagne. Le 9 novembre, le prince de Bade conseille au Kaiser d’abdiquer.
Dans un premier temps, celui-ci refuse. Après avoir envisagé de prendre
lui-même le commandement de l’armée, il est néanmoins contraint à l’abdication
par ses généraux et part en exil aux Pays-Bas. Afin d’éviter une prise de
pouvoir par les spartakistes, les socialistes modérés proclament la république
et forment un gouvernement. Cet événement est un élément de pression
supplémentaire vis-à-vis des délégués allemands réunis dans le wagon de
Rethondes.
Le lendemain, le nouveau chef du Gouvernement
allemand, Friedrich Ebert, signe un pacte avec les dirigeants de son Armée et
implore son représentant à Rethondes de clore sans tarder les négociations.
Le 11 novembre, entre 5 h 12 et 5 h 20 du matin, l’armistice
est signé avec une application sur le front fixée à 11 heures du matin, et ce
pour une durée de 36 jours qui sera renouvelée trois fois (prolongation d’un
mois dans le même wagon à Trèves le 12 décembre 1918 puis reconduction le 16
janvier 1919 et le 16 février 1919 pour une durée illimitée).
Dans les capitales européennes, c’est le soulagement.
À Paris, un million de personnes descendent dans la rue pour célébrer l’armistice.
Malgré la défaite, celui-ci est également fêté à Berlin par la population
allemande, pour qui elle signifie la fin des souffrances.
Le soir du 11 novembre, Georges Clemenceau confie avec
lucidité au général Mordacq : « Nous
avons gagné la guerre et non sans peine. Maintenant il va falloir gagner la
paix, et ce sera peut-être encore plus difficile. »
Le dernier jour de guerre a fait près de 11.000 tués,
blessés ou disparus, soit plus que lors de l’opération « Overlod » le
« Jour J » en 1944 (si ne sont comptabilisées que les pertes
alliées). Certains soldats ont perdu la vie lors d’actions militaires décidées
par des généraux qui savaient que l’armistice avait déjà été signé. Par
exemple, le général Wright de la 89ème division américaine prit la
décision d’attaquer le village de Stenay afin que ses troupes puissent prendre
un bain, ce qui engendra la perte inutile de 300 hommes…
Le dernier soldat belge mort au combat est un
sous-officier de 24 ans, Marcel Toussaint Terfve, originaire de Liège. Touché
au bord du canal de Terneuzen, près de Gand, par une balle au poumon gauche à
10 h 42, il meurt à 10 h 45, soit 15 minutes avant l’heure du cessez-le-feu.
À 10 h 45 du matin également, Augustin Trébuchon a été
le dernier soldat français tué. Estafette de la 9ème compagnie du
415ème régiment de la 163ème division d’infanterie, il
est tué d’une balle dans la tête alors qu’il portait un message à son capitaine.
Le dernier britannique, George Edwin Ellison a été tué
à 9 h 30 alors qu’il faisait une reconnaissance non loin de Mons en Belgique.
Le dernier soldat canadien tué a été George Lawrence
Price, deux minutes avant l’armistice. Il a d’abord été enterré à Havré avant d’être
transféré à Saint-Symphorien (Belgique), au cimetière militaire. La pierre
tombale d’Havré est exposée au musée d’Histoire militaire de Mons.
Enfin l’Américain Henry Gunther est généralement
considéré comme le dernier soldat tué lors de la Première Guerre mondiale, 60
secondes avant l’heure de l’armistice, alors qu’il chargeait des troupes
allemandes étonnées parce qu’elles savaient le cessez-le-feu imminent.
La date de décès des morts français du 11 novembre a
été antidatée au 10 novembre par les autorités militaires : Pour les
autorités militaires, il n’était pas possible ou trop honteux de mourir le jour
de la victoire…
C’était il y a tout juste un siècle.
Et déjà l’amorce d’un traité de paix qui allait
favoriser la montée des « populistes » outre-Rhin (on n’appelait pas
ça comme ça…) en Hispanie, en Lusitanie, en « Ritalie » et jusqu’à
Moscou…
Ainsi que le « front-pop » en « Gauloisie-triomphante »,
le tout allant gaiment s’étriper sur les même territoires une seconde fois dans
ce siècle-là jusqu’à embraser la totalité (ou presque) de la planète.
Une paix « ratée » !
À que… « Jupiter », 100 ans plus tard, d’en
profiter pour te vous faire un « G 80 » : « J’inviterai le 11 novembre prochain à Paris
près de 80 chefs d’État et de gouvernements représentant les pays belligérants »,
avait-il déclaré lors de son discours aux ambassadeurs du début d’année.
Selon lui, cette rencontre serait l’occasion pour les
dirigeants de se souvenir de leurs responsabilités.
« Nous ne
devons pas faire bégayer l’histoire et il faut se souvenir que nos peuples, et
peut-être surtout leurs dirigeants, furent comme des somnambules »
devant le glissement de l’Europe et du monde vers la guerre, reprenant ainsi la
formule de l’historien australien Christopher Clark.
Un centenaire qui en annoncera d’autres, tout aussi
solennels : « Plusieurs de vos pays fêteront
leur propre centenaire », a-t-il dit aux diplomates, signifiant que la
« Gauloisie-pas-rancunière » aurait donc plusieurs « centenaires à fêter ». Notamment les
traités consécutifs à la guerre de 14-18, dont le traité de Versailles, ayant donné
naissance à la constitution en États de nombreuses nations à travers le monde.
Si eux « festivent », moi, aujourd’hui, je
vais pleurer toute la journée.
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