Et comme prévu il s’est félicité d’un « énorme succès »
Effectivement, si les républicains ont perdu la
majorité à la Chambre des représentants à l’occasion des midterms, ils
conservent le contrôle du Sénat.
On n’osait
l’évoquer franchement avant-hier, mais il aurait de toute façon fallu
55 % de votes démocrates pour le faire basculer.
Les effets du « découpage » de leurs
circonscriptions électorales.
Et là, c’est la vraie victoire de « McDonald-Trompe ».
La « vague bleue » que redoutaient les
républicains n’aura pas lieu.
De toute façon, à part partout ailleurs dans le monde
(hors la Russie), on vous avait prédit un scrutin « référendum »
pour ou contre le locataire de la Maison-Blanche.
Que nenni… Une belle konnerie.
La participation aura été en forte progression – les
seuls votes par anticipation (« early
voting ») ont bondi de 20 millions en 2014 à 33 millions pour ces midterms
– cela n’aura que partiellement profité aux démocrates. Mais une hausse
suffisante pour faire basculer la Chambre des représentants, comme
l’annonçaient les sondages, confirmés dès 21 h 30 locales par les estimations
de Fox News.
Sans pour autant produire un chamboulement massif des
équilibres, les républicains ne perdant qu’une trentaine de sièges.
À noter que de nombreux visages de la chambre vont
cependant changer avec notamment l’entrée des deux premières élues musulmanes,
Ilhan Omar et Rashida Tlaib, qui ont triomphé sous les couleurs démocrates dans
le Minnesota et le Michigan. Sharice Davids (Kansas) est la première
Amérindienne à y faire une netrée. Alexandria Ocasio-Cortez (New York), membre
de l’aile gauche du parti démocrate, est elle devenue à 29 ans la benjamine du
Congrès.
Fort !
Mais surtout le Président va conserver une majorité au
Sénat, la chambre la plus importante du Congrès. Alors que seulement 35 sièges
étaient renouvelés, son camp, qui bénéficiait de la répartition électorale,
enregistrerait des gains de trois ou quatre sénateurs.
La « porte-la-parole » d’en rajouter une
couche : « Nous nous sentons
confortables. La baisse des impôts et la dérégulation ont provoqué un boum de
l’économie dont on voit les effets dans les résultats du Sénat. »
Plus tard dans la soirée, c’est le président des
États-Unis lui-même qui s’est saisi de son téléphone pour se féliciter d’un « énorme succès ».
« Merci à tous !
» aura-t-il ajouté.
Certains duels qui étaient très surveillés ont tourné
à l’avantage des Républicains US. Dans le Texas le très médiatique Beto O’Rourke
n’a pas réussi à renverser le sortant Ted Cruz, un hyper-conservateur dont il
se dit même dans le camp républicain qu’il a « le charisme d’une start-up au point zéro ». Dans l’Indiana, le
sortant démocrate Joe Donnelly a sévèrement mordu la poussière. Deux autres
sièges ont été perdus par les démocrates dans le Dakota du Nord et dans le
Missouri.
Les démocrates n’ont pas non plus complètement réussi
à renverser la table pour les 36 postes de gouverneur en jeu, malgré la
victoire surprise dans le Kansas de Laura Kelly qui a battu le favori, Kris
Kobach. L’une des révélations démocrates, l’afro-américain Andrew Gillum, a
échoué de peu en Floride face au « trompiste » Ron DeSantis pourtant
crédité d’une mauvaise campagne. L’annonce de sa défaite a provoqué la plus
grande explosion de joie de la soirée chez les républicains à Washington…
En Géorgie, Tracey Abrams ne sera pas la première
femme noire à devenir gouverneur. Brian Kemp, son adversaire républicain, a vu
sa campagne au bulldozer payer dans un État à longue tradition conservatrice,
l’emportant avec près de 10 points d’écart.
La perte de la Chambre des représentants va certes
compliquer un peu les choses pour l’exécutif. Il lui sera plus difficile de
gouverner en faisant passer des lois dans les deux dernières années de son
mandat. Mais cette petite défaite à la chambre, très courante lors des midterms,
est compensée par son renforcement au Sénat. Ce qui au total valide sa
stratégie de droitisation extrême de la campagne avec l’épouvantail de
l’immigration. Et lui permet de continuer à rêver à un second mandat.
Si les démocrates ont pris le contrôle de la Chambre
des représentants, les Etats-Uniens ont probablement élu un Congrès divisé,
promesse d’une fin de mandat mouvementée pour la Maison-Blanche, l’opposition
pouvant désormais entraver à la chambre basse une grande partie de son
programme.
« Un Congrès
démocrate va œuvrer à des solutions qui nous rassemblent, car nous en avons
tous assez des divisions », a déclaré de son côté la cheffe des démocrates
à la Chambre, en promettant de restaurer les « contre-pouvoirs constitutionnels ».
Le problème, c’est que ces « contre-pouvoirs »
ne valent que pour les « affaires intérieures », pas pour le commerce
international ou les relations extérieures (guerre, migration, etc.)
La seule « frontière » de friction possible,
ça reste le vote du budget et les promesses de « shut-down » à venir.
Mais ça reste limité entre les budgets militaires et
la protection sociale…
Surfant sur l’indignation contre l’administration « Trompe »
et la promesse de protéger la couverture santé, les démocrates ont donc réussi
à s’emparer de la chambre basse pour la première fois depuis 2010.
La Chambre des représentants est composée de 435
sièges, renouvelés entièrement tous les deux ans. Les démocrates avaient besoin
de prendre vingt-trois sièges aux républicains pour gagner la majorité : Ils
en ont déjà gagné 26.
Néanmoins, force est de constater que les républicains
renforcent leur majorité au Sénat, en prenant quatre sièges aux démocrates.
Les démocrates étaient en effet contraints de défendre
dix sièges dans des États « pro-Trompe ». Ils ont résisté mieux que
prévu en Virginie-Occidentale et dans le New Jersey, mais ils ont perdu tôt dans
la soirée l’État-clé de l’Indiana ainsi que le Dakota du Nord, terres
conservatrices.
La réélection du sénateur du Texas Ted Cruz a offert
une victoire majeure au Parti républicain à l’issue d’une course serrée face au
jeune Beto O’Rourke, qui faisait jusque-là figure d’étoile montante du parti
démocrate. En Floride, l’ex-gouverneur Rick Scott a battu le sortant démocrate
Bill Nelson et la sénatrice du Missouri a également perdu son siège. Le siège
du Mississippi, tenu par les républicains, sera remis en jeu fin novembre,
aucun des candidats n’ayant atteint la barre des 50 % des voix.
Le Sénat compte cent sièges. Les électeurs
renouvellent un tiers de la chambre haute tous les six ans, soit trente-cinq
sièges cette fois.
Mais il n’y avait pas que ça : Les démocrates ont
perdu l’une des courses les plus scrutées pour l’un des trente-six sièges de
gouverneurs en jeu : Le duel entre le démocrate Andrew Gillum, premier
candidat noir à ce poste en Floride, et le très « trompiste » Ron
DeSantis. Malgré des accusations de racisme, M. DeSantis l’a finalement emporté
au terme d’un score très serré.
L’autre scrutin très observé était la bataille en
Géorgie entre le républicain Brian Kemp et la démocrate Stacey Abrams, qui
espérait devenir la première gouverneure noire d’un État américain : C’est
finalement, là aussi, le candidat républicain qui arrive en tête.
Pas de « grand-remplacement »…
En revanche, dans le Colorado, les électeurs ont
choisi le démocrate Jared Polis, qui deviendra le premier gouverneur américain
ouvertement homosexuel, mais « ouverture d’esprit » tout de même.
Et dans le Kansas très conservateur, la démocrate
Laura Kelly a créé la surprise en battant le favori, Kris Kobach.
Et puis les référendums locaux : Marijuana, Dix
Commandements, avortement… dans chaque État, les électeurs se prononçaient
également sur plusieurs propositions.
L’Alabama a approuvé un amendement autorisant
l’affichage des Dix Commandements bibliques dans les lieux officiels, publics
et les écoles.
J’adore… Chez nous c’est Marianne, autrement plus sexy
qu’utile…
La Floride a validé un texte qui rétablit le droit de
vote des condamnés ayant purgé leur peine.
Chez nous, on n’attend même pas qu’ils sortent de
taule…
Le Michigan a donné son accord à la légalisation de la
marijuana (tous shootés !), et la Virginie-Occidentale a restreint le
droit à l’avortement.
Une régression ?
Un mardi « rigolo » finalement.
Soyons sérieux une seconde : De quoi pouviez-vous
rêver dans vos chaumières ?
Certes vous êtes (très) indirectement concernés, mais
tout de même, comme pour d’autres, vous avez été probablement victime du « Trompe-bashing
». Autrement dit, faire passer le président américain pour un sinistre demeuré,
sexiste et xénophobe, ce qui ne constitue pas une preuve d’aveuglement « gôchiste
» face à un enchaînement de succès économiques impressionnants.
Parce que le bonhomme ne s’est en effet pas contenté
d’hériter d’une croissance robuste (3,5 % au troisième trimestre de 2016) et
d’un faible taux de chômage (4 %) légué par l’administration « d’Haut-bas-Mât »
: Il a orchestré une accélération du PIB jusqu’à 4,2 % au deuxième trimestre
2018, du jamais vu depuis 2014 – c’était lors du deuxième mandat de son
prédécesseur –, sur fond de chômage solidement installé autour des 3,7/3,8 %.
Les impôts baissent, les entreprises américaines n’ont
jamais engrangé autant de profits, l’invasion migratoire est enrayée (d’autant
plus facilement qu’elle n’a jamais eu lieu !) et les Américains se sentent bien
plus en sécurité que précédemment.
« Plus en sécurité », certes… quand bien même quelques
dizaines de « tueries de masse » (plus de 4 morts par « incident violent »)
sont enregistrées chaque année sur le territoire de l’Oncle Sam. Des tueries
commises par des Américains grands délinquants, déséquilibrés ou extrémistes…
mais bien « de souche », ce qui est plutôt rassurant, n’est-ce pas.
Tant qu’on se « trucide-joyeusement » entre
soi…
Alors certes, ce sont des succès un peu en trompe-l’œil :
Les deux présidents partagent la même « conjonction des planètes »
sur au moins deux points : Un soudain afflux massif d’argent dans le système
financier et un creusement abyssal des déficits.
Sous « Haut-Bas-Mât », les Quantitative
easing ont dopé artificiellement le cycle économique. Avec « McDonald-Trompe »,
les baisses d’impôts massives et les hausses de dépenses fédérales – tout aussi
conséquentes – accomplissent le même prodige, celui d’une croissance à 4 %… et
à 100 % à crédit !
De celles que les Européens s’interdisent au nom de
l’orthodoxie monétaire « à l’allemande
».
Et ironie de l’histoire, à la lumière des stress tests
de la BCE et de l’ABE (l’Autorité bancaire européenne) rendus publics vendredi
dernier, ce sont les banques d’outre-Rhin (Deutsche Bank, Commerzbank et
plusieurs « Landesbank » comme la Bayerische, la Hessen/Thuringen et la
Norddeutsche) qui apparaissent comme étant les plus vulnérables, devant leurs
homologues britanniques (notamment Barclay’s, RBS et Lloyds).
Vous aimez « en rire » ?
Voilà de quoi animer vos dîners…
De son côté, l’illustrissime établissement italien
Banca Monte Dei Paschi Di Sienna (BMPS) est sorti de la « liste rouge » de la
BCE après sa recapitalisation, et comme il fallait s’y attendre le ministre
italien de l’Économie Giovanni Tria s’est empressé de saluer « avec satisfaction les résultats des stress
tests sur l’état de santé du système bancaire italien ».
Il n’y est pour rien, mais ça le rassure : Il va
pouvoir appuyer sur l’accélérateur des déficits…
Un monde merveilleux !
Quand on sait que les banques italiennes supportent à
elles seules la moitié des 650 Mds€ de créance douteuses (qui ne seront pas
remboursées, ou très partiellement) identifiées par la BCE en zone euro, elles
sont pourtant « testées » plus « résistantes
» que ne le seraient les banques allemandes ou britanniques en cas de
cataclysme financier…
Bien sûr, tout ce qui précède n’est que fraude, faux-semblants
et écrans de fumée… qui n’attrapent que les nigauds.
Forcément : La FED a prévu d’augmenter les taux d’intérêt
« à vue » après avoir arrêté les émissions de QE d’argent facile-factice
à taux zéro. Du coup, les taux longs (à suivre le « dix ans », la
référence) suivent la même ascendante.
Deux conséquences mécaniques :
L’argent-divagant (géré par les fonds de pensions et
autres gérants et leurs robots) va sortir du marché des actions, faisant chuter
les cours (100 milliards de « pertes » pour Amazon en quelques
séances : Mais c’était de la « richesse-fictive »), pour aller
sur les obligations (et dérivés) faisant monter leur cours et réduisant partiellement
le taux de rendement.
Tant que celui-ci reste inférieur à la croissance du
PIB de référence, ça peut tenir sans effondrement.
Pas kon, BKR (« Le gourou » des marchés de
ses 50 ans dernières années) rachète (un peu) ses propres actions ne sachant
plus comment valoriser son cash.
Un signe sombre avant de devenir un cygne-noir ?
On a passé trois « présages de Hindenburg » d’affilée
sans casse…
Si les taux d’emprunt grimpent et que les cours des
actions baissent, comment les entreprises vont-elles financer leur croissance
(et l’emploi qui alimente leurs débouchés pro
domo, notamment en cas de crise du commerce international) ?
Comment les particuliers, qui vivent parfois à crédit
depuis leur entrée dans l’enseignement supérieur, resteront-ils solvables
(assumant leurs échéances et consommant toujours plus) ?
Évidemment, sans être familier des « choses de la
finance », vous pouvez vous attendre à quelques « tensions »
quand les courbes se croiseront.
On appelle ça l’explosion d’une bulle.
Et vue la masse de cette dernière, l’épopée-2008, c’était
juste un « amuse-gueule ».
Que forcément ça va dégueuler jusque sur « la
Vieille Europe » qui ne se sort pas du « Monde d’avant ».
Et tout va dépendre, au moins pour partie, dans les
réactions du pouvoir politique américain, désormais englué dans une sorte de
cohabitation forcée qui est sortie des urnes mardi dernier.
Notez que ça aurait pu être pire : Il n’y a pas
que des pitres à Washington non plus.
Autant parier sur la « très grande sagesse »
des sages américains…
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