Premier
saut vers le passé
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Vous allez faire trois sauts
successifs vers Biskra en septembre de l’année dernière. »
Trois ? Mais il a déjà sauté une fois !
En parachute.
« Et vous y avez vu quoi, à
part votre femme, des barbus et au moins une silhouette
« amie » ?
Eh bien, les silhouettes amies, c’est
vous ! »
Attend là, non seulement elle va le télé-transporter en Algérie, mais en
plus dans son passé et trois fois de suite ?
C’est aberrant !
« Et ça ne vous indispose pas
ce genre d’acrobatie ? Et qui vous dit que je vais accepter ? »
Il sera bien obligé : « Soyez
raisonnable, vous ne parviendrez pas à extraire Florence tout seul. Et vous en
êtes convaincu, puisque vous l’avez déjà vécu.
Ce qui est d’ailleurs très important,
dans la mesure où vous vous souviendrez des détails sur le terrain. »
Toutefois, elle reconnaît que c’est une grosse dépense d’énergie…
Mais les relais sont déjà sur place, parce que ce sont ceux-là qui
fournissent l’énergie.
« L’un est au-dessus de Briska,
et vous l’avez déjà identifié avant votre saut. L’autre, vous y êtes. Dedans,
positionné à proximité au-dessus de votre maison et de votre cave.
Et la technologie de ces machines nous
permet de faire « des ponts » des transferts de l’un à l’autre.
Là où ils dépensent le plus d’énergie,
c’est au moment de leur mise en place. En plus, quand ils sont actifs, ils sont
visibles. Après, ce n’est juste qu’une question de mise en phase, de réglages
et d’ouverture de champ. »
Simple…
« La première fois, environ 20
minutes avant votre arrivée au sol. Je vous envoie à proximité d’un petit
groupe de 5 djihadistes qui se réchauffent autour d’un feu au sol. Vous
rafalerez et irez ensuite vers votre deuxième avatar que j’enverrai sur le côté
de la maison 4 minutes plus tard.
Il s’agira pour vous, numéro 1,
d’assurer sa couverture, parce que votre première attaque va provoquer une
alerte dans le camp, le réveil et l’arrivée d’une petite escouade sur place,
par votre droite.
À vous deux, vous abattrez tout ce qui
bouge et qui sort de la maison avant d’accueillir votre troisième avatar
environ 10 minutes plus tard. Lui se faufilera vers et dans la maison pour
abattre les deux derniers kidnappeurs.
Il croisera la route de votre propre
vous-même le vrai : éviter de vous tirer dessus, n’est-ce pas !
Enfin ce dernier avatar-là, n° 3, ira
en couverture de vous-même à l’intérieur du bâtiment.
Attention, son arme s’enrayera quand il
s’agira d’abattre Madame Miho, le cerveau de cette affaire. »
Salope, celle-là : que Paul en de nouveau a mal à sa côte flottante.
S’il pouvait faire qu’elle ne lui tire pas dessus, ce serait très
bien !
« Votre premier avatar, là,
toute de suite après ces explications, et une fois avoir couvert le second à
son arrivée, partira à la recherche d’un véhicule. Ils sont garés un peu plus
haut sous les oliviers, près de l’enclos à dromadaire proche du poulailler et
l’approchera de la porte d’entrée de la maison.
Là, il vous croise et vous lui
remettrez ces pilules d’amphétamines militaires. De la fénéthylline améliorée.
N’oubliez pas, vous en aurez besoin par
la suite en Corée. »
Ça, Paul, il sait : il a pu se rendre compte qu’elles ont été très
utiles dans sa virée chez Kim Jung Un, le dictateur local.
« Bon, il ne s’agit surtout pas
de le tuer, celui-là : il n’a pas encore accompli tout son destin et il ne
s’agit pas de changer pour vous les traces du passé, de votre passé. »
Ça aussi, Paul le sait : lui foutre la trouille, une vaste trouille
qui ne le calmera même pas !
« Il faut
qu’il fasse exécuter quelques collaborateurs précieux, qui s’ils surviraient à
cet épisode, pourrait être très dangereux pour l’humanité toute entière.
Laissez donc faire les choses.
L’important, c’est que vous libériez
Florence et que vous partiez en Chine mettre au point le prototype 002.
Le 003 suivra en son temps, soyez-en
sûr puisque je l’ai lu dans nos archives. »
Quand ?
Elle ne répond pas et continue son discours.
« Avatar 1, une fois le
véhicule et les pilules remis à Paul et Florence, part au loin. Peu importe la
direction et la distance, je vous ramène ici en un claquement d’interrupteur
pour vous renvoyer en avatar numéro deux, comme je viens de vous le dire.
N’improvisez pas trop, tout de même.
Avatar n° 2 n’entre pas dans la maison
mais couvre n° 3.
C’est le numéro 3 qui escorte Paul
premier dans le bâtiment, je vous rappelle.
Je ramène n° 2 avant n° 3 pour le
renvoyer sur place, puis numéro 1 et c’est numéro 3 qui s’abîme la cheville.
À ce moment-là, vous me rendez votre
équipement, on se sépare et on se revoit à Barcelone une prochaine fois. »
Quel équipement ?
« Mais ce scaphandre, bien sûr,
et votre arme. »
Il faut qu’il enfile ça ?
« C’est non seulement une
protection contre la plupart des projectiles et explosifs existant dans le
cosmos, il est léger et commode, sûr et solide, et est bien mieux que votre
gilet pare-balles, mais c’est surtout un équipement qui va vous permettre
d’assumer vos trois voyages dans le passé sans en perdre vos facultés, parce
que c’est lui qui fait le voyage, avec vous dedans.
Vous verrez ! »
Et d’avoir quatre Paul en chair et os au même moment sur un même lieu, ça
n’indispose pas les lois du cosmos ?
« Non ! Je vous l’ai déjà
dit, c’est une question d’énergie et c’est bien pratique de n’être que deux,
l’opérateur et l’opérant, et de pouvoir paraître beaucoup plus nombreux sur
place : avec une poignée, on peut réunir une armée complète à un instant
« t », si on le voulait ! »
Fabuleux.
« C’est pourquoi le nombre,
pour saturer un lieu, n’est vraiment pas indispensable. Mais il faut être habile.
Des questions ? »
Plein, mais elle n’y répondra pas.
« Bon alors déshabillez-vous
intégralement et allongez-vous sur la table. Il faut que je vous enduise d’une
lotion qui va « faire corps » avec la combinaison. Sans ça, vous
risquez une nouvelle fois de perdre l’équilibre comme à votre arrivée ici.
Et puis trois transferts, je ne veux
prendre aucun risque : vous pourriez devenir fou. C’est donc votre
combinaison qui sera transférée, avec vous dedans. C’est nettement plus sûr
pour votre santé mentale. »
Mais elle, elle semble voyager de la sorte de plus loin et sans
combinaison !
« Mais moi je ne suis pas
tout-à-fait constituée comme vous. J’ai des implants et ma tenue est aussi ma
combinaison. »
Ah oui, tiens donc, réfléchit Paul pour lui-même.
Serait-ce la raison pour laquelle elle ne s’était pas intégralement dévêtue
lors de leur première rencontre ?
Elle avait gardé sur elle une sorte de sous-vêtement moulant, de pied en
cape, hors le visage et les mains, semi-translucide, assez curieuse et douce,
épousant tous ses mouvements, et de couleur sombre, presque noire également…
« Je vous préviens, cette
lotion est hydrosoluble et avec votre transpiration, il sera nécessaire de
recommencer l’opération après chaque retour !
N’y voyez aucune malice de ma part. »
Alors Paul, bien décidé à aller s’aider lui-même à secourir Florence dans
un passé récent, puisqu’il n’y avait personne d’autre que lui, se laisse faire.
Miss Birgit, la WIB, enfile des gants de latex et commence à masser le
dos, les fesses, les jambes, les pieds, les bras et les mains où elle s’attarde
un peu, peut-être fascinée par la longueur des doigts de Paul, pour faire pénétrer sa
lotion légèrement huileuse et sans odeur particulière.
En revanche, là où elle a un haut-le-cœur, marquant nettement sa surprise,
c’est quand elle le retourne pour masser les pectoraux, les épaules, les abdominaux,
les faces antérieures des jambes et des bras.
Elle hésite longuement avant d’aborder l’intérieur des cuisses et le
bas-ventre de Paul.
Ce qu’elle fait après avoir badigeonné la figure et les cheveux, quand
Paul lui dit : « et là, je
reviens sans ? », désignant son sexe.
« Je gardais le meilleur pour
la fin ! » finit-elle par lâcher, manifestement contente de
masser cette longue verge offerte et déjà tendue entre ses doigts.
« Je comprends mieux ce qui va
se passer fin août à Paris. »
Ce qui s’est déjà passé pour Paul…
« – Bon c’est fini. Allez donc
enfiler votre combinaison ! Et veillez à bien la laisser s’ajuster !
– Ah non ! Je ne peux pas !
– Comment ça vous ne pouvez pas ?
– Vous avez déjà essayé de marcher avec
un double-décimètre dans le caleçon, vous ?
– Soyez sérieux, Colonel Paul de
Bréveuil ! Il ne s’agit pas de ça en ce moment. Votre gel va sécher et il
va falloir recommencer l’opération de badigeonnage » fait-elle avec un petit rire idiot.
« – Ah oui, mais là, je ne peux
même pas marcher et alors quant à rentrer dans votre truc-zire, ça me paraît
hors de question dans cet état, alors vite trouvez une solution !
– Ok, je vais vous le dégonfler,
rapidement moi ! »
Aussi, quelle idée d’avoir un sexe aussi grand ! Chez elle, ce n’est
pas comme ça, d’habitude…
Et la voilà qui empoigne le sexe encore tendu de Paul et le masturbe
rapidement, avec agilité et même gourmandise pourrait-on dire.
Paul se laisse faire, grogne un peu et finit rapidement par éjaculer avec
quelques soubresauts typiques : il peut maintenant enfiler sa combinaison
qui l’enserre intégralement, se saisir des pilules d’amphétamines et du Famas.
Mettre son casque, bien équipés d’optronique et c’est le « grand
saut ».
Tout s’éteint, il se retrouve dans le noir, l’ouïe démultipliée pour être
amplifiée dans les écouteurs du casque, un genou à terre, guettant le foyer du
barbecue improvisé à même le sol.
Elle avait dit cinq djihadistes et il n’en voit que quatre autour du feu.
Il n’ose pas faire de bruit ni se déplacer, regarde autour de lui en se
disant que Florence est là, dans sa cellule, derrière la seconde fenêtre qu’il
serait si simple de bousculer les plans de Birgit et de foncer dans le tas, à
travers le mur en torchis.
Et puis non, il va, enfin son second avatar de lui-même, rappliquer :
ce serait trop bête de gâcher l’opération dont il sait la réussite.
Il lève le nez au ciel à la recherche des étoiles : l’ovni de relai
est là au-dessus de la maison et scintille avec éclats de tous ses
feux-follets.
Mais quelle histoire est-il en train de vivre !
Le cinquième homme revient de s’être soulagé : c’est le moment. Deux
courtes rafales, ils sont tous à terre.
Elle avait dit 4 minutes avant que son deuxième autre ne débarque.
De quel côté, déjà ? À droite, c’est ça ?
Pas grave, le crépitement des coups de feu a réveillé tout le monde et ça
s’agite sur le côté droit.
Paul s’y précipite.
Ils ouvrent le feu sur tout ce qui sort. Encore et encore.
Mais ils sont fous de leur faciliter le travail de la sorte : un vrai
carnage !
Maintenant que ça ne bouge plus, les deux hommes se font signe de se
séparer.
Paul va derrière, à la recherche du poulailler, des dromadaires et donc
des véhicules, vers le haut.
Ça pétarade encore vers la maison : ce doit être numéro 3 qui vient
de se radiner.
On est dans les temps, sauf que Paul n° 1 a du mal à trouver un 4x4 avec
des clés de démarrage. Il a beau fouiller, chercher, ouvrir la boîte à gants,
rien.
On n’entend plus rien vers la ferme, mais en revanche, au loin on peut
distinguer le ronflement très ténu d’au moins un véhicule qui approche et sera
détruit par une explosion avant d’arriver.
Finalement, il met la main sur un pick-up qu’il reconnaît, où les clés
sont restées sur le Neiman.
Deux derniers coups de feu, de calibre manifestement différents : là,
c’est Miho qui vient de s’en prendre une.
Ce con de numéro 3 n’a pas encore été le plus rapide : On lui avait
pourtant dit de vérifier son arme, qu’elle allait s’enrayer.
Paul démarre et file vers la porte d’entrée en cahotant. C’est le moment
d’être utile.
Il stoppe devant la porte quand Paul, se tenant le côté, sort de la maison
avec Florence à la traîne sous son bras.
Pour un dialogue historique qui donne :
« Des renforts vont arriver avec
tout notre vacarme. Prend ça. Tu en auras besoin en Corée. Pas plus d’une toute
les trois heures. Tu verras, c’est vraiment très efficace. »
C’est quoi ?
« De la fénéthylline améliorée. Tu
verras ça donne une pêche d’enfer, tu ne ressens plus aucune douleur, tu te
peux te battre avec une force démesurée à en briser même tes menottes, et sans
te fatiguer. Tu marches droit devant, sans t’arrêter et tu ne connais plus la
peur. Assez génial. Mais n’abuse pas : quand les effets se dissipent, on a soif
et une envie de dormir pendant plusieurs jours ! Et puis fais gaffe aux limites
de résistance de tes tendons et il faut savoir rester prudent, se ménager.
»
C’est drôle comme des phrases anodines deviennent historiques à la
longue et à force de répétition.
Pas l’air d’avoir la forme, les deux éclopés. Mais ils démarrent et il connaît
leur suite.
Tout en se rappelant de sa remarque originelle, à savoir qu’il connaît la
voix de Paul, qui lui-même ne le remettait pas, pour être casqué…
Un peu plus loin, un des autres avatars court à travers rien.
Il en fait de même : ce n’est pas lui qui va se tordre la cheville,
mais numéro 3 !
Et il se retrouve face à Birgit qui lui ouvre sa porte de la malle aux
parois translucides.
« Alors ? »
Exactement comme elle le lui avait dit.
« Bon, on recommence !
Déshabillez-vous mon colonel ! »
L’obsédée.
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