Et je
vais mourir !
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Je ne verrai pas grandir ma fille Annabelle.
Je vais partir de ce monde, m’éteindre pour une délivrance éternelle, mais
je veux garder dans mon cœur ses sourires aux anges, ses petits rires mignons,
ses grands éclats de rire quand son père la chatouille et joue avec elle, quand
elle joue avec moi, jusqu’au-delà de mon dernier souffle.
La fièvre me fait délirer. J’ai besoin d’un crayon et des quelques
feuilles d’un cahier jauni à barbouiller, pour y jeter mes derniers souvenirs
qui s’enfuient par vagues successives.
Tout m’abandonne et je m’abandonne à la douleur, à la fièvre.
C’est la vie qui me fuit…
Ma fille …
« Quand je la prends dans mes
bras
Que je lui parle tout bas,
Je vois la vie en rose.
Je lui dis des mots d'amour,
Des mots de tous les jours,
Et ça me fait quelque chose.
Elle est entrée dans mon cœur
Une part de bonheur
Dont je connais la cause.
(…)
Et dès que je l'aperçois
Alors je sens en moi
Mon cœur qui bat
Une pluie d'amour à ne plus en finir
Un grand bonheur qui prend toute la
place »
(…)
Ma vie, mes amis…
(…)
Je ne sais plus ce que je raconte : J’ai mal, je ne peux pas dormir,
j’ai chaud, j’ai froid, j’ai soif, j’ai envie de vomir.
Annabelle, où es-tu, que fais-tu, m’entends-tu ?
J’étais un « bébé-mignon », une jeune-fille sage…
(…)
Ma famille, mes frères …
(…)
Mes « amours », « mes » hommes, …
(…)
Et puis l’homme de ma vie.
Hélas, je ne sais toujours pas si je suis la femme de sa vie. C’est un
excellent amant, toujours doux, attentionné et tendre, qui ne sodomise pas, qui
n’est jamais pervers ou violent, parfois juste un peu brutal comme j’aime quand
il « s’emballe », qui reste toujours sensuel, mais qui a un terrible
défaut : sa cruelle infidélité !
Peu importe : si c’est un « homme à femmes », je le savais
depuis avant le premier jour, mais c’est lui qui reste le père de mon cœur, de ma
petite Annabelle, ma fille, ma puce, celle que je vais perdre à jamais, qui ne
reverra plus jamais sa maman.
Je suis si triste pour elle dans ma détresse !
(…)
Décidément, je ne sais plus ce que je raconte, mon écriture devient illisible, je ne sais plus
où j’en suis : toujours me revient l’image de ma fille, de mon bébé à moi,
de mon trésor d’amour, de ma puce adorée.
Je veux mourir avec son sourire imprimé dans mon cerveau en ébullition.
Pourvu que son père sache lui parler, la protéger, la guider, l’éduquer, l’amuser,
la rendre heureuse !
Son père…
Quand je pense à Paul, mon Dieu : un de mes grands bonheurs !
Une belle histoire. Mon corps se cabre quand je pense à ses mains
parcourant mes zones érogènes, mes seins, mes fesses, mes jambes, mon cou, mes
épaules, quand je ressens la caresse de son corps sur le mien, quand j’imagine
ses doigts sur mon épiderme, tout ce qui adoucit mes douleurs. Alors je
fredonne encore, ces refrains qui se bousculent furieusement dans ma tête
fiévreuse :
« Il joue avec mon cœur
Il triche avec ma vie
Il dit parfois des mots menteurs …
Mon mec à moi
(…)
Sa façon d'être à moi
Sans jamais dire je t'aime
(…)
J'me raconte des histoires
Des scénarios Chinois
(…)
Mais moi j'y crois.
(…)
J'aime sa petite gueule d'amour
Je le suis dans ses galères
(…)
Je ne peux pas m'en défaire
(…)
Chaque fois que je l'imagine
Ça me fait bizarre-bizarre ... »
Il est comme ça mon Paul !
(…)
Un « beau mec » comme il y en a peu, connu dans le monde entier pour des
« exploits » auxquels je ne comprends pas grand-chose, pauvre
petite-chose montée sur talon aiguille que je suis, pour ne pas lui faire honte
de ma petite-taille à ses côtés.
Celui-là, je l’aime, c’est comme ça.
Il a la peau si douce, des muscles si puissants, des biceps plus gros que mes mollets, qui ne sont pas si minces que ça, un sexe merveilleux, doux
comme une peau de bébé que j’aime à caresser.
Comment était-ce possible, toute cette beauté ? L'ineffable beauté de ses
fesses chaudes et vivantes qui se creusent quand il marche, de ses petites cicatrices éparses qui rajoutent à son allure virile !
La vie dans la vie, la simple beauté, puissante et chaude !
Et l’étrange incongruité, obscène et délicieuse à la fois de ses testicules
entre ses jambes ! Quel mystère !
Quel poids, lourd de mystères que je pouvais tenir dans mes
mains !
J’adore passer mes doigts sur elles, les sentir rouler lentement et réagir
à mes caresses, tendre et détendre cette espèce de « couture » de la
peau en leur centre…
Oh, Paul ! Qu’est-ce que je raconte ?
Que deviens-tu ? Où es-tu ?
(…)
Une autre chanson s’impose parfois dans ma tête quand ma fièvre grimpe et je
pense alors encore plus à tous deux, le père et ma fille, comme d’une bouée
ultime :
« Je peux vous dire Messieurs
Dames
Qu'un de ces jours
Ça va faire grave ... »
Là, « grave », j’y suis ! Enfoncée en plein dedans et sans
aucun espoir d’en sortir : je serai morte sous peu.
J’ai une jambe cassée, démesurément enflée, une plaie béante qui suinte de
pue et de sang mêlé autour de mon tibia, qui me fait horriblement souffrir,
faute d’être soignée.
« Ils », mes ravisseurs, mes geôliers, mes tortionnaires, ont
bien fait venir un « médecin ». Il a tout juste pu mettre des atèles
et bander cette jambe meurtrie. Mais aucun médicament prescrit, pas
d’antalgique, pas d’anti-inflammatoire, pas d’antibiotique ! J’ai de la
fièvre qui me fait délirer, je souffre à chaque mouvement, j’ai chaud, j’ai
froid, j’ai soif, j’ai faim, je vomis de la bile et des sucs gastriques qui me
brûlent la gorge, la bouche, l’œsophage.
Parfois je tremble de fièvre de tout mon corps.
La douleur m’empêche de dormir, j’oublie tout, sauf mon petit-ange,
Annabelle, incapable de penser à mon père, à ma mère, à mes frères autrement
que par épisodes.
(…)
S’il te plaît Paul, prends soin de notre fille et …
Ta-ta-ta-ta-ta-ta-ta-dam-ta…
Ne m'oublie pas sous la flotte d'un
parapluie mouillé,
Ne m'oublie pas au fond d'un tiroir
rouillé,
Ou dans un vieux cahier !
Ne m'oublie pas sur ta bouche à en
perdre tes mots,
Ne m'oublie pas quand tu toucheras une
autre avec ta peau,
Ne m'oublie pas ailleurs, les idées traînent
dans la semaine.
Moi, je n’existe pas,
Je te connais par cœur,
Et j’entends le chant des
sirènes !
Moi, je dis ça comme ça,
Fais pas comme le facteur,
Ne m'oublie pas, ne m'oublie pas…
Ne m'oublie pas sur la ligne 12 du
métro,
Ne m'oublie pas sur la p'louse en
l'honneur d'un râteau,
Ne m'oublie pas enfin,
Dans la lumière face au destin !
Ne m'oublie à l'époque où je n'existais
plus,
Ne m'oublie pas dans tes poches, petit
bouton perdu,
Ne m'oublie pas dehors, hors de tes rêves
la réalité.
Moi, je n’existe pas,
Je te connais par cœur,
Et j’entends le chant des
sirènes !
Moi, je dis ça comme ça,
Fais pas comme le facteur
Ne m'oublie pas, ne m'oublie pas…
Ne m'oublie pas sous la plume légère de
l'oreiller,
Ne m'oublie pas sous l'écume dans le
marc de café,
Ne m'oublie pas… pas toi,
Si ça s'y prête pas dans l'immédiat !
Ne m'oublie pas n'importe où ou je vais
y passer,
Ne m'oublie pas au mois d'août je vais
me liquéfier,
Ne m'oublie pas au hasard,
Dans ta mémoire !
Où m'as-tu caché ?
Moi, je n’existe pas,
Je te connais par cœur,
Et j’entends le chant des sirènes !
Moi, je dis ça comme ça,
Fais pas comme le facteur
Ne m'oublie pas, ne m'oublie pas… »
Di-da-da-di da-doum, di-da-da-di di-doum…
Ma tête est en feu…
(…)
Je vais seulement partir,
Tant mon état empire.
N’oublie notre petite Annabelle.
Pour moi, fais la vivre et rire.
Rends la belle, belle, belle.
Plus belle que moi, elle.
En tout cas moins pire,
Que ce que j’ai à subir.
(…)
Mon pauvre Paul, nous ne lui ferons jamais son « petit-frère »,
tellement je m’éteins rapidement.
« L’ami-râle » : tu as lu la note de « I-Cube » ?...
RépondreSupprimer« La Baronne » : c’est trop triste, je n’ai pas pu finir…
Comme quoi vous savez toucher la fibre maternelle d’une maman…
Eh, il y a une suite.
SupprimerC'est loin d'être triste, au final !
Bonne continuation !