Vu de Chengdu
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
Pourtant avant même le début de l'organisation de ces
manifestations, plusieurs voix s'élèvent contre des formes « d'union sacrée »
et les « récupérations » et risques de dérives que celles-ci annonceraient. Le
dessinateur Luz trouve « formidable »
l'ampleur du soutien envers Charlie Hebdo, mais se dit étranger au ton des
hommages comme à l'usage de La Marseillaise lors des manifestations, qui lui
paraissent en contradiction avec l'esprit du journal. Il souligne à ce titre le
danger de transformer en « symbole » un journal qui n'a jamais eu cette
vocation, et le profit que peuvent tirer les politiques de l'« union nationale
» : pour lui, « Le symbolisme au sens
large, tout le monde peut en faire n’importe quoi ».
Une controverse naît également concernant l'éventuelle
participation d'élus Front national à la marche parisienne : une majorité des
dirigeants des partis de gauche est hostile à la présence des « Bleu-blanc-rouge »,
tandis que l'UMP ne s'y oppose pas, au nom de l'union nationale. Le PS est
lui-même divisé : son premier secrétaire, « Jean-Christophe Combat-des-lys »,
contredit ainsi l'avis de la majorité des cadres du parti en déclarant que « vient qui veut et qui se sent concerné
».
Certains responsables socialistes ne redoutent que
l’exclusion du parti « Bleu-blanc-rouge » donne à ce parti l'occasion de se
poser en victime. Le président de la République Landau déclare que « Tous les citoyens peuvent venir (...), il n'y a pas de contrôles ».
« Marre-zinne Lapeine » appelle ses
partisans à manifester en province mais pas à Paris, dénonçant « les partis politiques sectaires » qui
ont exclu son parti « Bleu-blanc-rouge » de la marche parisienne, et
opposant « le peuple français » à la
classe politique qui a « récupéré »
le cortège parisien.
Elle-même manifeste le 11 janvier à Beaucaire, l'une
des mairies prise par son parti.
De son côté, son père, président d'honneur parti, juge
la manifestation « orchestrée par les
médias » et dénonce les responsables politiques présents lors de la
manifestation comme des « charlots qui
sont responsables de la décadence » du pays, semant l'embarras au sein
de la direction du parti.
Le parti anticapitaliste, de son côté, dénonce l'« instrumentalisation politique » des
attentats et annonce que son parti ne participera pas aux manifestations aux côtés
des partis de gouvernement, de même que Lutte ouvrière, qui refuse de participer
à l'union nationale.
L'attitude des formations membres du Front de gauche est
plus contrastée : « Jean-Luc Met-Lâchons » et son parti, le Parti de
gauche participent aux manifestations du 11 janvier, mais se tiennent à l'écart
des cortèges des autres formations politiques, dont ils dénoncent les manœuvres
de récupération.
Le PCF, dont le secrétaire national avait dans un
premier temps appelé à l'unité nationale, appelle lui aussi à la méfiance face
aux instrumentalisations.
Une autre des composantes du Front de gauche, le
mouvement « Ensemble » dirigé par « Clé-clé-dentine Haut-teint »
refuse quant à lui de signer l'appel commun à manifester, en arguant que « l'union sacrée vise à brouiller les repères
pour mieux récupérer politiquement ».
Parmi les dizaines et des dizaines de dirigeants ou
représentants de chef d'État étrangers présents à la « marche républicaine »
de Paris, certains ont été présentés comme étant peu sensibles aux libertés
individuelles et au droit de la presse dans leur pays.
Ainsi, les noms d'Ali Bongo, Viktor Orban, Sergueï
Lavrov (ministre des Affaires étrangères russe), Ahmet Davutoğlu (premier
ministre turc), Ramtane Lamamra (ministre des Affaires étrangères algérien),
Sameh Choukry (ministre des Affaires étrangères égyptien), Boni Yayi ou encore
Abdallah II (roi de Jordanie) ont été cités.
Et des voix s'élèvent en France et en particulier aux
États-Unis sur le fait qu'aucun haut responsable du gouvernement américain n'a
participé à la manifestation.
De nombreux médias américains fustigent cette absence
alors même que ces attentats ont eu un fort retentissement populaire aux
États-Unis, de nombreuses personnalités apportant leur soutien aux
manifestants.
Si le secrétaire d'État des États-Unis, n'était pas
présent, il s'est rendu en France la semaine suivante pour « faire part à tout Paris et à toute la France
de (son) émotion ». Il a
également salué l'engagement du pays pour la liberté d'expression, qu'il
considère comme « une inspiration pour le
monde entier ».
Au soir, pendant la fin du déroulé des
« officiels » ayant fait l’effort de venir et
« participer », de nombreux chinois stationnaient la nuit arrivée
sous les fenêtres de la délégation des « français » qui bossaient
avec Paul.
Le reste de la communauté française de Chengdu, qui
travaille habituellement sur les chantiers de construction de la ville, est
restée « muette » ce soir-là, réunie chez quelques-uns d’entre eux,
comme tétanisée par la portée de l’événement.
Les chinois de Paul étaient là, avec chacun un
écriteau où était inscrit, parfois maladroitement, parfois en Mandarin,
« #Je suis Charlie » !
À pleurer.
Paul s’est saisi d’un clairon, accroché au mur d’une
pièce et a entonné, une lente, très lente, jusqu’à bout de souffle, sonnerie aux morts, interminablement
répétée jusqu’au cœur de la nuit.
Un choc mondial : des français tuent des
français, sans état d’âme, dans les rues de la capitale, pour une cause vague
et floue, située à des milliers de kilomètres de là, actes revendiqués par un
État autoproclamé qui n’existait pas un an auparavant, à l’autorité également
floue, étendu sur plusieurs territoires d’États différents préexistants.
Ce qui déclenchera la mobilisation de plus de 10.000
militaires en vue de protéger les sites sensible et une énième loi « sécuritaire »,
celle relative à la surveillance et au renseignement, de juillet 2015, étendant
une toile, un filet invisible, draguant « large » en espérant
« prévenir ».
Prévention bien vaine : débarquent sur les côtes
européennes des milliers de clandestins qui fuient les menaces des Boko Aram,
Aqmi, Daech et autres sis dans leur propre pays !
Et dans le tas, tous ne sont pas que des réfugiés
« politiques » mais bien plus des migrants « économiques »
et quelques-uns auront combattu les autorités constituées de leur patrie
d’origine, même si parfois il s’agit de vraie dictature.
La gangrène dictatoriale s’installe sur l’Europe, souvent
seulement en réplique au terrorisme…
D’ailleurs, plus tard, le 18 mars suivant, d’autres attaqueront
le musée du Bardo dans un attentat terroriste qui a lieu vers 12 h 30, près de
Tunis, la capitale de la Tunisie.
Des tunisiens tuent des tunisiens. Une attaque
revendiquée le lendemain par l'État islamique.
À la mi-journée, deux terroristes armés de fusils
d'assaut Kalachnikov et de grenades, et portant des ceintures explosives
remplies de Semtex tentent de s'introduire dans le Parlement tunisien, où ont
lieu des auditions sur la loi anti-terroriste.
Les assaillants sont repoussés et les députés évacués.
Ils se dirigent alors vers le musée national du Bardo,
voisin du Parlement. Ils ouvrent le feu sur des touristes qui descendaient d'un
bus avant de les pourchasser à l'intérieur du bâtiment, où se trouvait une
centaine de visiteurs.
Ils s'y retranchent en retenant plusieurs otages.
Aux alentours de 15 h 30, les forces de l'ordre
tunisiennes donnent l'assaut du musée.
Les deux terroristes sont tués pendant l'opération et
les otages libérés. Malgré la fin de l'opération, deux touristes espagnoles et
un guide passent la nuit cachés dans le musée et sont retrouvés le lendemain.
On dénombre 24 morts, soit 21 touristes étrangers, un
agent de la Brigade antiterrorisme et deux terroristes et 45 blessés.
Parmi les victimes, plusieurs proviennent de deux
navires de croisière en escale à La Goulette, le Costa Fascinosa et le MSC
Splendida, ce qui conduit les compagnies propriétaires à suspendre leurs
escales à Tunis.
Une marche est organisée le 29 mars 2015 et réunit une
foule importante, rejointe par une délégation de dirigeants étrangers, réunis
autour du président tunisien Béji Caïd Essebsi. Le président Francis Landau
fait le déplacement à Tunis, alors que la Tunisie n’avait envoyé que son
premier ministre deux mois plus tôt à Paris, tout comme les présidents gabonais
et palestinien Mahmoud Abbas, ainsi que par les chefs des gouvernements italien
et algérien.
Ce défilé officiel longe l'enceinte où se trouvent le
Parlement et le musée du Bardo en scandant le slogan « #Le monde est Bardo » en
référence à « #Je suis Charlie ». Les dignitaires inaugurent ensuite une stèle
portant les noms des victimes.
Selon le vice-président du Parlement tunisien, trois
gardes devant assurer la sécurité du Parlement étaient absents au moment de
l'attentat.
Le 23 mars, le chef de la police de Tunis est limogé ainsi
que le responsable de la sécurité du musée du Bardo, après avoir admis que des
défaillances graves dans la sécurité avaient été constatées.
À la suite de cet attentat, le Syndicat national des
agents de voyages en France, qui constitue le premier marché pour la Tunisie,
enregistre une chute de 60 % des réservations, alors que le tourisme est déjà
en difficulté et qu’il fait vivre une bonne partie de l’économie tunisienne.
Pour y remédier, le gouvernement renforce la sécurité
dans les lieux fréquentés par les touristes.
Après l'attaque, le secteur du tourisme tunisien,
considéré comme stratégique car il représente environ 7 % du PIB, enregistre en
avril une baisse de 25,7 % sur un an du nombre de touristes.
Fin mai, les réservations estivales par les Français
sont en baisse de 37,7 % par rapport à mai 2014.
Et puis de nouveau l’attentat à Sousse, le 26 juin 2015 dans la station
balnéaire de Port El-Kantaoui, en Tunisie, et fait 39 morts et 39 blessés.
Il est également revendiqué par l’organisation État
islamique.
Trois jours auparavant, l'État islamique avait appelé
ses partisans à commettre des attaques lors du ramadan. Selon un chercheur « le ramadan est considéré par les djihadistes
comme le mois du djihad ».
Le deuxième vendredi du mois de ramadan, 26 juin, plusieurs
attentats sont ainsi commis dans le monde par des djihadistes, notamment dans
une mosquée chiite au Koweït et à Saint-Quentin-Fallavier en France.
Cette dernière attaque terroriste islamiste, perpétrée
par Yassin Salhi ce 26 juin 2015, l’est dans une usine de production de gaz
industriels, implantée sur un site de type Seveso.
Les locaux appartiennent à la société Air Products et sont
situés dans une zone industrielle de la commune de Saint-Quentin-Fallavier dans
l'Isère en région Rhône-Alpes.
Le bilan est d'un mort, assassiné avant l’attaque
proprement dite, décapité, et de deux employés blessés lors de l'explosion ;
Yassin Salhi est arrêté sur place. Le parquet antiterroriste est chargé de
l’enquête tandis que le Plan Vigipirate est relevé au niveau alerte attentat
dans toute la région.
En Syrie, l'État islamique mène un raid au cœur de
Kobané et massacre au moins 164 civils kurdes.
De leur côté, les djihadistes d'Al-Shabbaab, liés à
al-Qaïda, prennent d'assaut un camp de la mission de l'Union africaine en
Somalie, tuant des dizaines de soldats burundais.
L’attentat de Sousse a lieu sur une plage devant
l’hôtel Imperial Marhaba de la chaîne RIU Hotels, situé dans la station de Port
El-Kantaoui, à Hammam Sousse, au nord-ouest de Sousse.
Le terroriste arrive sur la plage avec la tenue d'un
vacancier, son arme étant dissimulée dans un parasol. Il tue d'abord des
touristes sur la plage avec une Kalachnikov, puis autour de la piscine où il
utilise une grenade.
D'après un témoin tunisien, il cible les touristes de
l'établissement et épargne les Tunisiens parce qu’ils sont musulmans.
Le terroriste, issu d'une mouvance salafiste, est
abattu.
Dans la nuit du 26 au 27 juin, l’organisation État
islamique revendique cet attentat à l’aide d’un communiqué diffusé via l'un de
ses comptes Twitter officiels, et indique que l’assaillant connu sous le nom
d'Abou Yahya Al Kairaouani, a mené une attaque contre un « bordel » et qu’il « a atteint
sa cible, l’hôtel Imperial, en dépit des mesures de sécurité ».
Abou Yahya Al Kairaouani, de son vrai nom Seifeddine
Rezgui, est un jeune Tunisien de 23 ans originaire de Gaâfour, une petite ville
du gouvernorat de Siliana (nord-ouest de la Tunisie). Suite à l’autopsie du
corps de l'assaillant, les médecins légistes confirment qu'il était
probablement sous l'emprise d'une drogue lors de l'attaque, probablement du captagon, utilisée par l'État
Islamique.
Il s'avèrera que Seifeddine Rezgui s’est rendu de
manière illégale à Sabratha (Libye), fief d’Ansar al-Charia, en janvier 2015. Il
y a été formé au maniement des armes et aurait pu côtoyer les deux auteurs de
l'attaque du musée du Bardo.
Les autorités tunisiennes annoncent par ailleurs que
de nombreux suspects ont été arrêtés dont une fille qui s’avère être la petite
amie de Seifeddine Rezgui et dont la police suspecte qu’ils ont passé la nuit
ensemble, à Kairouan, la veille de l’attaque.
Le terroriste a jeté son téléphone dans la mer après
avoir passé un dernier coup de fil suite à l’attaque. Ce téléphone, qui a été
repêché par les forces de l’ordre, aurait révélé que des appels ont été émis
vers un chauffeur de taxi qui l'a transporté sur place. Un autre appel d’une durée
de onze secondes a été également émis quelques instants avant l’attaque vers un
supposé djihadiste vivant à Tunis.
Un monde de terreur et de contre-terreur.
Une guerre civile télécommandée par d’obscurs
illuminés en lutte contre tous les impérialismes, qui prennent en otage des
populations innocentes.
Telle est l’avenir qui se dessine : on est très
loin de l’assassinat, peut-être aussi fondé sur des motifs politiques, de Boris
Nemtsov, un 27 février 2015, après être intervenu sur les ondes de la « radio
Echo de Moscou », appelant les Russes à manifester le dimanche suivant dans
la capitale contre les autorités, qu'il accusait d'envahir l'Ukraine. « Cette marche demande l'arrêt immédiat de la
guerre avec l'Ukraine, elle exige que Poutine cesse son agression ».
Un meurtre « minutieusement
planifié » a expliqué le Comité d'enquête. Selon la porte-parole du
ministère de l'Intérieur, « vers 23 h
15, une voiture s'est approchée d'eux, quelqu'un a tiré des coups de feu, dont
quatre l'ont touché dans le dos, causant sa mort ».
Il y a décidément une multitude de façons de mourir.
Et Paul suit tout ça, de loin écœuré, impuissant,
entre ses séjours à Chengdu et la Normandie.
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