Saut
technologique…
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
À son
retour à Chengdu, alors qu’il en est à encore cogiter sur cette dernière
rencontre d’avec « Birgit », « la magicienne » et le
semi-échec du vol inaugural du prototype « 002 » et ses limites
conceptuelles, il en a confié le morceau de papier qu’elle lui avait remise à
son fidèle Luc, l’ingénieur à tout faire de l’usine ardéchoise, un génie du
bricolage, venu avec femme et leurs deux petits-gamins, pas encore scolarisés,
occuper l’une des villas mises à disposition pour les 法蘭西, les « frenchies », par les
autorités locales.
De vastes
demeures traditionnelles équipées de presque tout le confort occidental :
il y manque seulement la machine à café, mais guère plus !
Un soir, il
entre dans la salle à dessins où se tenait Paul.
« – Patron, je crois que j’ai fini par
comprendre ce que c’est !
– Quoi donc ?
– Le « chiffon » que tu m’as remis à ton
retour d’Aubenas.
– Et c’est quoi ?
– Une sorte de gel protecteur partiellement cuit dans
lequel est incluse une couche de conducteur électrique, prise en sandwich avec
une sorte d’adhésif ou de colle étirable.
– Et alors ? Ça sert à quoi ?
– J’ai mon idée. On n’avance pas sur le problème des
températures de notre intrados.
– Oui… »
Soit il
s’agit de renforcer la couche de céramique en l’épaississant, ce qui alourdira
la masse au décollage, soit on se décide d’en faire une superficielle
supplémentaire que l’on changerait après chaque vol.
Et si ce
n’est pas la seconde, mais la première, comme il s’agit d’une pièce d’un seul
tenant, dans les deux cas c’est carrément tout l’appareil qu’il faut refaire !
À moins que
l’on se contente de rajouter une couche externe nettement plus légère et mieux
dimensionnée comme premier bouclier thermique, et on ne change que celle-là
dans la seconde hypothèse, ce qui alourdirait aussi l’appareil.
Le problème,
c’est que la coque externe n’a pas été conçue pour recevoir une prothèse
additive : il n’y a aucun point d’appui ou d’accrochage disponible, sauf à
y faire des trous.
C’est
d’ailleurs ce sur quoi cogite Paul sur le moment : quelle taille, sans
détruire la résistance de l’ensemble ? Quelle type de
« jonction », acier, tungstène, ou bien « soudures »
cryogéniques ? Tire-fond ou simple « vissage ou rivetage » ?
Quels emplacements ou comment répartir les efforts mécaniques au mieux ?
En bref,
faut-il tout refaire ou est-ce encore adaptable ?
« Me laisserais-tu faire un essai sur un bout
de nos céramiques avec une torche à plasma ? »
Pas sûr qu’on
dispose d’un tel outil dans ce pays-là, mais on peut toujours essayer de
trouver une lance à oxygène qui peut chauffer jusqu’à 4.500° C pour celles de
type Kosanke.
Encore
faut-il aussi en trouver une…
En principe
les chantiers du BTP ou au moins ceux de la construction navale en disposent.
Mais là, on est loin de la mer.
Les deux
compères en trouvent une sur la base militaire voisine en quelques jours.
Et au premier
essai, la bestiole fond le « gel » préparé par Luc, posé sur une
chute de céramique en une poignée de dizaines de seconde.
Insuffisant.
Ça peut
retarder le phénomène d’abrasion plasmatique, mais ça ne change rien au
véritable problème.
Pourtant elle
a dit : « ça vous évitera
d’avoir à refaire votre bouclier thermique après chaque vol » et
c’est, pour l’heure, justement ce qu’on cherche à faire.
Et puis en
analysant la formule chimique du « conducteur » inscrite sur le
« chiffon » de Luc, Paul s’aperçoit qu’on est sur un mélange de tellurure
de bismuth (Bi2Te3) à très faible dose et d’un alliage
silicium-germanium (SiGe) utilisés pour l'alimentation des sondes spatiales
dans des générateurs thermoélectriques à radio-isotope.
C’est une «
thermopile » agencée de façon particulière qui ressort naturellement du mode de
cuisson !
Dans un
matériau soumis à un flux électrique (courant constant) et à un gradient de
température, le flux thermique généré par l'effet Peltier n'est pas constant.
De son côté, Kelvin
a montré que les trois coefficients Seebeck, Peltier et Thomson ne sont pas
indépendants les uns des autres. Ils sont liés par deux relations.
Pour la
réfrigération ou la génération d’électricité par effet thermoélectrique, un «
module » est constitué de « couples » connectés électriquement. Chacun des
couples est constitué d’un matériau semi-conducteur de type p (S > 0) et
d’un matériau semi-conducteur de type n (S < 0). Ces deux matériaux sont
joints par un matériau conducteur dont le pouvoir thermoélectrique est supposé
nul. Les deux branches (p et n) du couple et tous les autres couples composant
le module sont connectés en série électriquement et en parallèle thermiquement.
Cette
disposition permet d’optimiser le flux thermique qui traverse le module et sa
résistance électrique.
Si les
matériaux choisis ont de bonnes propriétés thermoélectriques, ce flux thermique
créé par le mouvement des porteurs de charge sera plus important que celui de
la conductivité thermique. Le système permettra donc d'évacuer de la chaleur
depuis la source froide vers la source chaude, et agira alors comme un
réfrigérateur.
En revanche,
dans le cas de la génération d'électricité, c'est le flux de chaleur qui
entraîne un déplacement des porteurs de charge et donc l'apparition d'un
courant électrique.
L'alliage
SiGe utilisé pour l'alimentation de la sonde Voyager n'est en effet efficace
qu'à des températures supérieures à 1.000 K environ.
Un tel module
permet donc d'obtenir une efficacité énergétique, une puissance électrique, ou
une chaleur extraite, avec des rendements de conversion obtenus à l'heure
actuelle voisins de 15 %, ce qui signifie que 15 % de la chaleur traversant le
matériau est convertie en puissance électrique.
Le matériau
le plus étudié à l’heure actuelle est Bi2Te3 (alliage de
bismuth et de tellure). Il est utilisé dans tous les dispositifs fonctionnant
au voisinage de la température ambiante, ce qui inclut la plupart des
dispositifs de réfrigération thermoélectrique.
Les
meilleures performances sont obtenues lorsqu’il est à un alliage de Sb2Te3
(alliage d'antimoine et de tellure) qui possède la même structure cristalline.
Pour une
utilisation à moyenne température (550 K/750 K environ), le matériau le plus
utilisé est le tellurure de plomb (PbTe) et ses alliages (PbSn)Te (tellurure de
plomb-étain).
Les deux
composés PbTe et SnTe peuvent former une solution solide complète ce qui permet
d’optimiser le gap (bande interdite du semi-conducteur) à la valeur désirée.
Les meilleurs matériaux obtenus ont des facteurs de mérite proches de l’unité
autour de 700 K.
Cependant,
ces valeurs sont obtenues uniquement dans les matériaux de type n. Le PbTe ne
peut donc pas à l’heure actuelle constituer à lui seul les deux branches d’un
thermo-élément.
La branche p
est donc généralement constituée d’un matériau de type TAGS (pour
Tellure-Antimoine-Germanium-Argent), qui, quant à lui, permet d’obtenir des
facteurs de mérite supérieurs à l’unité à 700 K uniquement en type p.
Quant aux alliages
à base de silicium et germanium, qui possèdent de bonnes caractéristiques
thermoélectriques aux hautes températures (au-dessus de 1.000 K), ils sont
notamment utilisés pour la génération d’électricité dans le domaine spatial.
Ce sont
notamment des alliages de ce type qui sont utilisés pour l'alimentation en
électricité de la sonde Voyager.
Paul aurait
dû y penser plus tôt. Les applications actuelles et potentielles des matériaux
thermoélectriques tirent parti des deux aspects de l’effet Thomson : d’une
part, l’établissement d’un flux de chaleur, opposé à la diffusion thermique,
lorsqu’un matériau soumis à un gradient thermique est parcouru par un courant,
permet d’envisager des applications de réfrigération thermoélectrique. Cette
solution alternative à la réfrigération classique utilisant des cycles de
compression-détente ne nécessite aucune pièce mobile, d’où une plus grande
fiabilité, l’absence de vibration et de bruit.
D’autre part,
la possibilité de convertir un flux de chaleur en courant électrique permet
d’envisager des applications de génération d’électricité par effet
thermoélectrique, notamment à partir de sources de chaleur perdue comme les
pots d’échappement des automobiles (gain de 5 % à 10 % du carburant attendu en
limitant l'utilisation de l’alternateur), les cheminées d’incinérateurs, les
circuits de refroidissement des centrales nucléaires… Les systèmes
thermoélectriques constitueraient alors des sources d’énergie d’appoint «
propres », puisque, utilisant des sources de chaleur existantes inutilisées et
en principe perdues.
De plus, la
très grande fiabilité et durabilité des systèmes (grâce à l’absence de pièces
mobiles) a conduit à leur utilisation pour l’alimentation en électricité des
sondes spatiales. C’est notamment le cas de la sonde Voyager, lancée en 1977,
dans laquelle le flux de chaleur établi entre du PuO2 fissile (PuO2
est radioactif et se désintègre, c'est donc une source de chaleur) et le milieu
extérieur traverse un système de conversion thermoélectrique à base de SiGe
(alliage de silicium et germanium), permettant l’alimentation de la sonde en
électricité (en effet, les sondes spatiales s'éloignant trop du soleil ne
peuvent pas être alimentées par des panneaux solaires, le flux solaire devenant
trop faible).
Les systèmes
de conversion utilisant l’effet thermoélectrique ont cependant des rendements
faibles, ce qui limite pour l’instant les thermopiles à quelques applications
dans lesquelles la fiabilité et la durabilité sont plus importantes que les
coûts et le rendement. Des générateurs thermoélectriques permettent de
recharger les dispositifs portables (batterie de mobiles) en cas panne secteur.
Comme ce fut
le cas à New York, lors de l'ouragan Sandy.
Une
application de l'effet thermoélectrique a été mise en œuvre par une jeune
canadienne, Ann Makosinski, qui a conçu une lampe transformant la chaleur de la
main en électricité et a remporté un prix financé par Google en 2013.
Et là, il
s’agit d’une grosse quantité de chaleur à transformer en une petite quantité
d’électricité mais sous haute tension.
En tout cas
assez haute pour créer un tel différentiel de potentiel qu’il peut et doit
créer un champ électromagnétique assez fort entre l’anode et la cathode, l’une
en tête de l’avion, l’autre sur les bords de fuite des ailes, afin d’ioniser
dans un premier temps les molécules d’air, milieu dans lequel est plongé
l’avion à haute vitesse, jusqu’à générer un plasma et un champ magnétique qui
le – et les – repoussera loin des parois en céramique.
Un mécanisme
qui est en plus autorégulé : plus ça chauffe, plus la thermopile génère du
courant, qui alimente à la fois le perche à plasma et le champ
électromagnétique, et plus ce champ repousse plus loin des parois les gaz
chauds. Qui font du coup du coup perdre de sa puissance à la thermopile, ce qui
réchauffe le conducteur, qui reprend de la puissance et ainsi de suite…
Magnifique.
Et le
week-end suivant, tout cela est calculé, simulé, modélisé tel que Luc est un
peu surpris de retrouver son patron les yeux rougis de manque de sommeil des
« nuits enthousiastes » (ou blanches, selon les circonstances) le
lundi matin.
Il s’agit
maintenant de fabriquer assez de « Gel de Birgit », comme d’un film
étirable, de faire quelques essais, d’apprendre à l’appliquer correctement sur
quasiment toute la structure et de modifier l’étrave de l’avion qui prendra son
allure de bec de canard, 2.1, « fumant une clope », pour la perche en
tungstène !
C’est que de
toute façon, il faut faire passer des câbles conducteur d’avant en arrière, de
la proue à la poupe, de la perche aux bords de fuite des ailes, pour créer un
circuit fermé et faire tourner le courant électrique ainsi généré qui
alimentera le champ électromagnétique tout autour de l’appareil à travers ledit
« gel » qui du coup va revêtir toutes les surface de l’appareil,
intrados, bien sûr, mais également extrados pour créer un champ magnétique de
protection complet.
Alors, on en
profite pour allonger l’engin et « reprendre » la courbe initiale des
« œuvres-vives » au niveau de son aplatissement originel, juste avant
l’émergence des emplantures d’aile : ce sera la partie amovible,
interchangeable.
Le second vol
a lieu avec le même équipage que le premier, dans la deuxième quinzaine de
mars, en pleine effervescence des « grands travaux » innovateurs dans
les ateliers, peu avant l’éclipse totale solaire du 20 et les quatre
attentats-suicides au Yémen contre deux mosquées contrôlées par les milices chiites
houthis à Sanaa et à Saada tuant simultanément 142 personnes ; c’est aussi
un peu après que l'avion solaire Solar Impulse 2 décolle d'Abou Dabi pour un premier
« tour du monde sans carburant » une
peu contrarié ; que deux hélicoptères se percutent en plein vol à proximité de
Villa Castelli en Argentine pendant le tournage de la version française de
l'émission « Dropped » où périront quelques athlètes de
haut-niveau dont Florence Artaud ; que la
Grèce change de ministre de la finance en pleine négociation du sauvetage des
finances publiques du pays, que le cyclone Pam balaye le Vanuatu et l’attaque
du musée du Bardo, dont il a été question ci-avant.
Curieusement,
le troisième vol du « 002.1 », avec à son bord quelques officiels volontaires
et le « capitaine Haddock » officiant comme copilote se fera après éclipse
lunaire ; que des hackeurs « cyber-djihadistes » se revendiquant de l'État
islamique interrompent la diffusion de la chaîne de télévision française TV5
Monde et prennent le contrôle de ses sites internet.
Mais aussi l’ouverture
7ème sommet des Amériques à Panama et la rencontre historique entre
le président américain et le président cubain Raúl Castro, une première entre
dirigeants des deux pays depuis 1956, en marge dudit sommet !
Une ère
nouvelle s’ouvrirait-elle ?
Bref, un
petit saut technologique, mais un saut tout de même qui autorise le vol du
extraatmosphérique « Nivelle 002.1 » en toute sécurité, là où Paul
était dans une impasse.
Vraiment très intéressant ce saut technologique !... J’ai été abonné pendant près de 30 ans à Air & Cosmos et je n’ai jamais rien lu de pareil !...
RépondreSupprimerLe principe de fonctionnement a l’air vraiment simple, mais génial, mais combien d’années faudrait-il pour construire un tel prototype ?...
Une dizaine d’années ?...
En tout cas cela ferait un remarquable programme technologique pour un développement franco-russe !... Et c’est la porte grande ouverte pour un accès bien plus facile à l’espace et au transport de passagers en vol suborbital…
Bien sûr, il faudra des décennies pour mettre au point des avions hypersoniques avec de telles caractéristiques, et en limitant l’accélération à 1G avec des sièges pivotants pour les passagers (une idée que j’ai vu dans « paradoxes temporels »…).
Nos descendants auront peut-être ce type d’aéronefs à leur disposition pour la fin du siècle…
Ah ? C'est déjà dans "paradoxes temporels" ?
SupprimerPour l'heure et pour "Charlotte", la collaboration est "Franco-chinoise" : Les russes auront encore loupé une occasion d'avancer plus vite que leur voisin.
Enfin passons...
Je suppose en revanche que "Charlotte", qui a mis au point le procédé avec le jeu des "retour vers le passé", en ira causer à son pote Paul Allen et quelques autres.
Mais plus tard, parce que pour l'heure, on le prend pour un cinglé : Allez donc expliquer aux uns ou aux autres que vous pouvez vous promener dans le temps, ils vous riront au nez : Vous allez voir.
Heureusement, mais ce sera le dernier chapitre de l'épisode, "Haddock" qui se soigne à la médecine (f)ummiste, il saura écouter !
Bien à vous !