Après le
drame du MH17
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Le réseau coréen est dès lors réanimé en sous-main et
des universitaires sont chargés, sans succès, de rencontrer Paul dès avant son
départ en vacances, tellement il est insaisissable à ce moment, trop occupé à
sauver la patrie, une nouvelle fois, et à en tout cas à son retour de vacances
prévu le week-end d’après le 15 août.
Mais encore en amont de ces démarches, les mêmes universitaires
sont envoyés en « coopération » pour approcher les autorités
françaises et tester leurs intentions.
Même si Paul de Bréveuil n’est rattaché à quiconque,
en tout cas pas à l’enseignement supérieur, ni même à aucune université.
Mais en Corée, c’est le souk. En attendant, soutenu
par Pékin et après les purges succédant aux purges, il s’agit pour les
responsables du Parti des Travailleurs et de l’OGD, « l’organisation
parfaite », de fournir des gages à leurs seuls alliés.
C’est ainsi qu’est relancée la « filière »
Miho Mihado, un agent dormant mais encore actif, accroché dans le sillage de
« Charlotte » depuis plusieurs années en France.
Le même ingénieur-barbouze, pour avoir de liens
étroits avec les forces aériennes de son pays, décoré par les USA pour des
exploits au-dessus de l’Afghanistan, qui a conçu et piloté le « Nivelle
001 » autour de la planète, sans escale et par les pôles.
40.000 km en 12 heures !
Le ministère sait qu’il est contact avec les russes
qui lui ont offert un « petit-vol » sur leur dernier-né, le T50, Paul
Allen l’américain et l’université de Tel-Aviv à la recherche de financements
pour son projet d’avion-orbital que ni la France, son pays d’origine, ni
l’Europe n’ont les moyens de développer.
Pourtant, il joue les VRP de luxe au Moyen-Orient et
jusqu’en Inde pour vendre des Rafale de chez Dassault.
Il a même réussi à venir jusqu’en Chine pour piloter
en double commande leur J20 comme il est précisé dans son dossier : Pékin
lui offre un pont d’or et des installations pour la mise au point de ses
céramiques et prototypes.
Qu’il refuse pour l’heure, ayant gardé un mauvais
souvenir de l’ingestion d’un laxatif destiné à récupérer un microfilm à
destination des USA qu’une taupe sur place lui aurait remis : un réflexe
pavlovien de « guerre froide ».
Mais sans succès.
Par ailleurs, c’est un « patriote » qui aura
manifestement joué un rôle important plus récemment, pour avoir été
officiellement anobli par la Reine d’Angleterre et reçu encore une autre
décoration des plus sélectives du Saint Siège romain, des propres mains du pape
Benoît sur le départ : la veille de l’annonce de sa démission.
Tout cela est connu des services de renseignement, le
DLI.
Si Miho Mihado avait été envoyée en France par ce même
DLI, le redoutable service de renseignement de Corée du Nord, c’était en raison
de ses liens particuliers avec sa cible, nés d’une mission
« casse-gueule » antérieure qu’elle devait saboter ou au moins
empêcher. Une idée originelle du général Li-phong depuis bien longtemps disparu
à l’occasion d’une des « purges successives » qui ont ravagé les
élites du pays depuis l’accession au pouvoir de Kim-Jong Un.
Et qu’il s’agissait depuis lors de seulement l’espionner
de loin en loin et, à travers lui, les activités de l’usine de munitions et propulseurs
de missile ardéchoise que dirigeait le bonhomme.
Un plan compliqué qui en passait par un kidnapping du
bonhomme avant qu’il soit « évadé », qui a d’abord tourné court mais
qui finalement est retombé sur ses pieds et a fini par faire faire le voyage de
Paul de Bréveuil jusqu’à Chengdu.
Dans l’esprit des services du ministère de la Défense,
désormais, il fallait aboutir dans les objectifs de Pékin.
C’est ainsi qu’ont été élaborés les détails de
l’enlèvement de la mère de la fille et de la fille de Paul, afin de procéder à
son « exfiltration » rapide vers une nation accueillant des
terroristes capables de les garder au frais pour quelques dollars, le temps de
faire une pression au chantage sur Paul.
Comme d’une monnaie d’échange.
Une opération validée en juin 2014 par Hyon Yong-chol
en personne, le tout nouveau et tout puissant ministre des armées nord-coréennes
et facilitée par les circonstances.
En effet, De Bréveuil rentre en Normandie de sa
croisière le dimanche de l’Assomption pour repartir dès le lundi suivant en
Ardèche. Miho était quant à elle restée durant toute la période antérieure dans
sa maison normande à préparer discrètement l’enlèvement de la mère et la fille,
le plus tôt possible, dès après leur retour.
Enlèvement qui s’est mal passé : un petit
commando devait s’en emparer et filer par la route jusqu’à Rouen où un petit de
tourisme avion les attendait à destination de l’Espagne. Puis de là, un autre à
destination de l’Algérie où elles devaient être retenues par l’émir Abdelmalek
Gouri, le patron des « Soldats du Califat », un groupe de djihadistes
qui opère en Kabylie, le seul qui a pu être recruté pour cette affaire,
moyennant 1 million de dollars, alors qu’initialement, il avait été prévu
d’aller bien plus au sud, jusqu’au Niger dans les territoires infiltrés et
tenus fermement par Boko-Haram.
Mais c’était plus loin, entraînant des complications
d’intendance.
Florence de Bréveuil, même si ce n’est pas son nom
faute d’être mariée par Paul, se blesse salement à la jambe pendant l’opération, violemment projetée dans la camionnette de ses ravisseurs, de telle sorte qu'elle a une jambe en équerre sur l'autre, multiples fractures du tibia et du péroné,
parce qu’elle s’est débattue violemment, a hurlé à tout rompre alertant tout le
voisinage sur le parking de l’hypermarché.
Et en raison de cette réaction inattendue par sa
violence et de la présence de la nourrice, l’anglaise des SIS Shirley, il n’est
pas possible de s’emparer de la gamine…
Sauf ces imprévus, dans la nuit, « l’otage »
atterrit normalement à Biskra où elle est discrètement prise en charge par le
groupe « Soldats du Califat » et l’équipe de convoyage coréenne est
dispersée rapidement, hormis Mihado qui reste sur place en qualité d’agent de
liaison et de responsable de la mission.
Le soir même, Paul de Bréveuil est de retour en
Normandie et alerte les autorités de tutelle : Gendarmerie locale déjà
prévenue, mais tout autant le ministère et l’état-major de la marine qui
dépêchent tour à tour des escouades de protection après avoir déclenché discrètement
le plan épervier sur tout le territoire dans la torpeur estivale, tel que ça
n’a même pas fait un entrefilet dans la presse, hors la locale.
C’est un peu la panique sur place, mais pas très prise
au sérieux par la DGSI sous tutelle du ministère de l’intérieur.
L’armée et le ministère de tutelle de
« Charlotte », en revanche, se montrent plus réactifs : on sait
les états de service du bonhomme et les enjeux d’un probable enlèvement
« politique ».
Les conséquences pourraient être importantes pour la
sécurité militaire du pays.
Mardi vers midi, les services sont enfin
mobilisés !
Même Matilda, du SIV, débarque de Rome, en appui le
lendemain.
« Ce qui
serait bien, c’est que tu veilles sur Annabelle avec Shirley en Normandie. Ça
me rendrait service, si tu veux bien ! »
Une façon de lui réaffirmer sa totale confiance.
« Je ne
peux pas la trimbaler partout et il faut que je reste disponible et mobile au
moins un temps. »
Mais pour l’heure, plus rien : aucune nouvelle de
Florence et de ses ravisseurs.
Et le travail de fourmi ne fait que commencer pour la
récolte des premiers indices.
La thèse de la fugue est très vite écartée :
c’est un rapt.
Sans revendication… pour l’heure !
Crapuleux ou « politique » ? Personne
ne sait encore.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, Paul reçoit un texto
sur son portable, émanant de celui de Miho : « Flo va bien ! Contacte l’ambassade de chine. »
C’est donc un rapt politique !
Ce qui change totalement la dimension de
l’affaire : le quai d’Orsay doit impérativement servir d’intermédiaire.
Le vendredi, les services culturels de la rue Van Loo,
dans le 16ème arrondissement, coincée entre l’avenue de Versailles
et le quai Louis Blériot, accordent un entretien à Paul et un dénommé Simon,
détaché par le service pour l’occasion, mais pour le mardi suivant.
Pendant tout le week-end, le portable de Miho reste
imperturbablement muet, déconnecté, tel qu’il n’est même pas possible aux services
de le localiser.
Des services qui s’activent enfin, mais pour un
résultat nul : les effectifs ne sont pas complets en cette fin de mois
d’août.
On échafaude des plans sur la comète, en roue libre.
Paul erre, particulièrement nerveux entre Aubenas qui
recommence à vivre, où le personnel et sa pédégère Isabelle Nivelle
compatissent, la Normandie où les gazouillis d’Annabelle ne l’amusent même plus
du tout, et Paris où on cherche à comprendre et anticiper, au moins un peu.
L’atmosphère qu’il traine avec lui est
particulièrement lourde et maussade, tout comme son humeur.
Dimanche soir, il n’en peut plus d’attendre et
débarque chez Charlotte à Paris, la vraie, celle dont le bout du nez bouge de
haut en bas quand elle parle, pour se rassurer.
Elle avait fait sa propre enquête sans que Paul ne le
lui demande, et c’est l’occasion de faire un point.
« Des
chinois, personne n’en a vu en Normandie ces derniers temps. À part ta niakwée
coréenne…
En
revanche, à Paris et à Versailles, il y en a des cars entiers ! »
« Plaisantine », va !
« Mais… on
a vu des « barbus » à Carpiquet. Ça n’a peut-être aucun rapport… Mais
ça reste assez improbable pour avoir été signalé. »
On n’avance pas beaucoup, constate Paul.
Ils ont beau passer en revue tous les liens avec la
Chine, le plus sensé reste quand même une réédition de l’opération de 2009 où
les coréens, puisque Miho avait disparu et reste manifestement la seule en
contact avec Florence, cherchaient déjà à envoyer Paul en Chine.
Ce qu’il avait fini par faire à l’occasion de l’évasion
de Cécile et Stéphanie, ses comparses, en 2011 (cf. épisode « Au nom du
père » tome II à paraître aux éditions « I-Cube »).
Mais c’était en mission commandée d’espionnage
industriel et militaire.
Un objectif que ne pouvait pas ignorer les chinois et
qu’ils avaient accepté par avance, lui facilitant même les choses.
Alors pour quelle raison un retour sur le mode
« contraint et forcé » ?
« Parce que
tu leur as fait faux bond depuis lors, et qu’ils s’impatientent ! »
S’il y en avait un qui devrait s’impatienter, c’était
Paul qui n’avait toujours pas trouvé, ni le temps, ni les moyens financiers de
développer son projet de démonstrateur, le « Nivelle 002 » !
Et ce d’autant plus qu’à ce moment-là, les russes
abandonnent le développement du T-50 pour cause de difficultés financières
suite à l’embargo occidental – ce qui fera les affaires du Rafale plus tard
puisque les indiens étaient associés à ce projet russe resté en
« stand-by » – et que la recherche appliquée du moment aux USA
phagocyte les crédits autour du projet SpaceX et du SpaceShipTwo de Virgin
Galactic qui s’écrasera en octobre
suivant tuant un de ses pilotes : une belle catastrophe qui mettra
également en stand-by le projet.
Deux en comptant le « Capitaine Haddock » à
qui il avait promis un saut hors l’atmosphère à l’occasion d’un vol absurde au
large de Toulon (cf. l’épisode « Mains
invisibles, tome I », aux éditions « I-Cube »).
« C’est
incompréhensible ! »
C’est ce soir-là, sur le retour, le soleil d’été
venant de se coucher, alors qu’il est tendu et qu’il gare sa bécane sur le
trottoir devant chez lui, en face de Notre-Dame de Paris, il est abordé par une
brune, « Birgit », toute habillée de noir, veste, jupe, chemisier,
lunettes, collant et chaussures.
Une brune à la voix hachée, avec un fort accent qu’on
peut imaginer aisément comme être allemand.
« Je peux
monter ? »
Il a failli demander « combien ? » mais
il n’a pas la tête à ça.
Et elle se présente, Birgit Laplaine, puis
enchaîne : « Je crois savoir où
se trouve votre épouse. J’ai quelque chose à vous montrer. Mais ça doit rester
strictement confidentiel. »
En voilà bien des mystères !
Après tout, pourquoi pas ? Il n’a rien à perdre
sauf ses idées noires.
Juste, à la sortie de l’ascenseur, Paul note la
présence de « Nathalie Lévy », à l’œil qui diverge, sa voisine au
chat divagant, derrière son œil-de-bœuf planté au milieu de sa porte palière,
qui épie son passage discrètement : Le Mossad doit aussi être en quête de
renseignements sur les événements récents qui touchent Paul et ils auront
réactivé la surveillance dont il avait déjà fait l’objet dans le passé.
Une autre histoire, bien lointaine, depuis tout ce
temps et tout ce qu’il avait pu faire et entreprendre autour de cet avion
hypersonique source apparente de ses maux actuels.
Jamais il n’aurait pu envisager que Florence en paye
les pots cassés…
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