Raid sur Biskra
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Quant au Département du Renseignement et de la
Sécurité (DRS), issu de la Sécurité Militaire créée, c’est le service de
renseignements algérien avec des missions de contre-espionnage.
Il coopère avec la DCRI française, mais du bout des
lèvres, obligé par l’affaire de l’Airbus détourné sur Marseille et quelques
enlèvements de ressortissants français, notamment les moines de Tibhirine,
alors que la DST aura été expulsée d'Algérie le 1er mars 1962.
Des épisodes qui marquent les esprits.
Les services soviétiques s'installeront pour encadrer
ceux de la toute jeune Sécurité militaire algérienne.
C'est le général Vadim Kirpitchenko aidé d'Andréï
Zelenine, responsables du KGB et spécialistes du Maghreb qui sont alors chargé
de former les Algériens aux services spéciaux.
Et la DGSE est considérée sur place seulement comme
d’une agence concurrente avec qui il est possible de cohabiter alors que la DST
et ses successeurs n’ont décidément pas « bonne presse ».
Mardi en fin de matinée, sous un ciel qui se couvre,
le conseiller « Tang-Tsé » reçoit avec force courbettes le conseiller
« Simon » du quai d’Orsay et Paul de Bréveuil.
Il écoute assidument l’exposé du conseiller, qui
explique, en langage diplomatique, les raisons de l’éventuelle implication des
services coréens du DLI dans l’enlèvement de Florence sur le territoire de la
République.
Et sollicite l’intercession de la République populaire
auprès des autorités coréennes pour dénouer rapidement cette affaire.
« Que mon
honorable correspondant soit honoré de sa démarche, qui laisse penser que
Pyongyang est une colonie de mon pays. Mais soyez sûr que ce n’est pas le cas. »
Ils auraient dû s’adresser à son collègue coréen
« pour voir aboutir fructueusement
une telle démarche ! »
Fin de non-recevoir polie et … diplomatique.
C’est là que Paul, n’y tenant plus intervient, se
souvenant de l’épisode de l’avant-veille chez lui, avec « Birgit » et
son corps-à-corps.
« Votre
excellence, n’avions-nous pas quelques projets de recherche aéronautique en
suspend entre nos deux pays ? »
Bien sûr ! Mais justement, ils sont en suspend
depuis quelques années…
« Je prends
l’engagement personnel de les reprendre à deux conditions : je récupère ma
femme et tout le monde la laisse définitivement en paix ; et vous me
faites rencontrer, avant toute collaboration, Kim-Jong Un en tête à tête dans
un de ses palais pour saluer sa grand-clairvoyance et son immense pugnacité. »
La tête des deux diplomates !
Même l’interprète, bien inutile puisque l’entretien se
déroule en français, car le diplomate chinois maîtrise parfaitement la langue
de Molière, presque sans accent, qui sert le thé pour se rendre utile, en fait
frémir sa tasse dans sa soucoupe dans le silence de plomb qui suit le dire
de Paul.
« Vous ne
pouvez pas faire ça sans autorisation… » s’indigne en aparté le
français !
« Je vais
me gêner ! Si je perds la mère de ma fille, je démissionne de tout et
disparais pour m’occuper exclusivement de ma fille. Dans le cas contraire, je
pars à Chengdu monter ce prototype jusqu’à son vol inaugural que j’assumerai en
personne s’il le faut ! Marche ou crève, c’est comme ça que ça va se
passer, et pas autrement ! »
Une offre qui ne se refuse pas pour le chinois.
« Mon pays
sera très honoré de recevoir un aussi talentueux ingénieur que vous en ses
ateliers. Et s’il y a quelques difficultés, il pourrait même envisager de vous
octroyer la protection de sa nationalité. À titre de réfugié politique… »
N’allons pas jusque-là, tout de même s’indignent les
deux français !
« Mais
monsieur de Bréveuil, vous n’imaginez pas les difficultés avec nos alliés de
l’OTAN ? » fait en plus le diplomate français.
Si bien sûr. Et rien n’empêche de les calmer en allant
à leur proposer à leur tour une petite collaboration avec Paul Allen, Richard
Branson ou un autre, SpaceX d’Elon Musk, par exemple, puisque de toute façon
personne ne veut financer le « Nivelle 002 ».
Et de rajouter pour faire mousser un peu plus le
chinois : « D’autant que
derrière, il y a « l’orbiter 003 » avec ses moteurs à plasma,
totalement autonome, mais encore dans les cartons… »
Les yeux écarquillés de ses auditeurs !
« Je ne peux
pas me porter fort pour Kim-Jong Un, Monsieur de Bréveuil, mais ça peut
s’envisager, entre voisins… » fait le chinois qui rebondit opportunément
sur la proposition !
Ok, si ça se passe comme prévu « prévoyez mon arrivée à la fin du mois de
septembre ou début octobre, pour un séjour de 6 mois ! »
Sur le trottoir, Paul se fait engueuler par le
représentant du quai d’Orsay.
« Vous ne
pouvez pas trahir votre pays, son industrie, sur un simple coup de tête et les
beaux yeux de votre épouse ! »
Il ne s’agit pas de trahison, puisque de toute façon
le ministère n’a pas l’argent pour développer un prototype dont personne ne
veut.
« Et puis
au moins comme ça, vous allez enfin vous mettre en quatre pour sortir ma femme
de la situation dans laquelle elle se trouve et que personne n’a su prévoir ni
même empêcher ! Vu ? »
Une façon pas idiote de « motiver » tous ces
fonctionnaires qui se la pètent et de se plier à la volonté de sa violeuse.
Le lendemain, boulevard Mortier, on a des précisions :
la silhouette de Florence apparaît sur plusieurs clichés satellitaires pris
dans la nuit précédente, sur une civière.
Elle est bien là, si c’est bien elle.
Maintenant, il faut confirmer sur place son identité
et prévoir les déplacements de la bande de kidnappeurs, les identifier et
préparer une action commando.
Plus de 10 jours à prévoir, si ce n’est pas plus, pour
réunir l’ensemble des moyens en toute sécurité pour les hommes et le matériel à
engager.
Paul écoute, opine, approuve.
Mais il ne compte pas attendre que la pression
retombe : il a décidé de le faire lui-même !
Il a le matériel en Normandie, des armes et des
munitions, des explosifs, son hydravion qui peut faire le trajet, à condition
de partir de Marseille et de refaire les pleins à Biskra.
Et pour ça, il lui faut un copilote.
« Haddock » s’impose. À lui la tâche de
faire le plus simple, c’est-à-dire de le parachuter au-dessus de la zone et de le
récupérer sur les bords du lac du barrage d’Elgherza situé à l’est de la ville.
C’est à quelques dizaines de kilomètres au sud du camp
où seront présumés camper les ravisseurs, vers Mchouneche, un peu plus au
nord-est.
Évidemment, ses préparatifs ne passent pas inaperçus
aux yeux des occupants de la maison de Cabourg. Tel que Matilda et Shirley s’opposent
fermement à ce raid.
Quitte à en référer à leurs hiérarchies réciproques.
« Vous
faite ça, et si j’en reviens sans Florence, je vous flingue toutes les
deux et dans le même élan ! »
Puis, devant sa détermination, elles veulent
l’accompagner.
Elles aussi trouvent ça « si
romantique » !
« Non !
Je dois le faire seul. C’est un impératif opérationnel pour des raisons que je
vous expliquerai plus tard. »
Quel type, ce Paul ! Mais il va au casse-pipe
seul. Comment peut-il « extraire » Florence à ses ravisseurs, sans doute
surarmés, à lui tout seul et sa pétoire ridicule ?
« Laisse-moi
venir dans ton avion, au moins ! »
C’est Matilda, dans une supplique insoutenable.
« Je te
préviens, il n’y aura qu’un parachute. Et je vais sauter de haut ! »
Et qui pilote l’avion, s’il doit sauter « de
haut ».
Ah, contacter « Haddock » qui n’est encore
au courant de rien.
« Non, trop
dangereux. Je préfère que l’une d’entre vous reste à surveiller Annabelle et je
veux bien que l’autre aille nous attendre à Marseille pour veiller sur
Florence, à notre retour ! »
C’est qu’il est persuadé qu’il va réussir, le Paul.
Et s’ils reviennent par Montpelier ou directement à Paris
ou Caen ?
C’est comme ça que Matilda embarquera à bord de
l’hydravion.
Vendredi soir, il décolle pour Marseille. Les
autorités envoyées sur la Normandie pour le dissuader de son entreprise en solo
trouvent le nid vide.
En revanche, son pote Jean Vecchia, le pêcheur de
langoustes corses et gardien du sémaphore de Saint-Florent quand il ne distille
pas du mauvais vin sarde en mer pour leur « petits-approvisionnements » en
gnôle-forte de l’activité des ventes de flacons aux grandes écoles d’Europe, le
rejoint sur la cannebière à l’occasion d’un scampi-fritti à partager.
« Mignone,
ta copilote, l’ami ! » fait-il en mirant la silhouette gracieuse
de Matilda et son teint halé de ses vacances à bord de la goélette de Paul,
Eurydice, restée à Malte.
Un ami sûr, qui sait se rendre utile et rester muet
comme les carpes, qui a des « amis » partout autour de la
méditerranée et confirme, via les autorités locales, le lieu de parachutage à
venir, grâce à des « combines à lui ».
Et puis la conversation prend un tour inattendu pour
« la copilote » : il s’agit d’organiser l’importation de
tonneaux d’alcool pur distillés en mer depuis la Sardaigne, jusqu’à Sète où les
douaniers ne sont pas trop regardants depuis les premiers arrivages passés.
Du moment que sont payés les droits d’importation, de
circulation, de consommation, la TVA et qu’ils sont reçus comme « des
amis » qui savent tous les usages de « la part des anges », la
qualité, elle passe en second plan.
Et là, Paul se montre gourmand : la saison
dernière avait fait un malheur avec les mignonettes des
« cuvées-spéciales » coupées à la cédratine et autres, qu’il faut en
écœurer la concurrence à jamais.
C’est l’objectif cette année : faire du volume et
évincer tout le monde des campus.
Du boulot en perspective pour Vecchia qui se voit déjà
toucher le loto dans l’ordre…
Comme convenu la veille, le « Capitaine Haddock »
débarque à Marignane par l’avion du milieu d’après-midi pour être accueilli par
Paul.
C’est la cinquième fois que leurs routes se croisent.
Une première fois à Barcelone, sur les indications d’Emily Lison, agent du NSA,
la première et unique épouse de Paul, téléguidée par feu le Directeur Almont de
la CIA.
C’était il y a bien longtemps et Paul cherchait les
milliards disparus de la guerre du Golfe (cf. épisode « Opération
Juliette-Siéra »).
Une deuxième fois quelques mois plus tard, après avoir
retrouvé lesdits milliards en Grande-Bretagne et les avoir recyclés dans le «
Grand-Emprunt » du Président Krasoski, à Bastia, pour le second vol du «
Nivelle 001 » qu’il s’agissait de ramener de la base de Solenzara située en
Corse à Carita-Air-base où Paul s’était trompé pour atterrir à Orange. Le
premier vol quasi-catastrophique de ce prototype hypersonique était parti d’Aubenas,
depuis les ateliers, et là, au retour, il s’agissait juste pour « tester
les céramiques » des bords d’attaque des ailes en passant au large de la
Tunisie à Mach 5.
Une troisième fois, pour un vol historique autour du
globe et par les pôles, en une seule traite de 12 heures et 4 minutes, qui les
firent entrer tous les deux dans « la légende » des grands exploits
aéronautiques (cf. épisode « Au nom du père – Tome II » à paraître
aux éditions « I-Cube »), même si cette performance n’a pas eu l’écho
mérité en France… avec déjà à bord Miho Mihado la coréenne du nord dans le rôle
de l’hôtesse de l’air et d’espionne, équipée d’une balise radio, sa spécialité…
Et une quatrième fois, récemment, début juin, en
Normandie d’abord, puis, dans la même journée à Carita, la base aérienne de
l’armée de l’air où ils avaient ramené le « Nivelle 001 » après leur tour du
monde, pour un autre vol de cinglé en travers de la route de deux navires
russes faisant « hippodrome » devant la rade de Toulon.
Une affaire « curieuse », initiée par l’amirauté russe
en représailles d’un vol sur Canadair de Paul au-dessus de Kiev, lors des
événements de la place Maïdan en février 2014, pour exfiltrer discrètement un
commando de snippers des SAS britanniques parachuté l’avant-veille…
Une affaire qui n’est pas passée inaperçue, qui a
déclenché la fuite du Président de l’Ukraine à l’époque, pro-russe, et qui n’a
jamais été rapportée par aucun média, nulle part sur le globe.
Pour le vol sur Toulon, ils avaient manqué d’y laisser
leur peau tous les deux et à plusieurs reprises, à filer à presque Mach 3 au
raz des vagues de la méditerranée : Le « piège » était à la limite « du
contrôlable » !
Sportif.
Et ils avaient convenu tous les deux de ne se
retrouver que pour le premier vol du « Nivelle 002 », un prototype qui devait
les propulser à 250 km d’altitude, hors de l’atmosphère, là encore, juste pour
tester les « céramiques » étalées sur tout l’intrados de l’avion expérimental à
construire, dans une tentative de rentrer dans les couches denses de
l’atmosphère à très grande vitesse.
Ça passait ou ça cramait…
Or, à l’heure qu’il est, non seulement le premier euro
du financement du « 002 » n’a pas encore été trouvé, mais le concept est
toujours dans les planches à dessins et les « calculettes » : normalement, ce
devait être un avion orbital, type Hermès, Bourane (« Бура́н », « tempête de neige » en russe) ou Shuttle, la Navette américaine mais en plus petit, conçu comme d’un seul bloc, sans le
soutien d’accélérateur extérieurs et fonctionnant au kérosène de l’aviation.
Tel quel, le calcul démontre que finalement, il ne
peut pas acquérir la vitesse nécessaire pour une mise en orbite, alors il reste
à l’état de projet suborbital.
Plutôt si, il pourrait se mettre en orbite, mais dans
ce cas, il n’aurait plus assez de carburant pour ne pas « redescendre » avant
plusieurs décennies…
Ce sera le rôle assigné au « Nivelle 003 », si Paul
parvient à trouver là encore les financements, des ingénieurs et techniciens
assez compétents et en quantité suffisante, et une nouvelle source d’énergie primaire :
c’est en cours si le projet « chinois » donne satisfaction.
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