Explications
préalables.
Avertissement : Vous l’aviez compris,
ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle »,
sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des
personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant
par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète
Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
« Félicitations à l’heureux
papa ! » fait-elle avec un sourire forcé.
Mais, mais… mais ?
« Tu es rentrée comment ? »
Elle ne peut pas faire comme tout le monde en sonnant à la porte ?
« Comme ça ! »
Elle claque des doigts avec un petit objet dans les mains, comme d’une minuscule
télécommande et c’est toute la cave, ses lumières au plafond, ses murs et
toutes ses bouteilles qui disparaissent d’un coup !
Paul se retrouve par terre, en ayant mal au coccyx, comme sonné,
électrocuté, avec un goût bizarre dans la bouche.
Mais enfin quoi …
« On est où, là ? »
Ailleurs.
« Ne vous en faites pas, on va
revenir. »
Bé si il s’en fait : toutes ses si bonnes bouteilles qui
disparaissent comme par enchantement…
Le local où ils se trouvent tous les deux est clair, bien éclairé, mais
bien plus petit que sa cave d’origine, une sorte de parallélépipède sans la
moindre ouverture apparente, meublé
d’une sorte de grosse malle posée debout, aux parois transparentes, où trône un
tabouret où sont posés une sorte de combinaison vide, noire et semi-rigide et
un fusil Famas !
Plus proche, une vaste table recouverte d’une sorte de molleton blanc,
trop grande pour la pièce et deux chaises.
Birgit invite Paul à s’assoir alors qu’il note qu’elle emploie le
vouvoiement, comme par déférence.
Enfin peut-être : ils sont pourtant censés avoir eu un rapport intime,
même non consenti, quelques mois plus tôt et en principe, ça crée des liens qui
emportent le tutoiement…
Et puis elle lui balance du « mon colonel » de temps à autre.
Il est en fait capitaine de frégate de réserve, l’équivalent du
lieutenant-colonel des biffins chez les marins, qui usent normalement et
uniquement du « mon commandant ».
Enfin, peu importe.
« Mon colonel, je vous invite à
participer à une expérience unique, que peu de personne ont eu à vivre jusqu’à
présent. Une expérience que vous ne pouvez pas refuser. »
Ils vont s’inquiéter, en haut, de ne pas le voir revenir.
« Il n’y a pas de souci. Ils ne
vont s’apercevoir de rien. Vous allez revenir à votre époque et dans votre cave
avec juste une foulure à la cheville droite et vous allez leur raconter, pour
en justifier, l’histoire d’une chute dans votre cave.
Je suis désolée, mais il vous faudra
porter un plâtre quelques jours. »
Une foulure ? Il ne l’a pas encore, mais ses fesses lui font mal
quand il s’assied…
On ne peut pas éviter ?
« Je n’y suis pour rien :
vous n’aviez qu’à regarder où vous mettiez les pieds. »
Attend, elle cause au passé d’un épisode qui n’est pas encore arrivé, elle
parle « d’époque » où revenir… C’est quoi, tout ce charabia ?
« Asseyez-vous je vais vous
raconter quelque chose que personne ne croira si vous la rapportez, mon
Colonel ! »
Et quoi donc ?
« Vous l’avez peut-être déjà
compris de nos futures rencontres… »
Et comment comprendre d’un futur pas encore avéré ?
Jusque-là, leurs rapports sont plutôt à ranger dans la case
« passé »…
« Justement, ce n’est pas si
simple. Vous, vous venez de votre passé, de votre historique personnel. Mais
pour moi, si j’en sais au moins autant que vous sur votre histoire pour avoir
déjà lu en détail votre biographe et l’environnement de la planète à cette
époque-ci, je suis historienne de formation, je ne l’ai pas encore vécu !
Ça reste du futur en ce qui me concerne. »
En voilà une idée : le passé c’est le passé, on n’y revient pas. Il
est figé à jamais !
« Oui et non. Je vous explique
mon Colonel. Votre passé, c’est aussi le mien et celui de toute l’humanité,
voire même celui du cosmos à venir, n’en doutez pas.
Le temps passe du présent vers l’avenir
à son train-train habituel pour tout le monde.
En mode minimal de niveau d’énergie.
Et revenir sur son passé, le passé
d’une façon générale, demande beaucoup d’énergie et de savoir-faire. Et encore,
seulement si on dispose de la technologie nécessaire. »
Mais de quoi parle-t-elle ?
« Imaginez, imaginez seulement
un instant, qu’à mon époque, cette technologie existe et fonctionne bien…
Imaginez, imaginez seulement que l’on
s’en serve pour « contrôler » le déroulement de ce fameux passé qui
conduit inexorablement à cette technologie… »
Là, c’est beaucoup demander à Paul.
« Plus exactement, imaginez
qu’on utilise cette technologie, sans rien changer à ce passé, tel qu’il
aboutisse mécaniquement à ces connaissances scientifiques qui débouchent sur
cette technologie et que l’on se donne pour mission de protéger son bon
déroulement, sous peine de voir disparaître immédiatement ce futur qui est
aussi mon présent.
Et le présent et le futur de tous les
autres de mon époque et de celles qui suivent… »
Là, franchement, Paul en a le tournis : ce n’est mécaniquement pas
possible !
« Si et heureusement !
Parce que sans ça l’humanité aurait disparu à bien des occasions ! Non
seulement elle traverse, a traversé et traversera des catastrophes naturelles,
mais également des épisodes où elle s’auto-menacera de destruction totale, sans
compter que la planète poursuit sa route autour du centre de la galaxie
traversée par une grande quantité de civilisations évoluées, elles-mêmes
n’ayant pas toujours que des intentions pacifiques à son égard.
Vous saisissez ? »
Non, pas vraiment : c’est quoi ces ovnis qu’on croise parfois dans
les cieux ?
« L’essentiel, ce sont des
sondes de nos propres services, envoyées en reconnaissance ou en confirmation de
traits historiques ou quelques détails à compléter.
Actuellement, elles suivent la montée
du saccage de la planète et la pollution du développement engendrée par
l’activité humaine.
Elles sont présentes pour être envoyés
sur place quand on note des observations de nos engins sur place dans les
archives.
D’autres sont des « relais »,
comme vous allez en utiliser un dans quelques instants, a contrario des
véhicules autonomes.
Et enfin, pour certains, ce sont parfois
de vrais « hostiles » que nous pourchassons depuis notre propre
futur et avec les moyens les mieux adaptés venant eux aussi du futur ! »
Complètement délirant, complètement !
Totalement déjantée la gamine.
« Permettez que je complète cet
exposé préliminaire, mon Colonel.
Les sauts dans l’avenir sont
impossibles. Mécaniquement impossible, mais pas ceux vers le passé. Puisqu’il
existe réellement en y laissant ses traces indélébiles.
En tout cas avec les technologies de
mon époque à moi.
Et pourtant, la technologie que nous
allons utiliser me vient de mon propre avenir et celle de mes contemporains. »
Et comment revient-on du passé si ce n’est en parcourant l’avenir ?
Qu’elle ne dise pas qu’elle ne peut pas y retourner…
« Non, non. Je ne vous le prétendrais
pas : on revient au présent de départ depuis la passé, simplement en
coupant la tension de la machine. Instantanément. Comme d’un élastique qu’on
lâche.
Ne m’en demandez pas plus, je ne suis
qu’historienne-linguiste, spécialisée dans les langues-mortes, comme le
francilien-moderne, l’anglais post-victorien ou l’allemand-unifié, qui
donne quelques coups de mains à un des services « actions » existant
à mon époque, à la demande. »
Le « francilien-moderne », une langue morte ?
Elle en a de bien bonnes, là !
« Jusque-là, il semble que je
n’ai pas fait trop d’erreurs telle qu’on puisse encore me faire confiance.
Parce que si l’avenir se met à changer le passé, ne serait-ce que d’un seul
petit détail de rien, c’est une catastrophe majeure, par effet amplificateur et
chaotique, identifié comme « l’effet-papillon » depuis votre époque,
et plus personne ne sait ce qu’il advient à toute l’humanité, ni même si la
technologie des vecteurs d’exploration temporelle pourrait ne jamais voir le
jour dans l’avenir ! »
Vraiment extraordinaire…
Abyssal !
Ça doit être drôlement pratique de voyager comme ça dans l’espace en
maîtrisant la flèche du temps. Tu le suspends et hop tu dépasses les limites
physiques de la cosmologie et des vitesses limites de la lumière.
« C’est un autre sujet et ce
n’est pas comme ça que ça marche. Réfléchissez deux secondes. Si la Lune est à
une distance d’un peu plus une seconde à la vitesse de la lumière, elle s’est
déplacée de 137 centimètres pendant la durée du trajet de cette lumière :
elle n’est plus là où vous la regarder.
Et encore, il s’agit de l’astre le plus
proche de notre planète. Dès qu’on parle d’étoile, on parle en années-lumière.
Et rien que notre étoile, le Soleil, se déplace de 7,8894 milliards de km en un
an autour de la galaxie qui elle-même se déplace à son tour !
Vous vous imaginez vraiment un engin
spatial, engageant hommes et matériels, avec ses propres sources d’énergie autonomes
calculées au plus juste, se gourer de près de 34 milliards de kilomètres, 237
UA, soit 6 fois plus loin que l’orbite de Pluton, pour aller visiter alpha du
Centaure ?
Soyez sérieux : la lumière des
astres nous vient du passé et la route la plus directe et la plus sûre, c’est
justement de sauter vers elle, dans le passé.
Et en plus, on peut vérifier qu’il n’y
a aucun objet qui coupe la route empruntée, si elle devait se matérialiser en
cours de chemin pour faire une pause où se « réajuster ». »
Logique, bien sûr.
Et comment « ils » font ça ?
« Je n’en sais rien et de toute
façon, je le saurai, que je ne serai pas habilitée à vous le dire. »
Oui, mais le « gel-Birgit », remis à Barcelone, c’est bien déjà
un transfert de technologie du futur vers la passé, non ?
« D’abord, je n’ai pas encore
vécu ce moment-là. Pour moi, aujourd’hui, c’est notre première rencontre. Le
saut dans le passé se fait par étapes de plus en plus lointaines, rarement
autrement ou alors dans très court espace de temps, comme vous allez en faire
l’expérience. C’est « constitutionnel »… non, constitutif à la
technique et ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien non plus.
Mais je sais que nous aurons un autre
contact plus lointain, datant de septembre 2014. Mon troisième saut vers vous.
Et nos archives, que j’ai pu consultées, m’en dise la teneur.
C’est comme ça que ça va se passer pour
moi, et que ça c’est déjà passé pour vous, même si je n’approuve pas vraiment
pour le moment et même si je sais que je vais changer d’opinion dès aujourd’hui,
bien obligée par ce que nous allons faire.
Et ensuite, je serai peut-être amenée à
faire des sauts « plus profonds ».
Mais plus avec vous. »
Ah… voilà donc la raison de cette « distance » de Barcelone et
ce vouvoiement d’aujourd’hui !
Un peu compliqué que tout ça…
« Et puis ensuite, la fameuse
formule, celle que je vous remets bientôt à Barcelone, c’est vous qui allez me
la donner. Un savoir-faire qui existe déjà dans la technologie de votre époque.
Et depuis plusieurs années. Ce que vous allez inventer, c’est juste une
application particulière dont il est vrai qu’elle vous sera utile sur le moment,
pour répondre à un besoin particulier de sécurité. Pour vous rassurer en fait. Mais
une application parmi déjà des milliers d’autres. »
Il n’a pas reconnu son écriture…
« Je vous la recopierez ! Allez-y ! »
Et Paul de s’exécuter
immédiatement avec son stylo appliqué sur un mouchoir en papier, trainant dans
sa poche.
Mais dans
« l’original » de Barcelone, elle n’aura pas tout recopié…
« Et ne vous trompez-pas, sans ça l’actuel
moment n’existerait peut-être pas !... »
Sûr que pour le coup, il
s’applique.
Mais ça reste curieux de s’envoyer un message à soi-même, aussi important
qu’il soit, vers son passé pour provoquer son présent…
Décidément abyssal.
« Je pense que de toute façon,
vous auriez découvert le procédé tôt ou tard. Mais nous ne nous serions
peut-être pas vus le jour de la naissance de votre garçon. Louis, c’est ça.
Il faut que je m’en souvienne… »
Bon et maintenant, elle qui sait le futur, qu’est-ce qu’il va se
passer ?
« Vous allez vivre un moment
hors norme. Je vous explique. »
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