Et je
vais mourir !
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Personne ne viendra jamais me chercher dans cette prison de sable et de
montagnes où je suis enfermée.
« Ils » m’ont enlevée, « ils » m’ont arrachée à mon
Annabelle, « ils » m’ont jetée sous leur tente, « ils » me
traînent dans leurs pick-up, « ils » me trimbalent sur le dos de
leurs dromadaires, loin de tout.
Je souffre le martyr à chacun de nos déplacements alors que je ne peux pas
mettre pied à terre.
Et je n’en peux plus, épuisée et je ne sais même pas pour quelle raison je
dois subir tout ça !
Qu’ai-je donc fait pour mériter ce sort impitoyable ?
Mon pauvre Paul, toi que j’aime tant sans savoir si je suis ton aimée.
Sauras-tu faire face tout seul ?
(…)
Je me souviens encore, comme dans un rêve fiévreux et par bribes, de notre
première rencontre. C’était à Calvi, dans mon « atelier » donnant sur
la plage.
Je t’ai vu de loin nager depuis ton voilier mouillé la veille, t’approcher
à belle allure, fougueux à fendre les flots, traçant un puissant sillage
rectiligne avec tes palmes aux pieds.
Tu es un « beau mec », bien bâti, bien viril, grand et large
d’épaule, des muscles saillants, les pectoraux et les abdominaux bien apparents,
bien fermes.
Des bras puissants, tes longues mains qui savent être si douces, cette
silhouette en léger « V », des cuisses aux muscles qui roulent sous
la peau, des fesses de mec, creusées sur leurs joues, un vrai bonheur d’apparence
qui fait tourner toutes les têtes dans les rues !
Tu as sorti une serviette d’un sac étanche pour te sécher sur la plage et
tu as marché vers mon immeuble.
Nous les femmes, en tout cas moi, nous sommes sensibles aux « belles
allures », au charisme, au son d’une voix, à la démarche, à ses détours humoristiques qui
nous font rire, mais pas seulement : la façon d’être, de marcher, de déambuler, de
parler, de dire des choses simples, les milles intonations, les milles
intentions discrètes, la façon que vous avez de nous regarder, nous émeuvent
tout autant.
Alors que nous savons bien être en compétition permanente pour notre seul
physique à vos yeux, qui reste votre premier critère d’attraction, mis en
valeur par nos tenues et nos maquillages qui cachent ce que l’on considère
comme des « défauts », ces imperfections qui nous gâchent la
bonne-humeur matinale quand on les découvre …
Je sais, je suis une femme, surtout à tes côtés, et qu’ai-je de moins que
d’autres auraient à tes yeux ?[1]
Et même pas trois minutes plus tard, tu sonnais à ma porte, que j’en suis
restée sotte, béate, comme tétanisée par ton regard si ténébreux, étourdie par
ta voix si douce et au timbre si profond. Un beau visage carré, le nez droit et
fin taillé en équerre au milieu du visage tailladé de quelques petites
cicatrices anciennes : Apollon qui débarque dans mon deux-pièces-cuisine
de location !
De quoi devenir folle…
Tu as défait ta combinaison et ton maillot de bain dans l’étroit
vestibule, en me tournant le dos, me montrant tes trapèzes, tes triceps et tes
muscles dorsaux se nouer et s’allonger…
J’étais hypnotisée par tes fesses qui se creusaient et s’arrondissaient et
surtout par ton sexe qui pendait superbement entre tes cuisses accroché à tes
mouvements, obscène de promesses incendiaires
et je suis retournée à ma table à dessin en rêvant … pensant à mon fiancé d’alors,
nettement plus maigrichon et barbu, parti loin, loin en Californie.
(…)
Tes yeux, mon Dieu tes yeux, d’un bleu si profond, presque noir.
J’ai appris par la suite qu’ils s’éclaircissaient à mesure que l’été et la
lumière se fait éclatante.
Ta façon irrésistible de porter ton regard sur une femme…
Je n’ai pas compris ce que tu me disais. Je pensais à tout et n’importe
quoi, pures débilités, purs fantasmes de femme esseulée, délaissée, déjà
abandonnée, même si je ne le savais pas encore.
Comme je pouvais être cruche…
Ça m’a toujours fait « bizarre-bizarre » à chaque fois que tu as
posé ton regard sur moi.
Tu étais le délégué général du maître d’ouvrage sur lequel je travaillais seule
dans cette station balnéaire de Balagne, désertée et venteuse en basse-saison.
Mon patron direct sur le projet en cours.
(…)
Paul revenait tous les week-ends jusqu’à la biennale des antiquaires et
joailliers prévue pour l’été suivant.
On parlait boulot, on travaillait boulot dans mon petit atelier si exiguë,
quand on n’était pas sur le chantier lui-même.
Ma pauvre Twingo me vient à l’esprit. Tu t’y pliais en quatre pour faire
le chemin, et elle ployait sous ta masse. Elle en a bavé !
Tu refaisais mes calculs, tu inspectais, tu photographiais, on mangeait,
on se désaltérait, on riait, tu retournais dormir sur ton voilier et tu
repartais le surlendemain ou le lundi par le premier vol de la journée, celui
de 7 heures du matin.
(…)
Paul, c’est « un morceau de reine » et les femmes de la famille
Veyles, la mère, la fille surtout, abusaient de lui quand il n’était pas avec
moi et qu’elles aussi étaient sur place.
Je n’osais pas.
Je ne suis pas belle, ni même vraiment jolie, j’ai un popotin trop gros,
trop rond, trop mou, je me tiens mal, je trouve mes seins trop lourds et
imposants pour une fille « normale » et j’ai la stature d’une gamine
à côté de Paul.
Te « coincer » entre mes fesses et le mur dès que tu passais
derrière moi à me frôler, par hasard la première fois où j’ai pu sentir ton
sexe mou, ça m’a fait « bizarre-bizarre ».
Déjà.
Comme un éclair au creux du ventre.
Mon pauvre Paul, que j’ai pu être garce avec toi à cette époque-là !
(…)
Paul, je savais que tu passais tes soirées avec les Veyles. Caroline et
parfois sa mère.
Et tes nuits avec Caroline.
Les deux te regardaient comme une femme regarde un homme qui la comble.
Caroline buvait tes paroles, se désaltérait de ta voix.
Quant à sa mère, je n’ai jamais su quel rôle elle jouait à t’aguicher en
permanence, comme une MILF, une cougar sur le retour sait le faire, sans y
toucher, sans avoir l’air de rien.
Et moi, pauvre sotte, qui attendais, sans trop y croire tes retours de
fins de semaine.
Et tu finissais par revenir, contrôler mon travail, mes dessins, mes
calculs, mes appels d’offre aux entreprises locales, mes comptes rendus, mes
courriers, mes notes.
Il y a quelque chose d’indécent à « torcher » un dossier qui
touche à la perfection, dans le moindre détail, et te le voir survoler en
quelques hochements de tête et quelques grimaces.
Tu étais le roi pour dénicher « le détail qui tue », avec humour
et en quelques minutes : qu’est-ce que j’ai pu apprendre mon métier à tes
côtés !
Alors que ce n’était pas le tien…
Redoutable !
(…)
Et puis à force de travailler sur cette table à dessins, de sentir ton
odeur, d’écouter ta voix profonde, de te regarder sourire, quand tu revenais
après une nuit que j’imaginais torride entre les bras d’une femme que
j’imaginais qu’elle serait la tienne tôt ou tard, par inadvertance la première
fois, je me suis reculée quand tu es passé derrière moi.
Plaqué contre le mur, j’ai senti ce sexe tout mou entre le haut de mes
fesses se durcir à en devenir inconvenant.
Quand tu es repassé en sens inverse après t’être saisi de la calculette ou
d’un crayon, j’ai ainsi pu constater que ta verge avait pris une telle ampleur
que ça faisait peur.
Mais tu n’imaginais même pas la satisfaction que cela me procurait en
même temps !
Moi, la petite-architecte lambda, avec mon physique quelconque, je pouvais
faire bander un type aux allures d’athlète, de demi-dieu grec-antique rien
qu’en le frôlant, même après qu’il revenait tout juste d’une sauterie déchaînée !
(…)
La fièvre et mes douleurs me laissent de moins en moins de temps pour coucher
mes souvenirs d’agonisante qui s’enfuient sur le papier de ce cahier à vomir.
Que c’est dur de mourir !
Paul, j’ai eu ma part tant rêvée un jour, par hasard, que c’était
tellement « le feu » que je n’avais plus ma tête : je n’ai rien
sentie, ou presque, tellement je chavirais.
À chaque fois, c’était pareil, tellement j’en avais envie, ravie.
Et d’un autre côté, j’avais honte de tromper mon « promis » que
j’imaginais se languir de mon absence et de cocufier la fille de mon patron,
celui qui paye.
Tu parles…
Quels moments merveilleux !
Nos peaux se frôlaient. Nos mains se cherchaient. Tu me caressais. Tes
doigts taquinaient l'un de mes mamelons sous le soutien-gorge, ou parcouraient
mes cuisses, mes fesses.
Et tout doucement… nous nous taisions dans ces étreintes où je te tournais
le dos de peur que tu voies mon regard s’enflammer.
Un gémissement m'échappait parfois, comme si j'avais attendu cet instant
de libération toute ma vie. Je m'abandonnais quand tu me prenais dans tes bras
si musclés.
(…)
Un baiser, ému, fébrile, remonte le long de mon cou, grignote mon oreille,
et ton souffle court me murmure ton désir. Ta bouche chaude conquérait tout mon
corps sans bataille.
Jamais entre tes bras, je ne me suis sentie tant désirée, si désirable.
À ces moments précis, l’être le plus merveilleux existant sur Terre à tes
yeux dont je ne croisais pas le regard, c’était moi. Ce qui me rendait
folle !
Et c'est vrai. J’étais belle quand tu te glissais lentement en moi.
Si je me souviens bien, mon premier gémissement arrivait par surprise à ce moment-là. Presque un
feulement de plaisir que de sentir toute la longueur de ton sexe envahir ma
chair.
Tout mon corps tellement tendu vers lui, à sa rencontre, qu'au premier de
ses mouvements, je jouissais imperturbablement, comme d’une
« précoce », de ces « grandes chaleurs » qui partent du
bas-ventre et envahissent tout le corps de façon irrésistible.
Tu bougeais en moi, et je t'accompagnais. Tout mon corps obéissait, anticipait
avec plaisir.
Toi, dans mon dos, avec pour seule vision de moi, mes fesses et mes
hanches, ma nuque, mon dos et mes cheveux. Quand parfois tu te retirais pour
revenir en moi après moins d’une interminable seconde de séparation, j'avais
envie de te hurler que tu m'avais manqué.
Ma peau le faisait à ma place, épousant tes vas-et-viens, tendres ou
passionnés.
(…)
Que j’ai mal ! Ça me prend par inadvertance : La douleur
s’estompe et puis d’un coup elle vrille les chairs abîmées de mon être, partent
de ma jambe en piteux état et remontent le long du dos en un éclair irradiant
tout mon corps jusqu’au cerveau… C’est insoutenable !
Jamais je ne reverrai Annabelle, ma fille, mon bébé d'amour ! De toute façon, je ne
veux pas lui laisser le souvenir de cette chose affreuse, déformée de
souffrances et les douleurs que je suis devenue.
En finir avant ?
Quel soulagement, quelle délivrance à en espérer !
(…)
Plus tard, je ne me suis pas rendue compte que je n'ai jamais cessé de
gémir, retenant mes cris dans la gorge.
Que mes plaintes de plaisir devaient envahir toute la plage par la fenêtre
ouverte, au point que le vent dans les aiguilles des pins devait s’arrêter, que
les vagues s’adoucissaient sur le sable de la plage pour mieux partager ma voix
exprimant mes orgasmes.
J’ai pu ainsi voir des moineaux se poser sur la rambarde du balcon, alignés
en rang-d’oignons, devenir voyeurs de nos ébats, curieux en même temps que
respectueux.
Je me retenais. Je muselais mes cris pour ne pas affoler les mouettes. Je
me mordillais la lèvre inférieure pour ne pas ouvrir ma bouche plaintive alors que
j’en bavais sur ma table à dessins, que j’avais envie de rugir, nos sexes
emboîtés. Assemblés. Intriqués.
(…)
La première fois, tu me demandes dans un murmure si j'ai joui… Tentant de
reprendre mon souffle, je n’avoue pas alors que cela fait déjà deux fois
en une seule étreinte. Et que j'en veux encore !
Tu me dis « : Excusez-moi, mais
c’était une pulsion vraiment irrésistible ». Je te réponds que ce
n’est pas grave, que je n’ai rien senti, que tu peux refaire autant de
fois que tu peux et que tu veux !
Ou quelque chose comme ça…
Que ça apaise mes douleurs, tous ces souvenirs brûlants de volupté :
Paul, tu auras été mon paradis et je t’ai perdu à jamais !
(…)
[1] NDA : D’après un
sondage OpinionWay (juillet 2015), il ressort que 88 % des hommes regardent les
filles sur la plage, alors que 90 % des femmes de moins de 35 ans (et 70 % de
celles de plus de 35 ans) regardent leurs congénères et comparent leur physique...
50 % d'entre elles se trouvant moins bien que leurs voisines…
Même source : Deux tiers des hommes disent ne pas
rougir de leur physique lorsqu'ils se comparent aux autres mâles de la
plage…
« La Baronne » rentre dans mon bureau avec un grand sourire et les yeux brillants : « elle est vraiment bien la note de « I-Cube » aujourd’hui » !...
RépondreSupprimerComme quoi, vous avez su lui rappeler des souvenirs personnels, torrides et féminin !...
Vous êtes sûr que ce n'est pas l'effet du sondage d'OpinionWay mis en "NDA" ?
SupprimerPour le reste, j'ai mis 6 mois "à faire vrai"...
Ravi que ça ravive tant de si bons souvenirs !
Eh-eh !
lol