Les
ateliers du « 002 »…
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un
roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit
de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des
actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie
lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc
purement, totalement et parfaitement fortuite !
Ignorant donc les usines dédiés d’Airbus et celles du
constructeur local, la petite équipe de l’usine d’Aubenas s’installe dans un
vaste hall sis à proximité de la base militaire où sont fabriqués les chasseurs
de la série J, notamment le J20, une copie plus légère que l’original lui-même
qui reste le F35 destiné à USAF, et ses bureaux installés en mezzanine.
Il faut y monter un four à céramique bien plus grand
que ceux qui existent à la MAPEA d’Aubenas.
L’engin à former pèsera autour de 50 tonnes pour des
dimensions approximatives, dans un premier temps, de 25 mètres sur 15 : un
triangle, sans dérive supérieure.
Une « étrave » en pointe et un fort
« V » prononcé, qui s’étale ensuite et rapidement en une vaste
assiette presque plate.
Sur l’eau, ce dériveur est une vraie savonnette et
c’est justement l’effet recherché afin d’étaler les surfaces chaudes le plus
largement possible sur l’intrados de l’engin, sa « partie-vive », où
les céramiques doivent être « parfaites » et assez épaisses pour
résister sans déformation aux fortes chaleurs de frottement dans les couches
denses de l’atmosphère, protégeant ainsi la structure métallique de support
forgée en titane habillée d’aluminium.
C’est un prototype taillé uniquement pour tester la
résistance mécanique et thermique de la céramique et de la structure en entier.
Le vol prévu se configure de la façon
suivante sur 28.000 km :
Décollage à la 28ème seconde de roulage
(sauf que le premier vol se fera en décollant, sans roue, sur un plan d’eau en
80 secondes) et montée sur une pente de 60°, plein est.
À la première minute, à pleine puissance, l’engin est
à moins de 4 kilomètres de son point de départ, à 1.500 mètres d’altitude et
une petite vitesse de 426 Km/h.
À la minute 2, il est à 9.00O mètres et 13 kilomètres
de son point de départ, lancé à la vitesse de 690 Km/h, toujours en vol
subsonique.
Mais à la troisième minute, il est déjà à 26 km de
distance, à une altitude de 20.300 mètres et continue d’accélérer à plus de 962
Km/h.
Il devient transsonique six à sept seconde plus tard,
en accélérant d’1,3m/s².
À ce rythme-là, il sort de l’atmosphère à la minute 6’
42’’, à quelques 121 km de son point de départ et poursuit sa montée jusqu’à
173,5 km d’altitude, à la vitesse stable de 1.904 k/h pour couper
l’alimentation de ses quatre moteur-fusée, un peu après avoir commencé à
survoler l’océan pacifique, à la 12ème minute et 38ème
seconde.
Et là, c’est la phase de vol balistique, en apesanteur
relative.
Le « 002 » doit voler comme ça jusqu’à la
128ème minute, perdant 8,5 m d’altitude par seconde sous l’effet de
la gravitation terrestre et après avoir parcouru 13.732 km en ligne droite,
toujours au même cap « à l’est-toute » pour une altitude de 114 km,
aux limites supérieures des premières couches de l’atmosphère.
Là, ça commence à secouer s’apercevra l’équipage un
peu plus tard.
S’il redescendait à la même allure, d’abord il irait
trop loin et dépasserait sa base de lancement, mais les températures à
supporter par le point d’arrêt des céramiques serait inférieure à 2.000°C, ce
qu’elles savent supporter.
C’est d’ailleurs la solution « technique »
des navettes spatiales et autres : elles réduisent leur vitesse orbitale,
plus de trois fois plus élevée, en ralentissant l’engin avec le carburant resté
en cuve.
Avec le « 002 », il en reste assez pour
faire la manœuvre de retournement et ralentir l’engin avec le tiers
restant : c’est d’ailleurs la solution B à retenir s’il y avait la moindre
sonde indiquant, dans la phase de montée un incident sur le revêtement de
protection.
Globalement, il s’agit de ne prendre aucun risque avec
la vie de l’équipage. Raison pour laquelle, on n’ira pas plus haut pour
retrouver une configuration de vol « atmosphérique » manœuvrable le
plus rapidement possible…
Le premier plan, consistait à accélérer légèrement,
jusque vers des températures de l’ordre de 3.000°. Puis de laisser faire la
suite en laissant l’engin tomber vers le sol en vol plané.
En notant qu’il s’agit là de la température la plus
élevée possible, puisque sur les autres parties de l’avion, les températures
varient avec le sinus de l’angle d’attaque et de frottement.
On peut donc accepter qu’une partie de la céramique la
plus chaude « s’évapore », s’effrite, dès lors qu’elle est assez
épaisse pour protéger l’habitacle, quitte à refaire ce « morceau-là »
de la pointe après chaque vol, ce qui est heureusement prévu dès l’origine.
Le seul morceau « démontable » pour être
encastré en pyramide tronquée dans le corps du reste de l’appareil, comme pour
les bords d’attaque des ailes.
En revanche, après le rendez-vous de Birgit à
Barcelone autour de la catastrophe du vol 9525 de la Germanwings, le prototype
a été enrichi d’un dispositif nouveau qui sera testé en atmosphère fin mars
2015.
Et puisqu’il s’agit d’un test grandeur nature, la
configuration du vol a été substantiellement modifié, puisque pendant les 5
minutes suivantes l’entrée dans les couches fines de l’atmosphère et jusqu’à
épuisement des réservoirs, les moteurs fusées seront rallumés pour
« accélérer » encore et non ralentir, jusqu’à la vitesse de 4.630
m/s, soit Mach 16,8 avec une accélération de 5,4 G au démarrage et presque 12 G
en fin de poussée de quoi vous envoyer dans les vaps, de provoquer des ruptures
d’anévrisme, bien inférieur aux 5 G de
la phase finale de montée, la plus pénible pour les organismes, parce que
durant plus longtemps que les 4 minutes ultérieures, et une température de
pointe de l’ordre de 14.150 °C.
Très largement au-delà de la phase plasmatique où
toute matière se décompose en protons, neutrons et électrons libres, détruisant
n’importe quoi.
C’est d’ailleurs ce qui protège la planète des
astéroïdes et autres objets célestes, y compris les débris de satellites qui
viennent la percuter tous les jours !
Il s’agira de monter un générateur de plasma en tête
de l’avion, alimenté dans une première phase par un générateur d’arc électrique
embarqué à bord et autoalimenté ensuite par les températures extérieures et l’induction.
Le principe d’un « tokamak », ces machines,
comme Iter, qui confinent les plasmas d’hydrogène lourd dans un tore grâce à un
puissant champ électromagnétique, jusqu’à fusion du deutérium : le
principe de l’amorçage de la fusion nucléaire contrôlée.
Mais monté à l’envers !
À savoir que le champ magnétique à créer autour de
l’engin écarte les protons exothermiques du plasma des parois de l’engin et
capte les électrons dont il se nourrit pour créer le champ électromagnétique.
Créant ainsi une vraie cage Faraday autour de l’avion.
Ou de la MHD-appliquée…
Et ça commence à s’autoalimenter autour de 3.800°
C : il s’agit donc d’aller au plus vite au-delà de la vitesse de 3.200 m/s
atteinte, à peine 3’30’’ après le rallumage des moteurs.
Dans cette hypothèse, si les parties les plus chaudes
devraient tenir au-delà, en revanche, l’anode, même en tungstène, devra être
assez longue et être changée après chaque vol, rongée par le plasma.
Mais fin septembre 2014, on n’en est pas là : il
s’agit seulement de fabriquer le four, de dessiner la céramique et tout le
reste de l’avion, ses équipements internes et de navigation, et le moule final
de la céramique à « fritter » d’une seule pièce, hors le bloc avant
et les bords d’attaque des ailes.
Et pour éviter d’avoir des trappes d’ouvertures d’un
train d’atterrissage sur l’intrados soumis aux hautes températures, qui ont
perdu deux navettes américaines, plusieurs solutions sont étudiées : des
trains qui remontent s’encastrer dans le dessus de l’avion, sur l’extrados,
d’abord un tricycle, puis un quadricycle ; puis de s’en passer et utiliser
un traineau destiné à rester sur la piste de décollage, mais quid de
l’atterrissage dans ces conditions ?
On envisage même de retourner l’avion – et sa cabine
de pilotage – dessus-dessous pour le faire décoller et atterrir « sur le
dos » où serait alors loger le train monté, à l’envers, vers le ciel quand
il est en vol ; ou encore un dispositif de coussin d’air, pour finalement
transformer l’intrados en coque d’hydravion pour un décollage depuis le bassin
de 4 kilomètres situé au sud de la ville et une arrivée sur un plan d’eau
identique, le même de préférence, un temps pressenti pour accueillir les
épreuves nautiques des JO de 2008.
Même s’il n’a pas été tracé pour ça.
Mais alors, avec une coque sans aspérité ni redan.
Solution pour le moins…
« expérimentale » et iconoclaste !
Il faudra penser à autre chose pour le « Nivelle
003 », le vol « sur le dos » par exemple serait la technique la
plus habile, car il devra aussi embarquer au moins 30 tonnes de plus en charge
et le déjaugeage pourrait devenir problématique étalé sur plusieurs kilomètres…
mais en faisant peut-être quelques économies sur le carburant à
embarquer : encore un calcul d’optimisation à réaliser en fonction des
profils de vol requis.
Et seulement si la configuration de la tuyère supporte
un jour l’éjection d’un plasma à générer à bord.
Et pour ça, à l’occasion des aller-et-venus incessants
de Paul entre Pékin et Aubenas, où finalement les équipages – il en comptera
une dizaine – finissent par le laisser en paix rassasiés d’autographes, il
profite de la trêve de Noël pour aller faire un détour sur le site du réacteur
expérimental à neutrons rapides chinois (China Experimental Fast Reactor
(CEFR)) qui est l'unique Réacteur à neutrons rapides chinois.
Il est construit au sein de l'Institut chinois de
l'énergie atomique, localisé à environ 35 km au sud-ouest de Pékin dans le
District de Fangshan.
Ce réacteur CEFR possède une puissance thermique de 65
mégawatts, transformée en 20 mégawatts électriques. Il s'agit d'un réacteur
rapide refroidi au sodium.
Pas tout-à-fait la technologie visée par Paul, mais
pas loin tout de même.
C'est un réacteur de type piscine avec une durée de
vie prévue à la conception de 30 ans.
Il a commencé à produire de l'électricité en juillet
2011.
Pourtant, en octobre 2011, l'agence de l'énergie
atomique japonaise annonce que le réacteur a cessé de produire de l'électricité
à la suite d'un accident.
Le directeur de l'institut chinois de l'énergie
atomique nie cependant qu'il y ait eu le moindre incident.
Le 31 octobre 2012, l'Agence Chine nouvelle annonce
que le CEFR a réussi les vérifications de sûreté officielles et que le réacteur
a continué à diverger.
Pour cette visite qui a lieu à son retour au tout
début du mois janvier 2015, et où il a fallu demander quantité d’autorisations,
il se fait accompagner par un de ses ingénieurs et deux interprètes formés par
les chinois.
Il y en a 12 sur le site de Chengdu : les grands
moyens pour un atelier de 80 personnes, y compris « l’intendance »,
dans les bureaux, et à peine une poignée de français, dont certains ne sont pas
très à l’aise en anglais…
Et l’accueil est chaleureux … puisqu’adoubé par les
autorités de Pékin, mais pas seulement : les réticences et suspicions du
début de cette collaboration auront été effacées en quelques mois !
Quant au défi lancé aux ingénieurs locaux, faire tenir
une mini-centrale au sodium dans un conteneur de 40 pieds pour une puissance
délivrée nettement plus faible mais suffisante pour faire du plasma, a de quoi
les étonner.
Une demande inattendue, là où leur problème est en
général de faire le plus gros possible sans risques industriels pour les
populations alentour.
En tout cas dans des limites raisonnables.
C’est que la Chine a un grave problème énergétique. La
population est cantonnée pour l’essentiel sur la côte pacifique, du nord au sud
et les bassins charbonniers se situent dans le nord et le nord-ouest du pays, en
Mongolie intérieure, et tout particulièrement dans la province du Shanxi, qui
contient les gisements les plus accessibles.
Trois caractéristiques fondamentales handicapent l’industrie
énergétique du pays : d’abord la mauvaise qualité du produit, caractérisé
par des coûts moyens d’extraction et de production très élevés et des
teneurs en soufre importantes qui pollue l’atmosphère jusqu’à Pékin ; les
déséquilibres géographiques, puisque l’industrie charbonnière est concentrée au
nord et à l’ouest du pays alors que la demande se situe essentiellement au sud
et à l’est. Enfin, conjoncturellement, la Chine doit recourir aux exportations,
mais sans que cela ne se traduise par des répercussions très importantes sur
les prix internationaux, la Chine étant le deuxième exportateur mondial en
2002.
Ces différents éléments ont trois conséquences
négatives.
La première est une perte relativement progressive de
compétitivité (une fois les coûts calculés selon les techniques occidentales de
comptabilité) face aux sources plus « modernes » d’énergie qui sont aussi
beaucoup moins polluantes, qui imposent moins de contraintes logistiques en
matière de transport et sont disponibles en quantité croissante.
Par ailleurs, le rôle traditionnel du charbon comme
charge d’alimentation destinée à générer la plus grande partie (environ les
trois quarts) de l’électricité du pays est aujourd’hui remis en question.
L’industrie du charbon est en effet devenue progressivement incapable de faire
face à une demande d’électricité toujours plus grande dans les régions
côtières, confrontée aux problèmes de l’engorgement du système des transports
et de sa chaîne d’approvisionnement.
Cette situation conduit à de sérieuses pénuries, comme
celles qui ont eu lieu à certaines périodes de forte demande en 2003 et qui
sont en train de devenir un sujet de préoccupation majeure.
Enfin, sous l’impact des éléments précédents, la
position de la Chine comme fournisseur régulier des marchés étrangers est
remise en cause.
Quant au pétrole, deuxième source énergétique
(satisfaisant 25 % des besoins), il offre une image très contrastée. D’un côté,
la croissance soutenue du PIB chinois s’est accompagnée d’une demande accrue
que l’industrie pétrolière chinoise, qui peine à se développer, qui a tout au
plus augmenté légèrement sa capacité de production depuis la fin des années
1990, et ne parvient plus à satisfaire la demande.
La stagnation de la production est due en partie au
déclin forcé (3 à 5 % par an) de la principale région productrice de Daqing (30
% de la production totale).
Les régions de l’ouest et certains gisements offshore
sont prometteurs, mais le choix de non-internationalisation du secteur jusqu’à
une période récente a empêché l’industrie nationale de forger des alliances et
de bénéficier de l’assistance étrangère permettant d’augmenter les volumes
grâce à la mise en œuvre de technologies modernes.
En bref, l’industrie nucléaire chinoise devrait avoir
un avenir brillant, notamment grâce à des ingénieurs de qualité, seulement si
les pouvoirs publics cessaient d’acheter « sur étagère » des
technologies étrangères.
Mais elles ne semblent pas faire confiance à sa propre
population, il est vrai, en sous-effectif récurrent.
Alors qu’un avionneur français, travaillant à Chengdu
viennent jusqu’à eux poser des questions iconoclastes et visiter leur site, a effectivement
de quoi les faire s’étonner et enthousiasmer…
Et ils ont été ravis de lui faire faire le tour du
propriétaire.
28.000 km vers l’Est !...
RépondreSupprimerDe quoi pouvoir se poser à Solenzara ou Aubenas !...
5 G pendant 4 minutes !... Et puis 12 G pour atteindre Mach 16,8 !...
Mais Paul va avoir la peau du Haddock qui ne fera jamais le poids avec ses 64 ans et son arythmie cardiaque !...
A moins qu’il ne trouve un copilote chinois de 30 ans et en pleine forme !...
Parce que pour Haddock, en hydravion en OPEX en Algérie, c’est déjà pas mal !...
Bien sûr que ce n'est pas comme ça que ça va se passer : C'est "too much", même pour un pilote très entraîné.
SupprimerPensez bien...
Mais comme vous êtes un prévoyant, je vous réserve une surprise... pour plus tard !
Que je me suis bien marré en l'écrivant, imaginant même votre tête en la lisant.
Et pas qu'une d'ailleurs, mais là, vous verrez au dernier chapitre !
Bonne soirée à vous !
I-Cube