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Oui, entrez, entrez, dans le « Blog » de « l’Incroyable Ignoble Infreequentable » ! Vous y découvrirez un univers parfaitement irréel, décrit par petites touches quotidiennes d’un nouvel art : le « pointillisme littéraire » sur Internet. Certes, pour être « I-Cube », il écrit dans un style vague, maîtrisant mal l’orthographe et les règles grammaticales. Son vocabulaire y est pauvre et ses pointes « d’esprit » parfaitement quelconques. Ses « convictions » y sont tout autant approximatives, changeantes… et sans intérêt : Il ne concoure à aucun prix littéraire, aucun éloge, aucune reconnaissance ! Soyez sûr que le monde qu’il évoque au fil des jours n’est que purement imaginaire. Les noms de lieu ou de bipède et autres « sobriquets éventuels » ne désignent absolument personne en particulier. Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies) y est donc purement et totalement fortuite ! En guise d’avertissement à tous « les mauvais esprits » et autres grincheux, on peut affirmer, sans pouvoir se tromper aucunement, que tout rapprochement des personnages qui sont dépeints dans ce « blog », avec tel ou tel personnage réel ou ayant existé sur la planète « Terre », par exemple, ne peut qu’être hasardeux et ne saurait que dénoncer et démontrer la véritable intention de nuire de l’auteur de ce rapprochement ou mise en parallèle ! Ces « grincheux » là seront SEULS à en assumer l’éventuelle responsabilité devant leurs contemporains…

jeudi 5 mars 2020

Chapitre 4ème

Mylène et le « New-Vox »…
 
Avertissement : Vous l’aviez compris, ceci n’est qu’un roman, une fiction, une « pure construction intellectuelle », sortie tout droit de l’imaginaire de son auteur.
Toute ressemblance avec des personnages, des lieux, des actions, des situations ayant existé ou existant par ailleurs dans la voie lactée (et autres galaxies), y compris sur la planète Terre, y est donc purement, totalement et parfaitement fortuite !
 
Pour en revenir à la chronologie de mes recherches de biographe, après avoir récupéré un peu de mes voyages à suivre « Charlotte » pour pouvoir « témoigner », conformément à ma mission, j’ai pris langue avec quelques personnes « recommandées »…
Chronologiquement, la première a été Mylène Tradoire, tenancière d’un moulin-à-eau posé le long du Cher, transformé en auberge-restaurant de charme. Et la seconde sera l’épouse de Paul, épouse… la mère des gosses de Paul, Florence Chapeuroux. Ce qui tombe plutôt bien parce que c’est elle qui aura aménagé le site de Mylène.
L’une et l’autre sortent de toute façon de l’ordinaire.
 
Mylène penche vers la soixantaine, un peu déformée par les années qui passent, disons qu’elle reste à avoir une silhouette… empâtée, voire généreuse, dotée d’un regard bleu-acier perçant, surmontée d’une touffe de cheveux presque crépus qui donne l’impression d’une galette posée sur son crâne ou plutôt d’un Ocedar.
Elle reste volubile et fort aimable dès la première approche : je suis son invitée et elle me fait faire le tour du propriétaire dans le même élan, toutes affaires cessantes, comme elle aura l’occasion de me faire savourer sa cuisine « de terroir » : goujons, truites, sandres, brochets en sauces délicieuses, ses pâtés forestiers et ses viandes de gibiers goûteuses, ses fricassées de légumes « aux petits-oignons » et naturellement ses plateaux de fromage autour de la vedette du pays, le Celle-sur-Cher.
Un régal.
J’avoue que ses pâtisseries et autres desserts restent très appétissants et sont sûrement succulents, mais la plupart du temps, j’étais largement rassasiée en arrivant là à ce stade des généreux repas servis et j’ai dû y renoncer à chaque fois.
Si je n’ai pas pris trois kilos pendant mes courts séjours chez elle, c’est bien le diable…
 
Une belle demeure, avec, derrière la réception organisée autour de la lourde meule à moudre le grain, une salle de restaurant et une terrasse à clairevoie attenante donnant sur le Cher qui paresse sous les pieds d’un côté, et ses cuisines de l’autre.
Des chambres au premier et second étage, plus un second bâtiment situé dans la cour gravillonnée où gît une charrette ancienne et quelques tonneaux, qui aurait servi de grenier à grain et farine dans les temps.
Désormais, il accueille une cave à vin et deux paires de chambre à l’étage… pour le personnel.
En revanche, du moulin, il ne reste que la roue à aubes et la lourde pierre ronde à écraser les grains en farine, située à la réception, en face de l’escalier.
L’ensemble est mignon, plein de charme avec ses saules-pleureurs, finement agrémenté de décors campagnards et la lumière joue harmonieusement de ses reflets changeants sur l’eau du fleuve – qui n’est pas navigable à cet endroit : on peut même traverser le Cher à pied en se mouillant jusqu’à la taille, ou taquiner la truite, armé de cuissardes. C’était un passage de la ligne de démarcation dans les années quarante – et les arbres, quelques peupliers, des acacias et plusieurs magnifiques saules-pleureurs rajoutent au côté « petit-paradis » de l’endroit !
 
Mylène a connu Paul quand il n’était encore qu’adolescent.
« Il débarquait de l’Est avec la choucroute de sa grand-mère pour venir étudier à Paris, au Lycée Louis-le-grand. Mignon, belle gueule, grand, bien foutu… et puceau. »
C’était dans les années 1990. « Il devait avoir 15 ou 16 ans, mais on lui en donnait déjà plus de 18 ou 20. Un beau mec avec un peu de poils au menton. »
Elle était cuisinière dans l’hôtel-restaurant de la tante Jacqueline, la veuve propriétaire du bâtiment.
« Jacqueline avait hérité, de par son mariage avec le propriétaire, le Colonel De Bréveuil que je n’ai pas connu, d’un bel hôtel particulier en plein Paris.
Comme Jacqueline, à part faire deux filles, Sylviane et Josiane, ne savait rien faire d’autre de ses dix doigts, elle s’est lancée dans l’hostellerie cornaquée par son amant de remplacement, un dénommé André rencontré dans les Vosges et déjà restaurateur lui aussi, ou autre chose du même genre. Et j’ai été embauchée comme cuisinière à ce moment-là. »
Paul n’est arrivé que plus tard : « Ma fille était déjà grande… »
Suit alors un blanc que je n’ose pas interrompre…
On ressent ou de la tristesse ou du remord…
Et elle reprend.
 
« J’ai cru comprendre que Paul avait un frère, avocat je crois : il est déjà venu ici. Celui-là a été recueilli par leur grand-père, Charles, alors que Paul a été pris en charge par sa grand-mère maternelle après le décès de leur père et la dépression de leur mère.
Une histoire compliquée dont une des étapes a eu lieu ici quand Paul a recroisé un des protagonistes de cet épisode-là ici-même, et qui n’était autre que le maître d’œuvre retenu par Florence pour mes travaux.
Comme Paul était un élève brillant, il a intégré le lycée d’élite de la capitale rien que sur dossier, ce qui l’aura conduit jusqu’à polytechnique. »
Et même au-delà…
« Il a donc été accueilli et logé au grenier, dans les combles. En échange du toit et de ma pitance, il nettoyait la salle à manger des restes du dîner et la préparait pour les petits-déjeuners du lendemain.
Un lève-tôt. Et un couche-tard. Je ne sais pas comment il faisait : une sacrée santé !
Parce qu’entre ses cours, ses vacations pour passer son brevet de pilote et ses autres activités nocturnes, il fallait avoir la santé. »
Quelles activités nocturnes ?
 
« Oh c’est à lui de vous raconter. Je ne voudrais pas être indiscrète. »
Là, ça ne va pas être commode d’en savoir plus.
Mais elle racontera par tranches.
« « Chez le Colonel », le nom de l’hôtel, nous n’étions pas nombreux. Une dizaine de chambres sur deux niveaux, vastes et confortables, et autant sous les combles pour la famille et le personnel, mais plus petites.
Imaginez un petit hôtel particulier comme on en faisait encore en pierre de taille vers la fin du XIXème siècle, une belle cour sur rue, derrière un mur d’enceinte et derrière la salle à manger qui s’ouvre sur un petit parc arboré avec, nichée au fond, une grande remise inexploitée qui devait être d’anciennes écuries et qui s’ouvre elle-même sur la rue suivante. »
Il faudra que j’aille sur place pour me rendre compte, puisque la propriété est située dans Paris intramuros à portée de métro.
 
« Mes cuisines étaient à l’entresol. La remise également, ainsi que la chaufferie, la lingerie et au bout, la cave.
C’est là que passait le plus clair de son temps le « taulier » quand il ne venait pas nous emmerder dans notre boulot. »
Ils étaient trois à assurer le service et l’accueil.
« C’était limite. La taulière faisait un tour en matinée avant d’emmener ses gamines au collège, un établissement privé à Neuilly, assez loin, puis revenait déjeuner et repartait les recueillir pour leurs activités ludiques et sportives. Elle n’a jamais mis la main à la pâte.
Il y avait Michel, un grand échalas qui s’occupait de la conciergerie et de l’accueil et Jean-Luc, notre garçon d’étage qui faisait aussi le service. L’arrivée de Paul les aura un peu soulagés, même si ça aura été l’occasion de disputes entre le « taulier » et la proprio. »
Pourtant, ce n’est pas lui qui devait coûter le plus cher…
 
« Naturellement. Et c’est lui qui nous aura tous enrichis ! »
Comment ça ?
« Je vous explique. Michel était gay jusqu’au bout des ongles. Il ne m’a jamais mis une main aux fesses, pas comme l’autre connard de taulier. Et même s’il n’a jamais touché à Paul, notre jeune éphèbe, ni à Jean-Luc, tout ce qui passait à sa portée était bon pour lui. Il a d’ailleurs fini par en mourir, puisqu’il a été contaminé par le Sida ce qui l’aura emporté, le pauvre.
Les trithérapies n’existaient pas et on ne savait même pas tous ce qu’était cette putain de maladie.
Et Paul lui a suggéré de monter un « club » de gay dans les écuries du fond du jardin. »
Son « plan » était astucieux.
« Puisque les tauliers finissaient la semaine en allant le vendredi soir chercher les filles et faire 5 ou 6 heures de route pour passer le week-end dans les Vosges et ne revenir que dans la nuit de dimanche, l’hôtel était à nous durant deux nuits et deux jours. »
Et alors ?
« Alors, à l’occasion de vacances scolaires, on a investi les anciennes écuries pour les aménager en tripot de gay et lesbiennes, LGBT avant l’heure, et on a ouvert tous les week-ends et toutes les vacances scolaires qui ont suivi. C’était pas mal. »
Et ça s’appelait le « New-Vox », un jeu de mots, nouvelle voie ou nouvelle « voix »…
« C’était réputé : on y venait de toute l’Europe ! C’est simple, à part la première année qui a été difficile du point de vue financier – on y avait mis toutes nos économies pour l’aménagement, Michel, Jean-Luc, moi et même Paul qui avait sacrifié ses cours de pilotage d’été – ça a été un franc succès jusqu’à la mort de Michel. On gagnait plus en un week-end que tout un mois de salariat ! Que dis-je, peut-être même jusqu’à un trimestre… »
Ah oui ?
 
« Au nez et à la barbe des tauliers, d’autant qu’ils nous croyaient également au repos et fermaient l’hôtel les week-ends et vacances scolaires : une hérésie ! Disons qu’on ne prenait pas de réservation…
Ce qui nous laissait en plus une dizaine de chambre pour loger « nos » touristes à nous.
Et comme Jean-Luc avait piégé les chambres avec des caméras – c’était son hobby de voyeur, et je crois qu’il en a fait un métier à part entière ultérieurement – il se faisait déjà de la gratte avec ses images pornos. Une bonne pub outre-Atlantique ! »
Et Paul ?
 
« Paul rentrait en Alsace voir sa mère par le dernier train et revenait à Paris au milieu de la nuit du dimanche.
Paul était notre petit protégé. Pendant que nous passions nos mois d’été à trimer, lui partait en Normandie chez ses grands-parents paternels. Il a d’ailleurs récupéré la maison et l’a transformée en hôtel. »
Je connais, lui fis-je savoir.
Et toute fière elle me répond : « C’est moi qui ai fait la carte du restaurant… »
« Fameuse, la carte. Et les vins ? »
Ils se débrouillent sur place : « J’ai toujours eu un problème avec le vin : je n’en bois pas ou très peu, parce que je n’aime pas ça. »
« Mais ce n’est pas tout. Notre pactole ne nous servait à rien. Soit on se tirait avec et on mettait fin à la poule aux œufs d’or, soit on thésaurisait et on continuait sur place en faisant gaffe de ne pas se faire licencier. »
Et ce qui devait arriver arriva un jour…
 
« Le taulier buvait le stock de la cave et l’activité de l’hôtel déclinait : Jacqueline, la patronne, n’avait même plus de quoi faire les réparations indispensables sur la toiture et à la chaufferie.
Et nous, on voyait que le tout allait fermer et alors adieu au « New-Vox » et sa corne d’abondance.
C’est encore Paul qui nous a sorti d’affaire.
Je ne sais pas comment il s’est démerdé, parce que je crois qu’en plus il passait son bac ou ses concours à ce moment-là, je ne me souviens plus, mais il nous a fait racheter le bâtiment qu’il a transformé en hôtel médicalisé de long séjour. Et aux normes handicapés…
On y a tous mis notre pactole et en six mois de travaux, on avait une vingtaine de chambres dans le bâtiment principal et une trentaine dans les anciennes écuries et le jardin ! »
Elle me raconte qu’au milieu du parc, reliant les deux corps de bâtiment, en semi-sous-sol, niveau n – 1 mais ajouré, ils avaient aussi installé un cabinet dentaire, une piscine de soins de kinésithérapie, deux cabinets médicaux, un de gériatrie, un d’ophtalmologie et un cabinet de soins infirmiers !
« Bref, un paradis pour vieux, avec restaurant, une boulangerie-pâtisserie et un salon de coiffure-manucure-pédicure ouvert sur le boulevard, en rez-de-chaussée des anciennes écuries.
Et ça s’est vendu comme des petits-pains à nous rendre tous les quatre multimillionnaires. »
 
« Michel est mort à ce moment-là. Jean-Luc est reparti à Caen, Paul a je crois réinvesti ses gains dans un autre hôtel que je ne connais pas, en Yougoslavie.
Les filles de Jacqueline sont désormais gérantes de la société de service qui tourne autour des habitants, qui, en décédant éteigne l’usufruit qui leur a été vendu sur leur chambre d’accueil et la Jacqueline touche désormais les loyers. »
Et elle ?
« Eh bien, j’ai pu financer mon rêve : ouvrir un restaurant au bord de l’eau, cuisine exclusivement bio. »
Ici ?
« Non, sur une péniche en aval de Rouen. Qui a eu un certain succès, jusqu’à ce elle ait été coulée par des barbares, je n’ai pas compris pourquoi[1].
Paul m’a recueillie un temps pour me dépanner, puis il m’a financé les locaux ici, je ne sais pas avec quel argent, mais ce n’est pas mal : je n’ai pas à me plaindre. »
 
« D’autant qu’elle ne sait pas ce que c’est que de payer un loyer et de rembourser les taxes locales… » rajoutera Paul quand je lui aurai présenté mon premier projet de « bouquin ».
Je retiens la remarque dans ce volume définitif.
« Elle ne vous a pas parlé de ce qui se faisait au « New-Vox » ? »
Si, bien sûr, mais j’ai préféré ne pas y faire allusion.
« Vous avez bien fait : je me réserve d’écrire un jour mes mémoires. »
Dont le titre sera « Les 1.400 coups d’un lieutenant de vaisseau »…
« Ni du six-coups de la rive-gauche ? »
Oh que si ! « Mais là encore, ça ne me regarde pas. »
Et je laisse tomber : « Vous aviez une sacrée santé, à l’époque », mais il ne relève pas, l’air de dire que ce n’est plus le cas, désormais.
Dommage…



[1] Cf. « Les enquêtes de Charlotte », épisode « Au nom du père », à paraître aux éditions I3

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