Mais j’aurai noté un « point noir »
La faim dans le monde, les maladies virales et les
conflits divers et variés n’ont pas été éradiqués 2019, mais ça reste déjà été
une « belle année » pour le secteur spatial, avec plus d’une centaine
de lancements orbitaux (dont 34 pour la Chine, 26 pour les États-Unis, 25 pour
la Russie et 6 pour l’Europe), une conférence ministérielle de l’ESA plutôt
réussie (14,4 milliards d’euros de financements votés, piqués dans votre poche…)
ou encore la spectaculaire mission chinoise Chang’e 4 sur la face cachée de la
Lune.
Et puis, sur le plan « militaire », les
Russes nous ont gratifiés d’armes stratégiques « invincibles ».
Ou le retour vers la dissuasion des années de « guerre-froide »…
Le cru 2020 s’annonce au moins aussi excitant, et une
fois n’est pas coutume, l’Europe devrait en être l’une des grandes animatrices.
En plus de la douzaine de lancements « classiques » prévus de Kourou
(5 Ariane 5, 4 Soyouz, et 3 Vega), le Centre spatial guyanais devrait
accueillir pas moins de deux vols inauguraux cette année : Celui du lanceur
lourd Ariane 6 et celui du lanceur léger Vega-C.
Après avoir longtemps évoqué la date du 16 juillet
2020, ArianeGroup, maître d’œuvre d’Ariane 6, et Arianespace parlent désormais
d’un premier vol d’Ariane 6 au second semestre 2020 : « ArianeGroup
évoque un lancement dans les derniers jours de 2020 », assurait même
mardi 7 janvier le président du CNES, l’agence spatiale « Gauloisienne-triomphante »,
lors de ses vœux à la presse.
Mais ce décalage implique un risque significatif que
ce premier vol, qui devra mettre en orbite 30 satellites de la constellation
OneWeb, glisse en 2021.
ArianeGroup n’a pas le droit de se rater : Ariane 6,
dont le coût doit être inférieur de 40 % à celui de l’Ariane 5 actuelle, doit
lui permettre de répondre à la tornade SpaceX, qui devance depuis deux ans
Arianespace sur le segment des lancements de satellites.
L’année 2020 sera également animée par la mise sur
orbite des grands projets de constellations de satellites dédiés à l’internet
haut débit. Après un premier lancement en février 2019, Arianespace vise 10
lancements de Soyouz dédiés à la constellation OneWeb, avec une trentaine de
satellites à chaque tir.
Deux lancements devraient être effectués de Guyane, et
huit autres des cosmodromes de Baïkonour et Vostochny.
La constellation OneWeb pourrait ainsi atteindre plus
de 300 satellites à la fin 2020, soit 50 % du nombre de satellites prévus (648) :
« Nous pouvons faire plus de lancements si les satellites sont prêts »,
assure le président exécutif d’Arianespace.
SpaceX va également accélérer le déploiement de sa
constellation Starlink. Son premier lancement de 2020, le 6 janvier, lui a
permis de mettre 60 satellites supplémentaires en orbite, portant à 180 le
nombre de satellites déployés.
Le groupe prévoit une vingtaine de lancements dédiés à
Starlink cette année… soit 1.200 satellites déployés si la cadence est tenue !
L’autre grande nouveauté de l’année 2020 devrait être
le retour des États-Unis dans le vol habité.
Depuis la mise au rebut des navettes spatiales en
2011, Washington dépend de la capsule russe Soyouz pour l’envoi de ses
astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS). Une véritable
humiliation pour la première puissance spatiale mondiale !
On s’engueule et se menace sur le plan diplomatique et
même sur le terrain en Syrie et en Irak, mais on collabore étroitement dans l’espace…
Pour lancer à nouveau ses astronautes depuis le sol
américain, la NASA a chargé SpaceX et Boeing de développer deux capsules
habitées : Crew Dragon pour SpaceX et Starliner pour Boeing.
Les deux capsules doivent théoriquement effectuer
leurs premiers vols avec astronautes cette année, rétablissant un accès
souverain à l’ISS pour les États-Unis.
Mais la prudence reste de mise. Les deux programmes
ont connu de grosses difficultés techniques : SpaceX a détruit un de ses
prototypes lors d’un test au sol en avril et un Starliner de Boeing a quant à
lui manqué son rendez-vous avec l’ISS en décembre dernier.
Ce n’est pas tout : L’année 2020 devrait
également voir le lancement de plusieurs missions d’exploration vers Mars.
En juillet, la NASA lancera vers Mars son rover Mars
2020, qui embarquera notamment l’instrument de « Gauloisie-triomphante »
SuperCam du CNES.
L’Agence spatiale européenne (ESA), associée à
l’agence russe Roscomos, prépare quant à elle la mission ExoMars, prévue à l’été.
Là encore, il s’agit d’envoyer un rover, Rosalind Franklin, sur la planète
rouge.
Celui-ci sera capable de forer à deux mètres de
profondeur dans le sol martien.
Deux autres missions vers Mars sont prévues en 2020 : Une
mission émiratie, en partenariat avec le Japon, baptisée Mars Hope et une
mission chinoise, Huoxing 1.
2020 pourrait enfin être l’année des premiers vols
touristiques spatiaux !
C’est en tout cas l’objectif de Virgin Galactic et du
Blue Origin (le groupe spatial du fondateur d’Amazon Jeff Bezos), avec sa fusée
New Shepard.
Toujours dans la galaxie Virgin, cette année pourrait
aussi voir le premier vol commercial de LauncherOne, le petit lanceur que
Virgin Orbit compte lancer depuis un Boeing 747.
L’année 2020 devrait également permettre d’y voir plus
clair sur le projet de lanceur lourd New Glenn de Blue Origin, dont le premier
vol, un temps prévu cette année, est désormais annoncé pour 2021.
Toutefois, on vient de se rendre compte qu’un séjour
prolongé dans l’espace n’est pas sans conséquence sur les organismes vivants,
notamment la santé des astronautes.
Le manque de gravité aurait en effet des influences
surprenantes sur le corps, puisqu’il serait capable de jouer sur le flux
sanguin.
Les voyages dans l’espace pèsent lourdement sur le
corps humain…
En effet, les astronautes en mission pendant des mois
reviennent souvent avec des muscles et des os fragilisés, un risque décuplé de
souffrir d’une maladie cardiovasculaire…
À leur retour sur Terre, 100 % des hommes ayant marché
sur la Lune ont par exemple fait face à une mystérieuse maladie, appelée « rhume
des foins lunaire ».
Des nouvelles recherches, publiées dans la revue JAMA
Network Open le 13 novembre, ont mis en lumière une nouvelle conséquence des
missions spatiales sur le corps des terriens : Certains ont vu la
circulation de leur sang changer de sens une fois dans la Station spatiale
internationale (ISS) !
En cause ?
La microgravité, déjà connue pour modifier le flux
sanguin des personnes…
Des chercheurs de KBR, une société américaine d’ingénierie,
d’approvisionnement et de construction, se sont demandés si le phénomène
touchait un vaisseau particulier du cou : La veine jugulaire interne gauche,
qui prend racine en bas du crâne pour rejoindre la clavicule.
Lorsque nous sommes allongés, c’est là que circule le
sang. Debout, pour empêcher que trop de sang ne s’écoule de la tête, le flux
emprunte alors un chemin différent.
Des changements du sens de la circulation ont déjà été
observés sur Terre.
Mais les personnes touchées présentaient un blocage
plus bas – comme une tumeur dans leur poitrine – expliquant cette déviation.
Au sol, les scientifiques ont donc effectué des
échographies des veines de neuf hommes et deux femmes en bonne santé, avant et
après leur mission de six mois en moyenne sur l’ISS.
Les astronautes ont aussi pris eux-mêmes leurs
mesures, au 50ème et 150ème jours de leur vol. Au final,
le flux sanguin de deux voyageurs s’est retrouvé inversé.
« Peut-être parce que le manque de gravité a
provoqué le déplacement d’organes dans la poitrine, faisant pression sur la
veine plus bas », explique au NewScientist l’auteure de l’étude.
Le flux sanguin de cinq autres membres de l’équipage
était plus ou moins stagnant dans la veine, c’est-à-dire qu’il s’écoulait
difficilement. Le scan de l’un d'entre eux a même révélé un caillot bloquant le
vaisseau !
C’est ce qui est appelé thrombose.
« C’était vraiment alarmant », commente l’auteure.
En cas de déplacement vers les poumons, ces caillots peuvent provoquer une
embolie pulmonaire, et être mortels.
Le passager concerné a ainsi dû prendre des
anticoagulants emmenés pas totalement par hasard…
Amazon ne livre pas encore jusque-là-haut pour un
centime d’euro…
Il faut en conclure que dans un environnement où la
gravité est presque absente, le bon fonctionnement de la veine jugulaire
interne gauche peut donc être entravé, en disent les chercheurs. « Les
humains volent dans l’espace depuis plus de 50 ans, pourtant il s’agit du
premier cas de thrombose au cours d’un vol spatial », écrivent-ils
dans l’étude.
De plus amples recherches sur le sujet devront donc
être nécessaires, avant d’espérer poser les pieds ailleurs, sur la planète
rouge par exemple.
Déception de ma part, probablement partagée par Elon Musk,
qui veut sauver l’humanité en l’expédiant vivre sur Mars…
Mais ce n’est jamais qu’un problème dont la solution
aura été filmée dans « 2001, l’odyssée de l’espace » : Il suffit
de créer une pesanteur « artificielle » par effet centrifuge en
faisant tourner les « lieux de vie » des vaisseaux spatiaux
interplanétaires sur un axe !
Rien n’est donc perdu, même si c’était un « point
noir » : Les engins seront vraiment monstrueux par leur taille…
Bonne fin de week-end à toutes et tous !
I3
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