Mais il aura fallu quelques délais pour le confirmer.
Il se trouve que cette fin d’année est marquée par le déplacement des
plaques tectoniques de la géopolitique : Pensez-y, entre les élections en
UK, celles en Israël et en Algérie, la pataquès de la réforme des retraites en « Gauloisie-agitée »,
tout le monde oublie que dans un an, nous serons probablement à quelques jours
de la prestation de serment du premier Président juif (et fier de l’être) à la
tête des USA, à moins d’un retour en grâce « du gamin » qu’est resté
« McDo-Trompe ».
S’il arrive à se défaire des casseroles qu’il traine depuis toujours.
On n’a toujours pas sa déclaration fiscale, il n’admet toujours pas les
« intrusions illégales » russes dans le système électoral US (tout
comme eux qui vous disent que ce sont les Ukrainiens qui en sont responsables),
il n’aboutit encore à rien en Corée et avec Pékin, il manipule des cours de
bourse à coup de « twists », il déchire les traités (armement
nucléaire, accords de Paris-sur-la-plage), il insulte ses partenaires et alliés
tout en les menaçants de représailles saignantes, se retire d’Afghanistan et de
Syrie sans aucune concertation, il exige de corriger la politique
« indépendante » de sa FED, intimide violemment les pays d’Amérique
du sud, mais se laisse faire en Turquie, change le lieu de son ambassade en
Israël, ne ferme toujours pas Guantanamo, mais organise tout de même la
projection, jusqu’en Lituanie, de dizaines de milliers de soldats, histoire de
montrer ses muscles alors qu’il demande au « futur-allié » ukrainien,
en lui bloquant une subvention de 400 millions de dollar, d’enquêter sur un de
ses adversaires putatifs…
Bilan pour le moins sévère, car j’en passe.
Et puis il y a eu deux rencontres « au sommet ». La première à
Londres, où je vous
avais dit que tout s’était bien passé, … comme
prévu, et une autre à Paris du « Format de Normandie » où il ne
s’est rien passé, sauf à reconnaître qu’il ne s’est rien passé : Il faut
dire que ricain en était exclu…
Il n’empêche, on apprend par la bande plus d’une semaine après la première
réunion citée que rien n’arrête le Pentagone.
On se souvient ainsi du projet de déploiement militaire alentour de la
Chine évoqué par « Il-a-ri-Pine-tonne » en 2011, pourtant officiellement
abandonné depuis, alors que l’Otan vient de le faire acter par le Sommet de
Londres !
Le processus aura été lancé et devrait commencer par l’adhésion de
l’Australie en 2026 !
Le secrétaire général de l’Otan s’était exprimé le 7 août 2019 devant le
Lowy Institute de Sydney. Il y avait affirmé alors que ce n’est pas l’Otan qui
veut se déployer dans le Pacifique, mais la Chine qui y menace les Alliés.
Une autre dimension, mondiale cette fois-ci, qui s’affirme…
Et la presse internationale n’aura retenu du Sommet du 70ème anniversaire
de l’Otan à Londres que les éclats de voix qui l’ont précédé et les ricanements
qui l’ont rythmé. L’important était évidemment ailleurs, une fois de plus.
Lors de sa création, la fonction de l’Alliance atlantique fut résumée par
son secrétaire général d’alors, Lord Hastings Lionel Ismay comme « Garder
l’Union soviétique à l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands
hors jeu ». Cet objectif ayant disparu avec la « patrie du communisme », on
s’est efforcé de présenter la Fédération de Russie comme sa continuation. Puis
on a accepté l’idée d’autoriser l’Allemagne à disposer de sa propre politique.
Enfin, on a envisagé d’étendre l’Alliance au Pacifique pour « endiguer » la
Chine ; ce qui vient d’être confirmé.
Pour contourner sa « mort cérébrale »…
Il faut dire que les insultes actuelles livrent une mauvaise image de
l’Alliance, mais elles correspondent en réalité à un retour inattendu de la
rivalité séculaire « gallo-teutonne ». La « Gauloisie-impétueuse »
entend rester une grande puissance à défaut d’une très grande. À la fois grâce
à sa bombe atomique et grâce à l’État supranational européen, tandis que la « Teutonnie »
ne peut pas envisager de redevenir une puissance militaire sans la protection
nucléaire de l’Otan.
Cette donne s’exprime à propos de la Syrie et du Sahel.
En Syrie, la « Gauloisie-diplomatique » peste à propos de
l’attaque turque contre les kurdes du PKK/YPG, tandis que la « Teutonnie »
propose de déployer ses troupes sous contrôle de l’Otan.
Et aucun des deux ne parvient à avancer, les États-Unis restant les seuls
maîtres du jeu.
Pour le Sahel, la « Gauloisie-Jupitérienne » commence à trouver
trop lourd pour elle le poids du maintien du statu quo, tandis que la « Teutonnie »
serait prête à augmenter sa part, mais exclusivement sous commandement US.
Là encore, aucun des deux États ne parvient à avancer.
Et tous ont compris ce qui se joue derrière la rhétorique anti-terroriste
: Le maintien des gouvernements actuels qui permettent l’exploitation des
ressources de la région. Or, là encore, les États-Unis sont les seuls maîtres
du jeu et entendent profiter les premiers de cette exploitation.
La nouveauté, c’est la possible ouverture du front chinois. Il supposerait
de transformer l’Alliance atlantique en « Alliance Atlantico-Pacifique ». Selon
les études du Pentagone, il conviendrait dès lors de faire adhérer l’Australie,
l’Inde et le Japon de manière à encercler la Chine comme il a été fait avec la
Russie et tenté de prolonger avec l’adhésion, un temps, de l’Ukraine en
commençant par un élargissement de l’UE, faute d’y faire entrer la Turquie.
Ce processus, qui devrait demander une décennie, vient de commencer avec
le Sommet de Londres.
D’ores et déjà, l’US PaCom, c’est-à-dire le Commandement des États-Unis
pour le Pacifique, a été renommé par le secrétaire à la Défense Jim Mattis US
IndoPaCom.
Puis le nouveau secrétaire à la Défense Mark Esper, le secrétaire d’État « Mike
Pompe-à-eau » et le secrétaire général de l’Alliance se sont discrètement
rendus à Sydney, début août dernier, tester les dirigeants australiens qui s’en
sont trouvés très honorés quoi qu’effrayés par la perspective de devoir abriter
des missiles nucléaires américains. Des contacts ont identiquement été pris
avec l’Inde et le Japon, mais ils furent beaucoup moins fructueux. En outre,
les États-Unis ont revu leur politique vis-à-vis de la Corée du Sud, de
l’Indonésie, du Myanmar, des Philippines, de la Thaïlande et du Vietnam afin de
rapprocher leurs armées respectives.
Il faut dire que ces États ont l’habitude de travailler avec le personnel
du Pentagone, mais pas du tout les uns avec les autres.
Beijing avait compris dès 2014 que la volonté US de quitter le Traité sur
les forces nucléaires à portée intermédiaire traduisait moins une perspective antirusse
qu’une menace pour elle. Il est désormais évident qu’il y aura un déploiement
de missiles nucléaires US tout autour de la Chine et que l’Otan suivra.
Pour les Chinois, c’est un retour en arrière, lorsqu’à la fin du XIXème
siècle les États-Unis élaborèrent leur « doctrine de la Porte ouverte » et de « la
canonnière ».
Il s’agissait d’instaurer un pacte entre les empires coloniaux afin qu’ils
établissent une forme de libre-concurrence commerciale entre eux et exploitent
des régions sous-développées au lieu de se faire la guerre entre eux pour
s’approprier un territoire.
Et compte tenu de sa supériorité industrielle, Washington était sûr de
l’emporter.
Pour poursuivre cette agression, il développa un discours apaisant. Il
soutint « l’intégrité territoriale et la souveraineté » des pays où il
souhaitait faire des affaires. Il favorisa le renforcement des gouvernements
locaux dans la mesure où seuls ceux-ci pouvaient garantir l’application de
traités inégaux. De la sorte, les peuples se contrôlaient eux-mêmes à son
profit. Le caractère mensonger des déclarations de principe US fut vérifié lors
des agressions japonaises contre la Chine : Washington soutint toutes les
demandes japonaises et laissa dépecer la Chine orientale. Mais c’était une
autre guerre…
C’est précisément cette expérience de s’être battu contre tous les Empires
coloniaux ligués contre lui – y compris la Russie tsariste – qui a poussé le
président Xi Jinping à se rapprocher de son homologue russe, « Vlad-Poux-Tine »,
car son pays a connu le même type d’agression par la suite : Les deux États
savent qu’ils devront les affronter un jour ou l’autre. Cependant le Pentagone
a fait le pari qu’une fois le danger venu, Moscou ne soutiendra pas Beijing.
La Chine n’envisage pas cette guerre dans les mêmes termes que l’Otan : Elle
entend déplacer le champ de bataille dans la sphère informatique et détruire
les armes de l’Alliance Atlantique-Nord Élargie par de cyber-attaques avant
qu’elle ne s’en serve.
C’est là qu’en octobre 2011, la secrétaire d’État « Il-a-ri-Pine-tonne »
lançait dans Foreign Policy son appel au « pivot vers l’Asie » : Les USA
devaient quitter l’Europe et le Moyen-Orient élargi pour se déployer en
Extrême-Orient. Le conseiller de Sécurité nationale, Tom Donilon, explicitait
ce plan en mars 2013 devant l’Asia Society et il comportait notamment un
dispositif diplomatique et financier : Le projet d’Accord de partenariat
transpacifique.
Mais très vite le Pentagone rectifiait le tir : Il ne s’agirait pas
d’abandonner une partie du monde pour une autre, mais de s’étendre de l’une sur
l’autre. C’était la notion de « rééquilibrage », seule compatible avec
la poursuite de la « guerre sans fin » au Moyen-Orient élargi.
Toutefois, ne parvenant pas à convaincre, le Pentagone mettait abruptement
fin au débat en soulignant qu’il était impossible d’un point de vue budgétaire
d’entretenir trois fronts à la fois. Depuis lors, le Pentagone a acquis
quantité d’armes qu’il a stockées dans le Pacifique.
« McDo-Trompe » a tenté de stopper ce mirage en retirant les
États-Unis de l’Accord de partenariat transpacifique dès son accession à la
Maison-Blanche. Mais rien n’y a fait. Le Pentagone poursuit inexorablement sa
marche et vient d’imposer sa vision à l’issue de neuf années de palabres.
Alors que du point de vue de « Jupiter », l’Otan est en état de
« mort cérébrale », le Pentagone a commencé sa mutation en une organisation
globale. Tous les États-membres ont signé sans réfléchir la Déclaration de
Londres qui stipule : « Nous sommes conscients que l’influence croissante et
les politiques internationales de la Chine présentent à la fois des
opportunités et des défis, auxquels nous devons répondre ensemble, en tant
qu’Alliance ».
Le processus est dès lors lancé…
Ceci dit, à la dernière réunion à « Paris-sur-la-plage » du « Format
de Normandie », à savoir les dirigeants de la Russie, de l’Ukraine, de la « Gauloisie-impétueuse »
et de la « Teutonnie-frileuse » (hors les USA-police du monde, hors-jeu
pour le coup) ont adopté un communiqué final à l’issue de ce sommet. C’est ce
qu’ils ont déclaré pendant la conférence de presse conjointe à l’issue des
pourparlers.
Vous aurez noté que ce document comporte trois points pour ne rien dire.
Premièrement, des mesures immédiates pour stabiliser la situation dans le
Donbass. Il est notamment question d’une trêve d’ici la fin de l’année, ainsi
que de la création de trois nouvelles zones de séparation des forces d’ici fin
mars 2020.
Deuxièmement, les mesures pour l’application politique des Accords de
Minsk : « La prolongation de la loi sur le statut particulier du
Donbass afin que tous les accords soient remplis, pour qu’en fin de compte se
déroulent les élections qui seraient reconnues par l’OSCE », aura indiqué la
« Teutonne ».
Enfin, troisièmement, le schéma des actions à venir : Les dirigeants
ont demandé aux ministres et aux conseillers de garantir la mise en œuvre de
l’entente conclue. Ils ont convenu notamment d’une nouvelle réunion au « Format
Normandie » qui se tiendrait dans quatre mois.
Les chefs d’État se sont donc mis d’accord sur le soutien de
l’implémentation de la « formule Steinmeier » dans la législation ukrainienne,
qui implique l’entrée en vigueur de la loi sur le statut particulier du Donbass
après le déroulement des élections libres, le soutien des accords du groupe de
contact sur trois nouvelles zones de séparation dans le Donbass, le maintien
des Accords de Minsk en tant que base pour le travail à venir et l’appel du
groupe de contact à contribuer à un échange de tous contre tous d’ici la fin de
l’année…
Rien de neuf !
De plus, il est prévu de se mettre d’accord sur tous les aspects du statut
particulier du Donbass afin qu’il fonctionne à titre permanent, d’accorder à la
Croix-Rouge et à d’autres organisations internationales un accès total à tous
les détenus dans le Donbass.
Autrement dit une prochaine partition de cette région « importante »
pour assurer l’approvisionnement de la Crimée (et de son port en eau-profonde
ouvert aux seuls russes), voire une annexion prochaine de la mer d’Azov en
filigrane.
Qui deviendra un « lac ouvert » sur la mer exclusivement russe,
bouclé par un pont…
Le président russe a noté sa satisfaction en commentant les résultats du
sommet dans lequel le communiqué final soulignait l’absence d’alternative à la
mise en œuvre rigoureuse des Accords de Minsk, lui se contentant d’affirmer que
Moscou ferait tout pour la désescalade.
Alors que ce que chacun sait, c’est que la réalisation totale des accords
ou le maintien du statu quo conviendrait parfaitement, l’un comme
l’autre, à la Russie.
Autrement dit, alors que les USA pense « global » et étendent
leur influence autour de la Chine, le nouveau danger, la nouvelle menace
désignée par l’Otan, le continent européen recule sur l’annexion de la Crimée
(populaire et démocratique pour avoir été validée par un référendum local),
sans pour autant participer à lever les sanctions décidées par l’ONU et l’UE
contre la Russie.
Mieux, Kiev perdrait le contrôle du Donbass sans sourciller.
De là à ce que la Syrie perde le contrôle des zones kurdes au profit du
futur nouvel allié turc de la Russie, il n’y a pas loin…
Car ce contrôle, l’Ukraine l’a déjà perdu sur le terrain, me direz-vous et
au moins depuis le shoot du MH17 par un missile russe…
Quelle que part c’est la politique du fait accompli et le retour de celle
de « la canonnière », le pot de fer contre le pot de terre…
Je ne sais pas vous, mais si « Jupiter » veut un « empire
continental » (les britanniques s’étant exclus tout seuls) pour couronner
sa carrière de futur-veuf, il a encore du chemin à faire, puisque l’UE est
incapable de faire appliquer ses décisions au-delà des rives occidentales de la
mer Noire.
Certes le parapluie-nucléaire ricain est impressionnant, mais celui de la « Gauloisie-atomique »
existe (et coûte assez cher comme ça).
Il me semble que personne en Europe ne lui fait confiance, à tort ou à
raison, tant qu’il n’y aura pas de défense commune (pourtant réelle sur le
terrain : Cf. Les manœuvre de l’Otan jusqu’à Vilnius qu’on suivra avec
attention. Les USA sont-ils capables de déployer des troupes rapidement
jusque-là ? Probablement, mais on va savoir in situ et in vivo).
C’est oublier ce qu’est la dissuasion nucléaire…
La dissuasion nucléaire, par essence, c’est une arme défensive. Si elle
sert un jour, c’est qu’elle n’aura pas été dissuasive !
Et pour être dissuasif, il suffit d’une seule ogive qui raye une
grande ville.
Jusque-là, personne n’a osé prendre le risque : À quoi servirait d’envahir
un pays réduit en cendres radioactives ? Aucun intérêt, absolument aucun,
ni militaire, ni économique, ni financier, ni politique et encore moins
diplomatique.
Songez donc que si « Benne-Laden » (pas celui des machines à
laver) avait armé ses avions d’une munition nucléaire, la face du monde aurait
été notablement et radicalement changée.
Notez au passage, qu’on n’aurait plus de problème de « réchauffement
climatique » pour avoir plongé la planète dans un « hiver nucléaire »
en quelques heures…
Pour le moment, on n’y est pas encore, mais ça se met en place tout
doucement comme on peut l’entrapercevoir dès maintenant.
À suivre…
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