Vous faites grève ou non ?
Probablement que non, même si votre quotidien va être lourdement
impacté si vous vivez et travaillez dans une grande agglomération. Forcément,
avec la grève dans les transports public, tout le monde va ressortir sa vieille
guimbarde, son teuf-teuf archi-polluant ou le tacot au gazogène de pépé et aller
encombrer le réseau routier secondaire (et primaire).
Les solutions de remplacement ne sont pas très
nombreuses, entre « pédibus », vélo, roller, trottinette (électrique
ou pas), de toute façon votre charrette à bœuf, votre canasson sont interdits
de circulation en ville (sauf dérogation « touristique »).
Bref, promis, craché, juré, vous allez galérer dans
les embouteillages et avoir une journée de labeur raccourcie pour une « saison
hors du foyer » rallongée.
Peut-être même que vous louperez le JT vespéral qui
vous expliquera combien vous avez souffert.
Et c’est finalement très drôle…
Parce que c’est vous qui devriez faire grève !
Je vous explique.
Le principe d’une assurance c’est de mutualiser un
risque (identifié et quantifié) entre cotisants. Une forme de « solidarité »
comme une autre.
Comme le risque reste « aléatoire », on le
quantifie par voie statistique : C’est le boulot des actuaires.
Le seul risque qui n’est jamais assuré, c’est celui de
« guerre », mais la vie, la mort, la maladie, un accident, une chute
de météorite, un incendie, une inondation, on sait faire. Avec toutefois une limite
que reste l’appréciation des catastrophes naturelles (et calamités agricoles).
Là, on n’a pas suffisamment de recul pour être assez précis, d’où la solidarité
nationale qui s’impose à travers une cotisation sur les cotisations qui finance
un fond de solidarité.
Par conséquent, une bonne assurance et une bonne
compagnie d’assurances, « notoirement solvable », équilibre en
principe ses encaissements et ses décaissements tous les ans.
Sauf que c’est plus compliqué que ça.
Il y a en effet des risques qui s’étalent sur toute
une vie.
Si par exemple vous êtes sûrs et certains de mourir un
jour, peut-être ne serez-vous jamais malades (ce qui reste rare), infirmes ou frappés
d’un handicap, d’une invalidité.
Pour ce qui est du risque « vieillesse »
(votre inactivité « consentie », pas comme le chômage qui est un
risque « subi ») dépend de plusieurs facteurs, dont votre âge qui
croît en permanence, votre état de santé qui se dégrade avec le temps, et
surtout le montant de votre « pension ».
Et celui-ci dépend à la fois du nombre de pensionnés
en rapport au nombre (et à l’assiette) des cotisants.
Et l’équilibre à trouver se traduit par le « soit
on cotise plus, soit on touche moins (en désindexant) soit on travaille plus
longtemps ! ».
Pas très compliqué, finalement.
Or, comme
nous l’avons déjà dit, il y a déséquilibre, au moins démographique,
évident, entre cotisants et bénéficiaires.
Et encore, ne s’agissait-il dans mon propos d’alors
que du régime « général » dit « de base », excluant tous
les autres, les « spéciaux » et les « complémentaires ».
Et rappelons au passage que les 42 « régimes
spéciaux » c’est environ de 400.000 personnes pour un total de quelques 18
millions de retraités !
Une goutte d’eau…
Mais une goutte d’eau moribonde pour beaucoup d’entre
eux : Il n’y a plus de cotisants « mineurs », mais encore
plusieurs régiments de « mineurs-pensionnés »…
Et que la dernière fois qu’un régime spécial a été
intégré dans le régime général, c’était sous « Bling-bling » et ça
concernait le régime des IEG (Industries Électriques et Gazières) et ça s’est traduit
par le versement d’une « soulte » à la CNAV et aux régimes complémentaires
Arrco et Agirc.
Une soulte nettement sous-évaluée, mais personne n’a
râlé : Vous n’aviez même pas fait grève pour éviter de vous faire voler !
Notez au passage que pour assurer l’équilibre, depuis
vous êtes taxés en sus sur vos factures de gaz et électricité, au KWh consommé
ou à l’abonnement (TCPE, CSPE et CTA par exemple) sur lesquelles est perçu la
TVA…
Regardez donc vos factures pour vérifier si vous
ne me croyez pas !
Pour ce qui est des électriciens et gaziers, ce que
vous ne savez pas forcément, c’est qu’en plus, 1 % du Chiffre d’affaires d’EDF
et comparses vous est prélevé pour financer les « œuvres-sociales » à
destination des salariés !
C’est le résultat d’un « vieux Deal » initié
par Marcel Paul, ministre coco-stalinien des nationalisations au CNR de 1945 :
1 point pour indemniser les actionnaires nationalisés, 1 point pour les personnels.
Sauf que comme pour la SNCF, le deal valait pour 50 ans et qu’il se prolonge depuis
pour les salariés… qui le gère à travers l’équivalent du comité d’entreprise
(la CCAS pour EDF, par exemple) !
Inutile de dire que 70 ans plus tard, il y en a pour
une « montagne ».
Passons… c’est vous qui payez, de toutes les façons
possibles et imaginables.
Pour revenir aux régimes spéciaux et complémentaires de
retraite, comme ce sont des « boîtes privées » gérées de façon « paritaire »,
elles obéissent aux règles de toutes les entreprises d’assurance (qu’elles
soient « mutualistes » ou « coopératives ») : Elles sont
obligées de faire des « excédents ». Qui sont autant de « réserves
techniques ». Tous les ans, elles calculent une « provision technique »
(qui est déductible de leur résultat imposable, mais qui reste taxée au titre
de la « taxe sur les provisions techniques » : rien ne se perd
jamais pour le fisc…) afin de faire face aux « dépenses futures ».
Du temps de mes études en droit, c’était le
contentieux « à la mode » devant le Conseil d’État qui a validé le
procédé en appliquant tout simplement la loi commune déjà existante relative à la
comptabilité d’engagements (à laquelle est tenue les entreprises soumises à l’impôt
sur les sociétés) : On se doit de tenir compte des dépenses futures « certaines
dans leur principe » mais dont on ne peut qu’évaluer la quotité « à
la louche » (et au doigt moullé…).
Résultat des courses assez fabuleux dans un pays
dominé par le régime de retraite « par répartition », voilà donc les
complémentaires et les spéciales forcées de faire de la « capitalisation »,
par ailleurs interdite par « Tonton Yoyo » qui aura abrogé la loi « Thomas »
qui ouvrait cette possibilité-là aux accords d’entreprise…
J’aime bien ce pays, même si c’est le mien (et qu’il me
le rend si mal…) : On est depuis toujours en pleine schizophrénie…
Pour les « complémentaires », il y avait un
souci : Certaines étaient florissantes alors que d’autres tiraient la
langue. Et évidemment, le « trésor » des unes est venu combler les
déficits chroniques (démographiques et financiers) des autres.
Je me souviens parfaitement qu’AGRR (devenue AG2R), un
de mes clients, avait ce problème de « planquer » sa trésorerie
excédentaire. Je leur ai proposé de faire comme la CCAS (un autre de mes
clients), à savoir de faire des « œuvres sociales » pour leurs
adhérents : Les AGF, La Mondiale, Axa avaient déjà un patrimoine immobilier
très important qu’elles louaient (des « réserves qui rapportent »),
il suffisait de faire des « villages » (de toile et/ou en dur comme pour
EDF), voire prestigieux sans ou avec peu de recettes : Un argument de « vente »
pour faire la différence avec la concurrence comme d’un « avantage en
nature » exonéré…
Le mot magique : Exonéré.
Ce qu’ils ont fait un peu… pour préférer des voyages
et des visites guidées de sites et musées…
Un peu seulement, parce que les « patrons »
étaient des « énârques » au fait de leurs responsabilités à l’égard
de « l’intérêt général ».
C’était du temps du « Chi », second mandat.
« Bling-bling » est passé par là ensuite…
Il a fait main basse sur les complémentaires du régime
général (fusion obligée au sein de « Malakoff-Médéric » à la tête de
laquelle on retrouvait – il y est peut-être encore, je n’ai pas vérifié – son
demi-frérot) et a tué un certain nombre de régimes « spéciaux », comme
celui de « Transe-Télécom », l’ANPE/Assedic, la sphère « semi-publique »
sur laquelle il avait « autorité » (la main) par scission ou fusion.
Les autres, il n’a pas eu le temps.
Et puis il y a des résistances dans les professions « réglementées »
comme celle du droit (notaire, avocat) toubibs et paramédicaux, etc.
C’est ce à quoi s’attèle aujourd’hui « Jupiter »
avec sa réforme « un point cotisé = un point pensionné ».
Une réforme qui devrait donc aboutir à un régime
universel…
Seulement voilà, et c’est la raison unique de cette
grève de demain (pas vous, naturellement puisque vous n’avez pas envie de
compter, mais les « grévistes » si), que va-t-il advenir du pactole
de 165 milliards d’euros de réserves, amassés, « capitalisés » au fil
des années par certains, pas tous, des 42 régimes de retraites par « répartition »
?
Car la logique d’un régime universel voudrait que ces
dizaines de milliards d’euros soient confisquées et redistribuées à tous, au
grand dam des régimes qui ont constitué ces réserves-là.
Les kons : Tombés dans le « piège koweïtien » !
(Quand Saddam a fait main basse sur le Koweït, c’était
un hold-up sur la richesse du pays, son pétrole. Là c’est pareil : Le « riche »
paye pour le « pôvre ». Et le pôvre ne fait même pas grève pour
protester…).
Alors forcément, les gestionnaires de ces caisses
craignent de se voir prendre leur « trésor » par certains gros
mangeurs comme la SNCF, la RATP, la fonction publique d’État (grévistes) ou
encore le régime de base des salariés du privé (Cnav), qui eux ne disposent pas
du tout de réserves… Vous !
Et là, il faut bien le dire que rien ne transpire des
intentions de « Jupiter ».
Tout juste, « Dard-à-la-main » aura déclaré
le week-end dernier que, ça coûte 8 milliards par an et que ces régimes ne se
justifient plus…
8 milliards payés tous les ans par le kon-tribuable,
vous…
Fabuleux alibi pour un hold-up annoncé !
« Les efforts consentis par les entreprises et
les salariés du privé au sein de l’Agirc-Arrco ne doivent pas bénéficier au
laxisme d’autres régimes », explique le Medef.
Je me marre : C’est quoi la Cnav et les
complémentaires Agirc-Arrco sinon des régimes cogérés par le Medef ?
Ces régimes complémentaires des salariés du privé a
acquis, non sans mal, des réserves de 71 milliards d’euros, soit près d’un an
de pensions versées à ses adhérents, en prévision d’un coup dur.
D’autres avaient également adopté une démarche
similaire, il y a des années. Au RCI (régime complémentaire des indépendants),
les indépendants ont eux amassé environ neuf ans de pensions complémentaires,
soit 16 milliards d’euros, tandis que les libéraux de la CNAVPL ont récolté 22
milliards d’euros, soit sept ans de pensions complémentaires.
De jolies sommes à laquelle il faut encore ajouter le
fonds de réserve des retraites : 36 milliards d’euros (vos cotisations à vous, « gelées »).
Soit un total de 165 milliards d’euros de réserves de
pensions.
Une somme qui suffit amplement à couvrir la dette « retraite »
de 52 milliards d’euros et à équilibrer le régime de la fonction publique d’État
(payés par vos impôts et taxes), selon le Conseil d’orientation des retraites…
Et une des interrogations restée en suspend concerne justement
la gestion de ces réserves. La CFDT ne veut pas que l’argent revienne au
ministère de l’Économie et des Finances, et préfère qu’il soit géré « dans
l’intérêt des assurés » via une gouvernance « non-technocratique »,
autrement dit « paritaire », selon les propos d’un négociateur du
syndicat l’année dernière.
Il y aura eu aussi des discussions parce que tous les
assurés ne contribuent pas à la même hauteur selon la profession et le secteur
d’activité : « Cela va être compliqué de participer au (futur)
régime si tout le monde ne met pas au pot commun ».
« Mais si on transvase les réserves, on doit
aussi transvaser les engagements ».
En effet les différences entre l’ancien et le nouveau
régime seront de taille : En ce qui concerne le régime universel, les
cotisations sociales seront prélevées jusqu’en tranche B, alors que des
organismes comme l’Agirc-Arrco ont ouvert des droits allant jusqu’au bout de la tranche
C (tranche D, il n'y a plus rien, mais ils ne sont qu’une poignée d’hyper-riches, les tranches augmentant plus vite que les salaires).
Quant aux régimes spéciaux, certains sont « sans
limite » à condition de repayer des cotisations sur ces cotisations, non déductibles chez l’entreprise et imposables chez le bénéficiaires à l’entrée et à la sortie : Très dissuasif, le procédé…
Mais, finalement, ce n’est qu’un détail puisque
vous ne faites pas grève : Le principe « 1 point cotisé = 1 point
pensionné » nivelle effectivement « les droits acquis ».
Plus tu cotises, en quotité et/ou dans la durée, plus
tu touches : Logique.
Moins tu en fais, moins tu en bénéficies…
L’autre reste que le système ancien de « bonification »
des « trimestres gratuits » (maternités nombreuses, périodes de chômage)
pourrait bien disparaître, puisque le nombre de trimestre n’est plus retenu
dans le calcul de la pension CNAV, mais on pourrait rajouter des points-gratuits.
Et que vous ne faites toujours pas grève pour autant…
En conclusion, le gouvernement se dit prêt à valider
la « clause Grand-père », ce qui repousse les effets de la réforme aux
calendes grecques. Ce qui ne résout pas l’urgence des déficits à venir à
court-terme.
C’est vrai que plus tard, quand le « papy-boom »
sera dépassé, les régimes s’équilibreront tout seuls jusqu’à devenir excédentaires
et à en devoir réduire enfin les cotisations…
Finalement, vous n’avez pas fait grève même quand on vous
pique depuis des décennies à travers la CSG et la CRDS, pas un seul mot, même pas un mouvement de cils pour marquer votre mauvaise humeur,
juste pour équilibrer les régimes généraux (qui ne s’équilibrent pas…) et
rembourser la dette laissée par les « anciens » qui restent
pensionnés à votre détriment.
Déjà il a reculé sur « l’âge-pivot ». Il
faut dire que c’était de la konnerie en barre que la retraite à 60 ans imposée
par « Mythe-errant » : On le disait depuis le « Livre blanc »
de « Roro-card »…
Vous n’étiez pas nés, mais je me souviens tout de
même.
Et « Fifi-le-souteneur » n’a fait que
grapiller quelques mois pour tenter de remettre à zéro le compteur :
Insuffisant, tout le monde le savait déjà.
Mais tout le monde redoutait aussi la grève de « Juppette »
en 1995 qui avait dû battre « en » retraite précipitamment…
« Ed.Fil-Lippe » va se montrer prêt à toutes
les concessions comptant que le mouvement s’essouffle de lui-même : Noël et
ses agapes se profilent d’ici trois semaines et ça « coûte chaud ». Avec
un mois de paye réduit, va y avoir de la joie dans les foyers, que je vous dis…
C’est probablement ce qui va se passer : Il
suffira juste d’une énième concession.
Si on doit mutualiser absolument tout dans un « régime
unique », il faut faire la balance des « trésors » accumulés, ce
sont des ressources, et des dépenses à venir.
Avec probablement une gestion paritaire gérant l’ensemble,
donc quelques fauteuils d’administrateur en plus pour les syndicalistes enragés,
afin de compenser le fait qu’ils sont les cocus du système sur lequel ils ont largement
vécu durant des décennies.
C’est toujours ça le problème : Quand on gère du « pognon
pas à soi », mais piqué aux cotisants, on en a la tête qui enfle.
Ce qui est vrai aussi pour tous les « sachants »
du pays qui vous piquent impôts et taxes (sans que vous ne fassiez grève :
Vous n’êtes pourtant pas des « nantis du système » et de moins en
moins nombreux habillés en jaune autour des ronds-points du pays).
Et la dernière étape sera pour bien plus tard :
Une nationalisation des régimes obligatoires (comme par ailleurs, dont par
exemple le Portugal) en échange de quoi les entreprises pourraient enfin être
autorisées à « sur-complémentariser » pour attirer et retenir les
talents, via la « capitalisation ».
Après tout, ça existe déjà chez les anglo-saxons,
notamment chez les associés (et seniors) « Gauloisiens » des
cabinets-conseil qui conseillent tous ces braves-gens qui ne vous veulent que
du bien…
Et j’ai même réussi à en mettre un en place (à la marge)
dans une entreprise… d’assurance (IARD – risques-divers), justement !
C’est vous dire que je rigole à vous laisser pédaler demain…
Bonne journée et bon courage quand même !
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