C’est à cause de notre « curiosité »
Plus jeune, j’étais « stupéfait-béat »
durant mes études de droit de lire des textes (arrêts, lois, décrets) absolument
exempts d’erreur et même de « faute de clavier » (moi qui en fait
toujours autant…).
Sorti de ce monde de perfection pour intégrer celui de
l’activité entrepreneuriale, je me suis rendu compte que dans la « vraie-vie »,
les erreurs étaient un fléau.
« Erreur de clavier », erreur d’inattention,
erreur de calcul, erreur dans la prise de décision (à une époque où on « normait »
ISO tous les process), c’était « calamité ».
Même dans les actes notariés, voire des jugements, on
avait systématiquement 2 % d’erreur qu’il fallait corriger le plus vite possible,
ce qui était très chronophage !
Un carnage.
Et puis les temps ont changé : On retrouve des « erreurs
de clavier » jusque dans les « journaux officiels » de la
République, des « erreurs d’addition » même dans la fabrication
des comptes sociaux d’entreprise, quant aux erreurs « politique »,
même dans une entreprise, elles sont flopées et quand la coupe est pleine, la
boîte « croise les courbes » et fait faillite.
C’est devenu une seconde nature : La chasse à l’erreur,
même dans une facture ou la préparation d’une commande. C’est simple, j’en ai
monté une mission d’audit des conditions d’achat dans des boîtes milliardaires
(en CA) : 2 %, réduit de moitié (parce que les erreurs se font dans les
deux sens et finissent par se compenser peu ou prou) c’est un budget de 10 MF.
Si on partage les gains avec le donneur d’ordre, il reste assez pour embaucher
une équipe qui va se plonger dans les archives et faire le tri… (et des erreurs !)
Et mon grand bonheur, ça a été de faire de même avec
les taxes locales (les taux d’accident du travail, les couvertures d’assurance
risques divers, etc.) où les erreurs sont de l’ordre de 90 %… (toujours dans
les deux sens) : Une mine d’or.
Et puis, ça ne m’a plus amusé et l’essor de l’intelligence
artificielle fait ce « métier-là » beaucoup plus vite qu’une paire de
« petites-mains ».
La machine n’en fait pas…
Les erreurs et l’aléa, les cerner, les éradiquer, c’était
un peu mon « grand-dada ».
Comment naissent-elles ?
L’aléa, j’ai encore du mal : Pas plus de trois
numéros sur les 7 tirés au sort (avec les étoiles) à l’Euromillion, et encore,
pas tout le temps : Insuffisant.
Mais l’erreur ?
Eh bien il semblerait qu’une grande partie de nos
prises de décision soit poussée par notre curiosité.
D’après une équipe Inserm de l’École normale
supérieure, notre cerveau utiliserait ses propres erreurs pour produire des
choix sans s’appuyer sur notre curiosité.
Alors pourquoi certains de nos choix semblent-ils
poussés par l’envie d'explorer l’inconnu et d’autres non ?
Où aller dîner ce soir : Choisir son restaurant favori
ou essayer un nouvel endroit ? Pour quelle destination opter pour ses
prochaines vacances : La maison familiale que l’on connaît par cœur ou une
location à l’autre bout du monde ?
Lorsque nous devons faire un choix entre plusieurs
options, nos décisions ne se dirigent pas toujours vers l’option la plus sûre
en se fondant sur nos expériences passées. Cette variabilité caractéristique
des décisions humaines est le plus souvent décrite comme de la curiosité : Nos
choix seraient le reflet d’un compromis entre exploiter des options connues et
explorer d’autres options aux issues plus incertaines.
La curiosité serait même un attribut de l’intelligence
humaine, source de créativité et de découvertes inattendues. Cette
interprétation repose sur une hypothèse très forte, quoique rarement mentionnée
explicitement, selon laquelle nous évaluons nos options sans jamais faire d’erreur
(ou exceptionnellement).
Les chercheurs soupçonnaient que notre capacité à
évaluer nos options et à les réviser était largement surestimée, sur la base de
résultats publiés en 2016 dans Neuron : « L’un d’entre nous avait montré que
notre capacité à faire le bon choix sur la base d’indices partiels est limitée
par des erreurs de raisonnement au moment de combiner ces indices, et non par
des hésitations au moment du choix. Nous nous sommes donc demandé si ces
erreurs de raisonnement pouvaient être responsables d’une partie des choix
considérés comme relevant de la curiosité par les théories actuelles. »
Pour étayer leurs soupçons, les chercheurs ont étudié
le comportement d’une centaine de personnes dans un jeu de machines à sous qui
consistait à choisir entre deux symboles associés à des récompenses
incertaines. Ils ont analysé le comportement des participants à l’aide d’un
nouveau modèle théorique tenant compte d’erreurs d’évaluation des symboles
développé par Charles Findling, post-doctorant dans l’équipe et copremier
signataire dudit l’article. Les chercheurs ont ainsi découvert que plus de la
moitié des choix habituellement considérés comme relevant de la curiosité était
en réalité due à des erreurs d’évaluation. « Ce résultat est important, car
il implique que de nombreux choix vers l’inconnu le sont à notre insu, sans que
nous en ayons conscience ».
« Nos participants ont l’impression de choisir le
meilleur symbole et non pas le plus incertain, mais ils le font sur la base de
mauvaises informations résultant d’erreurs de raisonnement. »
De quoi faire battre en retraite toutes les « théories
des jeux » en matière économique…
Et ailleurs, réduisant le rôle de la curiosité à près
d’un quart dans nos choix.
Pour comprendre d’où viennent ces erreurs, les
chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale d’une partie des participants en
imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Et ils ont découvert que l’activité
du cortex cingulaire antérieur, une région impliquée dans la prise de décision,
fluctuait avec les erreurs d’évaluation des participants.
Plus l’activité de cette région était grande au moment
de l’évaluation des options, plus les erreurs d’évaluation étaient importantes.
Pour les chercheurs, « ces erreurs d’évaluation pourraient être régulées via
le cortex cingulaire antérieur par le système neuromodulateur de la
noradrénaline, en contrôlant la précision des opérations mentales effectuées
par le cerveau ».
Autrement dit, notre cerveau utiliserait ses propres
erreurs pour produire des choix vers l’inconnu, sans s’appuyer sur notre
curiosité : « C’est une vision radicalement différente des théories
actuelles qui considèrent ces erreurs comme négligeables ».
Si ces résultats peuvent paraître surprenants, le
sont-ils vraiment ?
De nombreuses découvertes majeures sont le résultat d’erreurs
de raisonnement : La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, qui croit
avoir atteint les « Indes orientales » (une erreur de navigation de 10.000
kilomètres), mais aussi la découverte de la radioactivité par Henri Becquerel,
qui pense initialement que les radiations émises par l’uranium sont dues à la
réémission de l’énergie solaire, ou encore la découverte du pacemaker par John
Hopps en essayant de traiter l’hypothermie à l’aide d’une fréquence radio, et
on en passe comme les erreurs de manipulation qui ont pu « inventer »
l’Aspartam.
En allant plus loin, on peut dire que « l’évolution
des espèces repose elle aussi sur des variations aléatoires du génome, autrement
dit des erreurs génétiques, dont certaines sont conservées par sélection
naturelle », nous rappelle-t-on.
Il n’y aurait donc en fait rien d’étonnant à ce que
notre cerveau tire parti de ses erreurs pour sortir des sentiers battus.
Et c’est là le point clé de « la machine »
animée d’IA.
Elle ne fait pas d’erreur dans la collecte des
données. Elle apprend elle-même à corréler les informations analysées et elle a
tout le temps pour balayer des encyclopédies entières…
Pour gagner des parties de Rami, de Go ou d’Échecs, ce
sont des activités « cernées », contenues sur un plateau ou un nombre
de cartes limité.
Et elle va infiniment plus vite qu’un cerveau
biologique…
Reste à savoir si elle peut « inventer » une
solution nouvelle à une situation nouvelle (jamais imaginée jusque-là).
Certains l’affirment, d’autres comme moi doutent.
Car même si un plan conceptuel ou théorique cela reste
possible, bien évidemment, sur un plan pratique, soit on lui assigne un
objectif prédéfini (mais comment définir ce qui n’existe pas ?) soit il
faudrait que la machine « juge » de l’utilité d’une innovation qu’elle
découvre (sans savoir l’utiliser).
Autrement dit il faut en passer par le filtre d’une
intelligence-corrélative : Faire des « rapprochements transversaux ».
Alors là, ce jour-là, inutile de vos dire que même l’Euromillion
disparaîtra : L’aléa intégral ne sera plus.
Nous vivrons dans un monde sans surprise et sans
erreur.
Magnifique, non !
La machine saura-t-elle un jour « inventer »
Dieu et le décrire ?
Ce jour-là, Homo-sapiens aura vécu : Il ne
servira plus à rien…
Bonne fin de journée à toutes et à tous !
I3
Inventer Dieu ? Tu n'es pas Dieu ? Intéressant ce post . Bien à toi. Vlad.
RépondreSupprimerLoL !
SupprimerCa ce saurait, si j'étais Dieu…
Je ne suis jamais qu'un tas de chair animé encore un peu qui avance à grands-pas vers sa pourriture finale !
Et quand la chair est assez faible, elle finit par lâcher l'esprit… qui en a ras-le-bol !
Tu verras, Vlad, quand ce sera ton tour dans un futur que je te souhaite très lointain (histoire de récupérer tes cotisations-retraite piquées indûment)…
Bien à toi !
I-Cube