Quinze ans et toutes ses dents…
Au Royaume-Uni, il y a des limitations de vitesse.
Dans les centres urbains, la vitesse maximale est 30 mph (48 km/h). Sur les
routes d’une seule voie, elle est de 60 mph (97 km/h) pour les véhicules légers
et 40 mph (64 km/h) pour les poids lourds de plus de 7,5 tonnes. Ce qui fait
que tout le monde conduit à cette allure-là tellement il est parfois difficile
d’effectuer un dépassement en toute sécurité.
Sur les « motorways » (autoroutes) et sur les routes
en deux voies, la vitesse maximale est 70 mph (113 km/h) (sauf indication
contraire sur les panneaux de signalisation).
Et c’est sur les autoroutes qu’on rencontre le plus de
« radar-tronçon » : On te photographie à l’entrée (les appareils
sont situés au-dessus de la chaussée) et on te vous flashe sans te le vous dire
à la sortie…
Alors que je n’en ai rencontré que sur la route de
Saint-Malo en « Gauloisie-perverse ». Mais il paraît qu’il y en a
d’autres ailleurs. D’où l’intérêt du régulateur de vitesse…
En UK, si la limite de vitesse est dépassée de 10 % +
1 mph (ex : dans une zone 60 mph, 60 + 60/10 + 1 = 67 mph), l’utilisateur court
le risque d'être condamné.
Et les amendes vous poursuivent jusque sur le
continent.
En « Gauloisie-sécuritaire » elle est de 5
km/h (6 à partir de 110 km/h, 7 à partir de 130…)
En « Gauloisie-routière », il y a quinze ans
(c’est ce que l’on fêtait samedi dernier), un lundi de grisaille, « Bling-bling »,
alors « sinistre de l’Intérieur & des cultes » inaugurait le
premier radar automatique fixe sous le pont sur la N 20 à La Ville-du-Bois
(Essonne). C’était le 27 octobre 2003…
Toujours en service, ce vaillant vétéran a crépité
33.171 fois en 2017 ! Si à l’époque, cet outil de « contrôle automatisé »
avait les faveurs de deux tiers des Gauloisiens, depuis les proportions se sont
inversées. Et cet été, après la mise en place de la limitation à 80 km/h,
beaucoup ont été tagués, brûlés, vandalisés.
En « Corsica-Bella-Tchi-Tchi » ils servent
de cible pour des tirs au « gros pruneau » ou au plomb de chasse :
C’est plus sympa !
Ils ont
pourtant indéniablement fait baisser la mortalité. « En 10 ans, entre 2003 et 2012, les radars ont permis de sauver 23.000
vies », assure-t-on mordicus à la
sécurité routière. Mais on reste loin de l’objectif de 2.000 décès pour 2020 :
3.684 personnes ont été tuées sur les routes l’an dernier et l’effet radars
semble désormais s’essouffler.
« Avec le
déploiement de mobiles ou des leurres qui par principe ne sont pas localisés au
même endroit, on assume d’installer des radars pour faire baisser la vitesse »,
pointe le délégué interministériel à la sécurité routière. « Chaque radar implanté sur des axes à fort
trafic ne sera peut-être pas à l’endroit qui a totalisé le plus de morts. Mais
c’est scientifiquement prouvé, moins les autos roulent vite et moins il y a de
morts sur les routes. »
Rhôôôô la lapalissade.
Quand les autos ne rouleront plus, il va se passer
quoi si chacun sera cantonné dans son « sweet-home » ?
Et l’envolée des royalties alors ?
Notez qu’en « 2013,
les Bonnets rouges ont détruit les radars bretons. La mortalité n’a pas bondi
pour autant sur ces zones. C’est la preuve que les radars ne servent à rien. En
tout cas pas à sauver des vies », tranche l’association 40 millions
d’automobilistes qui plaide pour qu’on les démonte.
Au contraire, la Ligue contre la violence routière
réclame des appareils embarqués plus nombreux et plus efficaces.
Particulièrement sur les nouvelles portions à 80 km/h. « Sinon nous allons manquer l’objectif de cette mesure. À savoir 400
morts en moins. »
Alors quid ?
Les radars ont-ils fait baisser le nombre de morts sur
les routes ?
« Sans aucun
doute, l’effet des radars a été et reste bénéfique », assure un « chercheur »
de l’Institut gauloisien des sciences et technologies des transports, de l’aménagement
et des réseaux (Iffstar). Avec un de ses collègues il a calculé que, à la suite
de leur installation, le nombre de blessés a baissé de 7,3 %.
Yes !
Pas énorme…
D’autant que maintenant ils se tuent à patinettes
électriques….
Mais lui-même nuance son assertion : « Il semble que cet effet ralentisse. »
Ah oui, c’est comme le chômage, cette
histoire-là ?
Les automobilistes ont appris à contourner le système.
Les gendarmes parlent d’« effet splash » : Les fraudes se déplacent vers les
zones moins contrôlées.
Personnellement, je me demande comment ils savent
(puisqu’ils ne sont pas là) ? Alors les autorités ont dû innover. D’abord
avec les « doubles faces », capables de flasher par-derrière pour pincer
les deux-roues, qui n’ont pas de plaque à l’avant. Puis avec les dispositifs
furtifs dans des voitures banalisées…
Des effets de l’imagination au pouvoir…
Par ailleurs, les flasheurs sont logiquement
positionnés sur les routes où l’on a enregistré le plus de tués ou de blessés.
C’est la règle, mais ce n’est pas la seule. On les installe aussi de manière
préventive pour faire baisser la vitesse avant un virage en épingle par
exemple. Et à proximité des ponts et tunnels ça crépite dur. « Parce que dans ces lieux sensibles, chaque
accident peut entraîner une catastrophe, personne ne veut se retrouver avec un
nouveau tunnel du mont-Blanc » sur les bras, vous expliquera-t-on.
Celui du « sous la Manche », bien sûr, ça
n’a rien à voir…
Au centre d’études et d’expertise sur les risques,
l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), on ausculte aussi les
radars. « On compare le nombre
d’accidents à proximité de la zone contrôlée 5 ans avant sa mise en service et
5 ans après ». Et, surprise, « selon
l’analyse de notre cellule data, les données étant très lacunaires, ces
évaluations sont à prendre avec des pincettes. »
Kon, ça…
On ne saura pas.
Mais tout cela reste imprécis : « Les axes où l’on meurt le plus ne sont pas
ceux que l’on pense » souligne un accidentologue. « Une belle nationale toute droite avec une
bonne visibilité rassure les automobilistes, mais la mortalité est plus
importante sur ces belles routes qui sont très passantes. »
Encore une lapalissade…
La Sécurité routière le sait et aura donc tendance à
les truffer de « flasheurs », plutôt que de les répartir sur une route de
montagne.
Et alors, qu’est-ce qui justifie leur présence sur les
autoroutes pour le moins les mieux sécurisées des routes ? C’est l’un des
reproches des antiradars, « la preuve que
ces moyens de contrôle sont surtout des moyens de racket » puisque rapporté
au nombre « d’usager », le risque d’accident est plus faible que sur
une nationale ou une départementale, alors que le trafic très important a un
effet multiplicateur : On y installe donc ces instruments de contrôle seulement
pour réduire la vitesse.
Par ailleurs, chaque année, une poignée de radars
seulement sont désactivés ou déménagés, presque toujours quand on crée un
rond-point ou des dos-d’âne qui obligent à ralentir. Les enquêtes montrent
pourtant qu’il y a parfois plus d’accidents autour de certains radars qu’avant
leur implantation.
Un hasard ?
Ça me fait penser à ce feu-rouge installé à Calvi (il
y en a eu deux), parce que « une
sous-préfecture qui se respecte, ça doit avoir un feu-rouge ! »
Deux morts plus tard là où il n’y en avait jamais eu,
des heures d’embouteillage là où il n’y en avait pas, la mairie a fini par les
démonter : De l’argent foutu par les fenêtres.
Mais tout le monde est d’accord pour dire qu’ils font
baisser la vitesse. Entre 2002 et 2012, ceux qui roulent 40 km/h au-dessus des
limites autorisées ont quasi disparu. La vitesse moyenne a plongé, passant de
89,5 km/h à 79,3 km/h, ont calculé des chercheurs. Même s’il semble que les « Gauloisiens »
ont un peu ré-appuyé sur le champignon depuis…
Curieux, non ?
Toujours à Calvi, la route nationale devant le
campement de la légion est passé de 90 à 70 km/h depuis des années (une zone d’expérimentation)
a été équipée d’un rond-point et d’un radar (pour protéger l’approche d’un
passage-piéton) : Il y a toujours trois morts par an…
En 2016, par rapport à 2011, le compteur moyen avait
grimpé de 6 km/h sur les autoroutes. « On
est face à l’effet saut de kangourou. Parce qu’ils connaissent l’emplacement
des radars sur leur trajet quotidien, parce qu’ils sont signalés sur leur
téléphone, beaucoup ralentissent dans la zone de contrôle puis foncent après. »
Toujours aussi pressés, finalement.
En 2017, les recettes des radars se sont élevées à
1,013 milliard d’euros. Selon le projet de loi de finances, l’État pense
empocher 1,23 milliard d’euros en 2019. Soit + 56 % en quatre ans !
Mazette…
Et les autorités prévoient que la modernisation du
parc avec des engins plus performants rapportera encore plus gros !
Sans compter que, sur le réseau passé de 90 à 80 km/h,
le nombre d’amendes devrait bondir.
Mais non, pas du tout « pompe à fric » :
On l’a dit, pas d’impôt
nouveau (une promesse de « Jupiter ») mais une augmentation
des taux !
Autre source de revenu, les étrangers verbalisés en hexagonie,
de plus en plus nombreux à être contraints de payer leurs prunes, grâce à des
accords internationaux.
On sait par ailleurs que les dix radars les plus «
performants » sont tous situés sur des autoroutes. Le champion toutes
catégories se trouvant en Haute-Savoie, sur l’autoroute A40, dans le sens
Chamonix-Mont-Blanc – Mâcon. Il a crépité… 125.074 fois en 2017. Soit
l’impressionnante moyenne de 340 fois par jour !
Tous les jours… qu’il vente ou qu’il pleuve.
Il est suivi d’un radar installé en Meurthe-et-Moselle
sur l’A31 (120.991 dossiers) et d’un autre sur l’A10 dans l’Essonne. À
l’inverse, le moins actif, sur la D 534 au niveau de Lamastre (Ardèche), n’a
flashé qu’une seule fois en 2017 !
De l’argent qui tombe des poches des contribuables
comme s’il en pleuvait (tellement ils sont riches…) qui, paraît-il sont allées à
91,2 % à la lutte contre l’insécurité routière (soit 924,5 millions d’euros),
assurait encore la semaine dernière le ministère de l’Intérieur.
En fait, ça va aux sociétés concessionnaires qui
exploitent le bidule et « l’investissement contre l’insécurité
routière » sert à entretenir les machines dégradées et à en acheter de
nouvelles !
Le reste désendette l’État…
En réalité, dans un rapport publié en mai, la Cour des
comptes constate que si, certes, la majorité de l’argent a bien été affecté à
l’Agence de financement des infrastructures de transport de Gauloisie (Afitf)
et aux collectivités locales, rien ne dit qu’elles ont effectivement utilisé
ces sommes pour rendre les routes plus sûres.
Exception notable : Les recettes issues du 80 km/h. La
loi de finances prévoit qu’elles seront affectées aux hôpitaux spécialisés dans
la prise en charge des accidentés.
Voilà qui va soulager l’assurance-maladie, branche
prestation en nature : Les toubibs vont être heureux !
Notez également qu’en 2017, 9.343.729 points ont été
perdus pour excès de vitesse : Rien à voir avec la sécurité routière, au
contraire, puisque ça pousse les « dangereux » à conduire sans permis.
Mais ces chiffres faramineux font oublier que 80 % des
automobilistes ont encore tous leurs points.
Cherchez l’erreur…
Sur ce, le racketeur-national (à savoir l’État, c’est-à-dire
vous-même) table sur 4.700 radars automatiques en service fin 2019 (feux rouges
et passage à niveau compris). Ce n’est pas beaucoup plus qu’aujourd’hui. Mais
il faut ainsi s’attendre à une avalanche de radars autonomes, de cabines «
double sens » ou « double face », mais aussi à l’élargissement de la
privatisation des radars mobiles.
On attend aussi l’apparition des radars super
performants : les tourelles. À 4 m de haut, ce qui les rendra aussi plus
difficile à couvrir de peinture, ces engins sont capables de détecter 32
véhicules en même temps, sur huit voies différentes. Ils seront également
capables de détecter le non-respect des distances de sécurité, le dépassement
par la droite, le défaut de port de la ceinture ou encore l’usage du téléphone
au volant !
Ultraperformant on vous a dit…
Et puis depuis dès aujourd’hui les radars « mobiles »
ont fait leur apparition et sont pilotés par des agents privés (payés une
misère) qui sillonnent toute la Normandie. Dix sont déployés, quinze le seront
à la fin de ce mois (demain), vingt d’ici la fin de l’année (avant Noël). Ces
armes anti-excès de vitesse devaient arriver rapidement sur toutes les routes
du pays mais, sans être à l’arrêt, le dispositif est sûrement un peu ralenti
depuis qu’il est visé par une plainte d’Anticor pour favoritisme, avec
l’ouverture d’une enquête au Parquet national financier (PNF).
Je vous le dis : L’imagination en vient à
transformer quelques volontaires en « délateur-assermentés » :
Fabuleux !
Souvenez-vous, il y a trois ans de ça, le maire de
Linas (Essonne) s’était offusqué des carambolages causés, selon lui, par deux
radars de feu sur la N 20. Il avait donc installé une signalisation pour
alerter les automobilistes. « L’objectif
n’est pas d’avoir moins de tôles froissées, mais moins de victimes tuées ou de
blessés graves. Ce qu’on obtient en réduisant les vitesses d’impact »,
commentait alors la Délégation à la sécurité routière. « On ne peut entrer dans une logique où l’on dirait que des outils de
mesure de vitesse pourraient être à l’origine d’accidents », s’agace un
autre.
Pourtant souvenez-vous, je vous avais rapporté cet
incident vécu sur mon autoroute des vacances (A6) : Ce jour-là, c’est
chargé mais ça roule à bonne allure vers le sud sans à-coups, pépère.
Quand tout à coup 107,7 annonce un ralentissement de 4
kilomètres un peu en aval. Prudent, je me mets en alerte (autrement dit je me
réveille et débranche le pilote automatique de mon « tas-de-boue-à-roulettes »)
et effectivement, une file s’entasse devant mon moteur.
20 minutes, pas à pas, pare-chocs contre parechoc.
Et puis je passe le niveau de l’aire de repos située
du côté d’Époisses pour reprendre une allure normale, route dégagée : En
fait, une voiture de gendarme flashait à tire-la-Rigault le trafic remontant vers
Paris et tout le monde les regardait faire depuis 20 minutes…
Inutile de dire qu’on faisait tous ensuite appel de
phare sur appel de phare pour prévenir les « usagers » arrivant en
face.
10 minutes plus tard, 107,7 annonçait un accident en
amont du ralentissement, avec intervention des pompiers : Grave, le « truc ».
20 minutes plus tard, 107,7 annonçait la formation de deux
bouchons en amont de l’accident, dans les deux sens de circulation !
Et quand je suis arrivé sur Lyon, un second accident
(avec deux bouchons en formations en amont) avait eu lieu jusque-là où
flashaient les gendarmes : Une bonne journée pour eux !
Combien de personne la paire de gendarme avait-elle
tué ou estropié à vie ?
On ne saura jamais.
Mais à part ça, ce n’est aucunement dangereux :
Au contraire, ils justifiaient ainsi leur présence sur le terrain, les sagouins !
Ceci dit, en UK, même si je n’ai pas les données, il
semble que les chauffards soient plus prudents. Alors qu’en Allemagne, sauf
exception, il n’y a pas de limitations de vitesse sur les autoroutes et que la
limite est de 100 km/h sur les routes secondaires.
Devinez quoi ?
En 2015, on décomptait 3.461 décès en « Gauloisie-routière »,
3.459 en Teutonnie (et ils sont nettement plus nombreux), 3.428 en « Ritalie-des-Fangio »
et des grosses cylindrées, 2.938 chez les « polaks », 1.893 chez les « Roms »
et seulement 1.806 chez les « Roastbeef », un peu plus qu’en « Hispanie »
(1.689) !
Le reste, c’est de l’arnaque, à 1,23 Md€ de « contribution
volontaire » : Taux de tué pour 100.000 habitants ? 5,18 en Gauloisie-sécuritaire.
À comparer au taux US : 10,91 !
Et au 2,77 en UK…
Et si ça n’est pas de l’arnaque, ça y ressemble
fortement…
Merci « Bling-bling » et joyeux anniversaire
au passage : 15 ans, c’est encore l’adolescence…
Tout l’avenir reste devant.
Quinze ans! Et pas une annonce dans la presse! Heureusement que tu es là. Je m'en fous car je ne conduis pas. Mais je sais que la baisse de la mortalité automobile provient des progrès des voitures. Par contre, il y a plus d'estropiés. Un expert des assurances m'a précisé que ça coûte bonbon aux compagnies.
RépondreSupprimerVlad
Des voitures, c'est clair (la sécurité passive, les airbags, la ceinture de sécurité, tout-ça/tout-ça) et les équipements routiers même si beaucoup laissent à désirer.
SupprimerMoi, je trouve que les gens sont clairement plus prudent qu'il y a 40 ans. En réalité, il s'agit surtout de "lisibilité" et de "prévisibilité" des comportements sur la route : Il devient très rare de se faire surprendre par un type qui déboule sans l'avoir repéré dans le rétroviseur, ou que tu sois surpris par un freinage d'urgence devant toi.
Reste la plaque de verglas, la tâche d'huile, mais le mek qui zigzague, tu restes sagement derrière en attendant qu'il se plante.
Et les radars n'y sont strictement pour rien, effectivement !
En revanche, que c'est bon pour la finance-pue-blique : C'est autant de moins de déficit à financer par d'autres prélèvements...
Bien à toi !
I-Cube