Mission
Île de la Cité – Le cœur du cœur…
C’était une exposition qui s’est tenue à
la Conciergerie du 15 février au 17 avril 2017. Je n’y suis pas allé, retenu
par ailleurs, mais j’ai retrouvé le communiqué de presse fait à cette occasion,
datant du 16 décembre 2016…
Un bail.
Le projet devait livrer le cœur de la « kapitale-sur-la-Seine »
aux bétonneurs et autres promoteurs du parpaing, cachés derrière les façades
classées pour en faire un vaste « musée en plein-air » doublé « d’attractions-commerciales »
ventant les mérites du tourisme bien compris.
Ce jour-là, c’était si beau que le
président du Centre des monuments nationaux (CMN) et son architecte avaient
remis à « Tagada-à-la-fraise-des-bois » encore Président de la
République, leur rapport de mission d’étude et d’orientation sur l’avenir de
l’Ile de la Cité, en présence de « Sœur-Âne », maire de « Paris-sur-la-plage »,
du « sinistre de l’Intérieur et des cultes » du moment et de la
« sinistre de la Culture et de la Communication ».
Cette mission, mise en place en 2015
avec votre pognon, avait pour objet d’émettre des propositions permettant
d’envisager l’avenir de l’Île de la Cité, véritable « Île-Monument », à
l’horizon des vingt-cinq prochaines années.
Cœur de Paris et de la métropole, l’Île
de la Cité n’a en effet pas fait l’objet d’un projet d’aménagement global porté
par les pouvoirs publics depuis les grands travaux du Baron Haussmann au XIXème
siècle qu’ils en disaient.
35 propositions ont été faites, des
mesures à courts, moyens et longs termes, qui ont été présentées au public justement
lors de cette exposition « Mission Île de la Cité – Le cœur du cœur » à la
Conciergerie.
C’était 20 panneaux de très grand
format rétroéclairés étalés dans la salle des Gens d’Armes de la Conciergerie,
présentant la mission, ses ambitieux objectifs et ses propositions.
Entre les colonnes séculaires de cette
magnifique salle gothique (en contre-sol : Je me souviens y avoir donné une
conférence organisée par d’autres), les visiteurs devaient pouvoir se plonger
dans ce que pourrait être l’Île de la Cité à l’horizon 2040 grâce à des cartes,
des projections et des vidéos.
La place centrale de Lutèce, la
réunification de la Sainte-Chapelle et de la Conciergerie dans un parcours de
visite unique, la promenade paysagère au Sud de l’Île, le débarcadère
desservant le parvis de Notre-Dame de Paris ou encore les cours couvertes sont
quelques-unes des propositions qui ont développées et illustrées…
Un vrai « Disneyland » pour
« bobos-friqués » au centre géographique de la ville, dans le cœur
historique si chargé de la kapitale.
Un document de visite créé
spécifiquement accompagnait le visiteur dans sa découverte de l’exposition et
du rapport et aura permis de la poursuivre avec de nombreux contenus.
Le public a paraît-il eu l’occasion de
contribuer à la réflexion sur l’avenir de l’Île en s’exprimant au moyen d’un
livre d’or numérique…
Enfin, une application de visite, «
Mission Île de la Cité », téléchargeable gratuitement, aura offert de prolonger
l’exposition en arpentant l’Île de la Cité.
Grâce à des vues à 360° en réalité
augmentée en une dizaine de points d’intérêt et la maquette virtuelle, le
public a pu se projeter dans l’Île en 2040 !
Cette exposition aura illustré la
vision de l’île de la Cité en 2040, non seulement sur le fond, « avec ses merveilleux dessins, cartes et
plans, ses découvertes, ses révélations de lieux connus et inconnus, ses
promenades espaces publics généreux » accompagnant les monuments le
long de la Seine.
Mais aussi sur sa forme, avec une
scénographie qui utilisait toute la modernité de l’installation « d’art contemporain, simplicité, luminosité,
efficacité pour transformer la salle des Gens d’Armes « sans y toucher » »
!
Hein, magnifique présentation s’il en
est : Tout pour être « vendeur ».
Sauf que…
Tel était l’esprit du projet de l’île
de la cité : Métamorphoser l’île sans en dénaturer la substance
patrimoniale.
Forcément, celui-ci appartient à l’État
pour sa majeure partie : La Conciergerie, l’ancien Palais de Justice, la Sainte-Chapelle,
le célèbre 36 quai des orfèvres, l’Hôtel Dieu, le Marché aux fleurs, le Marché
aux oiseaux, le Tribunal de commerce, la préfecture de police de Paris, sans
oublier une partie de l’école nationale de la magistrature…
Et puis naturellement la Cathédrale
Notre-Dame-de-Paris, sa sacristie, son square, l’évêché, leurs
dépendances !
Dans l’exposition, le visiteur pouvait ainsi
découvrir, à l’aide d’une carte le parcours, les étapes, les thèmes et les
propos consacrés à l’île d’hier, celle d’aujourd’hui et celle de demain.
Il aura pu participer à l’aide de
tablette interactive, pour donner son avis, son point de vue et la dessiner,
cette île à « sa main ».
Mais l’exposition ne s’arrêtait pas là :
Elle se prolongeait au‐delà de la Conciergerie, sur l’île elle‐même, « territoire retrouvé et à découvrir » en une dizaine de
points géolocalisés pour voir et vivre in situ, « l’île monument », du haut des tours de Notre-Dame, des bords de Seine,
de la place de Lutèce entre l’Hôtel Dieu et le Palais de Justice, jusqu’à la
Place Dauphine et jusqu’au square du « Vert-Galant ».
La technologie virtuelle avait
paraît-il fait bon ménage avec ces architectures « institutionnelles »,
car elle rendait acceptable la monumentalité des symboles républicains et que
tout était déjà numérisé. En effet, elle permettait de « parler à chacun », d’être au contact de tous, avec un
téléchargement gratuit et immédiatement disponible.
Le patrimoine ne tenait alors plus le
visiteur à distance, car il redevenait comme autrefois disponible aux usages de
l’époque et accessible au plus grand nombre.
Il fallait alors saluer cette
présentation et ses développements, « qu’ils
soient largement partagés car l’avenir de l’Île est au‐delà d’elle‐même, car est le « Cœur du Cœur ». »
Sauf que…
Sauf que, entre ce qu’était
l’Île-de-la-Cité en 2016 et celle qu’elle devra devenir un quart de siècle plus
tard, il y a comme des… contrariétés à prévoir.
Premièrement, libérer le foncier, faire
dégager les administrations occupants ces lieux historiques vers des
« cités optimisées ».
Sauf le clergé qui n’a pas du tout
envie de déménager et l’antigang qui tient encore dans ses locaux désertés du « 36 »,
tous les autres ont déjà quitté ces lieux « protégés ».
Qu’on se demande bien ce qu’on va
pouvoir en faire à coup de concours à lancer ?
Penses-tu !…
Moâ, quand je me trouve sur le Parvis,
me reviennent des moments extraordinaires que je n’ai pas tous vécus à l’ombre
de Charlemagne et de ses Leudes, posés sous le marronnier.
Les derniers coups de feu de la troupe
allemande depuis les toits sur cette foule en liesse qui s’était « libérée »
de l’occupant ;
La même aux obsèques du Grand Charles qui
se bousculait en silence, avant qu’il ne parte à Colombey-les-Deux-Églises, au
son du glas sonné par le Bourdon ;
Cet hélicoptère qui atterrit quasiment
à l’improviste au milieu des touristes pour évacuer un accidenté de la route
vers l’hôpital voisin lors d’une après-midi ensoleillée où je promenais « ma
nichée » en poussette ;
Hôpital que j’ai dû fréquenter pour
visiter quelques « cousins » mal en point, ou aller cherche tel autre
aux urgences, sur le côté…
À une époque, on pouvait même rouler en
voiture jusque sous les tours… comme on accédait aussi facilement sous les
pieds de la Tour Eiffel sans jamais quitter son volant.
La crypte, le parking souterrain, le
square Jean XXIII que l’on traverse pour aller sur l’île-Saint-Louis faire la
queue chez Berthillon par le pont Saint-Louis…
Tout cela ne va pas disparaître, mais
va être transformé en grand barnum à touristes, un vaste « luna-park »
au fil des années.
Le foncier se libère, reste le gros
morceau de la Cathédrale et de l’évêché.
Et Ô divine surprise, un beau jour du
mois d’avril de l’an de grâce 2019, la toiture se met à cramer.
Un mégot, un court-circuit, une charge
vengeresse, une défaillance humaine, vous ne saurez jamais.
Et sans ces héros stupides de pompiers
parigots, tout aurait pu être par terre en quelques heures…
Un tas de cendres qu’il aurait fallu
rebâtir dans l’urgence des JO, du « Grand-Paris », tout en préservant
à la fois les façades (forcément classées UNESCO ou patrimoine mondial de
l’Humanité) et les intérêts des bétonneurs et autres « promoteurs »
chargés de l’exploitation du « futur musée » en plein-air entouré de
boutiques de luxe, qui vont occuper les quatre-cinquièmes du patrimoine de
l’État sur cet îlot !
Pourquoi pensez-vous qu’ils ont été si
nombreux à fournir de quoi payer les premières brouettes de ciment ?
Parce qu’il faut aller vite, que tout
soit en place dès 2024, avec presque deux décennies d’avance sur « les
plans » de 2016…
Une occasion pareille de démultiplier
les profits au cœur de la ville aux 36 millions de touristes par an en quelques
années ne se représentera pas avant la prochaine génération !
D’ailleurs, « Jupiter » a dit
5 ans : Il sait les enjeux, lui, en bon financier qu’il a pu être dans un
passé professionnel pas si lointain.
Et le temps, c’est de l’argent (et
vice-versa).
Infaisable en disent beaucoup ?
Ils n’ont rien vu : L’Égypte du
général Sissi a bien dédoublé le canal de Suez en profondeur en un titanesque
chantier qui n’a duré que 12 mois.
Quand on veut on peut !
Il suffit d’y mettre les moyens.
Sauf que…
On se souvient du chantier interminable
de la rénovation des bâtiments de la Samaritaine, de celui de l’hôpital Laennec,
dont il a fallu conserver bon gré-malgré les façades.
On se souvient du chantier des Halles
où il a fallu faire des fouilles avant de couler le béton, tellement grandes qu’on
en a laissé « un trou » qu’on ne savait plus comment aménager, des
recours des riverains, de ceux des associations, des dossiers kafkaïens d’architecte,
des dires et contre-dires des ministères, des administrations, des pompiers,
des financements introuvables alors que le RER interconnecté s’installait durablement
en sous-sols.
Pas cinq ans, mais une bonne décennie
de travail acharné…
Sauf que justement, en troisième point,
on décide de fait voler en éclats les procédures administratives chronophages
censées protéger ce « musée historique » en plein-air.
Si l’Île de la Cité est un immense défi et
enjeu, également pour les grandes entreprises du BTP et autres groupes
immobiliers, des contrats aussi mirobolants permettent également de se
rémunérer confortablement entre amis.
Les JO de 2024 sont pour bientôt, et
cela serait bien que tout soit prêt ou presque pour cette date-là car si en
plus Notre-Dame réouvre à l’occasion des JO ce sera l’occasion rêvée de faire
la promotion mondiale de cette promotion immobilière qui va suivre où l’on pourra
vendre à 40.000 euros ou plus le rare mètre-carré disponible, faisant de l’Île
de la Cité l’un des endroits les plus chers de la planète… à défaut d’être le
plus chic !
Il faut aller vite alors ça n’a pas
trainé.
On va tout simplement légiférer par
ordonnance (sans vote des députés) pour pouvoir se passer des règles des
marchés publics qui ralentissent tant tous les projets : Dès qu’on creuse
un peu dans les quartiers de Paris, on ouvre des chantiers de fouilles en
pagaille pour plusieurs années.
Un vrai drame avant de pouvoir y couler
du béton !
On est donc en train de nous préparer
une méga-impunité juridique pour aussi masquer des fraudes potentiellement
monstrueuses.
Et attention à la présentation faite
par « Trans-Intox » : « Ce
projet de loi, qui vise à reconstruire la cathédrale en cinq ans, devrait
permettre au gouvernement de passer outre des obligations en matière de marchés
publics et de lois de protection du patrimoine ».
Même les appels d’offre du « marché
public » sont annoncés comme « hors la loi » !
Extraordinaire : On ne peut être
plus clair…
On est tellement pressé d’en finir
qu’on commence par se donner les moyens de le faire et donc retirer tous les
garde-fous qui permettaient globalement d’éviter que les abus ne soient
vraiment trop importants.
« Poux-Tine » ne fait pas
mieux…
Le délai fixé par « Jupiter »
devient l’alibi justifiant, comme dans toutes les républiques bananières,
toutes les lois d’exceptions décidées au pas de charge !
Pétain et ses « serviteurs
zélés » faisaient la même chose à une autre époque…
Et ça s’est mal terminé.
Je préfère pour vous que pour moi :
Il est temps que je quitte cette planète, la mort dans l’âme, l’âme déjà morte
de désespérer de ne plus pouvoir déambuler dans le « cœur-de-ville »
de l’Île de la Cité sans entrave ni devoir y payer un droit d’entrée
supplémentaire pour accéder à cet espace « muséal » qui a
justement forgé mon âme.
Une part de moi-même est partie en
fumée en cette « divine opportunité » de la mi-avril.
C’est à se demander si le
« bon-dieu », qui n’a pourtant pas forcé la main, même avec un seul
coup de foudre de la colère de « Zeus » (« Jupiter »
l’y aura suppléé) n’est pas devenu complice de ce hold-up, non pas seulement
sur la cathédrale incendiée, mais sur tout le domaine public appartenant à l’État
sur cette île…
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