Par exemple, désormais, on sait pourquoi…
1 – … on dit « pleurer de rire » ! De quoi s’agit-il en vrai ?
Rien de plus simple.
Par exemple, lorsque qu’on se fend la poire à s’en péter la panse ou qu’on rigole à pleines dents à s’en arracher la glotte (et les amygdales dans le même élan), voilà qu’on se met parfois à pleurer !
Pleurer de rire, certes, mais pleurer quand même ! Simple coïncidence fortuite ou chagrin trop longtemps enfoui qui remonte à la surface ?
Rire à gorge déployée jusqu’à se mettre à pleurer n’a rien d’un paradoxe, c’est même un phénomène tout à fait naturel.
Rien à voir, non plus, avec une tristesse cachée.
Cette réaction découle en fait d’un phénomène physiologique on ne peut plus normal, déclenché par une montée d’émotions trop intenses, qui vous transforment en une véritable machine à laver mélangeant le blanc et les couleurs !
Autrement dit, lorsque vous êtes submergé par un fou rire, vous atteignez un pic émotionnel tel que votre corps cherche instinctivement à calmer cette excitation pour retourner à la normale !
Et le seul moyen qu'il a trouvé, c’est de vous faire pleurer.
Histoire de vous perturber un bon coup et de calmer tout ce beau monde.
Faudrait pas être heureux trop longtemps non plus !
Notez que je me souviens d’une future parturiente arrivée presqu’à terme prise d’un fou-rire qui n’a pas eu le temps de se mettre à pleurer qu’elle en a fait pipi sans retenue sur le gazon…
Ça m’est encore arrivé chez Dumè récemment au moment où il se payait la tronche d’une de ses invitées sans qu’elle ne s’en rende compte parce qu’elle ne comprenait pas le Corsu…
On aura eu du mal à s’en remettre !
Au niveau du cerveau, c’est du pareil au même : Les pleurs et le rire activent des zones voisines.
Pleurer et rire sont donc intimement liés, comme deux cousins un peu bizarres.
Rire et pleurer ont un autre point commun : Ce sont toutes les deux des fonctions régulatrices du stress.
Dans une période de tension intense, pleurer à chaudes larmes ou rire nerveusement agit comme une sorte d’exutoire.
Se bidonner et chouiner se confondent, encore une fois, pour libérer cette tension accumulée.
Donc, pas si facile d’y voir clair dans leur jeu.
Mieux encore : Ces deux réactions libèrent également toutes deux des neurotransmetteurs comme les endorphines, la dopamine ou encore la sérotonine.
Des substances qui procurent une sensation de bien-être, mais qui peuvent aussi déclencher des réactions physiques involontaires, comme… pleurer !
Bref, c’est le serpent qui se mord la queue et à la fin, on pleure sans pouvoir s’arrêter de rire !
C’est là l’une des caractéristiques les plus fascinantes de ce phénomène : Pleurer de rire est une expérience intime, que l’on ne partage pas avec tout le monde.
C’est un moment de vulnérabilité, qui peut renforcer la complicité entre des individus : Je peux en témoigner.
C’est une sorte de vecteur de lien social, où les émotions se mélangent mais pas si déplaisant.
Et au microscope, ça donne quoi au juste ?
Une larme de rire ressemble-t-elle, comme deux gouttes d’eau, à une larme de chagrin, ou encore à une larme provoquée par un oignon un peu trop piquant ?
Eh bien curieusement, la réponse peut surprendre : Parce que non, elles ne sont pas identiques !
Le corps humain produit en réalité trois grandes catégories de larmes : Les larmes basales, produites en continu pour protéger la cornée.
Les larmes réflexes, déclenchées par une irritation.
Et enfin, les larmes émotionnelles, provoquées par une émotion forte.
Chacune a une fonction différente et donc une composition qui varie (légèrement) elle aussi.
Par exemple, les larmes émotionnelles sont plus riches en protéines que les larmes réflexes, car elles contiennent des hormones naturellement produites par le corps pour apaiser la douleur et réduire le stress…
Pourtant, si cette même stimulation tactile venait de quelqu’un d’autre, elle serait perçue comme une chatouille et vous ferait sursauter.
Et ce phénomène, bien connu de tous, soulève une question intrigante : Pourquoi est-il si difficile de se chatouiller soi-même ?
Le cerveau n’est en effet pas un simple récepteur passif d’informations sensorielles. Il anticipe activement l’état du monde extérieur ainsi que l’état interne du corps afin de sélectionner les actions les plus appropriées. Une merveilleuse machine qui comme le disait Jean-Marc vendredi dernier, tout le monde devrait en avoir un et s’en servir !
Car cette capacité prédictive lui permet de filtrer les informations : Les sensations inattendues, susceptibles de signaler un danger ou une nouveauté, retiennent particulièrement son attention, alors que les sensations prévisibles sont la plupart du temps ignorées.
Un peu comme une douleur ou une odeur permanente finit par être oubliée, même si elle persiste.
Pour réaliser un mouvement, le cerveau envoie une commande aux muscles et, simultanément, une copie de cette commande (appelée « copie d’efférence ») est transmise à d’autres aires cérébrales, notamment le cervelet.
Ce dernier anticipe alors les conséquences sensorielles du mouvement en créant une sorte de simulation interne, quelques centaines de millisecondes à l’avance, de façon inconsciente mais extrêmement précise.
Cette prédiction permet de différencier une sensation prévisible, générée par le corps lui-même, d’une sensation inattendue.
Par exemple, si vous manquez une marche en descendant les escaliers, la discordance entre le contact anticipé et la réalité permet (parfois) de corriger le mouvement très rapidement, avant même que votre pied ne touche le sol.
Les prédictions du cerveau filtrent ainsi les perceptions sensorielles en sélectionnant les stimuli pertinents, évitant à notre capacité attentionnelle – très limitée – d’être submergée par une surcharge d’informations.
Et des études expérimentales confirment ce mécanisme : Lorsque des participants se chatouillent eux-mêmes par l’intermédiaire d’un bras robotisé qui reproduit exactement leurs mouvements, la sensation de chatouille est atténuée.
Cependant, si le mouvement du dispositif est légèrement décalé (par un délai ou une rotation), la sensation de chatouille devient plus intense.
Ces résultats, fondés sur le ressenti subjectif des participants, sont également corroborés par des données d’imagerie cérébrale : Ainsi, pour un même stimulus tactile, l’activité du cortex somatosensoriel (zone du cerveau responsable de la perception du toucher) est plus élevée lorsque la stimulation est externe que lorsqu’elle est auto générée.
Ce contraste suggère donc que le cervelet anticipe nos propres gestes et atténue l’intensité des sensations qui en découlent.
Il a ainsi été démontré que l’atténuation sensorielle nous conduit à sous-estimer la force que nous exerçons. Ce biais perceptif pourrait contribuer à « l’escalade de la violence » que l’on observe parfois entre deux enfants qui chahutent.
En effet, deux enfants qui jouent à la bagarre sous-estiment chacun la force qu’ils déploient, et ont l’impression que leur partenaire répond avec une intensité supérieure à leurs propres assauts. Dans une logique de réciprocité, ils vont avoir tendance à progressivement augmenter la force de leurs coups, pensant seulement répliquer au niveau de la force de l’autre.
Pourtant, les seules informations visuelles ne permettent pas de faire la distinction entre le scénario où l’on balaie un paysage du regard et le scénario où le paysage tourne autour de nous alors que nous gardons le regard fixe – ces deux situations produisent des images identiques sur la rétine. Mais le fait que nous percevons un monde stable s’explique par le fait que le système nerveux anticipe les changements d’images induits par les mouvements oculaires et filtre les informations autogénérées.
Pour l’expérimenter, fermez un œil, et appuyez légèrement sur le côté de l’autre œil en le gardant ouvert (à travers la paupière bien sûr, parce qu’un doigt dans l’œil, jusqu’au coude, c’est l’électeur qui se le met…).
Cette manipulation crée une légère rotation de l’œil qui n’est pas générée par les muscles oculaires, donnant l’impression que le monde extérieur se penche légèrement.
Ça peut surprendre…
En effet, une défaillance dans la capacité du système nerveux à prédire et atténuer les conséquences sensorielles de ses propres actions pourrait contribuer à des symptômes observés dans certaines maladies mentales.
Par exemple, il a été constaté que l’atténuation sensorielle est souvent moins marquée chez les patients schizophrènes – et qu’ils sont d’ailleurs capables de se chatouiller eux-mêmes… dans une certaine mesure.
Cela pourrait expliquer pourquoi ces patients perçoivent parfois leurs propres mouvements comme provenant d’une source externe, dissociée de leur volonté.
De même, des monologues intérieurs qui ne sont pas suffisamment atténués pourraient être à l’origine des hallucinations auditives, où la voix perçue semble venir de l’extérieur.
À moins qu’elles n’émanent d’un écouteur de téléphone ou d’un poste de radio ou de télévision…
En revanche, cette histoire de chatouille n’explique pas ni les effets et ni les mécanismes de la masturbation auto-administrée.
Mais c’est un tout autre sujet…
Heureusement que le travail existe pour se remettre de ces longs week-ends de pont !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
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