Ou la stratégie de sécurité nationale de la Chine
J’en conviens, ça n’aura pas fait les titres de vos
journaux, occupés qu’ils par l’Ukraine, le Pape, le nouveau président des « Républicains-démocrates »
et les élections roumaines, la météo et les tirages du loto…
Il y a des choses importantes, dans la vie, n’est-ce pas.
Mais cette publication récente ne reste pas totalement insignifiante… au contraire même si elle ne fait que confirmer ce qu’on pressent par ailleurs.
La Chine aura fait paraître le 12 mai son « Petit
Livre blanc » de sécurité nationale, autrement la partie émergée de sa stratégie
quinquennale 2026-2031.
Et quelles sont donc les priorités chinoises ?
Au-delà de l’écart entre les mots et les actes, c’est toute une posture de relative confiance stratégique qui se donne à lire et qui devrait nous faire réféléchir.
安而不忘危,存而不忘亡,治而不忘乱 !
Autrement traduit par : « Quand
vous êtes en sécurité, ne perdez pas de vue la possibilité du danger ; quand
vous êtes en vie, n’oubliez pas que la mort guette ; et quand vous gouvernez
les affaires de l’État, gardez à l’esprit le risque de descente dans le chaos ».
Le Livre blanc sur la sécurité nationale que la République populaire de Chine affirme
ainsi que « 5.000 ans de civilisation ininterrompue ont enraciné, dans
la nation chinoise, une tradition stratégique de sécurité nationale, riche et
profonde ».
Blablabla ?
Dans cette perspective, le concept de « sécurité nationale globale » promu par « Xi-Ping-pong » est présenté comme l’héritier naturel de cette culture plurimillénaire.
Rien de moins…
Notez, je serai à sa place, je ferai la même chose.
« Poux-tine » ne fait pas autrement du haut de son millénaire d’Histoire de la « Sainte-Russie » : Tout le monde n’a pas 50 siècles de civilisation derrière soi et ça mérite d’être mis en avant…
D’autant que jusque-là, la Chine n’avait jamais rendu
publique une stratégie de sécurité nationale. Si certaines sources non
officielles laissent entendre qu’un plan quinquennal aurait été adopté en 2021
pour structurer l’action publique dans ce domaine, aucun document officiel
n’est venu en attester.
Contrairement à bien d’autres nations…
C’est dans ce contexte que, le nouveau Livre blanc pourrait être une actualisation logique de ses priorités, compte tenu des transformations de l’environnement international provoquées par les politiques de l’administration « Trompe »
« Trompe », toujours lui, mais pas forcément ni nécessairement.
Car ce Livre blanc met en avant quatre axes majeurs, relativement
familiers pour les « experts-observateurs » de la Chine d’aujourd’hui.
La centralité du concept de sécurité nationale globale de « Xi-Ping-pong », introduit en avril 2014 lors de la première réunion plénière de la Commission centrale de sécurité nationale, est d’une portée très large, couvrant la politique, le militaire, le territoire, l’économie, la finance, la culture, la société, la science et la technologie, le cyberespace, l’alimentation, l’écologie, les ressources, les questions nucléaires, les intérêts à l’étranger, l’espace extra-atmosphérique, les grands fonds marins, les régions polaires, la biologie, l’intelligence artificielle et les données.
N’en jetez plus…
Ce Livre blanc souligne toutefois que l’objectif n’est
pas de « sécuriser tous les aspects de la vie », mais de « renforcer
le caractère systémique, global et coordonné du travail en matière de sécurité
nationale, et de mener efficacement une campagne globale pour la sécurité
nationale ».
Comme on dit en Auvergne « 打好国家安全总体战 ». Ce qui peut se traduire approximativement par « Mener la bataille globale pour la sécurité nationale », comme vous l’aviez compris…
L’élévation de la « sécurité politique » au rang de « ligne de vie de la sécurité nationale dans la Nouvelle ère » constitue donc un autre point central.
Celle-ci porte d’abord, et en toute démocratie respectueuse des attentes populaires, sur la préservation du système socialiste, forcément de la direction du Parti communiste chinois omniscient et de l’ordre constitutionnel socialiste universel !
Selon ce Livre Blanc, la sécurité politique est désormais intégrée dans l’ensemble des domaines de gouvernance, avec des mécanismes de détection précoce des risques et de gestion préventive non explicités dans le détail, mais qui renvoient vraisemblablement au maillage étroit des cellules du Parti, dans toutes les organisations.
Ça plus les outils de traçage de la population et la politique de notation individuelle, ce n’est même plus dystopique depuis quelques années maintenant : Ils ont vraiment eu très peur pour leurs miches lors des événements de la place Tienanmen.
Depuis, il y a eu deux fois les JO et le pouvoir aura pu montrer qu’il maîtrise totalement son problème…
Dans le même registre, le Livre blanc insiste sur la « sécurité idéologique », définie comme « la défense de la doctrine marxiste » et le maintien du contrôle sur la parole publique et le cyberespace.
Pov’ Marx (Karl, pas Groucho, naturellement…)
Voilà : Si ça fonctionne bien, le régime sera encore là dans des siècles et des siècles.
À moins qu’ils s’en lassent eux-mêmes bien avant…
La politique de sécurité nationale est donc conçue comme un soutien à la « modernisation à la chinoise » (qui n’en finit pas), c’est-à-dire à la fourniture de résultats tangibles à la population, conformément à ce qui est attendu d’un gouvernement de services.
Certes, c’est au risque d’étirer les limites conceptuelles de la sécurité nationale, car ce Livre blanc met ainsi l’accent sur les résultats obtenus dans divers domaines, notamment :
− Un taux d’homicides volontaires de 0,44 pour 100.000
habitants, l’un des plus bas au monde (il est d’environ 1,2 pour 100.000
habitants en « Gauloisie-apaisée » avec des variations considérables
selon les catégories de population et les départements où il peut tripler en « Corsica-Bella-Tchi-tchi »
selon les époques-&-saisons : Là, ce sont les guerres de gangs qui font des
ravages pour conquérir « le marché » de « la farine » hallucinogène).
Chiffre qui ferait de la Chine le troisième pays le plus sûr au monde selon les données de l’ONU pour 2023 : Magnifique, le communisme appliqué !
« Re-Taille-haut » devrait s’en inspirer…
− Seulement 9 accidents industriels majeurs en 2024, première année qui voit ce chiffre passer sous la barre de 10…
− Une amélioration substantielle de la qualité de l’air et des progrès en matière de reforestation, qui vont dans le sens des objectifs mondiaux en matière d’environnement !
− L’évacuation de 10.000 ressortissants chinois des zones à haut risque en 2024 – un chiffre élevé qui mériterait d’être documenté, si l’on se rappelle que l’opération principale menée en 2024 concernait l’évacuation de seulement 200 citoyens chinois du Liban.
Peut-être ont-ils fait des évacuations également à Kiev, allez donc savoir…
Le « Livre blanc » affirme également qu’il est désormais nécessaire de disposer « d’un niveau de sécurité plus élevé pour soutenir un développement de meilleure qualité ».
Je n’aurai pas dit mieux…
Il appelle ainsi à une intégration plus systématique des risques dans les arbitrages politiques, et à l’évaluation des stratégies de développement à l’aune de leurs implications sécuritaires.
Et pour concrétiser cette approche, le document identifie quatre priorités structurelles :
− La mise en place d’un système national de surveillance des risques sécuritaires et d’alerte précoce ;
− La constitution de réserves stratégiques de matières premières afin de renforcer l’autonomie nationale ;
− Le développement d’infrastructures urbaines résilientes et de capacités de réponse aux catastrophes naturelles, dans un contexte marqué par le changement climatique ;
− Et la préservation d’un environnement macroéconomique stable, afin de contenir les fragilités financières et prévenir les risques systémiques.
Bien vu…
Cette section se conclut par un rappel de l’importance des instruments de droit dans le dispositif de sécurité nationale – un trait distinctif de l’approche de « Xi-Ping-pong ».
Ce point est d’ailleurs à rapprocher du principe d’extraterritorialité chinoise du nouvel arsenal juridique chinois qui se calque sur celui des « ricains ».
Trois dimensions de ce Livre blanc méritent quand même
une attention particulière, tant elles résonnent avec les grandes tendances
actuelles en matière de sécurité extérieure – notamment dans le contexte de la
rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine, intensifiée sous la
présidence « Trompe » (qui aura une fin…).
− Premièrement, la Chine se présente comme une « source
de stabilité et de certitude » dans un monde en proie à l’instabilité,
et comme le « défenseur de la mondialisation, mais de manière non
inconditionnelle ».
Rhâââ : Nos souverainistes d’extrême-gôche & d’extrême-droâte vont encore râler et Davos va boire du petit-lait de satisfaction…
Une nuance qui vise probablement à justifier les ripostes chinoises contre les mesures douanières « ricaines », et les restrictions d’accès à certaines technologies.
Or, bien qu’il insiste sur la montée des risques géopolitiques, le Livre Blanc adopte un ton résolument optimiste : Il évoque une trajectoire historique irréversible vers « la paix, le développement, la coopération et les échanges gagnant-gagnant » et salue la montée en puissance des pays du Sud comme facteur de stabilisation dans les affaires internationales.
Je ne suis pas bien sûr que ce ne soit pas un oxymore typique de la dialectique maoïste, mais bon…
C’est tout de même là où on retrouve cet appel d’air
de la multipolarité promue par le pouvoir russe qui ne s’est pas encore rendu
compte que ça existe déjà…
Et que ce n’est pas parce que la « Russie éternelle » n’existe plus comme puissance mondiale, militaire, financière, démographique, monétaire et économique, qu’on est forcément dans un monde « unipolaire » !
La preuve, la Chine, l’UE…
− Le deuxième point concerne le message adressé sur
Taiwan et les relations entre les deux rives du détroit. Le Livre blanc insiste
sur la « sincérité » du Parti dans sa volonté d’aboutir à une
réunification pacifique.
Comprendre l’exact inverse ?
Il poursuit l’offensive sur le terrain du droit amorcée par Pékin en interprétant la résolution 2758 de l’ONU comme une reconnaissance internationale du principe d’« une seule Chine réunifiée ».
Or, là, ce n’est pas gagné : Cette résolution adoptée en 1971 ne faisait que transférer le siège onusien de la Chine des « représentants de Tchang Kaï-chek » à ceux de la République populaire de Chine, sans évoquer le statut de Taiwan ni statuer sur sa souveraineté.
Et à ce régime-là, que fait-on d’Okinawa, par exemple ?
Le document indique toutefois dans l’ensemble une
nette préférence pour la tactique du Front uni, fondée sur l’influence
politique et sociétale, plutôt que pour la coercition militaire.
Ce qui est un bon point mais ne correspond pas aux exercices militaires renforcés qui ont lieu régulièrement sur le terrain…
Toutefois, sur ce sujet, rien n’indique que Beijing soit prêt à agir avec précipitation.
Les termes choisis dans ce Livre blanc suggèrent même que les dirigeants chinois pourraient voir dans le contexte actuel une fenêtre d’opportunité pour faire avancer leur agenda d’unification, en tirant parti de la polarisation politique interne de Taiwan, et en misant sur une diplomatie habile à l’égard du Président « ricain », qui viserait à l’amener à des concessions rhétoriques sur Taiwan, même à rebours des positions de l’avis de son équipe de sécurité nationale.
Celui-là est parfois tellement aberrant… que tout reste dans le domaine du possible.
Pour ma part, je pense surtout que les « ingénieurs
du chaos » et les trolls russes et chinois, voire coréens du Nord, peuvent
très bien travailler l’opinion publique de Formose, pour finir par aboutir à
des négociations volontairement ouvertes par les dirigeants taïwanais vers une
réunification volontaire et apaisée…
Comme à Hong-Kong.
Et après, Dieu lui-même reconnaitra les siens…
− Troisièmement, la résilience de la chaîne d’approvisionnement
est érigée au rang de priorité stratégique (qu’on devrait probablement en faire
de même !).
L’autosuffisance en céréales est présentée comme une préoccupation majeure (ils ont connu tellement de famines dans les décennies passées et ils reçoivent toujours avec gratitude l’aide « Gauloisienne-au-développement » des pays sous-développés et menacés de malnutrition, qui se chiffre par dizaines de millions d’euros d’impôts prélevés dans mes poches tous les ans…
Et là, le Livre blanc affiche un certain satisfecit sur ce point : Après une décennie de stabilité autour de 650 millions de tonnes, la production agricole a franchi le seuil des 700 millions de tonnes en 2024.
Le document souligne l’importance d’investissements continus dans les innovations en matière de semences ainsi que de systèmes de stockage des denrées alimentaires.
Le document insiste également sur l’importance de
l’autonomie agricole comme fondement de la sécurité nationale.
Il réaffirme également la nécessité de diversifier les sources d’énergie, d’accroître les réserves stratégiques en minerais critiques, et de développer des technologies propres.
Plus globalement, la réduction de l’exposition aux goulets d’étranglement technologiques et, au-delà, de la dépendance aux technologies étrangères est présentée comme un pilier central de la stratégie de sécurité nationale.
Cette orientation, conjuguée à l’investissement soutenu de la Chine dans ses capacités militaires – même si le Livre blanc n’en fait aucune mention explicite – rappelle l’ambition stratégique sous-jacente : Se doter des moyens nécessaires à une victoire dans un conflit à « haute intensité » entre grandes puissances !
Le Livre blanc traduit ainsi une volonté affirmée d’ancrer l’autorité morale de la Chine dans les affaires internationales. Il inscrit la vision sécuritaire de « Xi-Ping-pong » dans la continuité de la longue histoire de son pays.
Au moins aussi longue que celle du mien…
Quoique qu’avec les menhirs et les dolmens de Filitosa, l’histoire de la « Corsica-Bella-Tchi-tchi » remonte à la préhistoire avec déjà ses affaires claniques…
La citation tirée du Livre perdu des Zhou, « 内事文而和,外事武而义 », que l’on peut traduire du côté de Saint-Brieuc, textuellement par la maxime « Les affaires intérieures doivent être pacifiques et harmonieuses, les affaires étrangères doivent être militaires et justes. »
Ce qui peut vouloir exprimer que la politique
intérieure doit être pleine d’harmonie quand elle est gouvernée avec vertu et
civilité. Quant aux affaires extérieures elles doivent être gérées en faisant
preuve de force, et la puissance militaire ne peut être utilisée que si elle
sert une cause juste.
C’est d’ailleurs devenu une référence récurrente dans les documents relatifs à la sécurité nationale et à la défense…
Elle témoigne de la conviction des dirigeants que le recours excessif à la force militaire ou, au contraire, une gouvernance intérieure trop permissive risquent de compromettre les acquis de la Chine : Dès lors, le principal défi stratégique consisterait à maintenir un équilibre prudent entre les deux.
Pour comprendre l’ensemble, on peut remarquer que cette
quête d’autorité morale n’est pas nouvelle. Mais là elle prend désormais une
signification particulière dans un contexte international où les États-Unis d’Amérique
semblent déserter ce terrain.
Il faut donc s’attendre à ce que la Chine gagne en soft power, même si dans les faits, son comportement international ne s’aligne pas toujours sur les principes qu’elle proclame, et les contredit parfois ouvertement !
Allez donc comprendre : Ce sont des Chinois !
L’exemple le plus manifeste de cette dissonance entre
discours et action concerne d’ailleurs la guerre en Ukraine. Alors que Beijing
apporte un soutien critique à l’invasion russe, le Livre blanc adopte une
posture de neutralité bienveillante, affirmant que « la souveraineté et
l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être respectées ».
Chinois, vous dis-je !
D’autant que ce décalage illustre l’une des faiblesses majeures de la politique étrangère chinoise : Un manque de cohérence entre les actes et les déclarations.
De nombreux pays ne s’y arrêtent certes pas, que ce soit par idéologie « anti-ricaine », ou par la rhétorique qui consiste à répondre à une critique ou à une accusation en détournant l’attention vers une autre faute, réelle ou supposée, commise par l’interlocuteur ou un tiers, plutôt que de répondre sur le fond, ou par pure ignorance des intérêts qui guident les politiques chinoises.
Dans l’ensemble, et au-delà de sa dimension de « construction du récit chinois des relations internationales », le Livre blanc adopte une posture de confiance stratégique, malgré les inquiétudes du régime quant à sa propre sécurité, qui transparaissent en filigrane tout au long du document, me semble-t-il.
Mais ces inquiétudes s’effacent derrière l’affirmation selon laquelle la Chine est désormais « mieux équipée » pour se défendre contre les menaces extérieures et pour façonner son environnement de sécurité extérieure, affirmation qui résume sans doute le mieux l’esprit général de ce Livre blanc de sécurité nationale.
Autrement dit, il se pourrait qu’il ne soit destiné qu’à
se conforter lui-même, à autojustifier de persister sur la lancée et le cap
donné depuis des années.
En bref, ce n’est finalement que le reflet du credo ambiant.
C’est le propre de toutes les dictatures que d’être absolument certaines d’être dans « le juste ».
C’est d’ailleurs toute la différence d’avec une démocratie libre qui doute et peut se remettre en cause à tout moment : Cette dernière admet même que la critique, parfois la plus virulente et la plus injuste, émane de ses rangs – elle l’encouragerait presque – jusqu’à éventuellement la faire se dissoudre sous le joug de quelques « apprentis dictateurs », alors qu’un régime dictatorial ne peut pas l’admettre ni même le concevoir.
Ce n’est pas dans ses gènes.
Ce « petit livre blanc » n’est finalement
jamais qu’un reflet des faiblesses du régime.
Mais ça, on savait déjà : Ce n’est jamais qu’une confirmation « officielle ».
Et ça méritait qu’on le note ensemble !
Pour mémoire (n’en
déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE
PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA DE MASSE « NON RUSSE »,
REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE » !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
Il y a des choses importantes, dans la vie, n’est-ce pas.
Mais cette publication récente ne reste pas totalement insignifiante… au contraire même si elle ne fait que confirmer ce qu’on pressent par ailleurs.
Et quelles sont donc les priorités chinoises ?
Au-delà de l’écart entre les mots et les actes, c’est toute une posture de relative confiance stratégique qui se donne à lire et qui devrait nous faire réféléchir.
Dans cette perspective, le concept de « sécurité nationale globale » promu par « Xi-Ping-pong » est présenté comme l’héritier naturel de cette culture plurimillénaire.
Rien de moins…
Notez, je serai à sa place, je ferai la même chose.
« Poux-tine » ne fait pas autrement du haut de son millénaire d’Histoire de la « Sainte-Russie » : Tout le monde n’a pas 50 siècles de civilisation derrière soi et ça mérite d’être mis en avant…
Contrairement à bien d’autres nations…
C’est dans ce contexte que, le nouveau Livre blanc pourrait être une actualisation logique de ses priorités, compte tenu des transformations de l’environnement international provoquées par les politiques de l’administration « Trompe »
« Trompe », toujours lui, mais pas forcément ni nécessairement.
La centralité du concept de sécurité nationale globale de « Xi-Ping-pong », introduit en avril 2014 lors de la première réunion plénière de la Commission centrale de sécurité nationale, est d’une portée très large, couvrant la politique, le militaire, le territoire, l’économie, la finance, la culture, la société, la science et la technologie, le cyberespace, l’alimentation, l’écologie, les ressources, les questions nucléaires, les intérêts à l’étranger, l’espace extra-atmosphérique, les grands fonds marins, les régions polaires, la biologie, l’intelligence artificielle et les données.
N’en jetez plus…
Comme on dit en Auvergne « 打好国家安全总体战 ». Ce qui peut se traduire approximativement par « Mener la bataille globale pour la sécurité nationale », comme vous l’aviez compris…
L’élévation de la « sécurité politique » au rang de « ligne de vie de la sécurité nationale dans la Nouvelle ère » constitue donc un autre point central.
Celle-ci porte d’abord, et en toute démocratie respectueuse des attentes populaires, sur la préservation du système socialiste, forcément de la direction du Parti communiste chinois omniscient et de l’ordre constitutionnel socialiste universel !
Selon ce Livre Blanc, la sécurité politique est désormais intégrée dans l’ensemble des domaines de gouvernance, avec des mécanismes de détection précoce des risques et de gestion préventive non explicités dans le détail, mais qui renvoient vraisemblablement au maillage étroit des cellules du Parti, dans toutes les organisations.
Ça plus les outils de traçage de la population et la politique de notation individuelle, ce n’est même plus dystopique depuis quelques années maintenant : Ils ont vraiment eu très peur pour leurs miches lors des événements de la place Tienanmen.
Depuis, il y a eu deux fois les JO et le pouvoir aura pu montrer qu’il maîtrise totalement son problème…
Dans le même registre, le Livre blanc insiste sur la « sécurité idéologique », définie comme « la défense de la doctrine marxiste » et le maintien du contrôle sur la parole publique et le cyberespace.
Pov’ Marx (Karl, pas Groucho, naturellement…)
Voilà : Si ça fonctionne bien, le régime sera encore là dans des siècles et des siècles.
À moins qu’ils s’en lassent eux-mêmes bien avant…
La politique de sécurité nationale est donc conçue comme un soutien à la « modernisation à la chinoise » (qui n’en finit pas), c’est-à-dire à la fourniture de résultats tangibles à la population, conformément à ce qui est attendu d’un gouvernement de services.
Certes, c’est au risque d’étirer les limites conceptuelles de la sécurité nationale, car ce Livre blanc met ainsi l’accent sur les résultats obtenus dans divers domaines, notamment :
Chiffre qui ferait de la Chine le troisième pays le plus sûr au monde selon les données de l’ONU pour 2023 : Magnifique, le communisme appliqué !
« Re-Taille-haut » devrait s’en inspirer…
− Seulement 9 accidents industriels majeurs en 2024, première année qui voit ce chiffre passer sous la barre de 10…
− Une amélioration substantielle de la qualité de l’air et des progrès en matière de reforestation, qui vont dans le sens des objectifs mondiaux en matière d’environnement !
− L’évacuation de 10.000 ressortissants chinois des zones à haut risque en 2024 – un chiffre élevé qui mériterait d’être documenté, si l’on se rappelle que l’opération principale menée en 2024 concernait l’évacuation de seulement 200 citoyens chinois du Liban.
Peut-être ont-ils fait des évacuations également à Kiev, allez donc savoir…
Le « Livre blanc » affirme également qu’il est désormais nécessaire de disposer « d’un niveau de sécurité plus élevé pour soutenir un développement de meilleure qualité ».
Je n’aurai pas dit mieux…
Il appelle ainsi à une intégration plus systématique des risques dans les arbitrages politiques, et à l’évaluation des stratégies de développement à l’aune de leurs implications sécuritaires.
Et pour concrétiser cette approche, le document identifie quatre priorités structurelles :
− La mise en place d’un système national de surveillance des risques sécuritaires et d’alerte précoce ;
− La constitution de réserves stratégiques de matières premières afin de renforcer l’autonomie nationale ;
− Le développement d’infrastructures urbaines résilientes et de capacités de réponse aux catastrophes naturelles, dans un contexte marqué par le changement climatique ;
− Et la préservation d’un environnement macroéconomique stable, afin de contenir les fragilités financières et prévenir les risques systémiques.
Bien vu…
Cette section se conclut par un rappel de l’importance des instruments de droit dans le dispositif de sécurité nationale – un trait distinctif de l’approche de « Xi-Ping-pong ».
Ce point est d’ailleurs à rapprocher du principe d’extraterritorialité chinoise du nouvel arsenal juridique chinois qui se calque sur celui des « ricains ».
Rhâââ : Nos souverainistes d’extrême-gôche & d’extrême-droâte vont encore râler et Davos va boire du petit-lait de satisfaction…
Une nuance qui vise probablement à justifier les ripostes chinoises contre les mesures douanières « ricaines », et les restrictions d’accès à certaines technologies.
Or, bien qu’il insiste sur la montée des risques géopolitiques, le Livre Blanc adopte un ton résolument optimiste : Il évoque une trajectoire historique irréversible vers « la paix, le développement, la coopération et les échanges gagnant-gagnant » et salue la montée en puissance des pays du Sud comme facteur de stabilisation dans les affaires internationales.
Je ne suis pas bien sûr que ce ne soit pas un oxymore typique de la dialectique maoïste, mais bon…
Et que ce n’est pas parce que la « Russie éternelle » n’existe plus comme puissance mondiale, militaire, financière, démographique, monétaire et économique, qu’on est forcément dans un monde « unipolaire » !
La preuve, la Chine, l’UE…
Comprendre l’exact inverse ?
Il poursuit l’offensive sur le terrain du droit amorcée par Pékin en interprétant la résolution 2758 de l’ONU comme une reconnaissance internationale du principe d’« une seule Chine réunifiée ».
Or, là, ce n’est pas gagné : Cette résolution adoptée en 1971 ne faisait que transférer le siège onusien de la Chine des « représentants de Tchang Kaï-chek » à ceux de la République populaire de Chine, sans évoquer le statut de Taiwan ni statuer sur sa souveraineté.
Et à ce régime-là, que fait-on d’Okinawa, par exemple ?
Ce qui est un bon point mais ne correspond pas aux exercices militaires renforcés qui ont lieu régulièrement sur le terrain…
Toutefois, sur ce sujet, rien n’indique que Beijing soit prêt à agir avec précipitation.
Les termes choisis dans ce Livre blanc suggèrent même que les dirigeants chinois pourraient voir dans le contexte actuel une fenêtre d’opportunité pour faire avancer leur agenda d’unification, en tirant parti de la polarisation politique interne de Taiwan, et en misant sur une diplomatie habile à l’égard du Président « ricain », qui viserait à l’amener à des concessions rhétoriques sur Taiwan, même à rebours des positions de l’avis de son équipe de sécurité nationale.
Celui-là est parfois tellement aberrant… que tout reste dans le domaine du possible.
Comme à Hong-Kong.
Et après, Dieu lui-même reconnaitra les siens…
L’autosuffisance en céréales est présentée comme une préoccupation majeure (ils ont connu tellement de famines dans les décennies passées et ils reçoivent toujours avec gratitude l’aide « Gauloisienne-au-développement » des pays sous-développés et menacés de malnutrition, qui se chiffre par dizaines de millions d’euros d’impôts prélevés dans mes poches tous les ans…
Et là, le Livre blanc affiche un certain satisfecit sur ce point : Après une décennie de stabilité autour de 650 millions de tonnes, la production agricole a franchi le seuil des 700 millions de tonnes en 2024.
Le document souligne l’importance d’investissements continus dans les innovations en matière de semences ainsi que de systèmes de stockage des denrées alimentaires.
Il réaffirme également la nécessité de diversifier les sources d’énergie, d’accroître les réserves stratégiques en minerais critiques, et de développer des technologies propres.
Plus globalement, la réduction de l’exposition aux goulets d’étranglement technologiques et, au-delà, de la dépendance aux technologies étrangères est présentée comme un pilier central de la stratégie de sécurité nationale.
Cette orientation, conjuguée à l’investissement soutenu de la Chine dans ses capacités militaires – même si le Livre blanc n’en fait aucune mention explicite – rappelle l’ambition stratégique sous-jacente : Se doter des moyens nécessaires à une victoire dans un conflit à « haute intensité » entre grandes puissances !
Le Livre blanc traduit ainsi une volonté affirmée d’ancrer l’autorité morale de la Chine dans les affaires internationales. Il inscrit la vision sécuritaire de « Xi-Ping-pong » dans la continuité de la longue histoire de son pays.
Au moins aussi longue que celle du mien…
Quoique qu’avec les menhirs et les dolmens de Filitosa, l’histoire de la « Corsica-Bella-Tchi-tchi » remonte à la préhistoire avec déjà ses affaires claniques…
La citation tirée du Livre perdu des Zhou, « 内事文而和,外事武而义 », que l’on peut traduire du côté de Saint-Brieuc, textuellement par la maxime « Les affaires intérieures doivent être pacifiques et harmonieuses, les affaires étrangères doivent être militaires et justes. »
C’est d’ailleurs devenu une référence récurrente dans les documents relatifs à la sécurité nationale et à la défense…
Elle témoigne de la conviction des dirigeants que le recours excessif à la force militaire ou, au contraire, une gouvernance intérieure trop permissive risquent de compromettre les acquis de la Chine : Dès lors, le principal défi stratégique consisterait à maintenir un équilibre prudent entre les deux.
Il faut donc s’attendre à ce que la Chine gagne en soft power, même si dans les faits, son comportement international ne s’aligne pas toujours sur les principes qu’elle proclame, et les contredit parfois ouvertement !
Allez donc comprendre : Ce sont des Chinois !
Chinois, vous dis-je !
D’autant que ce décalage illustre l’une des faiblesses majeures de la politique étrangère chinoise : Un manque de cohérence entre les actes et les déclarations.
De nombreux pays ne s’y arrêtent certes pas, que ce soit par idéologie « anti-ricaine », ou par la rhétorique qui consiste à répondre à une critique ou à une accusation en détournant l’attention vers une autre faute, réelle ou supposée, commise par l’interlocuteur ou un tiers, plutôt que de répondre sur le fond, ou par pure ignorance des intérêts qui guident les politiques chinoises.
Dans l’ensemble, et au-delà de sa dimension de « construction du récit chinois des relations internationales », le Livre blanc adopte une posture de confiance stratégique, malgré les inquiétudes du régime quant à sa propre sécurité, qui transparaissent en filigrane tout au long du document, me semble-t-il.
Mais ces inquiétudes s’effacent derrière l’affirmation selon laquelle la Chine est désormais « mieux équipée » pour se défendre contre les menaces extérieures et pour façonner son environnement de sécurité extérieure, affirmation qui résume sans doute le mieux l’esprit général de ce Livre blanc de sécurité nationale.
En bref, ce n’est finalement que le reflet du credo ambiant.
C’est le propre de toutes les dictatures que d’être absolument certaines d’être dans « le juste ».
C’est d’ailleurs toute la différence d’avec une démocratie libre qui doute et peut se remettre en cause à tout moment : Cette dernière admet même que la critique, parfois la plus virulente et la plus injuste, émane de ses rangs – elle l’encouragerait presque – jusqu’à éventuellement la faire se dissoudre sous le joug de quelques « apprentis dictateurs », alors qu’un régime dictatorial ne peut pas l’admettre ni même le concevoir.
Ce n’est pas dans ses gènes.
Mais ça, on savait déjà : Ce n’est jamais qu’une confirmation « officielle ».
Et ça méritait qu’on le note ensemble !
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
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