Quelle différence entre un « patriote » et un
« nationaliste »
Il y a naturellement une réponse assez simple, mais dans une époque marquée par des discussions animées sur l’identité et la souveraineté, il peut devenir important de distinguer ces concepts qu’on pourrait croire synonyme de patriotisme et de nationalisme, alors qu’ils restent très différents, voire jusqu’à en devenir antagonistes.
Surtout que les uns se réclament parfois des autres et pas nécessairement réciproquement.
Bref, ces termes, qui sont souvent utilisés de manière interchangeable dans le discours populaire, cachent des nuances profondes qui influencent le comportement et la perception politique et sèment la confusion.
Le patriotisme et le nationalisme sont des termes qui résonnent avec force dans le débat public et politique, mais ils sont fréquemment amalgamés voire seulement mal interprétés, justement pour créer de la confusion.
Comprendre leur signification, leurs origines et leurs implications nécessiterait tout de même une exploration approfondie de leurs racines philosophiques et de leurs manifestations contemporaines, ce que finalement on apprenait, dans le temps, dans tous les collèges de la République.
Et pas forcément dans les « cours privés », même s’ils sont sous contrat.
Quant aux cercles coraniques, je ne sais pas : Je ne fréquente pas.
De même, dans les ékole hébraïque, souvent j’en arrive à penser que les jeunes sont amenés à confondre patriotisme avec sionisme, mais peut-être que je m’avance : Je ne fréquente pas plus…
Ainsi, selon George Orwell dans son essai « Notes on Nationalism » (1945) figurant au deuxième paragraphe, le patriotisme est « le dévouement à un lieu particulier et à un mode de vie particulier, que l’on croit être le meilleur du monde mais sans volonté de l’imposer aux autres », ce qui je dois l’avouer, n’est pas mal vu !
D’ailleurs les travaux de Maurizio Viroli dans « For Love of Country: An Essay on Patriotism and Nationalism » (1995) offrent une perspective approfondie sur la nature inclusive et morale du patriotisme.
Il note que les patriotes s’engagent dans diverses actions qui renforcent l’unité nationale et promeuvent le bien-être collectif sans chercher à supprimer les différences internes ou externes.
Ils peuvent ainsi participer à des programmes d’éducation civique, soutenir des initiatives de développement local, et défendre les valeurs démocratiques.
Le patriotisme se manifeste souvent par un engagement dans des services volontaires, des célébrations de jours nationaux et le respect des symboles nationaux.
L’accent est aussi mis sur l’amélioration de la société dans son ensemble, comme le démontrent les études sur les mouvements patriotiques dans différentes démocraties.
Oui mais, ça ne distingue pas vraiment d’un nationaliste, même « nationalpopuliste »…
Ainsi, Hans Kohn dans son ouvrage classique « The Idea of Nationalism: A Study in Its Origins and Background » (1944), définit le nationalisme comme une force qui peut unir une population autour de valeurs communes mais qui peut également conduire à un sentiment de supériorité et parfois de xénophobie.
D’ailleurs, tous les nationalistes se concentrent souvent et d’abord sur la délimitation claire de l’identité nationale contre ceux qu’ils considèrent comme « autres », les étrangers, les aliens, les gajos, les goyim, les métèques, les impatriés, les « migrants », et peuvent même, et souvent, soutenir des politiques protectionnistes ou isolationnistes.
George Orwell par exemple considère que tout mouvement nationaliste, pour faire plus général, englobe les tendances tels que le communisme, le catholicisme politique, le sionisme, l’antisémitisme, le Trotskisme, le pacifisme et je rajoute le racisme et le sectarisme…
Mais on peut également parler du sionisme, sans vouloir vexer personne…
En clair, le nationaliste pour George Orwell est celui « qui pense uniquement ou principalement en termes de prestige compétitif » et ses pensées « sont toujours tournées vers les victoires, les défaites, les triomphes et les humiliations ».
Il me semble que c’est un peu court, mais…
Cette approche peut inclure des mesures strictes sur l’immigration, la glorification de l’histoire nationale souvent au détriment des faits historiques, et un soutien fervent à des politiques qui favorisent une homogénéité culturelle.
Les actions des nationalistes peuvent aussi inclure des manifestations contre des accords internationaux perçus comme contraires aux intérêts nationaux.
Nos agriculteurs, mais pas seulement eux, en sont un excellent exemple du moment…
Alors que le patriotisme célèbre l’appartenance à un pays de manière inclusive et respectueuse des différences, le nationalisme tend à se focaliser sur une identité exclusive, souvent en opposition à d’autres groupes ou nations.
Des penseurs politiques comme Isaiah Berlin dans « Two Concepts of Liberty » (1958) et Elie Kedourie dans « Nationalism » (1960) ont exploré ces distinctions, notant comment le nationalisme peut se transformer en un outil de division et de contrôle.
Du coup, la frontière entre se considérer comme patriote et nationaliste est souvent floue et subjective, influencée par les circonstances historiques et sociales.
Par ailleurs, le patriotisme est généralement vu comme plus modéré et constructif, car il cherche à unir plutôt qu’à diviser.
Des spécialistes comme Stephen Macedo dans « Liberal Virtues: Citizenship, Virtue, and Community » soulignent le rôle constructif du patriotisme dans le renforcement des valeurs démocratiques et communautaires.
En revanche, le nationalisme, surtout dans ses formes extrêmes, peut conduire à l’exclusion et à la coercition, comme l’ont démontré des cas historiques étudiés par des auteurs comme Éric Hobsbawm et Benedict Anderson.
Surtout quand elles sont biberonnées par des parents tout autant ignorants.
Personnellement, je n’ai jamais eu de doute, pour reprendre une définition que j’attribue à de Gaulle : « Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres. »
Définition qui ressemble, en plus poétique, à celle donnée par Romain Gary : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. »
C’est mieux que la définition de George Bernard Shaw : « Le patriotisme est votre conviction que ce pays est supérieur à tous les autres, parce que vous y êtes né. »
(Il faut bien pouvoir rire de tout, n’est-ce pas ?)
Mais déjà, ne confondait-il pas patriotisme et nationalisme ?
C’était tout de même l’époque de la « seconde internationale », négation théorique des nationalismes, effacement de la notion même de patrie afin de promouvoir la notion de « classe sociale » transnationale…
Un concept qui aura d’ailleurs été bien récupéré par les « penseurs » à la tête des entreprises « supranationales » et des institutions « transnationales »…
Depuis, on aura inventé le « nationale-populisme », qui prend volontiers les habits des patriotes pour mieux se dissimuler et la « démocrature ambiante » laisse faire sans rien en dire…
Probablement que les « maîtres du monde » (qui n’ont de patrie que la planète entière, naturellement, pour être taxés d’apatrides, planète qu’ils détestent partager), y trouvent sans doute un avantage incontournable…
Post-scriptum : Alexeï Navalny est mort en détention pour ses opinions politiques. Les Russes se condamnent à perpétuité à en supporter toute la honte !
Постскриптум: Алексей Навальный умер в заключении за свои политические взгляды. Россияне обрекают себя на всю жизнь нести весь позор!
Parrainez Renommez la rue de l'ambassade de Russie à Paris en rue Alexeï Navalny (change.org)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire