Extrait n° 3
Je flâne, je ne vaque à rien, et je ne suis pas disponible : La
médecine s’occupe de mes « bobos » et me met le moral en plongée
profonde.
Alors je compense comme je peux.
Rien que pour le plaisir, un petit extrait du prochain roman d’été : « Menaces de chaos »…
Et, en se mettant à table, Paul abandonne ces sujets de préoccupations
actuelles pour parler de la « civilisation de la châtaigne ». Ça lui vient
comme d’un pet sur une toile cirée !
Mais c’est intéressant.
On y apprend ainsi qu’il y bien sûr la civilisation du blé, la nôtre née de l’Égypte antique, celle du riz en Extrême-Orient, celle du manioc sur le continent africain et celle du maïs sur le Nouveau continent, mais qu’il y a aussi la civilisation insulaire de la châtaigne !
Les invités apprennent ainsi que si sa culture n’a pas toujours été privilégiée sur l’île, « l’arbre à pain » a, au fil des siècles, su faire montre de ses multiples atours. Au point que, séduits par ses milles et une richesses, les Corses ont su l’exploiter sous toutes ses formes, en faisant de la farine, du tanin ou même des meubles et des poutres de charpente.
Sa silhouette majestueuse et robuste se dessine aux quatre coins de l’île,
en faisant certainement l’un des symboles emblématiques de l’île, depuis des
siècles, les Corses ont bien compris la richesse et les multiples usages de
celui qui est encore appelé à juste titre « l’arbre à pain ».
Pourtant, la Corse n’a pas toujours été une terre où la castanéiculture avait une place si importante. « C’est d’abord du fait d’obligations de la République de Gênes que de multiples châtaigniers ont été plantés », en précisant que les Génois, constatant que le blé n’avait pas une rentabilité assez importante en Corse, ils ont poussé les insulaires à développer la culture de châtaigniers avec pour objectif de préserver la population des famines, son fruit permettant de surcroit de nourrir les hommes comme les animaux.
« Le blé, il y en avait pourtant partout quand il y avait assez de bras. Les hommes ont même monté des murets jusqu’en haut des montagnes pour se partager les terres fertiles.
Or, les guerres sont passées par là et la châtaigne est
devenue fondamentale en Corse depuis au moins le XVIème siècle ».
Car réduit en farine, ce fruit prend rapidement une place prépondérante
sur les tables corses au point d’être de tous les repas, sous différentes
formes, jusqu’au milieu du XXème siècle.
« Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain » aurait déclaré le généralisme Pascal Paoli.
Grâce à cette solide réputation d’ingrédient principal de « pain des pauvres », le châtaignier investit un espace très important sur l’île. « Les chiffres que nous avons entre le Plan Terrier, fin XVIIIème, et le milieu du XIXème siècle montrent qu’il existe alors à peu près 35.000 hectares de châtaigneraies en Corse. C’est le maximum qui a été atteint. La châtaigneraie était principalement concentrée en Castagniccia au XVIIIème siècle, au point qu’elle a donné son nom à cette région, dont elle constitue alors jusqu’à 80 % du terroir. Une quasi monoculture ».
La grande Castagniccia concentrait à ce moment-là 40 % de la population de la Corse.
« Cette culture existe aussi dans quelques autres régions. Mais en Balagne ou dans le Sud c’est une culture qui n’est pas du tout connue fin XVIIIème alors qu’une étude des années 1980-1990, avait recensé près de 47 variétés de châtaignes et de marrons en Corse ».
Il continue en assurant qu’outre les bienfaits nutritionnels de son fruit, les Corses se rendent rapidement compte des multiples usages que peut avoir le châtaignier. On commence ainsi à se servir de son bois pour fabriquer du mobilier comme des chaises, notamment du côté de Verdèse et de Nocario, ou même des charpentes, planchers et autres cloisons.
Ses feuilles, quant à elles, deviennent indispensables pour les cuissons au four des falculelle et des migliacci, traditions qui perdurent encore aujourd’hui.
Et même les éclisses, ces jeunes pousses qui grandissent près des arbres, sont utilisées pour de la vannerie dans un petit secteur entre Orezza et Saliceto. « Le châtaigner a jusqu’au milieu du XIXème siècle un rôle vraiment fondamental en Corse, notamment en Castagniccia ».
Mieux, durant la seconde moitié du siècle, un changement profond de l’économie insulaire intervient : « Les Corses quittent les villages et l’intérieur se vide. Le châtaignier perd alors son rôle majeur dans l’économie.
Toutefois, parallèlement, des inventions dans l’industrie
chimique vont rapidement lui donner un nouvel attrait. Du côté de la région
lyonnaise, on utilise notamment du tan de châtaignier, appelé aussi acide
gallique, pour teindre les soies en noir. »
Un chimiste trouve également le moyen d’utiliser du tan de châtaignier
pour fabriquer des cuirs !
« Plus exploités, ces arbres sont en effet tout d’abord peu coûteux. Et puis comme ce sont des arbres qui ont des centaines d’années… Or, après 50 ans, le châtaignier peut avoir jusqu’à 10 % de tanin ».
L’occasion est donc trop belle pour les industriels qui ne tardent pas à s’en saisir.
Cet âge d’or du tanin de châtaignier aura également permis la création d’une tonnellerie artisanale à Folelli ― les tonneaux étant indispensable pour exporter cette matière ―, ainsi que l’ouverture de parqueteries, où seront fabriqués des parquets en bois de châtaignier, tout comme une usine à papier cartonné, conçu à base de copeaux de châtaignier. « Le châtaignier est vraiment décliné sous toutes ses possibilités en Corse. On l’a même utilisé aussi comme charbon pour fabriquer du fer ! ».
Et il continue sur sa lancée…
« En l’an 2000 seulement 1.200 hectares de châtaigneraies étaient
exploités. À cela s’ajoutent 2.000 à 3.000 hectares packagés par les cochons et
encore quelques dizaines d’hectares utilisés pour des cueillettes familiales.
Le cochon parvient à ouvrir le bogue de châtaignier sans se
blesser, en deux coups de groin, qui est pourtant la partie la plus sensible
fragile de l’animal. »
Et puis, depuis les années 2000 avec l’arrivée en plus du cynips et les
sécheresses qui se multiplient, la production de châtaigniers n’est plus
qu’autour de 1.000 à 1.500 hectares exploités, ce qui est négligeable par
rapport à ce que cela a été.
« Mais pas seulement : grâce à ses arbres pluri-centenaires qui ont déjà survécu à un changement climatique, cette extraordinaire forêt fait l’objet de recherches d’un groupement européen de scientifiques depuis une décennie. Car la Corse abrite probablement la plus ancienne châtaigneraie d’Europe. Voire même l’une des plus vieilles forêts du continent !
Parfois situés loin des routes, ces châtaigniers
multi-centenaires ont résisté aux importantes coupes de l’industrie du tanin,
et n’ont, sur certaines zones, jamais été exploités par l’homme. On y trouve
même des arbres endémiques qui datent d’avant l’époque génoise. Certains ont
presque mille ans. C’est unique ! »
Par exemple, la plupart des arbres présents à Pianello ont plus de 600
ans, et auront connu la mini ère glaciaire du Moyen-Âge et l’augmentation des
températures à partir de 1850. Donc, ils ont déjà résisté à un certain
réchauffement climatique.
« Ce sont des sentinelles incroyables qui ont encore énormément de choses à nous raconter sur la façon dont ils se sont adaptés à ce changement climatique ».
C’est tout d’abord un filtre extraordinaire contre la pollution. Le
châtaigner a une capacité, même dans des milieux extrêmement perturbés, à
conserver une quantité d’humidité étonnante au niveau de ses racines, y compris
quand il n’y a pas de précipitations pendant de longues périodes, et même
isolé, sans autre végétation autour de lui.
« Mais ce n’est pas tout : ces arbres ont aussi appris à se défendre au fil des siècles. Certains châtaigniers pluri-centenaires ont développé des pièges contre le cynips, ce petit insecte ravageur. Certains arbres dominants ont créé des bourgeons qui font office de défenses naturelles contre le cynips. Ces bourgeons ont changé leur morphologie et sont devenus tellement durs que le cynips évite de pondre ses œufs en son sein. »
Paul reste intarissable mais finit par conclure son exposé : « Je vais
vous étonner, mais on a constaté que les châtaigniers échangent chaque jour de
nombreux messages entre eux grâce à une communication hormonale. Un phénomène
qui leur permet notamment de se préparer à l’approcher d’une potentielle
perturbation.
Jusqu’à 2010, la littérature parlait de communication
souterraine, entre les racines, documentée à partir des années 1980. Or, il a
pu être mis en évidence une autre forme de communication qui est aérienne et
qui se base sur des échanges d’hormones végétaux et sur des interactions entre
champs magnétiques ».
Des chercheurs ont constaté que la communication hormonale intervient
essentiellement quand l’arbre subit un stress, comme cela est le cas pour
n’importe quel autre vivant.
« Ça peut être un stress naturel, lié par exemple à du vent, à une chute ou une augmentation des températures, à un changement brusque de paramètres, ou cela peut être aussi simplement la présence d’un homme qui monte dessus pour couper les bois secs.
Face au stress, le châtaignier émet des hormones et on a pu
observer que lorsqu’un arbre est en train d’être élagué, ses congénères
alentours réagissent comme s’ils étaient eux même en train de subir une taille
en se préparant à cicatriser ! »
Extraordinaire : « Donc on voit qu’ils communiquent entre eux, qu’ils
se préviennent qu’il y a une perturbation du milieu et qu’ils doivent s’y
préparer. Ils préviennent les arbres voisins qui sont parfois assez loin,
jusqu’à 400 ou 500 mètres de distance. Et d’autre part, ils envoient aussi une
partie de leurs hormones cicatrisantes à l’arbre qui est en train de subir la
taille pour l’aider à réagir plus rapidement.
Donc il y a un échange et une véritable entraide ».
Étonnant !
C’est comme ça : En ce jour férié non carillonné, je prends des
libertés en souvenirs de tous ceux qui sont tombés sous le joug nazi pour me
permettre de de jouir de ces libertés.
Quoi de mieux que de vous causer de l’arbre qui a donné à manger pendant quelques siècles aux habitants du premier département métropolitain libéré le 4 octobre… 1943 !
Un peu en avance sur le reste du continent…
Pour mémoire (n’en déplaise à « Poux-tine ») : « LE PRÉSENT BILLET A
ENCORE ÉTÉ RÉDIGÉ PAR UNE PERSONNE « NON RUSSE » ET MIS EN LIGNE PAR UN MÉDIA
DE MASSE « NON RUSSE », REMPLISSANT DONC LES FONCTIONS D’UN AGENT « NON RUSSE »
!
Alors je compense comme je peux.
Rien que pour le plaisir, un petit extrait du prochain roman d’été : « Menaces de chaos »…
Mais c’est intéressant.
On y apprend ainsi qu’il y bien sûr la civilisation du blé, la nôtre née de l’Égypte antique, celle du riz en Extrême-Orient, celle du manioc sur le continent africain et celle du maïs sur le Nouveau continent, mais qu’il y a aussi la civilisation insulaire de la châtaigne !
Les invités apprennent ainsi que si sa culture n’a pas toujours été privilégiée sur l’île, « l’arbre à pain » a, au fil des siècles, su faire montre de ses multiples atours. Au point que, séduits par ses milles et une richesses, les Corses ont su l’exploiter sous toutes ses formes, en faisant de la farine, du tanin ou même des meubles et des poutres de charpente.
Pourtant, la Corse n’a pas toujours été une terre où la castanéiculture avait une place si importante. « C’est d’abord du fait d’obligations de la République de Gênes que de multiples châtaigniers ont été plantés », en précisant que les Génois, constatant que le blé n’avait pas une rentabilité assez importante en Corse, ils ont poussé les insulaires à développer la culture de châtaigniers avec pour objectif de préserver la population des famines, son fruit permettant de surcroit de nourrir les hommes comme les animaux.
« Le blé, il y en avait pourtant partout quand il y avait assez de bras. Les hommes ont même monté des murets jusqu’en haut des montagnes pour se partager les terres fertiles.
« Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain » aurait déclaré le généralisme Pascal Paoli.
Grâce à cette solide réputation d’ingrédient principal de « pain des pauvres », le châtaignier investit un espace très important sur l’île. « Les chiffres que nous avons entre le Plan Terrier, fin XVIIIème, et le milieu du XIXème siècle montrent qu’il existe alors à peu près 35.000 hectares de châtaigneraies en Corse. C’est le maximum qui a été atteint. La châtaigneraie était principalement concentrée en Castagniccia au XVIIIème siècle, au point qu’elle a donné son nom à cette région, dont elle constitue alors jusqu’à 80 % du terroir. Une quasi monoculture ».
La grande Castagniccia concentrait à ce moment-là 40 % de la population de la Corse.
« Cette culture existe aussi dans quelques autres régions. Mais en Balagne ou dans le Sud c’est une culture qui n’est pas du tout connue fin XVIIIème alors qu’une étude des années 1980-1990, avait recensé près de 47 variétés de châtaignes et de marrons en Corse ».
Il continue en assurant qu’outre les bienfaits nutritionnels de son fruit, les Corses se rendent rapidement compte des multiples usages que peut avoir le châtaignier. On commence ainsi à se servir de son bois pour fabriquer du mobilier comme des chaises, notamment du côté de Verdèse et de Nocario, ou même des charpentes, planchers et autres cloisons.
Ses feuilles, quant à elles, deviennent indispensables pour les cuissons au four des falculelle et des migliacci, traditions qui perdurent encore aujourd’hui.
Et même les éclisses, ces jeunes pousses qui grandissent près des arbres, sont utilisées pour de la vannerie dans un petit secteur entre Orezza et Saliceto. « Le châtaigner a jusqu’au milieu du XIXème siècle un rôle vraiment fondamental en Corse, notamment en Castagniccia ».
Mieux, durant la seconde moitié du siècle, un changement profond de l’économie insulaire intervient : « Les Corses quittent les villages et l’intérieur se vide. Le châtaignier perd alors son rôle majeur dans l’économie.
« Plus exploités, ces arbres sont en effet tout d’abord peu coûteux. Et puis comme ce sont des arbres qui ont des centaines d’années… Or, après 50 ans, le châtaignier peut avoir jusqu’à 10 % de tanin ».
L’occasion est donc trop belle pour les industriels qui ne tardent pas à s’en saisir.
Cet âge d’or du tanin de châtaignier aura également permis la création d’une tonnellerie artisanale à Folelli ― les tonneaux étant indispensable pour exporter cette matière ―, ainsi que l’ouverture de parqueteries, où seront fabriqués des parquets en bois de châtaignier, tout comme une usine à papier cartonné, conçu à base de copeaux de châtaignier. « Le châtaignier est vraiment décliné sous toutes ses possibilités en Corse. On l’a même utilisé aussi comme charbon pour fabriquer du fer ! ».
Et il continue sur sa lancée…
« Mais pas seulement : grâce à ses arbres pluri-centenaires qui ont déjà survécu à un changement climatique, cette extraordinaire forêt fait l’objet de recherches d’un groupement européen de scientifiques depuis une décennie. Car la Corse abrite probablement la plus ancienne châtaigneraie d’Europe. Voire même l’une des plus vieilles forêts du continent !
« Ce sont des sentinelles incroyables qui ont encore énormément de choses à nous raconter sur la façon dont ils se sont adaptés à ce changement climatique ».
« Mais ce n’est pas tout : ces arbres ont aussi appris à se défendre au fil des siècles. Certains châtaigniers pluri-centenaires ont développé des pièges contre le cynips, ce petit insecte ravageur. Certains arbres dominants ont créé des bourgeons qui font office de défenses naturelles contre le cynips. Ces bourgeons ont changé leur morphologie et sont devenus tellement durs que le cynips évite de pondre ses œufs en son sein. »
« Ça peut être un stress naturel, lié par exemple à du vent, à une chute ou une augmentation des températures, à un changement brusque de paramètres, ou cela peut être aussi simplement la présence d’un homme qui monte dessus pour couper les bois secs.
Quoi de mieux que de vous causer de l’arbre qui a donné à manger pendant quelques siècles aux habitants du premier département métropolitain libéré le 4 octobre… 1943 !
Un peu en avance sur le reste du continent…
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