On est dans une drôle de situation.
En effet, il est désormais impossible de dire aujourd’hui quel sera le
futur de l’économie mondiale !
D’abord, parce que la crise sanitaire n’est pas terminée et que si la
situation s’améliore dans certains pays, notamment en Europe, on ne peut
éliminer l’hypothèse selon laquelle il faudrait vivre, en l’attente d’un
vaccin, une série de répliques et de vagues de diffusion de la maladie (chacune
entraînant de nouveaux épisodes de confinement et de ralentissement de
l’activité) : Il n’y a qu’à observer le comportement des autorités
chinoises, voire seulement les « Ricaines ».
De plus, mais c’est un autre sujet, Pékin déchire le pacte de rétrocession
de Hong-Kong dans la douleur (un seul pays mais deux systèmes), ce qui fait
hurler les anglo-saxons et trembler Formose.
Quant aux « Ricains », ils entrent dans « le dur » des
élections de novembre 2020 avec des soucis sanitaires qui valent bien ceux du
Brésil…
Et on commence à compter les entreprises qui déposent le bilan sur tous
les continents : Une crise de « l’économie réelle » qui ne fait
que commencer, alors que « les bourses » restent persuadées qu’il y
aura toujours assez d’argent qui tombera du ciel pour ne pas faire faillir les
fonds de pension des retraités « Ricains »…
Hallucinant, finalement !
Ensuite, parce que le futur sera d’abord ce qu’en feront les gouvernements
et les citoyens, dans un contexte d’incertitudes radicales et de très grandes
difficultés économiques et sociales.
D’ailleurs les points de vue exprimés dans les médias, qu’ils le soient en
termes de constat ou de recommandations, reflètent assez bien cette situation
inédite et sont innombrables : Il est difficile d’en tirer une vision
claire, c’est le moins qu’on puisse en dire.
Mais on peut cependant tenter d’identifier, à partir des différents points
de vue exprimés, les principales lignes de fracture.
C’est un moyen de structurer des images plausibles des trajectoires et des
états du monde dans lesquels devront se déployer les politiques notamment pour
l’énergie et le climat, ces « urgences » qui à défaut d’être
incontournables restent bien « anxiogènes » à souhait : On vous
fait sciemment surnager entre la peur d’une canicule devenue éternelle et la
maladie qui vous cueille à l’improviste au coin de la rue.
Notez, ce sont des risques qui ont toujours existé.
Mais l’époque est à vous faire périr d’angoisses et ça a des conséquences !
Pour la dynamique du redémarrage de l’économie, plusieurs hypothèses
peuvent ainsi être formulées : On peut même identifier différents profils
dynamiques pour la « récupération » de l’économie, même si elle ne
sera plus jamais comme avant.
Mais « ça, c’était avant » pour reprendre la pub de « Al-hun-deux-longs »…
Les macro-économistes utilisent d’ailleurs un véritable alphabet : Profil
en V, W, U, L, ou encore Z (que je ne sais pas ce que c’est, sauf à imaginer
une « non direction générale » qui me semble impossible) et même « Swoosh ».
Personnellement, j’ai un faible pour le symbole de
« Nike » : Après une forte chute de l’activité, sur le long
terme, elle remontera dans un canal haussier assis sur une pente douce.
Mais attention, avec plein de « W » plus ou moins marqués !
L’avenir nous dira si j’ai raison…
En effet, au cours du dernier demi-siècle, presque tous les profils ont pu
être observés avec les crises pétrolières des années 1970, financières dans les
années 1990 et enfin de la crise de la dette des ménages aux USA en 2008, les « subprimes »,
suivie de la crise européenne des dettes souveraines.
Dans son dernier « World Economic Outlook », le FMI estime à au
moins 3 % la perte de croissance économique en 2020.
Au moins…
La mesure « ex-post » devrait tutoyer les 15 à 16 %, au moins
dans certaines parties du monde, probablement plus en
« Gauloisie-impétueuse », probablement un peu moins dans le reste de
l’Europe (hors les PIGS)…
Mon effroi naît de mes « OIT » (Observations-Instantanées-Terrains),
autour de ma petite-sphère d’observation : On déconfine, mais le business
n’est pas au rendez-vous.
Or, comme nos entreprises « Gauloisiennes » (et plus
particulièrement « Parigotes » en ce qui me concerne) restent
« fragiles » (manque de fonds propres, marges étroites, concurrence exacerbée),
je ne les vois pas passer l’hiver prochain, au moins pour la plupart…
Même si de « l’argent tombe du ciel » en cataractes serrées pour
les « plus grosses », avec le fameux « hélicoptère
monétaire » qui brasse de l’air… et du fric.
Il y aura un « choc social » et toute la question sera de savoir
si notre « parachute social » sera assez costaud pour absorber la
douloureuse chute…
Toutefois, dans les débats en cours, on peut repérer en particulier deux
axes, chacun porteur de choix alternatifs et qu’il est donc possible de croiser
pour finalement obtenir quatre scénarios structurants.
Le premier porte sur l’état des relations internationales : Ira-t-on dans
l’après-crise vers une confirmation de la « démondialisation compétitive » dont
des signes apparaissaient déjà avant la crise sanitaire ?
Ou assistera-t-on au contraire, du fait d’une prise de conscience des
interdépendances, à un retour des efforts de coopération internationale, dans
le cadre d’un multilatéralisme renouvelé ?
Le second axe renvoie à la fois sur les finalités et sur les moyens des
actions qui devront être mises en œuvre pour le rétablissement des économies et
des sociétés : Faut-il rechercher le retour le plus rapide possible au statu
quo ante, ou faut-il au contraire prendre appui sur la nécessité d’une
action vigoureuse des États pour engager les économies et les sociétés sur la
voie des « transitions écologiques » qui sont tellement « à la
mode », dans une logique de reconstruction « en mieux » ?
Les résultats des dernières municipales nous orientent plutôt vers cette
dernière voie en « Gauloisie-verdoyante », mais il faut se rappeler
que ce n’est que le reflet des opinions, que d’une « petite-moitié »
de la population : Un miroir aux alouettes !
Qui fournit une image incertaine, voire simplement un « mirage »…
Dans le premier scénario, au lieu d’encourager une refondation, les États
se recentreraient au contraire sur leurs intérêts directs à court terme et
renforceraient leurs réflexes autocentrés et autres priorités propres.
Au plan économique, il s’agit de se protéger de la concurrence extérieure
et de relocaliser massivement les activités productives.
Le courant est fort dans une grande partie de l’opinion, bien au-delà des
simples « souverainistes » habituels (de drôate et de gôche).
Avec, pour les États-Unis, l’objectif de reprendre le bras de fer
industriel et commercial avec la Chine, et pour les autres pays, de revenir sur
une globalisation jugée apporter plus d’éléments de déstabilisation que
d’avantages en termes de baisse du coût des produits et services.
L’objectif est bien celui d’une reprise rapide, en V, avec un accent mis
sur la relance des activités existantes indépendamment des considérations
environnementales, voire avec un retour sur les politiques existantes de
protection.
Du coup, au plan énergétique (qui reste un cœur incontournable), le choix sera
fait de promouvoir les solutions à moindre coût et ce sont, à court terme,
celles fondées sur les énergies fossiles qui seront favorisées. Cela d’autant
plus que l’arrêt d’une partie de l’économie mondiale déprime profondément les
prix de ces énergies.
C’est le choix de Pékin mais tout autant de Berlin…
Alors même qu’en « Gauloisie-nucléaire » on démantèle la
centrale « historique » qui compte 40 ans de bons et loyaux services
sans accidents : Le résultat d’une communication « tellement
anxiogène » qu’on nous réclame l’arrêt de toutes les autres…
Une absurdité phénoménale : La croissance devra s’appuyer sur l’accès
à une énergie « sûre et pas cher » (voire « propre »), on
le sait depuis 1973 et la Guerre du Yom-Kippour qui aura engendré le premier
choc pétrolier…
Y renoncer, c’est plonger le pays dans le rationnement.
Dans ce scénario, la consommation de pétrole reprendrait ensuite, tirée
par le redémarrage des transports, ainsi qu’en Asie la production d’électricité
à partir du charbon : Contreproductif pour l’air que nous respirons.
Inversement, la crise peut affecter négativement le développement des
énergies renouvelables : Les difficultés de financement freinent le
développement des nouveaux projets, alors même qu’avant la crise, plusieurs
gouvernements prévoyaient de réviser, parfois à la baisse, les schémas d’aide
ou d’incitation.
Une reprise en V est certes encore possible dans cette configuration, mais
à moyen terme une rechute reste à craindre, soit en raison d’une deuxième vague
de la crise sanitaire, soit en raison d’un désajustement de la demande et de
l’offre sur les marchés de matières premières, désajustement générateur de
chocs de prix : On aurait alors une reprise en W et une instabilité accrue…
Dans un deuxième scénario, la première menace perçue est celle de la
faillite de nombreux États fragiles, au Sud comme au Nord de la planète.
Le risque est celui d’une crise mondiale majeure, comparable à la Grande
dépression des années 30 et que le FMI a qualifiée de « crise du Grand
confinement ».
L’urgence extrême est alors d’introduire un moratoire et une renégociation
de la dette, gérés par le FMI et la Banque mondiale.
Dans cette perspective ouvertement keynésienne, l’introduction de
liquidités par une injection massive de droits de tirage spéciaux (DST) du FMI
permettrait d’amplifier la relance.
Mais le résultat attendu serait une stabilisation des économies et une
reprise rapide de l’activité et des échanges : Une reprise en V, voire en U si
on assistait à un fort rebond à partir de 2021.
À mon sens, c’est peu probable – mais j’espère me tromper – pour la simple
raison d’une décorrélation de la création de la masse « M4 » et la création
de richesse (la Valeur Ajoutée « marchande »), le PIB mondial et les
PIB nationaux.
Ce genre de « relance » ne peut que déboucher, comme dans les
années 30, dans une hyperinflation incontrôlable qui ruinerait particuliers,
entreprises et États.
Sauf à « shooter » l’économie mondiale aux QE successifs :
La potion magique des banques centrales… tant que ça reste
« coordonné » !
Ce type de reprise, plaçant l’urgence sur la relance de l’économie
mondiale, peut conduire à faire nécessairement passer les préoccupations de
développement soutenable et de transition énergétique au second plan.
En effet, le sauvetage de l’économie conduit à mettre l’accent sur un
retour rapide aux anciens modèles de consommation, sur la sauvegarde des
entreprises menacées (automobile, transports aériens, tourisme, etc.), enfin
sur des investissements dans des industries matures.
En Europe, la question est de savoir si le « Green Deal »
soutenu par la Commission « d’Ursule-de-la-Lyre » résistera aux
nouvelles priorités défendues par les États membres et aux retards imposés à
certaines « initiatives non essentielles ».
On va en avoir un aperçu avec « BoJo » qui peine en UK à
redémarrer l’économie britannique (la vraie, pas celle de la City), tout en
tenant ses promesses électorales, en cohérence avec son
« hard-Brexit » de fin d’année.
Car derrière, il y a la menace de bataillons de chômeurs, que dis-je, de
divisions, de corps d’armée qui se dessinent.
Et la ruine du pays…
Dans un troisième scénario, la crise du « Conard-virus »
s’inscrit dans une tendance de fond en faveur d’une relocalisation des
activités.
Avec une volonté délibérée de reconquérir des degrés de souveraineté par
la relocalisation, ce scénario suppose que chaque État, chaque territoire, choisit
de « compter sur ses propres forces » pour assurer, peut-être, les
transitions écologiques auxquelles ils se sont engagés sous l’impulsion de
« Fafa-l’empoisonneur » et de la « Cop 21 ».
On en est à préparer la « Cop 26 » et jusque-là la toundra sibérienne
brûle à l’identique de l’Australienne l’année dernière et même la « forêt »
du Groenland également…
Or, par malchance il faut compter, dans cette hypothèse, sur un
ralentissement de la consommation et un recentrage des activités industrielles,
qui vont entraîner la mise en œuvre d’un nouveau modèle agricole et d’un
aménagement du territoire favorisant les villes de taille petite ou moyenne
plus que les métropoles.
Pas certain que ce soit avec enthousiasme…
La mise en œuvre de ces nouveaux modèles de consommation et de production
suppose des transformations économiques et sociales profondes qui vont attiser
de nombreuses rancœurs de la part de tous les « cocus » qui vont
découvrir qu’ils le sont réellement !
Les « Gilets-jaunes » en ont déjà témoigné…
Mais surtout elle ne conduit donc pas à une reprise rapide, mais plutôt à
une mise en place progressive, donc à une reprise en U, et même plutôt en L
pour tenir compte du ralentissement ultérieur de la croissance du PIB.
Ce sont les « déclinistes » qui auront le vent en poupe :
Ils l’avaient bien dit et « moâ », je vous avais prévenus qu’on
devra « faire avec », vivre avec eux, il y a 5 ans de ça !
Dans ce scénario en effet, le rétablissement du PIB marchand n’est plus
l’objectif premier, et d’autres indicateurs de « bien-être », tout
nouveau-tout neuf, seront favorisés, is en valeur et en avant.
Vous allez en avoir plein les oreilles et les yeux, tellement c’est « magique »…
Mais forcément, au plan énergétique, si la décroissance devient forte pour
toutes les activités polluantes et fondées sur les énergies fossiles, inversement
le développement d’une plus grande sobriété rend le moteur « consommation » de
la croissance beaucoup, beaucoup moins dynamique.
Le développement des chaînes de production et de logistique plus courtes
permettant de réduire significativement les besoins de transport, peut-être
vous en porterez-vous mieux, mais ce sera le début du rationnement : Perte
de pouvoir d’achat induit pour le consommateur, affaissement des productions
pour les « faiseurs »… donc réduction d’activité (et de la pollution)
accroissement du chômage, mise à mal du « modèle social » sous-financé,
etc.
Dans cette hypothèse, les énergies renouvelables, certes, surtout dans
leur version décentralisée (photovoltaïque, bioénergies, réseaux de chaleur),
joueront un rôle majeur pour un approvisionnement décarboné.
Encore faut-il s’y préparer ce qui reste loin d’être le cas.
Je n’y crois pas vraiment.
Il est un quatrième scénario : Le « choc » du « Conard-virus »
(et ceux de ses successeurs, notamment la grippe du cochon qui se prépare),
auront provoqué la prise de conscience des risques encourus du fait des crises
globales (virus comme changement climatique) entraînant en rebond une prise de
conscience d’au moins une partie des grands acteurs de la communauté
internationale.
Il n’y a qu’à voir le « choc » provoqué par le drame de
George Floyd où, jusqu’à Uncle-Bens’, Y’a-bon-Banania et L’Oréal changent
leurs étiquettes : Terminé la vente de produit « blanchissant »
le derme (ce n’est pas moâ qui en achetais, je vous rassure : Je consomme
plutôt des écrans solaires, mais pas encore des « autobronzants ») et
demain les lessives ne laveront plus « blanc que blanc » mais
« marron-caguasse »…
C’est dire !
Passons : Ces « grands acteurs » s’organisent pour mettre
en place une reconstruction d’institutions multilatérales en faveur du
développement durable, de la protection de la biodiversité, des investissements
verts et de la décarbonation des systèmes énergétiques.
C’était déjà en filigrane au dernier Davos, ça le sera encore plus dans le
prochain.
Car une réflexion commune est menée, par exemple entre l’Europe, avec son
« pacte vert » (green deal) et la Chine, avec les plans « nouvelles
infrastructures ».
Ainsi sont mis en place de « nouveaux pactes verts », coordonnés et
amplifiés.
Ces investissements sont instaurés rapidement pour éviter que ne
s’installe une stagnation prolongée.
La consommation se porte déjà majoritairement sur des produits « verts &
bios » et l’investissement est un puissant vecteur de croissance : On aura
alors une reprise en U, voire en « Swoosh » si l’effet d’entraînement
de l’économie s’enclenche plus ou moins rapidement, dans une logique
reconstruction et de croissance verte.
Naturellement, cette hypothèse renvoie à des changements importants dans
l’efficacité énergétique et dans les modèles de consommation, en particulier en
matière de transport.
Mais il s’accompagne d’un effort très, très ambitieux de reconstruction
des systèmes énergétiques, mobilisant toutes les innovations pour les
technologies bas-carbone.
Et pour l’heure, force est de constater qu’on n’y est pas non plus.
Parmi celles-ci, les énergies renouvelables (qui coûtent cher) connaissent
un développement accéléré non seulement dans les applications décentralisées,
mais aussi sur de grands réseaux électriques interconnectés.
Dans un scénario mobilisant l’ensemble des énergies décarbonées, il est
alors possible que, dans certains pays, soient aussi mobilisées l’énergie
nucléaire ou des solutions comme la capture et le stockage du carbone.
Là, en « Gauloisie-atomique » on a heureusement un peu d’avance
(et de savoir-faire).
« Pruneau-le-Mer » ne dit pas autre chose…
Ceci dit tout cela n’est bien sûr pas une prévision : Dans un contexte
d’incertitudes radicales, il est absolument impossible de déduire le futur du
passé.
De plus, il est impossible d’évaluer aujourd’hui les probabilités
d’occurrences.
Et encore moins d’y associer un degré de « désirabilité ».
Le scénario le plus souhaitable n’est pas forcément le plus probable et
inversement…
On ne peut qu’espérer que le moins souhaitable ne soit pas le plus
probable.
S’il ne fait pas de doute qu’au sortir de la crise, les choix politiques
des gouvernements, tant au niveau de la coopération internationale que de
l’importance accordée aux impératifs de transition écolologique, structureront
l’état du monde de demain, sont-ils tous si bien « organisés » et
« conseillés » chacun par leurs « sachants » pour aborder dans
les meilleures conditions cette « phase nouvelle » du « Monde
d’après » ?
Là, franchement, vue la tournure que prennent les « lignes
politiques » ici et là, je ne suis sûr de rien.
Juste à espérer que l’hypothèse « Swoosh » (la moins pire des hypothèses
et « ma » préférée parce que la plus probable) puisse prendre le
relai durablement…
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