J’ai failli ne pas faire ce post…
L’issue était tellement entendue, cousue de fil blanc,
que je me demande encore à quoi sert ce genre de comédie-dramatique à 27…
Car il y a eu des « moments forts » du
style, « puisqu’on ne se met pas d’accord, je ferme la conférence »
(dixit le Président en exercice) ou encore « appariteur, appariteurs, préparez
mon avion : Je rentre à Paris ! » de « Manu-le-jupitérien »…
« Non, non, on continue ! » s’exclame alors
le suédois…
Ambiance !
Non mais, des gamins, chacun causant dans sa langue
(ou en anglais, ça tombe bien les anglais ne sont plus là…) mal retraduit par
les interprètes puisque sans les effets de manche.
Non mais je te vous jure…
Et puis ils persistent tous à se féliciter (« Un accord
historique », etc.) en ayant réussi à se séparer après seulement 80 heures
de discussion.
Tu te vous rends compte que c’est une demi-heure de
moins que pour le traité de Nice à… seulement 15 !
« C’est un changement historique de notre
Europe et de notre zone euro. Une étape majeure a été franchie », a
estimé « Jupiter » lors de la conférence de presse commune avec la
chancelière « Teutonne ».
« En deux mois, nous avons réussi à bâtir un
consensus pour que ce plan de relance inédit devienne une décision et donc une
réalité », s’est-il félicité
C’est surtout un record de rapidité par rapport aux
divers plans de sauvetage des « PIGGS » et de la crise Grecque qui
aura mis plusieurs mois à démarrer et autant à se concrétiser…
Mais là, il y avait London qui freinait dans les
circuits.
Londres qui patine à rechercher un accord douanier
avec l’UE. En fait, comme je vous l’ai toujours dit, ils n’en veulent pas. Si
accord il y aura un jour, ce sera dans quelques années et par « petits-bouts »,
au cas par cas, au fil du temps.
Parce qu’autant les « radins » parmi les 27
que les « majors historiques », il est clair que sans un minimum
de solidarité européenne, tout le monde sera perdant.
Et les britanniques seront les premiers en donner l’exemple :
Une chance pour tous les autres !
Que serait l’économie « Teutonne » sans des
clients solvables à leurs frontières ?
Que deviendrait le « Bénélux » sans s’acoquiner
avec ses « grands voisins » ?
Et les autres, les « PIGGS » du « Club
Med » ?
Des ruines en friche, c’est assez évident et c’est cette
conviction visionnaire qui aura donné naissance au traité fondateur de Rome…
Car, il y a quand même un vaste quiproquo dans cette
UE quand il s’agit de pognon.
Pour l’heure, c’est une « confédération » de
souverainetés : Chacun fait ce qu’il veut dans ses frontières et s’accorde
avec tous les autres quand il s’agit du calibre des bananes commercialisables.
Mais question « gros sous », c’est la règle
de l’unanimité.
Un peu comme si une de nos régions levait des impôts particuliers
sur son territoire (ça existe déjà, mais à la marge et c’est très encadré…),
sans en référer à l’autorité centrale.
Et là, « l’autorité centrale » ça reste l’UE
qui n’a aucun pouvoir de régulation hors l’accord de tout le monde.
Inutile de dire que chacun en profite dès qu’il s’agit
d’une initiative nouvelle : Les effets de l’exemple anglais, je tire la
couverture à moi avant toute chose !
Il y avait pourtant urgence comme partout ailleurs
dans le monde : Ça va laisser des traces, à n’en pas douter.
Quoique… Je me demande bien ce à quoi vont servir ces
fonds qui auraient de toute façon pu venir d’ailleurs.
Peut-être seulement à avoir une « façade » mutualiste
ce qui rend encore plus fort à un moment où la planète se morcelle toujours
plus finement.
Car on ne peut pas dire que l’esprit des pères
fondateurs flottait vraiment sur Bruxelles tant chacun a surtout pensé à
préserver ses intérêts (alors même que c’était l’anniversaire de « Jack-De-l’Or »).
Le consentement des pays dits « radins »,
Pays-Bas, Autriche, Suède, Danemark auxquels s’était ajouté la Finlande (qui a
compris entre-temps le processus en cours), a été acheté à coups de rabais sur
leur contribution nationale.
Ces rabais, une invention diabolique des Britanniques
qui auraient dû disparaître avec le Brexit, ont non seulement été maintenus
mais augmentés !
Le gag…
Ces ristournes sont donc à la charge de tous les
autres pays, et en particulier à la charge des contribuables « Gauloisiens »
et « Teutons » vu la taille de leurs PIB respectifs.
Au total, ce sont 10 milliards de plus sur 7 ans qui
se sont envolés des caisses communautaires !
Les « Teutons » conservent leur rabais
(3,671 milliards d'euros) mais, eux, ont la décence de ne pas exiger d’augmentation.
« Mark-Rut-te », le Premier ministre « Batave »,
obtient une augmentation de son rabais de 345 millions d’euros par an, soit une
ristourne annuelle de 1,921 milliard. L’Autrichien « Sebastian-Court »
était le plus virulent sur le sujet : Il obtient un rabais annuel de 565 millions
d’euros (en augmentation de 328 millions d’euros).
La Suède, avec 1,069 milliard d’euros, voit son rabais
progresser de 246 millions par an.
Enfin, le Danemark peut se réjouir d’un rabais annuel
de 322 millions d’euros, en progression de 125 millions d’euros.
Le prix de la démocratie pas représentative.
Jusqu’à quand cela va-t-il tenir ?
Parce que globalement, c’est comme ça que les
brexiteurs ont commencé et vous savez où ça les a emmenés.
C’est au prix de ces « compensations » que
les grandes lignes du plan de relance – un emprunt de 750 milliards d’euros –
ont pu être sauvegardées par le tandem « Jupiter/Mère-Qu’elle », à la
manœuvre de bout en bout.
Les « pingres » ont obtenu de réduire la
part des subventions à 390 milliards d’euros au lieu des 500 milliards
initialement escomptés par le tandem « gallo-teuton ». Le reste – 360
milliards d’euros – sera distribué sous forme de prêts.
Ils y tenaient à leurs 750 milliards (qui
correspondent à quoi au juste ?).
Même si on peut toutefois émettre des doutes sur l’utilité
des prêts de la Commission dans la mesure où la « Ritalie » ne
connaît pas de problème majeur de financement sur les marchés… c’est un plan de
750 milliards d’euros qui crée pour la première fois une dette commune, et
s’adosse à un budget pluriannuel de l’UE (2021-2027) de 1.074 milliards d’euros !
L’outil principal de la relance qui finance les plans
nationaux d’investissement a été préservé avec ces quelque 312 milliards de
subventions. Pour les États membres, c’était l'essentiel.
La « Gauloisie-impériale » devrait percevoir
une subvention approchant les 40 milliards d’euros, soit environ 40 % de son
plan national de relance qui sera soutenu par des financements européens.
Le Néerlandais s’est longtemps accroché à l’idée que
les plans nationaux, qui seront soumis à la Commission à partir de septembre,
devaient être adoptés par le Conseil à l’unanimité.
Le sommet européen a longtemps bloqué sur cette
question. Finalement, il a cédé moyennant un aménagement technique : Les plans
nationaux seront ratifiés à la majorité qualifiée mais un ou plusieurs États
membres pourront saisir le Conseil si des problèmes graves devaient apparaître
dans l’exécution des dépenses.
Il dispose ainsi d’une corde de rappel s’il devait
constater que les « PIGGS » devaient s’éloigner des objectifs pour
lesquels les fonds européens doivent être dépensés…
Car 30 % des fonds doivent être investis en faveur de
la neutralité carbone et aucune dépense ne doit dégrader davantage le climat.
Et ce n’était pas acquis, notamment du côté des
Polonais.
Naturellement, le montant des subventions ayant fondu,
il a fallu sacrifier des programmes et tailler dans la recherche (programme
Horizon), Erasmus ou encore l’innovation.
Pire, le programme de santé dit « EU4Health »
– 9 milliards d’euros – a tout simplement disparu !
Merci les « Bataves »…
Alors que tous ont déploré l’absence de moyens de l’UE
face à la pandémie, les mêmes ont évacué « L’Europe de la santé » du programme
européen…
Expliquez-moi ce qu’en diront les peuples Européens
lorsqu’une nouvelle catastrophe sanitaire pointera son nez ?
Cela fait partie des « dommages collatéraux »
de cette négociation d’affreux marchands de tapis…
Quant à la PAC, elle a subi les aléas de cette
négociation : Le fonds de relance rurale a été divisé de moitié de 15 à
7,5 milliards d’euros. C’est dommage, car il s’agissait d’un budget d’investissements
structurels, important pour l’avenir…
On finira par tous manger des tourteaux de soja
importés des USA…
Le revenu des paysans, quant à lui, se maintiendra à
peu près sauf si l’inflation devait prendre de l’ampleur au fil des ans.
Il n’aura pas été possible de faire entendre à nos partenaires
que la politique agricole commune n’était pas qu’une vieille lune mais, au
contraire, une politique de « souveraineté » dans un monde qui, au
fil des décennies, va manquer d’eau, subir une aggravation des sécheresses que
nous vivons déjà pour partie (comme tous les ététs), sans parler de la préoccupante
érosion des sols.
L’autosuffisance alimentaire du Vieux Continent est en
effet un enjeu d’avenir.
Le numérique, la 5G, l’intelligence artificielle sont probablement
des sujets très importants, mais ils ne rempliront pas les assiettes !
Reste le plus drôle : On vote la dépense, mais comment
finance-t-on la recette, le « grand emprunt » de la Commission ?
Bé rien n’est décidé, sinon qu’ils doivent se revoir pour
créer des « ressources propres » – des taxes, forcément – dans les
années à venir : Probablement une taxe sur le plastique non recyclable avant la
fin de l’année, une extension du marché du carbone à l’aviation et au secteur
maritime, une taxe carbone aux frontières avant 2023, une taxe numérique avant
2023, éventuellement une taxe sur les transactions financières…
À vrai dire, personne ne sait si l’UE sera capable d’adopter
de telles taxes à… l’unanimité dans les délais définis !
D’autant que les « Teutons » ne sont pas
très emballés…
Mais une chose est certaine, c’est vous qui payerez
jusque dans votre assiette !
Personnellement j’y vois surtout l’élargissement du
champ d’application de la « loi fiscale unie » : C’est un pas de
plus, et il va falloir y venir tôt ou tard.
Aux USA, qui reste une fédération, l’impôt sur les
revenus a servi à assoir cette potestas qui consiste pour un État à être
capable de lever un impôt.
Ils en avaient d’autres à la veille de la première
guerre mondiale, mais celui-là a vraiment été « fédérateur » (même s’il
y a pas mal d’aménagements des États-fédérés).
Finalement, dans cette foire d’empoignes, le leader
hongrois, s’en tire plutôt bien après avoir rompu des lances avec le « Batave »
sur le respect de l’État de droit.
Parce qu’il a été également question de ça (ou quand
on mélange les torchons et les serviettes…).
Il a souligné la fragilité juridique d’un dispositif
qui lierait, sans modification des traités, le versement des fonds au respect
de « l’État de droit » sans que l’on sache exactement ce que recouvre cette
expression.
Donc, la Commission a été chargée de rédiger un dispositif
juridique plus costaud.
En cas de défaillance constatée et documentée par la
Commission, le Conseil statuera à la majorité qualifiée sur une « base
factuelle et non partisane », sans discrimination entre les États membres. « Or-ban »
a prétendu se méfier des « procès politiques » qui pourraient lui être
faits par ses collègues.
Naturellement… Qui se sent morveux se mouche, en
principe.
Il n’empêche, l’adoption de ce vaste plan de relance
est désormais soumise à deux autres verrous : Les Parlements nationaux
doivent autoriser, avant la fin de l’année, la Commission à réaliser ce grand
emprunt.
In fine, le Parlement européen devra approuver le budget
européen de long terme.
La négociation reprendra donc avec les parlementaires
européens probablement pour certains assez contrariés des coupes opérées dans
les programmes européens…
Ils ne peuvent pas amender le projet mais seulement l’adopter
ou le rejeter.
Et peu d’observateurs considèrent que le Parlement
européen peut prendre la responsabilité de jeter à terre un échafaudage financier
si difficilement obtenu à 27…
Encore des parlementaires godillots…
Je ne suis pas sûr et certain que la démocratie aura
progressé à cette occasion.
En réaction, tout au long de la séance lundi, les
marchés ont continué d’espérer un accord européen. L’euro a légèrement baissé,
les investisseurs engrangeant leurs bénéfices. Mais il se négociait toujours à
son plus haut face au dollar depuis quatre mois, à 1,1446 dollar. L’optimisme
prévalait aussi sur les Bourses européennes. Le CACA40 a terminé la séance en
légère hausse, à + 0,47 %. Le Dax Teuton a gagné près de 1 % tandis que
l’indice italien s’adjugeait en soirée plus de 1,5 %.
L’attention se portait sur les marchés de la dette
particulièrement sensibles à la capacité de s’entendre des Européens.
Au risque, en cas de clash, d’entraîner de vives
tensions.
Les espoirs d’une issue positive au sommet en cours,
décisif pour la relance de l’Union européenne, ont particulièrement profité aux
emprunts « Ritaux ». Les rendements à deux ans ont chuté en
territoire négatif pour la première fois depuis début mars.
Le rendement des obligations à dix ans s’est réduit à
1,19 %, retrouvant ainsi son plus bas niveau depuis le 9 mars, loin des 3 %
atteints au plus fort de la pandémie de « Conard-virus ».
L’écart avec la prime de risque allemande, un
indicateur très surveillé par les investisseurs, s’est réduit à 160 points de
base, un record à la baisse depuis fin mars !
Et dès le lendemain, les plafonds des indices (les « supports
techniques ») étaient défoncés par de franches hausses : Quand je
vous dis que les bourses de valeurs sont un excellent baromètre (à courte vue)
des humeurs du globe…
Ce qui n’empêche pas qu’il y a d’autres étapes à
franchir : On en a pour au moins trois mois à rester sur le qui-vive, comme
déjà indiqué, et il peut se passer tellement de choses en 100 jours…
Mais la première étape aura été franchie… aux forceps,
comme anticipé !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire