Je
ne sais pas comment ça va se passer
On aura bien un défilé aérien, quelques troupes au sol, au moins un
orchestre militaire, « Jupiter » qui va recevoir quelques
journalistes comme au bon vieux temps de « Giskar-A-la-barre »,
peut-être aussi des bals populaires voire des feux d’artifice et de toute façon
un hommage appuyé aux éboueurs, aux caissières des supermarchés et aux
« soignants » qui se sont montrés remarquables d’abnégation alors que
tout le monde était maintenu « sous écrous » en
« garde-à-vue » chez soi.
Je ne sais pas s’il y aura quelques ambulanciers et surtout les
innombrables traminots qui ont persisté à rouler à vide avec leurs bahuts pour
mieux polluer, ni même les plombiers, ascensoristes électriciens-gaziers qui
ont assuré les urgences…
En revanche, on ne devrait pas manquer de pompiers, toujours très
appréciés sauf dans « les quartiers », quand ils sont caillassés…
Parlera-t-on de ce rapport « qui ne devait pas fuiter mais qui a
fuité tout de même » où il est fait mention d’une guéguerre larvée avec
les agents du SAMU ?
Au Samu, je n’en connais qu’un : Un toubib « urgentiste ».
Ce n’est pas qu’il aura particulièrement « dégusté » durant la
crise du « Conard-virus », il déguste tous les jours et pourtant il
tient bon après la difficile soirée des attentats du Bataclan où il lui aura,
avec d’autres, dû faire vite des choix de vie ou de mort au risque de se
tromper.
Mais il paraît qu’avec un peu de métier, on sait au premier coup d’œil si
celui-là est « récupérable » ou s’il est tout juste bon pour une dose
de morphine pour le soulager encore un peu jusqu’à son transfert à la morgue.
Il en faut, d’ailleurs c’est pour ça qu’il y en a…
La guerre des services, il ne connaît. Un coup il est dans les véhicules
du Samu, un coup dans ceux de la sécurité civile ou de la Croix-Rouge, parfois
il fait une permanence à l’hôpital ou il dépanne les pompiers.
Un drôle de métier.
Il en dit qu’il est le premier sur les lieux d’un accident (sa principale
activité) avec les pompiers, juste avant les flics. Mais presque toujours seul à
aller chez les particuliers quand il ne s’agit pas d’accident.
Parfois il est convoqué par des familles en ode « panique » qui
désespèrent de la médecine de ville ou de SOS-toubib !
C’est tout le problème du 15 et du 18 (ou du 119 qui gère les deux)
Dans les faits, aujourd’hui les états-majors du 18 (pompiers) et du 15
(Samu) dont les missions se chevauchent, auraient des rapports tendus qui se seraient
exacerbés par le chantier du numéro unique.
Les états-majors, parce que sur le terrain chacun sait ce qu’il a à faire…
Sauf que récemment, un « Conard-virus » menaçant toute la
planète, et le moral des urgentistes était au beau fixe.
En effet, le 31 janvier, le patron du Samu de « Paris-sur-la-plage »
louait une gestion « optimale » de la crise par le 15, ligne
consacrée à la santé : Du tact pour « rassurer au téléphone les
personnes inquiètes », un hôpital rodé à la prise en charge d’éventuels
malades.
Mais il suffisait de l’interroger sur celle, bien moins harmonieuse, de la
tuerie à la préfecture de police (PP) pour voir son regard s’assombrir.
Ces derniers mois, ils sont pourtant quelques-uns à l’avoir entendu raconter,
« fou de rage », un énième épisode de la guerre fratricide et secrète
qui oppose les pompiers et le Samu.
Le jeudi 3 octobre en début d’après-midi, sur l’île de la Cité, l’informaticien
djihadiste tue quatre de ses collègues de la PP à coups de couteau et en blesse
une autre.
Quelques minutes plus tard, les pompiers stationnés à la caserne de
Ménilmontant (à 3 kilomètres de là) et à celle de Champerret (à 6 kilomètres)
arrivent toutes sirènes hurlantes sur les lieux de la tragédie, mais pas une
blouse blanche à l’horizon !
Une équipe du service mobile d’urgence et de réanimation (Smur), prête à
intervenir en cas de catastrophe au cœur d’une capitale embouteillée (on en a
déjà parlé), est pourtant cantonnée à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, à une rue de
là qu’il suffit de traverser.
Les policiers ont prévenu les équipes du 18 sans avertir celles du Samu,
dont dépend le Smur !
« Ça n’a rien changé en matière de survie », grince un
praticien urgentiste du Samu. « On n’aurait pu sauver personne. Mais si
quelqu’un, à un échelon de commandement chez les policiers ou les pompiers, a
dit : ‘‘N'appelez pas le Samu !’’, c’est une faute. Si ça se reproduisait, ça
serait un cataclysme. »
La querelle Gallo-Gauloisienne opposant « les rouges et les blancs »,
comme disent ses protagonistes malgré eux, en faisant référence à la couleur de
leurs véhicules respectifs, est en réalité vieille de cinquante ans !
Génétique…
Elle fait rage avec une vigueur plus extrême à « Paris-sur-la-plage »
et qu’à « Marseille-les-bains-de-pieds ».
Elle a ses temps forts : Hostilité des médecins à l’installation de
défibrillateurs dans les camions de pompiers, lancement de deux applications
concurrentes pour impliquer la population dans la prise en charge des arrêts
cardiaques.
Et ses phases de latence.
Pourtant, d’après le 15, « le secours n’est pas piloté par nous
alors même que nous répondons plus vite et intervenons beaucoup plus rapidement. »
« Guerre d’ego », « guerre de chefs », balaient les « pompelards »
ou le toubib de base, qui jurent que, « au quotidien », la
collaboration entre « des gens qui adorent leur métier et lui donnent
tout » se passe bien.
Avant de confier des « histoires de chasse » démentant quelque
peu la thèse d’une concorde généralisée du bas de l’échelle et au cours
desquelles des vies ont pu être mises en danger.
C’est celle de ce patient que des médecins venus de l’autre bout de la
ville ont tenu à sauver eux-mêmes alors qu’une caserne était toute proche.
Ou celle de ce pompier agressé par un psychotique pourtant bien connu des
services de santé…
Le système bicéphale des urgences « hors les murs », en
équilibre instable par nature, frôle aujourd’hui la surchauffe sur fond de
désertification médicale.
D’un côté, les 101 Samu du pays, susceptibles d’actionner 462 Smur, ont vu
le nombre d’appels dont ils sont destinataires tripler en trente ans pour
atteindre 29 millions en 2018.
De l’autre, les 99 services départementaux d’incendie et de secours
(Sdis), sollicités environ 19 millions de fois en 2018, consacrent 85 % de leur
activité au secours et sont souvent missionnés par les Samu pour transporter
des malades à la place d’ambulances privées introuvables.
« C’est un problème structurel : il y a une guerre de territoire
entre deux services publics », diagnostique un connaisseur des deux
maisons, qui ajoute que, si le 15 et le 18 sont en général interconnectés, les
plateformes physiques communes restent rares et la majorité des systèmes
informatiques incompatibles.
Le Vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de
France et médecin, estime quant à lui que « le dysfonctionnement résulte d’un
rapport malsain entre le « sachant » et le « faisant ».
« Le secours, désormais notre principale mission, n’est pas piloté
par nous alors même que nous répondons plus vite et intervenons beaucoup plus
rapidement. » Un argument rejeté : « La prise en charge des
blessés et des malades, c’est une affaire de docteurs. »
La semaine dernière, le syndicat Samu-Urgences de « Gauloisie »
(SUdF) a déterré la hache de guerre en réclamant la mise en place d’un numéro
de santé unique, menaçant de « monter au créneau violemment »
s’il n’était pas entendu par le gouvernement.
Le gouvernement aura changé entre-temps…
Il y a des années que les deux camps s’accordent à réclamer un système
plus lisible que la dizaine de lignes actuelles.
Mais les blancs souhaitent un 113 réservé à la santé, centralisant les
urgences et les demandes de soins non urgents tout en garantissant le respect
du secret médical loin des oreilles policières, à côté d'un 112
police-pompiers.
Les rouges, eux, réclament un appel de secours unique, le 112, regroupant
pompiers, Samu, police et gendarmerie.
En toute logique, chaque tutelle défend ses couleurs, et la décision,
prévue pour janvier dernier, se fait attendre.
« Buse-one » soutenait le numéro santé, « qui serait la
porte d’entrée du futur service d’accès aux soins », et « Castagneur »
faisait corps avec les pompiers. « Matignon est bien embêté de devoir
arbitrer un truc pareil », résumait un médecin influent.
Un gradé des pompiers abondait : « Ce truc-là, c’est une boîte à
claques. »
Matignon a changé de locataire, « Castagneur » et « Buse-one »
ont disparu des écrans radars : La patate-chaude passe de main en main…
Car dans les deux camps, nombre d’acteurs rêvent d’inventer une troisième
voie. Affecté au Samu de Paris, le fameux « urgentiste » ((Pas-TriquePelle-ou »)
appelait à la refonte, « tous ensemble, d’une organisation devenue
obsolète ».
Le chef des urgences et du Samu au centre hospitalier Nord-Deux-Sèvres, a
lui aussi des envies de siffler la fin de la récré.
« Les disputes rouges-blancs, c’est d’un autre siècle. Ou alors c’est
pour les enfants gâtés, à Paris, Marseille ou dans le Var. Ici, on n’en a pas
les moyens. »
Et de décrire un service public en défaillance grave : Dans la région
de Parthenay, il n’y a plus ni cardiologues ni pneumologues. Comme d’autres, il
appelle à une union sacrée pour sauver un système de santé « en voie de
tiers-mondisation » : « Le vrai scandale, c’est que dans de
nombreux endroits le 15, saturé, ne décroche plus assez vite ou que les
pompiers peinent à recruter pour effectuer leurs missions. »
Le rapport rédigé par les pompiers sur la gestion de la crise sanitaire aura
été publié dans la presse. Très critiques sur la mauvaise gestion, les pompiers
regrettent de ne pas avoir été davantage mobilisés.
Ils s’insurgent contre le gouvernement.
Il critique la mauvaise gestion de la crise du « Conard-virus »
et fait part des regrets de la profession, qui n’a pas été mise assez à
contribution.
En cause, des prises de décisions des administrations et un manque
d’initiative de leur part qui laissent un sentiment de « sous-emploi et
d’une absence de prise en compte des capacités opérationnelles », regrette le
président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de « Gauloisie-incendiée ».
Pourtant, avec 250.000 hommes répartis dans 7.000 casernes, les pompiers
composent une force non négligeable, avec une expérience rompue à toute épreuve :
Épidémies de grippe H1N1, de grippe aviaire, accidents industriels, attentats,
ces héros du quotidien ont déjà su montrer leur adaptation aux événements de
grande ampleur.
« Là, le mot d’ordre était tout sauf les pompiers », regrette-t-il.
Le rapport dénonce également, et c’est probablement le plus important, « un
travail en solo des administrations, un brouillage des décisions stratégiques
» et un commandement de la crise confié « à des conseillers techniques »,
des « comptables », quoi.
Pour les pompiers à l’origine de ce rapport, la crise a été celle « du
leadership de la communication » ayant semé l’incompréhension dans tous les
domaines de la médecine.
Le rapport cite pour exemple l’évacuation de malades dans des TGV
transformés en hôpital sur rail, alors que « des cliniques privées, situées
juste en face, n’ont toujours pas vu de malades » !
L’opération « Résilience » qui a même offert quelques baptêmes
de l’air à des malades avec les avions de la RAF (Républicaine Air Force) era à
l’honneur sur « les champs » aujourd’hui.
Le rapport souligne également les limites du numéro du SAMU, le 15, « d’avantage
un numéro de renseignement que d’urgence », selon les pompiers.
Ce qui va faire plaisir aux Samu : D’ailleurs on ne les verra
probablement pas défiler aujourd’hui sous les honneurs des « autorités »
nouvellement reconstituées.
Mon pote « urgentiste » s’en tamponne : « Moi, je
suis de permanence durant 5 jours. Dans le camion ! »
Bonne fête nationale à toutes et à tous !
En espérant qu’ils arrivent à se calmer, les uns et les autres, pour le
meilleur pour tous.
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