Voilà qui va faire plaisir à « ma petite-sœur »
Celle que si elle n’existait pas, il
faudrait quand même l’inventer !
Parce que figurez-vous, dans « le civil »
elle fait « prof’ des ékoles ».
(Ne dites pas « instit’ », ça la vexe…
Moâ, je ne sais pas, mais « instit’ » ça a
un côté noble de « hussard de la 3ème République » qui
aura fournit le pays en élites sachant lire, écrire et compter correctement,
alors que « prof’ des ékoles » [qui ne parviennent pas toujours à en
faire autant], c’est presqu’insultant, car ni prof’ des collèges, ni prof’ des
lycées, ni prof’ des facultés et autres universités »…
Mais bon, à chacun ses vanités, n’est-ce pas !)
Et elle a raison d’y croire : Après tout, c’est
le plus beau métier du monde !
On y construit, en principe, de futurs
adultes-citoyens responsables à part entière qui vont prendre l’avenir du pays
entre leurs mains avec tout ce que la Nation leur a donné à la naissance.
Y’en a qui y puise du génie, d’autres…
Enfin, c’est une autre histoire…
Comme vous le savez, on a vécu une période récente de
confinement (autrement dit tous en « garde-à-vue » assignés à
domicile).
Mais il n’empêche, elle a continué comme beaucoup à
travailler avec ses élèves, via l’informatique du bord.
Autant ses élèves – qui habitent un quartier plutôt chic
de la rive-gôche en proche banlieue – sont correctement équipés d’ordinateurs
et de liens internet stables et sécurisés, autant son ékole n’a pas trop les
moyens (c’est une boutique du diocèse local qui aura donné récemment un archevêque
à « Paris-sur-la-Seine ») pour cause de financement de missions
diverses et variées en Afrique sahélienne (la Parole du Christ, vous savez, ça
sauve aussi les âmes damnés au Sud de la Loire…), alors elle s’est débrouillée
comme elle a pu avec son Windows 7, sa free (laissez tomber : Ce n’est
valable que parce qu’il y a des chaînes grecques, le pays de mon « beauf’ »)
et son forfait Orange.
Que même sur les réseaux, elle n’a pas fait gaffe à
ses prises de vue avec en fond de décor « le bar de son mari », que
ça a buzzé pendant un moment avant qu’elle ne se décide à « twister »
depuis son vaste balcon couvert de plantes diverses : Il y faisait beau et presque chaud…
Bref, elle a payé de sa personne, parce qu’il fallait
préparer les cours du lendemain, faire ceux du jour et corriger ceux de la
veille le tout dans les mêmes 24 heures (eh oui, il y a même des parents qui
suivaient et ne comprenaient pas les leçons et encore moins les corrections :
ils auront fait des progrès, croyez-moâ, en appelant après le dîner) et le tout
justement jusqu’à pas d’heure et sur un « petit écran » de son « aïe-bidule »
quand mon « beauf’ » occupait « la machine » pour son compte…
Fallait vraiment en avoir envie : Un sacerdoce !
Eh bien la récompense du « travail bien fait »
(sans prime ni revalorisation, pas même une médaille en chocolat) vient de tomber !
Bravo, bravo !
En effet, d’après le ministère, le premier bilan
officiel du confinement est très positif… sauf en zone éducation prioritaire (ZEP)
!
Bilan officiel du ministère de « les-ducs-à-Sion »
nationale concernant la « continuité pédagogique » pendant le confinement
est manifestement positif.
Avec toutefois un gros bémol, celui des ZEP.
Comme s’ils n’avaient pas l’habitude de cumuler toutes
les tares du système…
Donc, selon une étude de la Direction de l’évaluation
(DEPP) reposant uniquement sur du déclaratif, celui de professeurs, de leur
hiérarchie et de parents d’élèves des collèges et lycées, sept professeurs sur
dix se déclarent « assez » ou « très » satisfaits de la façon dont leurs élèves
ont appris pendant la période de confinement de mars à mai 2020.
Mais attention, un propos toutefois à nuancer car il
varie beaucoup selon les caractéristiques des établissements. Les professeurs
les plus satisfaits (à 85 %) exercent dans le privé sous contrat. (Comme quoi,
dans le public, ils sont plus nuls ou plus exigeants, je ne sais pas bien…)
Dans les écoles, ceux qui exercent en éducation
prioritaire ont une vision dégradée, puisque 64 % portent un regard positif sur
l’apprentissage des élèves pendant la période de fermeture.
Cette différence est encore amplifiée par les réponses
des directeurs d’école qui ne sont que 55 % à se déclarer satisfaits de
l’apprentissage des élèves dans l’éducation prioritaire : Ils restent tout
de même, pour plus de la moitié, bienveillants… ou aveugles.
Car, seule la moitié des professeurs de collèges
situés en éducation prioritaire se disent satisfaits…
Mais si…
Pour compléter le tableau, quelque 63 % des
professeurs du secondaire se déclarent d’ailleurs pessimistes sur une réduction
des inégalités entre élèves pendant le confinement…
Interrogés sur les conséquences positives de cette
période, ils considèrent néanmoins volontiers que leurs élèves sont plus
autonomes et ont (enfin) acquis des compétences numériques (les devoirs faits
par les parents ?).
Car seulement 41 % des parents estiment que leur
enfant a progressé.
L’avis des parents de collégiens et de lycéens a été
recueilli pour savoir s’ils considéraient que le travail scolaire proposé à
leurs enfants par les enseignants était profitable.
Cela est en fait le cas pour les trois quarts des
parents, selon qui ce travail a été « assez profitable » dans 50 à 53 %
des cas. Et même « très profitable » dans 22 à 28 % des cas.
Avec là encore une nuance à apporter : Cette étrange
période s’apparente surtout à une forme d’entretien de l’existant, sans
comparaison possible avec des semaines de cours en présentiel.
Si 66 % des parents considèrent que le niveau
d’apprentissage a été maintenu, seuls 41 % considèrent que leur enfant a
progressé et 37 % qu’il a pu améliorer son niveau dans certaines matières.
Mais quelques points négatifs tout de même : 37 % des
collégiens et lycéens disent avoir souvent ou très souvent manqué de motivation
pour réaliser le travail fourni, 19 % indiquent avoir eu « souvent ou très
souvent » du mal à s’organiser et 14 % disent avoir « rencontré des
difficultés de compréhension des consignes ».
Par ailleurs, si huit élèves sur dix n’ont pas manqué
de matériel, 25 % ont été confrontés à des problèmes informatiques de manière «
récurrente ».
Toutefois, on peut s’interroger sur les limites de
cette enquête qui n’a pas étudié l’opinion des parents des élèves de l’école
primaire.
Ces jeunes enfants pourtant les moins autonomes en
matière scolaire sont ceux qui ont le plus nécessité l’aide de leurs familles.
Et, par ailleurs, il n’est plus du tout question de
ces 5 % de professeurs qui n’ont donné aucune nouvelle à leurs élèves pendant
le confinement selon une estimation donnée par le ministère au cours du
printemps.
Pas plus qu’il n’est question des élèves décrocheurs :
4 % selon le ministère, 10 à 15 % selon d’autres sources, voire 30 % en
éducation prioritaire.
Autrement dit : Étude à approfondir, peut mieux
faire…
En effet que signifie le fait que le travail donné par
les professeurs était « profitable » selon la majeure partie des
parents ou que les élèves ont « appris de façon satisfaisante » selon leurs
enseignants ?
Des adjectifs plutôt flous…
Les évaluations programmées à la rentrée par le
ministre permettront peut-être de mesurer de façon beaucoup plus fine si les
acquis des élèves ont progressé, se sont maintenus ou ont régressé.
Fin mars, déjà le doyen des inspecteurs, notait que si
la « continuité pédagogique est assurée, désormais, c’est sa qualité qu’il
faut interroger ».
Ils sont contents : Le service public a été
assuré sans défaillir…
Mais dans quelles conditions dégradées…
Un sondage Odoxa interrogeant les parents d’élèves et
les « gauloisiens-à-éduquer » fin juin était nettement plus critique
sur le confinement scolaire : Ils étaient très pessimistes sur les effets du
confinement, 74 % considérant même que ce dernier aurait des « conséquences
négatives sur le niveau de l’ensemble des élèves ».
(Déjà le bac donné à tous ceux qui ont émargé la
feuille de présence…)
Probablement, mais pas tous…
Si 61 % des parents saluaient tout de même le travail
des professeurs, 39 % estiment que ces derniers n’avaient pas réussi à
maintenir un enseignement de qualité.
Et pas moins de 44 % des parents estimaient que « trop
de professeurs ont été des « décrocheurs » et ont été largement injoignables
pendant les deux mois du confinement ».
C’est beaucoup de la part des « décrocheurs » :
4 à 15 % pour les élèves, 44 % pour les profs’…
Après on s’étonnera…
Un enseignant en éco-gestion et formateur académique à
Lille, critique sur les réseaux sociaux l’autosatisfecit émanant de cette étude
ministérielle, nous apporte son éclairage : « Ces chiffres reposent sur du
déclaratif. Les élèves mentent sur leur implication et les professeurs mentent
sur l’assiduité de leurs élèves. »
Allons bon : Il n’y aurait pas que « Si-bête-la-Diarrhée »
à mentir !
Selon lui, si dans son lycée professionnel, 50 % des
élèves étaient impliqués au départ, seuls 5 % travaillaient encore à la fin du
confinement.
C’est un autre phénomène sur lequel l’étude ne se
penche pas : Le décrochage progressif de nombreux élèves au fur et à mesure que
le confinement se prolongeait.
Le gars, il n’a pas tout compris, à mon avis, parce
que mai, c’est le mois du décrochage par excellence : Les cours sont suspendus
entre les ponts, c’est aussi la période des examens (BEPC, puis Bac en juin)
qui réquisitionne les salles disponibles et encore avant les concours postbac et
leurs préparations.
Si on n’a pas fini le programme, c’est pour la vie :
On bachotte à tous les étages.
C’est un peu comme ça que je n’ai jamais eu droit à un
cours d’Histoire sur le CNR et la IVème République (de toute façon,
j’ai toujours eu des prof’ gôchistes qui préféraient faire des cours critique sur
les bombardements américain au Vietnam… Cuba et la « Liberté-chérie »
protégée par un mur à Berlin : Quand on a des œillères dogmatiques plein
de goudron et de plumes…)
Non, moâ j’y vois plusieurs choses :
D’abord, le « présentiel » en classe n’est
semble-t-il pas la panacée d’un enseignement performant.
Je suis assez surpris (pour être un vieux-kon), mais j’y
vois une opportunité : Avec le même espace couvert, tu peux ainsi envisager
de multiplier par deux les effectifs (d’élèves et de profs’). Les jours pairs, les
« tribordais », les jours impairs les « bâbordais », comme
dans la marine à voile d’antan !
Et dans l’intervalle, tu « télé-enseignes ».
Je te vous jure que ça va faire de économies de
foncier…
Ensuite, ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les
choses, puisque ma « petite-sœur » et son ékole ont réalisé un « déconfinement »
en « demi-groupe » (pour cause de distanciation la faute à des locaux
exigus).
Et de me dire : « Même quand on regroupe
les meilleurs ensemble, on se retrouve avec un demi-groupe (les mauvais)
où tu ne peux rien leur apprendre : Tu fais de la garderie ! Ils ne
progressent de toute façon pas. »
Elle aura découvert que « les ducs-à-Sion »
n’est pas là pour apprendre quoique ce soit à qui que ce soit (il y a les cours
du soir, les répétitions à domicile et les Moocs pour ça), mais uniquement pour
faire de la garderie !
Notez, ça permet justement aux adultes d’aller bosser pour
payer impôts et cotisations sociales…
Que justement, ça aura été le drame chez bien des
parents que de « télétravailler » avec la marmaille à domicile à
surveiller : Ils ont découvert que l’ékole, c’est important pour… leurs
nerfs !
Normalement, hors cet objectif (probablement
psychiatrique), on va découvrir tôt ou tard que l’ékole n’a pas d’autre utilité
sociale… Elle ne sert plus à rien depuis des années : Il suffit de voir,
même de loin, les classements PISA pour s’en rendre compte.
Et plus ça va, plus ma conviction s’enracine : Il
y aura toujours des « familles d’éliteux » qui investiront dans l’éducation
de leurs mômes (les programmant pour prendre le relai dans les « hautes
sphères ») et tous les autres qui finiront plongeurs chez « Mc Do »
(ou ailleurs) ou routier.
Finalement, même pendant le confinement, les
fonctionnaires n’ont jamais été inquiétés quant à leur soldes, qu’ils ramassent
les poubelles, conduisent des bus où fassent pompier, infirmière, ambulancier, flic,
voire voyou…
C’est là l’avenir des rejetons des « classes-moyennes ».
Les autres finiront « flic ou voyou », « militareux » :
Il n’y a même plus la place pour les « talents artistiques » ou les
aventuriers au long-cours.
Une raison de plus pour vider les bureaux, acheter des
robots sur les chaînes de production, fermer les boutiques de fanfreluche
inutiles avec l’e-commerce : La mort du lien social et des tournées du samedi
dans les centres commerciaux.
On ne sait pas tout ce qu’on doit à ce « Conard-virus ».
Mais ma « petite-sœur » aura l’occasion d’être
contente quand elle lira ce post à la rentrée…
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