Même moi-même, j’ai été consulté sur le sujet !
Je ne suis pourtant pas un « spécialiste »
reconnu…
Un univers parallèle détecté en Antarctique !
Non mais tu rigoles ?
Non. Si !
Que bien entendu, j’en rigole lourdement, notamment
parce qu’à l’occasion du prochain volume des « Enquêtes de Charlotte »
(« Dans le sillage de Charlotte »), il est un passage qui traite
justement de l’impossibilité, dans le monde réel, des « univers parallèles ».
Je cite (dans sa version actuelle que je relis et
corrige) :
« Et c’est là qu’on rejoint Christin et les voyages sur la flèche
du temps dont vous avez pu faire l’expérience[1]. Sur
ce point, George Lucas a fait l’impasse et même Christin s’est un peu emmêlé
les pinceaux puisqu’à un moment, la naissance de Galaxity est avortée en raison
de la disparition du moment déclencheur de « l’âge noir » datant, dès
les premiers épisodes de 1986.
Et pour s’en sortir, il invente des univers parallèles.
Or, on ne sait pas s’ils existent, ni de quoi ils sont
faits.
(…)
Ça devient un peu trop compliqué pour moi. Je quémande des précisions.
« Il faut que vous compreniez que tout ce qui existe autour de
nous a au moins une dimension. Du plus petit élément physique au plus vaste,
comme tout l’univers dans son ensemble, celui qui nous entoure. Sans dimension,
on ne peut pas avoir de réalité physique.
Or, ces « dimensions » sont obligées de se
« refermer » sur elle-même pour exister, ce qui implique que le
temps, qui n’a qu’une seule dimension, doit se « refermer » sur
lui-même pour exister également. »
Ce qui veut dire ?
« Le paradoxe, c’est qu’on parle de « flèche du temps »,
alors qu’elle n’a qu’une seule dimension. C’est d’ailleurs probablement le seul
« objet » de la physique qui n’a qu’une seule dimension. Tous les
autres en ont au moins deux ou trois et parfois, pour quelques-uns probablement
plus d’une dizaine.
On sait que la flèche du temps a eu un début, mais on ne
sait pas si elle a une fin. Probablement pas si le temps se referme pour
exister. Quoique… »
Je ne comprends toujours pas : ça me dépasse totalement.
« Je ne suis pas assez clair ? »
Alors là, oui, pas de doute !
« On peut imaginer, et les mathématiques nous l’autorisent, qu’il
y a une infinité de « bulles » qui se referment sur elles-mêmes.
Celles qui forment les atomes dont nous sommes faits, pas de doute. Mais aussi celles
qui formeraient un « univers parallèle » entier. Or, non seulement on
ne sait pas où le trouver, mais on ne sait pas non plus sur quelle flèche du
temps il se situe.
Dès lors, la notion d’univers parallèle est stérile, elle ne
débouche sur rien et aucun lien ne peut être opérationnel avec le nôtre :
Christin se trompe et avec lui tous les auteurs de science-fiction qui usent et
abusent de cette « innovation littéraire » dont on ne trouve pas de
trace jusque dans notre monde.
C’est juste une hypothèse mathématique qui repose sur des
postulats indémontrables. »
Il en est d’autres, des postulats : et sauf si je me trompe, un
postulat ne se démontre justement jamais ! Je pense à celui qui dit que deux
droites sont dites parallèles si elles sont dans le même plan et n’ont aucun
point commun… (je n’en connais pas beaucoup d’autres !)
« Bien sûr, mais la plupart s’observent… ou sont seulement des
définitions commodes. Or, pour des « objets » qui se referment sur
eux-mêmes pour exister, nous n’observons pas d’univers parallèles. »
Par définition, non puisqu’ils ne se croisent pas ?
« C’est donc une hypothèse commode. Non, je pensais que vous
pensiez, comme ces auteurs, que ces « univers parallèles » sont
inclus dans le nôtre pour pouvoir « communiquer » comme il est prévu
par la littérature spéculative.
Ce sont ceux-là que nous ne pouvons pas observer… »
Ce qui n’est pas une preuve : « On les découvrira
peut-être un jour ! »
« Mais alors ils ne sont plus parallèles mais sécants : ils
sont dedans avec la même flèche du temps… »
Contradictoire, effectivement.
Paul aura décidément toujours le dernier mot.
Je change donc de sujet… »
En bref, ça « marche » dans les équations
mathématiques (au prix de quelques « acrobaties imaginaires »), mais
pas dans nos instruments de mesure et d’observation.
Pourtant on nous rapporte que cette découverte a été réalisée
en 2016 par une équipe de scientifiques, en Antarctique justement, et qu’elle a
refait surface ces derniers jours dans des médias du monde entier.
La « preuve » de l’existence d’un univers
parallèle au nôtre, tient dans des anomalies qui ne pourraient s’expliquer que
par un temps qui défilerait à l’envers !
Cette histoire infiniment séduisante, digne des
meilleurs scénarios de science-fiction, des médias du monde entier l’ont
relayée ces derniers jours.
Très clairement, un « voyage » sur la flèche
du temps est probablement possible. Il est d’ailleurs indispensable pour une
navigation intra-galactique dans des conditions opérationnelles à peu près
praticables.
Mais au prix d’une dépense d’énergie fabuleuse.
Pour faire simple, depuis Einstein, on sait que plus
un objet approche de la vitesse limite et indépassable de la lumière, plus il
acquiert de la masse (jusqu’à s’effondrer dans un « trou noir ») et
plus la flèche du temps se ralentit (le paradoxe des frères jumeaux de
Langevin) et ses dimensions originelles se réduisent.
Les ondes n’ont pas de masse – pas plus que la lumière
– et c’est pour cette raison qu’elles se déplacent à la vitesse de la lumière
sans déformer l’espace qu’elles traversent.
Et les mathématiques peuvent, sans problème, manipuler
l’infini et « théoriquement » se retrouver avec des valeurs négatives
de masse et même de vitesse… sur le papier.
Or qui dit une vitesse négative, dit nécessairement un
« temps négatif » (qui s’écoule à l’envers de ce qu’on connaît pour nous
faire vieillir outrageusement) voire même des masses « négatives »
qui au lieu de s’attirer mutuellement selon l’inverse de la racine carré de
leur distance, se repousseraient selon la même loi de l’inverse des carrés.
Ce qui peut devenir violent…
Le reste, ça relève de la fable. Et à son origine, il
y a un projet très sérieux baptisé Anita (pour Antarctic Impulsive Transient
Antenna), financé en partie par la Nasa.
En effet, à plusieurs reprises depuis 2006, un ballon
bardé d’antennes radio a survolé l’Antarctique à la recherche de particules
venant de très loin dans l’espace et pouvant renseigner sur l’origine de rayons
cosmiques.
Pourquoi au-dessus du continent blanc ? Parce que pour
détecter ces particules à très haute énergie, les chercheurs s’intéressent aux
ondes radio émises lors de leurs interactions à la surface de la Terre et,
seuls des matières comme le sel ou la glace sont suffisamment transparentes
pour que l’on puisse les percevoir.
Or, en scrutant leurs données, les scientifiques ont
constaté des choses bizarres : À de très rares occasions, les rayons
cosmiques semblaient non pas se refléter dans la glace mais surgir de la glace,
comme s’ils ne venaient pas d’un endroit éloigné de l’espace mais de la Terre
elle-même.
Dès lors, les chercheurs du projet Anita ont tenté de
comprendre ce qui apparaissait comme des « anomalies » et ont publié leurs
premières observations en 2016.
C’est aussi à partir de là que les choses ont commencé
à leur « échapper ».
L’étrange découverte a en effet titillé de nombreux
autres scientifiques. En mai 2018, l’équipe de Luis A. Anchordoqui, de l’Université
de New York, a postulé que les « événements d’Anita » seraient la « preuve » de
l’existence d’un « univers symétrique ».
Son raisonnement ? Les particules en question n’ayant
pas pu selon eux « traverser » la Terre, si elles semblent en surgir, c’est
parce qu’elles remontent… le temps, et évoluent donc dans un univers parallèle.
Une hypothèse qui a été détaillée en avril 2020 dans
New Scientist, une revue britannique pour le moins réputée.
Et c’est de manière pas toujours scrupuleuse que l’information
a été reprise dimanche de la semaine précédente par le tabloïd britannique
Daily Star, puis dans les jours qui ont suivi par d’autres titres à fortes
audiences de part et d’autre de l’Atlantique (New York Post, The Sun, Daily
Mail...), y compris en « Gauloisie-déconfinée ».
Ils en disent qu’à l’origine de cette observation, « qui
pourrait révolutionner la science et notre perception de l’univers » (moi,
j’aime bien l’emploi du conditionnel…), il y a le physicien Peter Gorham, spécialiste
des particules expérimentales à l’université d’Hawaii qui est en charge de
l’expérience baptisée Antarctic Impulsive Transient Antenna (Anita) où un
ballon équipé d’un détecteur traque les rayons cosmiques qui frappent en
permanence notre planète, une région où l’absence d’ondes radio est susceptible
de ne pas parasiter la détection de ces rayons.
Mais durant des vols en 2006 et 2014, Anita a observé
un phénomène bien différent : Une « fontaine de particules » de haute
énergie, autrement dit à une émission de rayons cosmiques de bas en haut et non
de haut en bas : « Ce que nous avons vu est quelque chose qui
ressemblait à un rayon cosmique, comme on les observe dans le reflet de la
calotte glaciaire, mais il n’a pas été réfléchi. C’était comme si le rayon
cosmique était sorti de la glace elle-même » nous rapporte-t-on.
Dans un premier temps, cette anomalie a été balayée
d’un revers de manche. Puis, il a été suggéré que les particules avaient
traversé la planète pour ressortir par le Pôle sud mais cette possibilité ne
concerne que les neutrinos de basse énergie.
Les particules de haute énergie détectées par Anita
n’auraient pas pu effectuer ce voyage par le centre de la Terre.
Aucune explication issue de la physique traditionnelle
n’a donc permis d’élucider, pour l’heure, ce mystère.
Une fois l’impossible écarté, il n’est resté que
l’improbable : Ces particules ne se déplaceraient pas à l’envers dans l’espace
mais dans le temps !
Une simple « formulation mathématique »…
Et la seule hypothèse scientifique qui permet de
rendre compte de cette inversion est celle d’un univers parallèle né en même
temps que le nôtre au moment du Big Bang, un monde miroir où le fleuve du temps
s’écoule en sens inverse…
Certes, la possibilité d’une erreur d’Anita est infime
mais les scientifiques se refusent encore à l’écarter définitivement. Si bien,
résume Ibrahim Safa, l’un des chercheurs engagés dans ce projet, qu’il ne reste
que deux solutions à l’énigme : « La plus excitante, l’existence d’un
univers parallèle, et la plus désolante, un simple bug. »
Voyant ses travaux mal interprétés, Peter Gorham,
le responsable d’Anita, a mis alors les choses au clair : « Toute cette
histoire d’univers parallèle n’a pas été inventée par nous, mais d’une manière
ou d’une autre, nous y avons été associés », a-t-il déploré jeudi de la
semaine dernière sur le site de l’Université de Hawaï, où il enseigne la
physique.
« Un journaliste s’est trompé, l’a lié à nous et il
a malheureusement fait boule de neige. En fait, nous n’avions rien à voir avec
le développement de l’idée d’un univers parallèle. »
Cité le vendredi suivant par le site ScienceAlert,
Peter Gorham décrit la démarche adoptée par son équipe : « Nous avons
rencontré un petit nombre d’anomalies dans nos données, et une fois que nous
avons épuisé toutes les explications possibles dans le modèle standard de la
physique, c’est seulement alors qu’il est temps d’examiner d’autres idées qui
repoussent ces limites – nous ne sommes vraiment pas encore, certainement pas,
au point où des univers parallèles sont nécessaires ! »
En effet, les astrophysiciens savent que certaines
particules, les neutrinos, interagissent très peu avec la matière. Ceux qui nous
proviennent du Soleil sont ainsi capables de traverser notre planète sans laisser
de traces. Ce qui les étonne, c’est qu’il en soit de même avec des particules à
très haute énergie venues de loin.
« À ces niveaux d’énergie incroyables, les
neutrinos sont comme des taureaux dans un magasin de porcelaine – ils
deviennent beaucoup plus susceptibles d’interagir avec les particules de la
Terre », expliquait même le professeur Alex Pizzuto, de l’Université de
Wisconsin-Madison, dans un billet de blog en janvier dernier.
Pour que quelques-unes de ces particules soient
passées au travers de la planète, il faudrait donc que celle-ci en ait été «
bombardée ».
Par exemple, par une étoile qui explose, type
supernova, comme l’a suggéré l’équipe d’Anita. Mais cette idée n’est pas
corroborée par les expériences de l’observatoire IceCube, qui s’intéresse
également aux neutrinos en Antarctique et pour lequel travaille Alex Pizzuto.
Du coup, les deux équipes sont d’accord sur un point :
Si l’anomalie n’est pas due à un problème de détection, l’explication pourrait
défier le modèle standard de la physique des particules…
Interrogé par Le Parisien, Fabian Schüssler,
astrophysicien au Centre d’énergie atomique (CEA), défend une autre hypothèse
mise en avant dans un article scientifique l’an dernier : La forme des couches
de glace pourrait avoir eu une incidence sur la détection des signaux.
Ce qui est le plus probable.
Il suggère d’aller sonder la calotte aux endroits
précis où se sont produites les anomalies. Ce qui permettrait peut-être de
lever le mystère…
Sans avoir à chambouler toutes les connaissances
acquises et vérifiées depuis près d’un siècle.
Bref, « petite validation » par la bande des
dires de Paul de Bréveuil, alias « Charlotte » dans le prochain « roman »
qui retrace ses pérégrinations entre août et décembre 2019.
Ça méritait ce petit-billet de mise au point, pas
plus.
Bonne fin de week-end (prolongé) à toutes et à tous !
I3
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