On ne les applaudit pas à 20 heures !
Et pourtant, si la « première ligne », celle du front, puisque
nous en sommes en guerre (dixit « Jupiter » soi-même), est restée
« solide » durant toute la crise sanitaire du
« Conard-virus », malgré le manque manifeste de moyens (par rapport
un idéal… idéalisé), finalement, on ne se rend pas bien compte que sans une
« aussi solide » seconde ligne, et quelques dizaines de millions de
supporters « aux ordres », ça aurait pu être bien pire.
Faisons le tri parmi les « oubliés » (qu’on n’applaudit même
pas… et pourtant).
Rappelez-vous qu’en quelques semaines, le « Conard-virus » aura
bouleversé le rapport au travail de millions de « Gauloisiens ». Plus
que ça, naturellement puisque presqu’un tiers de l’humanité aura été contraint
de se « confiner » (en « garde-à-vue », séquestrés chez eux
et parfois dans des conditions périlleuses et à tout le moins « pénible »).
Chez nous, les « soignants », déjà éprouvés depuis des années,
se sont donc retrouvés en première ligne.
Mais les « petits-métiers », éboueurs, caissières, ont aussi été
salués pour leur utilité sociale.
En revanche, les coiffeurs ont dû baisser le rideau.
Les ouvriers de l’automobile ont été mis au chômage partiel (technique).
Les cadres de grands groupes se sont retrouvés en télétravail forcé, même
sans grève des transports.
Tous ces métiers ont subi, à leur échelle, des transformations de leurs
conditions d’exercice, parfois brutalement.
Pour mieux comprendre « Trans-Stratégie » a tout de même publié
une étude sur la « vulnérabilité » des métiers au temps du confinement.
L’organisme rattaché à Matignon et vivant de subventions publiques (vos
impôts) a ainsi identifié trois grands types de risques : La vulnérabilité
économique (contrats précaires, secteurs où l’activité est arrêtée,
impossibilité de télétravailler), celle des conditions de vie (petit logement
où le confinement est moins supportable, enfants à charge, faible salaire,
handicap), et enfin celle qui découle des conditions de travail (contact avec
le public et donc risque de contamination, travail physique, stress, etc.).
Ce sont ceux-là les « secondes-lignes ».
À partir de ces facteurs de risques, l’étude propose ainsi une
classification des métiers suivant qu’ils cumulent ou non plusieurs facteurs de
vulnérabilité.
Il y a d’abord ceux qu’ils appellent « les vulnérables de toujours » : Ce
sont des métiers déjà fragilisés avant la crise et pour qui le « Conard-virus »
n’arrange rien du tout.
Il s’agit par exemple des ouvriers de l’industrie et du bâtiment, des
marins, des employés administratifs ou encore des personnels de ménage qui
vienne astiquer votre table de bureau aux heures de fermetures (ou avant leur
ouverture).
Selon cette étude, 4,2 millions de personnes se rangent dans cette
catégorie où se cumulent souvent un statut précaire, un salaire faible, un
métier physique et une activité fortement réduite depuis mars.
L’étude estime également que près de 4,3 millions de personnes peuvent
être considérées comme des « nouveaux vulnérables ».
Si l’emploi dans ces métiers avait « bien résisté, voire progressé ces
dernières années », la crise économique du « Conard-virus » les aura
tous mis par terre.
Sans surprise, on retrouve ici l’ensemble de l’hôtellerie-restauration
(patrons, serveurs, cuisiniers et tout le toutim), les métiers de services aux
particuliers (coiffeurs, esthéticiennes…), mais aussi les professionnels de la
culture ou du sport et des festivités.
Si le moment actuel est particulièrement difficile, l’après-crise
s’annonce tout aussi compliqué pour eux : « Leur vulnérabilité individuelle
peut affecter leur capacité de rebond, d’autant que les indépendants en solo
sont nombreux.
Pour ces derniers, un arrêt prolongé de leur activité les
menacerait durablement (difficultés de trésorerie, impossibilité de recourir au
chômage partiel…). »
C’est le moins qu’on puisse dire…
Ainsi, les bars et restaurants ne rouvriront pas, au mieux, avant juin,
comme l’a expliqué le « Premier sinistre » » aux députés mardi
en huit.
Au total, ce sont donc 8,5 millions de travailleurs pour qui la
vulnérabilité économique est très forte dans cette période !
Sur plus de 17 millions de salariés-esclaves relevant du
« privé » (le secteur qui paye aussi et avant tout le « secteur public »),
c’est presque la moitié qui n’a un avenir qu’en pointillé.
On va voir ça plus précisément avec l’ouverture de la saison
touristique : Que vont devenir les « guides-conférenciers » de
nos musées, si ceux-ci n’ouvrent pas ?
Nos plagistes, cafetiers, MNS si les plages restent interdites ?
Quid du « monde du spectacle » si les salles restent fermées et
les festivals sont annulés ?
Et nos « petits-rats » de l’Opéra aux carrières brisées
pour longtemps… ?
Quant aux sportifs du muscle, sans compétition, plus se sponsor, plus de
ressource et même pas la possibilité de faire « la plonge » dans les
restaurants !
Dur métier…
Là-dessus et par conséquent, cette crise du « Conard-virus » a également
fait apparaître une catégorie de métiers envoyés « au front », la
« première ligne », pour reprendre la fameuse analogie guerrière :
Selon l’étude, 10,3 millions de « Gauloisiens-nationaux » se rangent
dans cette catégorie.
Ces derniers ne sont pas menacés économiquement, mais « sont pour la
plupart soumis à un risque infectieux par leur contact direct avec le public :
73 % font habituellement face aux usagers, clients ou patients. »
Il s’agit évidemment des professions hospitalières (médecins, infirmières,
aides-soignantes), également ceux des métiers régaliens (police, pompiers,
armée), mais aussi les caissières ou encore les éboueurs, auxquels pourront
s’ajouter les enseignants dès que les écoles et collèges rouvrent.
En tout cas dans le secteur « public », avec de nombreux
« incidents » et droit de retrait, mais également dans l’enseignement
privé bien plus problématique.
Or, Ô surprise, au total, 65 % de ces effectifs sont des femmes !
Pour elles, le risque n’est pas seulement sanitaire : « Chez les
professionnels de santé, la charge mentale et la pression temporelle dues
notamment à la réorganisation des services et à l’afflux de patients sont
autant de facteurs susceptibles de dégrader les conditions de travail à court
terme » nous explique-t-on.
En outre, « ces professionnels travaillent plus fréquemment le
week-end, le soir ou la nuit » et sont surtout pas les mieux payés.
Du coup, moins sujets au danger économique ou sanitaire, il faut également
compter 4 millions d’emplois qui sont concernés par un risque « d’hyper-connectivité
».
Il s’agit surtout des cadres placés en télétravail : « Il peut
être subi et, en ce sens, occasionner une réorganisation du travail.
La difficulté d’organiser cet effort collectif à distance et
la tendance à l’hyper-connectivité, pour répondre aux urgences, exposent les
cadres à une dégradation de leurs conditions de travail, aggravée par la
difficulté à concilier vie familiale et vie professionnelle. »
Cette mise sous tension pourrait être à l’origine d’épuisement
professionnel, puisqu’avant le confinement, déjà 81 % des cadres déclaraient
déjà avoir des quantités de travail à fournir excessives.
Et puis, dernière catégorie recensée, les métiers « contraints à
l’inactivité partielle », soit encore environ 4 millions de personnes.
Il s’agit par exemple des employés de banques, des comptables, des
attachés commerciaux ou encore des secrétaires administratives : « Ils
travaillent moins à distance que les cadres, ce qui les contraint à
l’inactivité partielle ».
Le plus problématique pour eux, c’est que leur fonction de support ou de
soutien au collectif se retrouve questionnée quand tout le monde se « gère » en
télétravail.
« Cette situation porte en elle des risques d’éloignement de la sphère
professionnelle et de désocialisation ».
Surtout celui de n’être « plus en phase » avec leurs entreprises…
L’étude ne compte pas les futurs « vrais chômeurs », ceux dont
les boîtes seront mises en liquidation faute de relai de trésorerie
indispensable.
Ce n’est pas tant que le « chômage technique » (dit partiel)
n’ait pas été une solution de secours efficace, où l’État prend le relai des
payes à assurer faute d’activité. Une solution d’urgence qui aura
« figé » la situation financière de plus de 12 millions de
« Gauloisiens », mais qui reste provisoire et n’assure que 80 % des
rémunérations.
Et le coût reste fabuleux entre net à payer et les droits à retraite qui
seront vraisemblablement maintenus à l’avenir, mais sans cotisation pour les
financer…
Ubuesque, finalement en pleine réforme desdits régimes de retraite en
cours au moment du commencement de la crise sanitaire : Personne ne s’en
remettra jamais !
Pas plus les caisses de retraite que les pensionnés…
Même avec un prolongement de 9 années de CGS et CRDS : Il en faudra
pour au moins 2 à 3 fois plus.
Deux ou trois générations, finalement.
Si tout va bien.
En revanche, l’étude subventionnée (toujours avec vos impôts) ne fait pas
le tri pour déceler ce qui va advenir.
On le voit bien, le secteur du tourisme, hôtels, campings, restaurations,
voyages aériens, loisirs & cultures est totalement à terre.
Les plans sociaux vont se bousculer. Les valeurs boursières supports vont
s’effondrer (y compris les foncières) faute d’acteurs solvables.
Il faudra de nombreuses années pour retrouver un étiage similaire à la
période du « monde d’avant ».
Que va devenir cette main-d’œuvre mono-compétente ?
Comment et en combien de temps va-t-elle pouvoir se reclasser ?
Et dans quels secteurs ?
Que fait-on d’un pilote de ligne sans avion à faire voler ? Le
reconvertit-on en peintre ou danseur-étoile ?
Pareillement, les « survivalistes » nous assènent leurs utopies
du « monde d’après » parce qu’ils sentent bien que les industries
« lourdes » de la mécanique est en perdition.
Déjà Boeing semblait incapable de faire voler ses 737, mais les compagnies
renoncent à faire voler leur Airbus A380 faute de passager.
Qui aurait envie de « voyager » confiné plusieurs heures avec
des personnes potentiellement contaminées dans un même espace confiné, pour
devoir rester en « quarantaine » quatorze jours à l’arrivée et autant
au retour ?
Pareillement, se retrouver dans un train à moitié vide ou compressé dans
une rame de métro ou de RER est devenu une utopie.
Notez, ça l’était déjà avant, mais on faisait bon cœur contre mauvaise
fortune : Là, plus personne ne fera !
Et je serai le seul à me lamenter de ces gouffres financiers dans des
infrastructures qui ne serviront plus « comme avant », avec une telle
intensité : Que d’argent perdu à jamais…
Probablement que le « Monde d’après » sera un monde
d’immobilité, ou seulement de mobilité réduite. Réservé au transport des
marchandises : Tout le reste sera de plus en plus dématérialisé.
Seuls vont survivre les « activités de proximité » et bien
naturellement, parce qu’il est partout à la fois, le secteur
« public » dans ses activités régaliennes.
Le « monde d’avant » tel que je le décrivais il y a 30 ans de ça
à mes étudiants…
Avec un « troisième tiers » celui du « luxe » et de la
finance, « hors-sol ».
Si le luxe survivra, en revanche la finance va être drôlement secouée dès
l’année prochaine, encaissant à la fois sa « nationalisation
rampante » (à coup de subventions reçues) et le manque de performance de
la « vraie économie » qui va se rétrécir par la force des choses.
Les « premiers de cordée » redevenus exsangues, le
« ruissellement » rêvé par quelques théoriciens va s’assécher (si
jamais il a existé un jour) : Que vont devenir ses « seconds du
front » délaissés, déjà oubliés et avec eux leurs difficultés ?
Qui va payer les « premières lignes » ?
On va assister soit à une période de profond délitement, soit à une
profonde réorganisation des appareils productifs recentrés sur « la bouffe
et la santé ».
À devoir faire le tri entre « nécessité » et
« superflu » : Une véritable économie de guerre.
Sauf qu’il n’y a pas de « libération » à attendre au bout de
l’horizon.
C’est vous dire si je regrette que ledit « institut » d’analyse
(payé encore par vos impôts… qui sera encore capable de payer des impôts
après-demain ?) n’aille pas au bout de ses constats.
Une réalité s’impose : Le « monde d’après » ne sera pas
brillant, loin de là.
Dommage, une fois de plus…
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